Iran et Etats-unis se retrouvent à Oman pour de nouveaux pourparlers sur le nucléaire

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
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Publié le Samedi 26 avril 2025

Iran et Etats-unis se retrouvent à Oman pour de nouveaux pourparlers sur le nucléaire

  • Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien
  • Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome

MASCATE: Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien, les deux parties ayant fait état de progrès lors des deux premières sessions.

Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome.

Les discussions entre les deux pays ennemis sont les premières à ce niveau depuis le retrait en 2018 des Etats-Unis, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord international conclu trois ans plus tôt qui encadrait le programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, seront à la manoeuvre samedi à Oman, et le ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi, servira de médiateur, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Une session de pourparlers techniques entre experts est prévue avant les négociations à haut niveau.

La réunion du 19 avril avait été qualifiée de "bonne" par les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.

"Pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie", a déclaré vendredi M. Baghaï.

- L'AIEA veut des explications -

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

En 2018, M. Trump avait retiré son pays de l'accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 et rétabli des sanctions. En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l'uranium à un niveau élevé.

M. Araghchi a fait part cette semaine de l'"optimisme prudent" de son pays sur le processus en cours, en disant que "si la seule demande des Etats-Unis est que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, cette demande est réalisable".

Il a cependant prévu des "problèmes" si l'autre partie avait "d'autres exigences".

M. Baghaï a indiqué vendredi sur X que la priorité de son pays était d'obtenir "la levée rapide des sanctions illégales et inhumaines".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, et l'a appelé en mars à négocier un nouvel accord tout en menaçant de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer le guide suprême ou le président iraniens, tout en prévenant que, faute d'accord sur le nucléaire, il serait "le premier" à avoir recours à la force.

Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien. Téhéran a dénoncé une "approche hostile".

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien en vertu de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, dont l'Iran est partie, a demandé à Téhéran d'expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium.

L'organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, montrant un nouveau tunnel situé près d'un tunnel plus ancien, ainsi qu'un nouveau périmètre de sécurité.

Téhéran n'a pas commenté ce rapport dans l'immédiat.

- Droit "non négociable" -

Dans une interview publiée mercredi par le podcast Honestly, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a réitéré la position de son pays contre l'enrichissement de l'uranium par l'Iran, réclamant que la République islamique "importe du matériel enrichi".

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à un niveau élevé (60%), inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l'accord de Vienne.

Selon M. Araghchi, le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium est "non négociable".

Le ministre iranien s'est dit jeudi disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l'accord de Vienne, pour des discussions sur ce dossier.

La semaine dernière, Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l'ONU sur l'Iran.

L'accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre.

L'Iran a prévenu qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.


Trump reçoit le président syrien, une rencontre historique pour consacrer leur alliance

Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
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  • Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani
  • Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays"

WASHINGTON: Donald Trump reçoit Ahmad al-Chareh lundi à la Maison Blanche, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.

Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays", selon la présidence syrienne.

Après de 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche en effet à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

Lors de cette visite historique, Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack. Cette question figure "en tête de l'agenda", a confirmé à l'AFP une source diplomatique syrienne.

Les Etats-Unis, eux, prévoient d'établir une base militaire près de Damas, "pour coordonner l'aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël", selon une autre source diplomatique en Syrie.

"Nouveau chapitre" 

La rencontre entre M. Trump et M. Chareh "ouvre un nouveau chapitre dans la politique américaine au Moyen-Orient", estime l'analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy.

Vendredi, les Etats-Unis ont retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu'à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation du leader de l'ancienne branche locale d'Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Jeudi, c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait levé les sanctions contre M. Chareh, à l'initiative des Etats-Unis, saluant l'engagement des autorités syriennes à "lutter contre le terrorisme".

Dès sa prise de pouvoir, M. Chareh a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les Etats de la région, dont Israël avec lequel son pays est théoriquement en guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai.

"Trump amène Chareh à la Maison Blanche pour dire qu'il n'est plus un terroriste (...) mais un dirigeant pragmatique et, surtout, flexible qui, sous la direction américaine et saoudienne, fera de la Syrie un pilier régional stratégique", explique Nick Heras.

M. Chareh, qui s'est rendu à l'ONU à New York en septembre, veut lui "la bénédiction de Trump pour débloquer des milliards de dollars (...) pour reconstruire la Syrie et consolider son contrôle sur le pays".

Liens avec Israël 

"Au niveau national, cette coopération risque d'accentuer le déséquilibre croissant entre Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord-est du pays", analyse de son côté Nanar Hawach, spécialiste de la Syrie à l'International Crisis Group (ICG).

La majorité des troupes américaines sont basées dans les zones sous contrôle kurde. L'ouverture d'une base à l'aéroport militaire de Mazzeh, près de la capitale, changerait la donne.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) a été défait en 2019 en Syrie par la coalition internationale et les FDS, qui négocient les conditions de leur intégration dans l'armée.

Mais ces pourparlers "n'ont pas pas beaucoup avancé, ce qui complique les plans des Etats-Unis concernant le maintien de leurs troupes dans le nord-est du pays", ajoute Michael Hanna, directeur du programme américain de l'ICG.

M. Trump et M. Chareh devraient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël pour un accord de sécurité en vertu duquel l'Etat hébreu se retirerait des zones du sud du pays occupées après la chute de Bachar al-Assad.

En mai, le dirigeant américain a pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.

 


Le président syrien Ahmad al-Chareh arrive aux Etats-Unis

La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
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  • Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a entamé une visite historique aux États-Unis après la levée des sanctions marquant un tournant diplomatique majeur
  • Cette visite, centrée sur la coopération antiterroriste, l’intégration à la coalition internationale et la reconstruction de la Syrie, symbolise la reconnaissance internationale du nouveau régime post-Assad et son rapprochement avec Washington

WASHINGTON: Le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, est arrivé aux Etats-Unis samedi pour une visite officielle inédite, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays, au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme.

Le chef d'Etat par intérim, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer lundi le président américain, Donald Trump.

Il s'agit de la première visite bilatérale d'un chef d'Etat syrien aux Etats-Unis depuis l'indépendance du pays en 1946.

A son arrivée, M. Chareh a échangé des passes de basketball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert, selon des images qu'il a postées sur les réseaux sociaux.

Lors de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre cette coalition menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne.

Les Etats-Unis prévoient pour leur part d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l'AFP une source diplomatique en Syrie.

La Syrie, sortie de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d'euros), selon la Banque mondiale.

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre M. Chareh, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international.

La résolution préparée par les Etats-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités de M. Chareh, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à "lutter contre le terrorisme".

Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une "campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI", selon l'agence officielle Sana.

Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d'Alep, d'Idlib, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l'organisation, a-t-il été précisé.

C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que M. Chareh était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU.

- Bouleversement -

Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.

Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël.

M. Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d'Israël par plusieurs pays arabes.

Aux yeux de Michael Hanna, analyste de Crisis Group, "le président Trump a bouleversé de manière inattendue la politique de longue date des États-Unis concernant la Syrie en mai et a continué à soutenir le nouveau gouvernement à Damas, malgré des épisodes d'instabilité et de violence sectaire qui ont entamé la confiance envers les nouveaux dirigeants du pays".

La visite prévue à la Maison-Blanche de M. Chareh est "un témoignage supplémentaire de l'engagement des Etats-Unis envers la nouvelle Syrie et un moment hautement symbolique pour le nouveau dirigeant du pays, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa transformation étonnante de chef militant en homme d’Etat mondial", ajoute l'analyste.