Regain d'intérêt pour les robots compagnons en temps de pandémie

Cutii permet aux utilisateurs de participer à des activités à distance (jeux, cours de gym, etc.) et de parler à leurs proches en visioconférence, sur commande vocale (Photo, AFP)
Cutii permet aux utilisateurs de participer à des activités à distance (jeux, cours de gym, etc.) et de parler à leurs proches en visioconférence, sur commande vocale (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 janvier 2021

Regain d'intérêt pour les robots compagnons en temps de pandémie

  • «On gère de l'isolement dans le collectif», raconte le patron de la start-up française, à la recherche de partenaires pour conquérir le marché américain
  • Le robot de réconfort prend la place d'un chien ou d'un chat «sans les contraintes»

SAN FRANCISCO: La pandémie a aggravé l'isolement des personnes âgées, relançant l'intérêt pour les robots d'accompagnement, mais les fabricants tentent de modérer les attentes de leur public en quête d'humanoïdes à roulettes et peluches animées toujours plus interactives.  

« La pandémie a été un accélérateur pour nous, c'est presque notre raison d'être aujourd'hui! », remarque Antoine Bataille, fondateur de Cutii, un robot mobile à écran, présenté pour la deuxième fois au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, le grand rendez-vous de l'électronique et des technologies qui s'est ouvert en ligne lundi.   

Cutii permet aux utilisateurs de participer à des activités à distance (jeux, cours de gym, etc.) et de parler à leurs proches en visioconférence, sur commande vocale.   

Il peut être mis à jour à distance et être doté d'autres fonctions d'assistance ou de sécurité, en donnant l'alerte en cas de problème.  

L'entreprise a déployé ses robots en France en 2020, dans une trentaine d'Ehpad, ces établissements pour personnes âgées.   

Les Cutii étaient destinés à la vente aux particuliers mais le confinement a changé la donne.   

« On gère de l'isolement dans le collectif », raconte le patron de la start-up française, à la recherche de partenaires pour conquérir le marché américain. « On n'aurait jamais imaginé ça. »  

L'entreprise appréhende désormais mieux les besoins des animateurs d'Ehpad. Cutii peut distraire les patients pendant la toilette, par exemple, ce qui fait gagner du temps au personnel.  

Les spécialistes de la robotique sont aujourd'hui capables de réaliser des prouesses: les robots articulés de Boston Dynamics font sensation sur YouTube avec leurs chorégraphies en rythme, tandis que des chercheurs de la Cornell University travaillent sur des robots microscopiques, capables d'inspecter le corps humain de l'intérieur, en se déplaçant dans les tissus et vaisseaux sanguins.  

Chaleur humaine  

Mais les robots compagnons, eux, doivent surmonter des obstacles plus psychologiques que technologiques.  

« Plus les gens sont dépendants ou en difficulté, plus ils l'apprécient », constate Antoine Bataille. « Les personnes qui ont la maladie d'Alzheimer acceptent très bien le robot. Chez ceux qui sont plus alertes, il y a moins d'appétence. »  

Cette expérience à grande échelle a ainsi fait évoluer Cutii pour répondre mieux aux besoins.  

« Tout est possible », explique le fondateur de Cutii. « Mais l'essentiel, c'est de pouvoir communiquer avec sa famille, de faire des activités qui rapprochent d'autres personnes. »  

A l'époque des humains masqués et distanciés, les robots sont paradoxalement perçus comme un moyen de rendre certaines interactions plus chaleureuses. Comme la prise de température, désormais routinière dans certains établissements.   

« C'est plus sympa qu'une tablette », assure Tim Enwall, dirigeant de Misty Robotics, un robot programmable qui peut être tour à tour réceptionniste, compagnon ou agent de ménage.  

Avec la pandémie, « la demande des sociétés pour des outils fiables, sans contact et disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, a augmenté », remarque-t-il.   

« Mais les robots ne sont pas encore capables de gérer des centaines d'approches différentes comme les humains », admet-il. « Cela peut générer des frustrations, par exemple si l'appareil répond +Désolé, je n'ai pas compris+ à une personne malentendante. »  

Robot peluche  

Au CES de 2020, le robot compagnon japonais Lovot avait attendri les foules avec ses grands yeux de chouette, son allure mi-pingouin mi-nounours, et ses réactions mignonnes quand on s'adresse à lui ou qu'on le caresse.  

Il ne sert à rien d'autre que donner de l'affection. Comme Paro, un robot thérapeutique en forme de bébé phoque, japonais également, utilisé depuis plus de quinze ans pour des soins chez les patients atteints de maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer.  

« Quand une personne âgée souffre de sénilité, elle peut avoir des difficultés à communiquer et ne plus pouvoir prendre soin d'un animal », note Barbara Klein, professeure à l'université des sciences appliquées de Francfort. Le robot de réconfort prend la place d'un chien ou d'un chat « sans les contraintes ».  

Elle note aussi que cela permet « de s'occuper de quelqu'un, au lieu d'être tout le temps l'objet des soins ».  

Mais l'acceptation varie beaucoup d'une personne à une autre. Des robots ultra-réalistes, comme des chats en peluche qui ronronnent, peuvent mettre mal à l'aise.  

« Certains patients séniles, surestimant les capacités du robot, peuvent être très déçus », note Stefanie Baisch, chercheuse en psychologie à l'université de Siegen (Allemagne) et spécialiste des robots compagnons.  

D'autres redoutent d'avoir l'air bizarre aux yeux d'autrui, en s'occupant d'eux.  

La responsabilité revient donc toujours au soignant de s'assurer que l'appareil reste avant tout un « médiateur favorisant les interactions humaines », conclut la chercheuse. 


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.


Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %

La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
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  • Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril
  • Le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier

RIYAD : Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril, soulignant la vigueur du secteur hors pétrole et la levée attendue des coupes de production de l’OPEP+.

Dans sa dernière mise à jour du World Economic Outlook, le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier. La croissance du Royaume devrait ainsi dépasser la moyenne mondiale (3 %) l’an prochain, se hissant au-dessus de celle de la plupart des pays du Golfe voisins.

À moyen terme, le FMI anticipe une hausse de la croissance à 3,9 % en 2026, avant une stabilisation autour de 3,5 %.

Le PIB hors pétrole est estimé en croissance de 3,4 % en 2025, légèrement en retrait par rapport aux 4,2 % enregistrés en 2024. Toutefois, les perspectives à moyen terme restent solides, avec une progression approchant 4 % en 2027, pour atteindre environ 3,5 % à la fin de la décennie.

Les conditions sur le marché du travail se sont également améliorées : le taux de chômage des Saoudiens a atteint un niveau record de 7 % en 2024, selon le FMI.

L’inflation demeure maîtrisée—le taux global devrait rester proche de 2 %, grâce à l’ancrage au dollar et au cadre des subventions en vigueur.

Sur le plan budgétaire, le FMI estime que l’augmentation des dépenses publiques en 2025—entraînant un déficit plus élevé que prévu—reste justifiée. Il met en garde contre de nouvelles coupes liées à la baisse des prix du pétrole, qui risqueraient de peser sur la croissance en rendant la politique budgétaire procyclique.

Le Fonds recommande une consolidation budgétaire progressive à moyen terme, notamment via l’augmentation des recettes non pétrolières, la suppression progressive des subventions énergétiques et la rationalisation des dépenses publiques.

Malgré certaines pressions liées à la forte croissance du crédit et aux coûts de financement, le secteur bancaire saoudien demeure résilient, selon le FMI. La Banque centrale saoudienne a introduit un coussin de capital contracyclique et continue de renforcer le cadre réglementaire.

Le rapport souligne l’importance de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la diversification de l’économie hors pétrole. Il appelle à avancer sur la gouvernance, le développement du capital humain, l’accès aux services financiers, la numérisation et le développement des marchés de capitaux — indépendamment des fluctuations des prix du pétrole.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com