Trump à Doha: des accords historiques de 1 200 milliards de dollars entre les États-Unis et le Qatar

L'émir qatari cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le président américain Donald Trump ont supervisé la signature de plusieurs accords et mémorandums d'entente majeurs mercredi lors d'une visite d'État à Doha. (Agence de presse du Qatar)
L'émir qatari cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le président américain Donald Trump ont supervisé la signature de plusieurs accords et mémorandums d'entente majeurs mercredi lors d'une visite d'État à Doha. (Agence de presse du Qatar)
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Publié le Jeudi 15 mai 2025

Trump à Doha: des accords historiques de 1 200 milliards de dollars entre les États-Unis et le Qatar

  • Trump a exhorté le Qatar à user de son influence sur l'Iran pour persuader ses dirigeants de conclure un accord avec les États-Unis afin de freiner l'avancée rapide de son programme nucléaire
  • Au fil des ans, le Qatar a joué le rôle d'intermédiaire entre les États-Unis d’une part, et l'Iran et ses mandataires de l’autre

DOHA: Le président américain Donald Trump et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ont conclu, mercredi à Doha, des accords d'une valeur de 1 200 milliards de dollars (1 dollar = 0,89 euro), selon la Maison Blanche, dont une commande massive de Qatar Airways pour l'achat d'avions Boeing.

Qatar Airways achètera jusqu'à 210 Boeing 777X et 787 pour 96 milliards de dollars, ce qui représente un coup d'éclat pour M. Trump et le constructeur aéronautique.

M. Trump a déclaré que le cheikh Tamim et lui avaient également discuté de l'Iran, de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, du renforcement des liens dans les domaines de la défense, de l'investissement, de l'énergie, de l'éducation et de la cybersécurité. Ils ont également évoqué les préparatifs de la Coupe du monde de football de 2026 et des Jeux olympiques de 2028, qui seront organisés aux États-Unis.

Les deux dirigeants ont également assisté à la signature d'une déclaration conjointe de coopération entre les deux gouvernements, ainsi que de lettres d'offre et d'acceptation pour les drones MQ-9B et le système anti-drone FS-LIDS, a rapporté l'agence de presse du Qatar.
Le président Trump a remercié l'émir pour l'hospitalité chaleureuse du Qatar et a décrit le cheikh Tamim comme un ami de longue date et un partenaire de confiance. «Nous avons toujours entretenu une relation très spéciale», a-t-il déclaré à propos de l'émir.

Des ministres qataris de haut rang et des membres du cabinet américain, notamment les secrétaires d'État, de la défense, du trésor, du commerce et de l'énergie, ont également assisté aux discussions et à la cérémonie de signature.

Discussions avec l'Iran

M. Trump a également exhorté le Qatar à user de son influence sur l'Iran pour persuader les dirigeants de ce pays de conclure un accord avec les États-Unis afin de freiner l'avancée rapide de son programme nucléaire.

Au fil des ans, le Qatar a joué le rôle d'intermédiaire entre les États-Unis et l'Iran et ses mandataires, notamment lors des pourparlers avec le Hamas, soutenu par le Téhéran, alors que la guerre qui l'oppose à Israël depuis 19 mois se poursuit.

«J'espère que vous pourrez m'aider dans la situation de l'Iran», a déclaré M. Trump lors du dîner d'État. «La situation est périlleuse et nous voulons faire ce qu'il faut.»

M. Trump souhaite que l'Iran cesse de soutenir des groupes militants par procuration.

Un peu plus tôt, avant de quitter l'Arabie saoudite pour le Qatar, M. Trump a déclaré qu'il souhaitait parvenir à un accord avec l'Iran sur son programme nucléaire, mais que Téhéran devait mettre fin à son soutien aux milices mandataires dans l'ensemble du Moyen-Orient.
L'Iran «doit cesser de soutenir le terrorisme, mettre fin à ses guerres sanglantes par procuration et renoncer de manière permanente et vérifiable à chercher à se doter d'armes nucléaires», a déclaré M. Trump aux dirigeants des pays du Golfe lors d'un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Riyad. «Ils ne peuvent pas disposer d'armes nucléaires.»

La demande du président à l'Iran de cesser de soutenir le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen intervient alors que le réseau de mandataires de Téhéran fait face à de nombreux échecs.

Le Hezbollah est gravement affaibli après une guerre avec Israël au cours de laquelle nombre de ses dirigeants ont été tués, et il a perdu un allié clé avec la chute du dictateur syrien Bachar el-Assad, qui permettait à l'Iran d'envoyer des armes.

Un avenir sans terreur

M. Trump a déclaré que le moment était venu «pour un avenir libéré de l'emprise des terroristes du Hezbollah».

À Gaza, le Hamas a été militairement décimé par une offensive israélienne depuis octobre 2023.
Seuls les Houthis au Yémen sont sortis relativement indemnes d'une campagne de bombardements américaine qui s'est achevée la semaine dernière par un cessez-le-feu unilatéral des États-Unis.

Les États-Unis et l'Iran ont tenu quatre cycles de négociations nucléaires depuis le mois dernier.
L'Arabie saoudite soutient pleinement les négociations et espère des résultats positifs, a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane.

Auparavant, les dirigeants des États-Unis et de la Syrie se sont rencontrés face à face pour la première fois depuis 25 ans.

Ahmad al-Charaa, président par intérim de la République arabe syrienne, s'est envolé pour Riyad un jour après que Trump a déclaré qu'il lèverait les sanctions sur l'économie syrienne après des discussions avec le prince héritier et Premier ministre d'Arabie  saoudite Mohammed ben Salmane.

Le prince héritier s'est joint à MM. Trump et à Al-Charaa pour la réunion. Le président turc Recep Tayyip Erdogan y a participé par vidéoconférence.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié la rencontre d'«historique» et a déclaré que les deux dirigeants avaient discuté des «possibilités de partenariat syro-américain dans la lutte contre le terrorisme» et de l'importance du soutien à la reconstruction.

Dans les rues de Damas et d'autres villes, les Syriens se sont réjouis d'être libérés des sanctions américaines par des applaudissements, des danses et des coups de feu de célébration.

«Ces sanctions ont été imposées à Assad, mais [...] maintenant que la Syrie a été libérée, il y aura un impact positif sur l'industrie, cela stimulera l'économie et encouragera les gens à revenir», a déclaré Zain al-Jabali, 54 ans, propriétaire d'une fabrique de savon à Alep.

Le président américain Donald Trump, l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad al-Thani et le PDG de Boeing Kelly Ortberg au palais royal de Doha, mercredi. (AFP)

Grande victoire pour Trump et Boeing

L’accord conclu avec Qatar Airways pour l’acquisition d’avions Boeing 777X et 787, équipés de moteurs fournis par GE Aerospace, constitue une victoire pour M. Trump, en visite très médiatisée dans la région – même si les livraisons ne sont attendues que dans plusieurs années.

Cette vente représente également un soutien stratégique pour Boeing et son principal fournisseur de moteurs, à un moment où les versions de grande capacité de l’A350 d’Airbus, équipées de moteurs Rolls-Royce, rencontrent des problèmes de maintenance liés à leur utilisation dans les climats les plus chauds, notamment dans le Golfe.

Selon Boeing, l’accord porte sur 160 commandes fermes – dont 130 pour le 787 et 30 pour le 777X – assorties d’options pour 50 appareils supplémentaires. À la suite de cette annonce, l’action de Boeing a progressé de 0,6% à New York, tandis que celle de GE Aerospace a gagné 0,7%.

Pour les 787, le Qatar a opté pour les moteurs GEnx de GE Aerospace plutôt que pour le Trent 1000 de Rolls-Royce, selon l'administration. Le GE9X de GE Aerospace est la seule option de moteur pour le 777X. L'accord portant sur 400 moteurs GE est le plus important jamais conclu par GE Aerospace, a déclaré le PDG de la société, Larry Culp, dans un communiqué, un point repris par Qatar Airways, qui a déclaré à Reuters en mars qu'il travaillait sur une commande importante de gros porteurs.

M. Trump et l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, ont participé à la cérémonie de signature en compagnie du PDG de Boeing, Kelly Ortberg, et du PDG de Qatar Airways, Badr Mohammed al-Meer. M. Trump a déclaré que M. Ortberg lui avait dit qu'il s'agissait de la plus grosse commande d'avions à réaction de l'histoire de Boeing.

Le 777X est encore en cours de développement et devrait commencer à être livré en 2026, avec six ans de retard sur le calendrier. Qatar Airways a déjà commandé 94 777X. Son concurrent, Emirates, a commandé 205 777X. Les deux compagnies aériennes ont été parmi les premiers clients lorsque Boeing a lancé le programme en 2013.

Le carnet de commandes de Boeing comprenait 521 commandes de 777X et 828 commandes de 787 au 30 avril, selon la compagnie.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Vision Golfe 2025: Nouvel élan pour le partenariat stratégique France–CCG

Éric Lombard, ministre de l’Économie. (Photo: fournie)
Éric Lombard, ministre de l’Économie. (Photo: fournie)
Ludovic Pouille, directeur de la diplomatie économique. (Photo: fournie)
Ludovic Pouille, directeur de la diplomatie économique. (Photo: fournie)
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  • Face aux défis climatiques, les pays du Golfe ont multiplié les efforts pour décarboner leur économie, tandis que la France met en œuvre son plan France 2030 pour une croissance verte
  • Le panel a souligné le rôle structurant que peut jouer la France dans cette transition, grâce à ses entreprises industrielles, son expertise en matière de renouvelables et ses partenariats dans l’hydrogène, l’eau et la gestion des déchets

PARIS : La troisième édition de Vision Golfe s’est tenue les 17 et 18 juin au ministère français de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Rassemblant plus d’un millier de participants, cette plateforme stratégique a démontré  une nouvelle fois l’alignement croissant entre les ambitions économiques des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les priorités industrielles et technologiques françaises.

Dès l’ouverture, Didier Boulogne, directeur général adjoint de Business France, et Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étranger, ont souligné l’importance de transformer les relations bilatérales en actions concrètes au service des économies nationales.

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Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur. (Photo: fournie)

Selon M. Saint-Martin les visions nationales portées par les pays du Golfe, comme la Vision 2030 en Arabie saoudite ou les stratégies de diversification du Qatar et des Émirats, offrent un terrain naturel de coopération pour la France, acteur clé de l’innovation industrielle et de la transition énergétique.

Diplomatie économique pour une croissance partagée

L’événement a été marqué par l’intervention du ministre qatari du Commerce extérieur, Ahmed Al Sayed, qui a insisté sur le rôle central de l’écosystème France-Golfe dans l’architecture économique mondiale : « Nos partenariats doivent dépasser le cadre commercial pour bâtir des écosystèmes de croissance partagée. »

Un message appuyé par Pascal Cagni, ambassadeur pour les investissements internationaux, qui a salué la capacité de la France à rester la première destination des investissements étrangers en Europe. Il a également souligné les 40 milliards d’euros annoncés lors de l’édition 2025 du sommet Choose France.

À ses côtés, Jean-Yves Le Drian, président d’Afalula, et Abeer Alakel, directrice générale de la Royal Commission for AlUla, ont mis en avant la transformation sans précédent de l’Arabie saoudite, portée par une jeunesse ambitieuse, une ouverture culturelle assumée et une volonté de coopération renforcée avec la France.

2030 en ligne de mire: accélérer les synergies

Le panel « Blueprints for 2030: Accelerating Visions 5 Years Ahead » a réuni des figures majeures telles que Mohamed Ben Laden (CAFS), Marie-Cécile Tardieu (Business France), Juan Leon (Estithmar Holding) et Sherif Shawki (PwC). Ensemble, ils ont plaidé pour une accélération des projets conjoints, en particulier dans les domaines de l’infrastructure, des investissements verts et des technologies stratégiques.

« Nous avons devant nous un horizon commun : celui de la souveraineté industrielle, de l’innovation durable et de la résilience économique », a affirmé Marie-Cécile Tardieu.

Une transition verte en action

La transition écologique a occupé une place centrale dans les débats de Vision Golfe 2025. Le panel « Innover pour la durabilité : gérer l’eau, les déchets et l’énergie dans le Golfe », a réuni Julien Pouget (TotalEnergies), Charles-Emmanuel de Beauregard (QNB), Dr Fernando Diaz Lopez (HEC Paris), Maher Al Kaabi (Alserkal) et Derek Rushgrove (Crédit Agricole CIB).

Les panélistes ont souligné l’urgence d’accélérer la transformation durable dans un contexte d’engagements ambitieux de part et d’autre : Saudi Vision 2030, UAE Net Zero 2050 et France 2030.

Julien Pouget a détaillé l’intégration croissante des renouvelables dans la stratégie régionale de TotalEnergies, insistant sur le rôle de la R&D et des partenariats intersectoriels.

Derek Rushgrove et Charles-Emmanuel de Beauregard ont mis en avant la mobilisation croissante du secteur financier en faveur des projets bas carbone, portés par une liquidité régionale robuste et des modèles de financement innovants.

Sur le plan stratégique, Maher Al Kaabi a insisté sur l’importance des échanges de savoir-faire entre la France et le Golfe, évoquant notamment le rôle croissant du secteur privé émirien dans l’exportation de technologies durables au niveau régional. Il a appelé à un renforcement des partenariats transfrontaliers pour mutualiser les efforts d’innovation.

Enfin, Dr Fernando Diaz Lopez a rappelé l’importance du capital humain dans cette transition, soulignant le rôle clé de l’éducation et de la recherche pour construire des économies résilientes.

Tous ont convenu que la question n’est plus de savoir si la transition aura lieu, mais comment l’accélérer collectivement et efficacement.


L'Arabie saoudite et la France discutent d'un potentiel d'investissement dans le secteur de l'aviation

 La table ronde était présidée par Abdulaziz bin Abdullah Al-Duailej, président de l'Autorité générale de l'aviation civile. SPA
La table ronde était présidée par Abdulaziz bin Abdullah Al-Duailej, président de l'Autorité générale de l'aviation civile. SPA
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  • Les discussions ont porté sur le renforcement des capacités d'assistance au sol, la localisation des technologies et l'amélioration de la formation de la main-d'œuvre.
  • L'entreprise saoudienne Cluster2 Airports a signé un protocole d'accord avec Airbus pour déployer des solutions numériques avancées.

RIYAD : Des opportunités d'investissement d'une valeur de plus de 10 milliards de SR (2,6 milliards de dollars) ont été présentées lors d'une réunion franco-saoudienne de haut niveau, dans le cadre d'une série d'accords visant à renforcer le secteur de l'aviation.

Les infrastructures aéroportuaires, la navigation aérienne et les technologies de pointe figurent parmi les domaines susceptibles de faire l'objet d'investissements lors d'une table ronde organisée en marge du 55e salon aéronautique du Bourget.

Les accords signés portaient sur le renforcement des capacités d'assistance au sol, la localisation des technologies et l'amélioration de la formation de la main-d'œuvre, et concernaient Saudi Ground Services Co, le groupe français Alvest et Arabian Alvest Equipment Maintenance Co, a rapporté l'agence de presse saoudienne (Saudi Press Agency).

Ces accords interviennent alors que l'Arabie saoudite et la France approfondissent leurs relations économiques, les échanges non pétroliers devant dépasser 20 milliards de SR (5,33 milliards de dollars) en 2024. Les relations ont été renforcées lors de la visite du président Emmanuel Macron en décembre, au cours de laquelle les deux parties ont approuvé une feuille de route de partenariat stratégique et signé un protocole d'accord pour établir un Conseil de partenariat stratégique.

La table ronde était présidée par Abdulaziz bin Abdullah Al-Duailej, président de l'Autorité générale de l'aviation civile, et a réuni plus de 65 entités saoudiennes et françaises des secteurs public et privé, dont des PDG, des responsables de la sécurité aérienne et des spécialistes des aéroports, des services et des infrastructures.

"La réunion a mis en évidence les objectifs de la Vision 2030 du Royaume en matière de diversification économique, ainsi que son vif intérêt pour l'autonomisation du secteur privé et la mise en place de partenariats industriels mondiaux", indique le rapport de la SPA.

Il ajoute : "La réunion a également mis en lumière la stratégie nationale de l'aviation et l'accent mis sur le développement de l'industrie de l'aviation, en en faisant un secteur prioritaire."

Le protocole d'accord conclu par Saudi Ground Services Co. avec Alvest Group et Arabian Alvest Equipment Services Co. porte sur la localisation de technologies intelligentes et respectueuses de l'environnement pour l'équipement au sol, ainsi que sur tous les services de maintenance et d'assistance technique connexes. Un autre protocole d'accord a été signé avec les mêmes partenaires pour proposer des programmes de formation et un diplôme accrédité dans le domaine des services techniques et de la maintenance des équipements au sol. 

Les discussions ont également porté sur les défis futurs de l'aviation mondiale, soulignant la nécessité d'efforts stratégiques conjoints en matière d'innovation, de durabilité et de développement des infrastructures.

Toujours au salon du Bourget, la société saoudienne Cluster2 Airports a signé un protocole d'accord avec Airbus pour déployer des solutions numériques avancées visant à améliorer l'efficacité opérationnelle, la sécurité et l'intégration dans tous les aéroports de son réseau.

Le partenariat comprend l'introduction de technologies intelligentes telles que la plateforme Agnet Turnaround d'Airbus, un système avancé qui permet de coordonner en temps réel les opérations au sol dans les aéroports.

Les derniers accords soutiennent la stratégie nationale de l'aviation, dans le cadre de laquelle le Royaume vise à augmenter la capacité à 330 millions de passagers et 4,5 millions de tonnes de fret par an d'ici 2030, en se connectant à plus de 250 destinations mondiales.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Mohammed Al-Jadaan: La sécurité énergétique, clé d'une croissance inclusive

 Le ministre saoudien des finances, Mohammed Al-Jadaan, s'exprime lors de la cérémonie d'ouverture du Forum 2025 du Fonds OPEP pour le développement international, à Vienne, mardi. (Photo Fournie)
Le ministre saoudien des finances, Mohammed Al-Jadaan, s'exprime lors de la cérémonie d'ouverture du Forum 2025 du Fonds OPEP pour le développement international, à Vienne, mardi. (Photo Fournie)
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  • M. Al-Jadaan a mis en garde contre le fait que l'absence d'un accès fiable à l'énergie compromettait des secteurs essentiels.
  • Il a souligné les conséquences considérables de la pauvreté énergétique.

RIYAD : La sécurité énergétique n'est pas un luxe mais "un pilier fondamental pour atteindre le développement et la croissance inclusive", a déclaré le ministre saoudien des finances, Mohammed Al-Jadaan.  

Dans son discours d'ouverture du Forum 2025 du Fonds OPEP pour le développement international à Vienne, M. Al-Jadaan a averti que l'absence d'un accès fiable à l'énergie compromettait des secteurs essentiels, notamment les soins de santé, l'éducation, la productivité et les systèmes d'alimentation et d'approvisionnement en eau.

"Avec la montée des tensions géopolitiques, la volatilité des marchés et l'augmentation de la demande mondiale d'énergie, il n'a jamais été aussi urgent de parvenir à un paysage énergétique plus sûr et plus diversifié", a déclaré M. Al-Jadaan.

Il a ajouté : "Cela nécessite un effort stratégique pour diversifier les sources d'énergie, augmenter les investissements dans les technologies propres et adopter des solutions de financement innovantes afin d'accélérer l'accès à l'énergie et de renforcer la sécurité énergétique à long terme."

Plan de réforme en quatre points

M. Al-Jadaan a formulé quatre recommandations politiques à l'intention des banques multilatérales de développement afin de renforcer la résilience énergétique mondiale. Il a souligné la nécessité de soutenir toutes les sources d'énergie sans parti pris et a mis en garde contre les politiques d'émissions qui excluent les principaux contributeurs énergétiques.

Il a ajouté que de telles politiques risquent de déstabiliser les marchés et d'avoir un impact disproportionné sur les économies en développement et les populations vulnérables.

Sa deuxième recommandation porte sur l'élargissement du financement concessionnel aux régions mal desservies. Le ministre a fait l'éloge de l'initiative "Mission 300" de la Banque mondiale, qui vise à fournir un accès à l'énergie à 300 millions de personnes en Afrique, et a reconnu les contributions de la Banque islamique de développement et du Fonds de l'OPEP.

M. Al-Jadaan a également salué l'initiative saoudienne Forward7 Clean Fuel Solutions for Food dans le cadre de la Middle East Green Initiative, qui promeut le déploiement de carburants propres à l'échelle mondiale. Le programme s'est associé à des institutions telles que le Fonds OPEP, la Banque mondiale, la Banque islamique de développement et l'International Islamic Trade Finance Corp.

Réduction des risques et innovation

Le troisième point soulevé par M. Al-Jadaan met l'accent sur la nécessité de réduire les risques liés aux investissements dans le secteur de l'énergie afin d'encourager la participation du secteur privé.  

Il a cité des mécanismes tels que les garanties partielles de risque, l'assurance du risque politique et les structures de financement mixte comme des outils essentiels pour atténuer les risques et améliorer la faisabilité des projets énergétiques, en particulier dans les pays à faible revenu et à haut risque.

"Ces outils permettent d'atténuer les risques attendus et d'améliorer la bancabilité des projets énergétiques, en particulier dans les pays à faible revenu et à haut risque", a déclaré le ministre.

Enfin, M. Al-Jadaan a appelé à renforcer les investissements dans les technologies telles que la capture du carbone et les applications durables des hydrocarbures afin de réduire les émissions et de maintenir l'approvisionnement pendant la transition vers l'énergie nette zéro.

Il a souligné les conséquences considérables de la pauvreté énergétique, notamment l'instabilité économique, les migrations forcées et les pressions humanitaires accrues.

M. Al-Jadaan a réaffirmé l'objectif du Royaume de produire 50 % de l'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables d'ici à 2030 et de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici à 2060. Ces objectifs sont poursuivis dans le cadre de l'économie circulaire du carbone.

"Au Royaume d'Arabie saoudite, nous travaillons avec tout le monde pour renforcer la sécurité énergétique et éliminer la pauvreté énergétique, tout en poursuivant les efforts de lutte contre le changement climatique", a-t-il déclaré.

Alerte à la crise du développement

Le président du Fonds OPEP, Abdulhamid Al-Khalifa, s'est également adressé au forum, mettant en garde contre l'aggravation de l'écart de développement au niveau mondial.  

Il a déclaré que le monde est confronté à ce que le secrétaire général des Nations unies a décrit comme une "urgence en matière de développement", soulignant que seuls 18 % des objectifs de développement durable ont fait l'objet de progrès mesurables depuis leur création en 2015.

"Les pays en développement sont confrontés à un déficit de financement annuel de 4 000 milliards de dollars, aggravé par l'augmentation du coût du service de la dette qui draine les ressources des services essentiels", a déclaré M. Al-Khalifa.

Pour y remédier, il a déclaré que le Fonds OPEP redoublait d'efforts et tirait parti de l'élan donné par les forums précédents. Parmi ses actions récentes, le Fonds a rejoint l'initiative "Mission 300" pour développer l'accès à l'énergie.

Il a également déployé 1 milliard de dollars dans le cadre de son plan d'action pour la sécurité alimentaire, engagé 2 milliards de dollars supplémentaires pour soutenir les chaînes d'approvisionnement alimentaire dans les pays partenaires et alloué 1 milliard de dollars pour lutter contre la désertification dans le cadre du Partenariat mondial de Riyad pour la résilience à la sécheresse, doté de 10 milliards de dollars, mis en place par le Groupe de coordination arabe.

Nouvelle facilité commerciale

M. Al-Khalifa a également annoncé le lancement de l'initiative de la Facilité commerciale du Fonds OPEP, un programme conçu pour mobiliser des milliards de dollars de soutien jusqu'en 2030.

Cette facilité vise à aider les pays à sécuriser les importations stratégiques, à combler les déficits de liquidités liés au commerce et à renforcer la résilience face aux chocs économiques externes.

"Il s'agit d'une réponse directe à un besoin urgent et d'un reflet de nos engagements à soutenir nos partenaires lorsque cela est le plus important", a-t-il déclaré.

M. Al-Khalifa a souligné la pression croissante exercée sur le commerce en tant que pierre angulaire du développement, citant la perturbation des chaînes d'approvisionnement, l'augmentation des coûts et la volatilité des taux de change qui affectent les communautés les plus vulnérables.  

Étapes du projet

En 2024, le Fonds OPEP a engagé 2,3 milliards de dollars dans 70 projets à travers le monde, soit une augmentation de 35 % par rapport à l'année précédente.

Ces projets ont permis de raccorder 300 000 ménages à l'électricité, de construire plus de 500 km de routes et de soutenir 75 000 agriculteurs et 35 000 femmes.

Alors que le Groupe de coordination arabe célèbre cette année son 50e anniversaire, M. Al-Khalifa a souligné l'importance de cette étape, déclarant que le Fonds OPEP est honoré de se tenir aux côtés des autres institutions membres pour célébrer cinq décennies d'efforts de collaboration en faveur du développement.

"Nous savons par expérience que lorsque les partenaires alignent leurs ressources, leur expertise et leurs approches, les résultats sont transformateurs", a-t-il déclaré.

M. Al-Jadaan et M. Al-Khalifa ont tous deux souligné que la coopération et l'innovation à l'échelle mondiale sont essentielles pour surmonter les défis actuels et progresser vers un avenir de développement inclusif et durable. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com