Soudan: offensive de l'armée pour repousser les paramilitaires loin de Khartoum

L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (AFP)
L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (AFP)
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Publié le Mardi 20 mai 2025

Soudan: offensive de l'armée pour repousser les paramilitaires loin de Khartoum

  • Les FSR, en guerre contre l'armée depuis plus de deux ans, se sont repliées dans le sud et l'ouest d'Omdourman après la perte de la capitale, reprise en mars par l'armée
  • Ces dernières semaines, elles ont multiplié les attaques de drones sur plusieurs villes, ciblant notamment Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays

KARTOUM: L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum.

Un correspondant de l'AFP sur place a confirmé avoir entendu plusieurs explosions dans la zone.

"Nous continuons une opération de grande envergure" qui a commencé lundi, a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l'armée Nabil Abdallah, affirmant que les troupes étaient proches d'une "purification complète de l'Etat de Khartoum", dont fait partie Omdourman.

Les FSR, en guerre contre l'armée depuis plus de deux ans, se sont repliées dans le sud et l'ouest d'Omdourman après la perte de la capitale, reprise en mars par l'armée.

Ces dernières semaines, elles ont multiplié les attaques de drones sur plusieurs villes, ciblant notamment Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays. Selon l'armée soudanaise, les drones sont fournis par les Emirats arabes unis qui ont formellement démenti.

"Gouvernance démocratique" 

Le troisième plus grand pays d'Afrique en superficie est divisé depuis avril 2023 par la lutte sanglante pour le pouvoir que se livrent le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, et son ancien bras droit, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.

Parallèlement aux combats, chacun cherche à consolider ses positions sur le plan international.

Lundi, le général al-Burhane a nommé au poste de Premier ministre l’ancien directeur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), Kamel al-Tayeb Idris Abdelhafiz. Il a également désigné deux femmes au Conseil de souveraineté, au pouvoir depuis le coup d'état de 2021.

Son intention selon les experts est de légitimer son camp aux yeux de la communauté internationale avec un gouvernement de civils fonctionnel malgré la guerre.

L'Union africaine, de laquelle le Soudan a été suspendu en 2021, a salué mardi cette nomination, en espérant que ce "pas vers une gouvernance inclusive" permette de "rétablir l'ordre constitutionnel et la gouvernance démocratique au Soudan".

Dans le même temps, M. Burhane a aussi annulé par décret les pouvoirs de supervision du Conseil sur le gouvernement, consolidant davantage son autorité. Il espère "maintenir le pouvoir mais partager la responsabilité (...) parce que tout lui est maintenant reproché", selon l'analyste soudanaise Kholood Khair.

Le président russe Vladimir Poutine a invité mardi le général al-Burhane à participer au premier sommet russo-arabe prévu le 15 octobre, selon un communiqué du Conseil de souveraineté.

Mi-avril, le général Daglo avait de son côté annoncé la formation d'un gouvernement rival, ce qui risque, selon l'ONU, "d'aggraver la fragmentation du pays".

"Une escalade majeure" 

Actuellement, le pays est déjà divisé: l'armée contrôle le centre, l'est et le nord, tandis que les FSR dominent l'ouest avec la quasi-totalité de la vaste région du Darfour et certaines parties du sud.

Chassées de la capitale Khartoum, reléguées dans les quartiers de Salha, au sud d’Omdourman, et d’Ombada à l'ouest, les FSR ont mené plusieurs attaques de drones sur Port-Soudan, une ville longtemps épargnée par les combats devenue l'épicentre de l'aide humanitaire. Plusieurs infrastructures stratégiques ont été endommagées, dont le dernier aéroport civil encore opérationnel au Soudan.

"L'amplitude de ces attaques de drones représente une escalade majeure dans le conflit", a alerté l'expert onusien en droits humains, Radhouane Nouicer, dans un communiqué publié lundi à Genève. Selon lui, ces frappes visant des zones très peuplées "aggravent la situation humanitaire".

Mercredi, une attaque contre trois centrales électriques de Khartoum a provoqué une panne d’électricité, selon Médecins Sans Frontières (MSF), perturbant le fonctionnement de deux hôpitaux majeurs à Omdourman.

Le choléra se propage à travers le pays, avec l'enregistrement de 2.323 nouveaux cas, dont 51 décès, au cours des trois dernières semaines, dont 90% dans l'Etat de Khartoum, selon les autorités sanitaires.

La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 13 millions d'autres, et provoqué ce que l'ONU décrit comme la "pire crise humanitaire".

 


Gaza: les enquêtes israéliennes sur les frappes meurtrières doivent «aboutir à des résultats», dit l'ONU

L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
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  • Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête
  • "Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats"

GENEVE: L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats.

"Les autorités israéliennes ont, par le passé, annoncé des enquêtes sur de tels homicides (...) mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a déclaré le porte-parole du bureau des droits de l'homme des Nations unies, Thameen Al-Kheetan, à des journalistes à Genève.

Ses déclarations interviennent au lendemain des frappes israéliennes sur l'hôpital Nasser à Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, qui ont fait au moins 20 morts parmi lesquels cinq journalistes, provoquant un tollé international.

Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête.

"Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a souligné M. Kheetan.

"Nous n'avons encore vu aucun résultat ni aucune mesure de responsabilisation. Nous attendons toujours les résultats de ces enquêtes et nous demandons que justice soit faite et que les responsables rendent des comptes", a-t-il ajouté.

Au moins 247 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

"Ces journalistes sont les yeux et les oreilles du monde entier et ils doivent être protégés", a encore dit M. Kheetan.

Interrogé pour savoir si l'attaque de lundi pouvait être qualifiée de "double frappe", dans laquelle une première frappe est suivie d'une seconde visant les secouristes et d'autres civils, M. Kheetan a répondu que cela devait faire l'objet d'une enquête.

"Nous pouvons dire que l'armée israélienne aurait lancé plusieurs frappes aériennes sur le complexe médical Nasser, et qu'il y a eu deux frappes aériennes en peu de temps", a-t-il déclaré.

"Nous savons que l'un des cinq journalistes semble avoir été tué lors de la première frappe aérienne, tandis que trois autres semblent avoir été tués lors de la deuxième frappe", a-t-il ajouté.

"Cet incident et les homicides de tous les civils, notamment les journalistes, doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et indépendante, et la justice doit suivre", a encore dit M. Kheetan.


Barrack : l'Arabie saoudite et le Qatar prêts à investir au Liban une fois le Hezbollah désarmé

L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
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  • L'armée libanaise, soutenue par les Etats-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août
  • M. Barrack a également déclaré mardi que son pays approuverait la prolongation d'un an du mandat des forces de maintien de la paix des Nations Unies au Liban

BEYROUTH : L'Arabie saoudite et le Qatar sont prêts à investir dans une zone économique au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, qui créerait des emplois pour les membres du groupe militant Hezbollah et ses partisans une fois qu'ils auront déposé les armes, a déclaré mardi l'envoyé du président Donald Trump au Moyen-Orient.

Tom Barrack a fait ces commentaires à Beyrouth après s'être rendu en Israël et en Syrie où il a discuté avec des responsables de la situation actuelle au Liban à la suite de la décision prise ce mois-ci par le gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année. Le chef du Hezbollah a rejeté le plan du gouvernement, s'engageant à conserver les armes.

Lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes pourraient commencer à se retirer du territoire qu'elles détiennent au Sud-Liban après la "décision capitale" du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah.

L'armée libanaise, soutenue par les États-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août. Le gouvernement devrait discuter du plan de l'armée et l'approuver lors d'une réunion prévue le 2 septembre.

"Nous devons faire entrer de l'argent dans le système. L'argent viendra du Golfe", a déclaré M. Barrack aux journalistes après avoir rencontré le président Joseph Aoun. "Le Qatar et l'Arabie saoudite sont des partenaires et sont prêts à le faire pour le sud (du Liban) si nous demandons à une partie de la communauté libanaise de renoncer à ses moyens de subsistance.

"Nous avons 40 000 personnes qui sont payées par l'Iran pour se battre. Qu'allez-vous faire d'eux ? Prendre leur arme et leur dire 'au fait, bonne chance pour planter des oliviers' ? Ce n'est pas possible. Nous devons les aider", a déclaré M. Barrack. Il faisait référence aux dizaines de milliers de membres du Hezbollah financés par Téhéran depuis le début des années 1980.

"Nous, tous les pays du Golfe, les États-Unis, les Libanais, allons tous agir ensemble pour créer un forum économique qui produira des moyens de subsistance", a déclaré M. Barrack.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi les États-Unis n'allaient pas discuter de la question du Hezbollah directement avec l'Iran au lieu de se rendre en Israël et en Syrie, M. Barrack a répondu : "Vous pensez que cela ne se fait pas ? "Vous pensez que ce n'est pas le cas ? Au revoir." Barrack a ensuite mis fin à sa conférence de presse et est sorti de la salle.

S'exprimant sur la force de maintien de la paix des Nations unies déployée au Sud-Liban depuis qu'Israël a envahi le pays en 1978, M. Barrack a déclaré que les États-Unis préféreraient financer l'armée libanaise plutôt que la Force internationale d'assistance à la sécurité (FINUL). A propos du vote de cette semaine aux Nations Unies à New York, Barrack a déclaré que les Etats-Unis étaient favorables à la prolongation du mandat de la FINUL pour un an seulement.

Le Hezbollah a été gravement affaibli par la guerre qui l'a opposé à Israël l'année dernière et au cours de laquelle de nombreux dirigeants et combattants du groupe ont été tués. L'accord de paix conclu sous l'égide des États-Unis pour mettre fin à ce conflit exige que l'État libanais désarme les groupes armés.

M. Qassem a déclaré que le Hezbollah et son allié Amal avaient reporté les manifestations de rue contre l'initiative de désarmement soutenue par les États-Unis, laissant ainsi la place au dialogue avec le gouvernement, mais que les futures manifestations pourraient viser l'ambassade des États-Unis à Beyrouth.

Israël a indiqué qu'il réduirait sa présence militaire au Sud-Liban si les forces armées libanaises agissaient pour désarmer le Hezbollah, selon une déclaration du bureau du premier ministre israélien.

(Avec agences)


Frappes israéliennes sur un hôpital à Gaza: la Chine «choquée» 

 La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
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  • "Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit"
  • "La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza"

PEKIN: La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes.

"Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit", a déclaré devant la presse à Pékin un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun.

"La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza", a-t-il dit lors d'un point de presse quotidien.

"Israël devrait arrêter immédiatement ses opérations militaires à Gaza, conclure le plus tôt possible un cessez-le-feu complet et durable, rétablir intégralement l'entrée de l'aide humanitaire, empêcher une crise humanitaire de plus grande ampleur et s'employer à dissiper les tensions le plus vite possible", a-t-il dit.

"Nous nous opposons et condamnons tous les agissements qui portent atteinte aux populations civiles, endommagent les installations civiles et violent la loi internationale, y compris les actes de violence contre les journalistes", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déploré "un accident tragique" après la mort d'au moins vingt personnes selon la défense civile gazaouie, dont cinq journalistes. L'ONU et plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont condamné les raids.