Borne, Stanislas: dernière ligne droite pour la commission d'enquête sur les violences scolaires

Violette Spillebout, députée d'Ensemble Pour la République, Paul Vannier, député de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire, et Fatiha Keloua Hachi, députée de Socialistes et Apparentes, assistent à une audition devant la commission d'enquête sur le contrôle de l'État et la prévention des violences en milieu scolaire à l'Assemblée nationale à Paris, le 20 mai 2025. (AFP)
Violette Spillebout, députée d'Ensemble Pour la République, Paul Vannier, député de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire, et Fatiha Keloua Hachi, députée de Socialistes et Apparentes, assistent à une audition devant la commission d'enquête sur le contrôle de l'État et la prévention des violences en milieu scolaire à l'Assemblée nationale à Paris, le 20 mai 2025. (AFP)
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Publié le Mercredi 21 mai 2025

Borne, Stanislas: dernière ligne droite pour la commission d'enquête sur les violences scolaires

  • Le Premier ministre a accusé en particulier Paul Vannnier de "malhonnêteté" et d'instrumentaliser le travail de la commission pour pousser à sa démission
  • Le député LFI a, lui, régulièrement accusé François Bayrou d'avoir menti sur ce qu'il savait sur l'affaire Bétharram, désormais appelé Le Beau Rameau

PARIS: Dernière ligne droite pour la commission parlementaire sur les violences scolaires, née de l'affaire Bétharram: elle entend mercredi la ministre Elisabeth Borne et les inspecteurs d'une mission d'enquête sur le collège Stanislas aux conclusions controversées, une semaine après l'audition de François Bayrou.

Trois mois après sa création, la très active commission d'enquête sur les modalités du contrôle par l'Etat et de la prévention des violences dans les établissements scolaires, présidée par la socialiste Fatiha Keloua Hachi, mènera sa dernière audition à 16H30: celle de la ministre de l'Education Elisabeth Borne.

Les deux co-rapporteurs, la députée Renaissance Violette Spillebout et le LFI Paul Vannier, travailleront ensuite sur leur rapport promis pour fin juin, après 140 auditions.

Se sont ainsi succédés devant la commission le Premier ministre François Bayrou -pendant un marathon de 5h30-, des victimes de violences au premier rang desquels Alain Esquerre, fondateur d'une association de victimes de Bétharram à l'origine de multiples révélations ailleurs en France.

Ont également témoigné des enseignants, chefs d'établissements ou inspecteurs et inspectrices de l'Education nationale, notamment celui qui a produit un rapport ayant exonéré en 1996 Bétharram, ainsi que d'anciens ministres de l'Education comme Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer ou Nicole Belloubet, entre autres.

Mme Borne, l'actuelle locataire de la rue de Grenelle, devrait revenir sur le plan "Brisons le silence" qu'elle a mis en place mi-mars pour "libérer la parole" et mieux contrôler les établissements catholiques sous contrat avec l'Etat, qui échappaient jusqu'à présent quasi totalement à sa supervision.

Ce plan prévoit notamment des questionnaires pour les voyages scolaires ou les élèves internes, ainsi qu'une augmentation du nombre d'inspecteurs dédiés au privé sous contrat.

Mme Borne devra également "éclairer la commission d’enquête sur le rapport de l’Etat aux établissements privés sous contrat", a indiqué Paul Vannier à l'AFP.

Paragraphe "lourd de sens" 

Auparavant, les députés membres de la commission entendront à 11H00 les inspecteurs généraux chargés de l'enquête administrative de 2023 sur l'établissement privé parisien Stanislas.

Cette enquête de l'Inspection générale de l'Education (IGESR) avait été commandée en février 2023 par Pap Ndiaye après des accusations de dérives homophobes et sexistes visant cet établissement huppé, relayées dans la presse. Le rapport, rendu en juillet 2023, avait été dévoilé par Mediapart en janvier 2024.

Cette audition a été rajoutée par la commission parlementaire après la réception d'un courrier d'une inspectrice. Elle y apporte des éléments "qui prouvent que le rapport a été plutôt édulcoré par rapport aux témoignages recueillis", notamment concernant l'homophobie et le racisme, avait indiqué Fatiha Keloua Hachi.

Ce courrier, consulté par l'AFP, assure qu'un paragraphe "lourd de sens et de conséquences, dédouanant le collège Stanislas", qui n'a pas été montré aux inspecteurs, a été ajouté à la lettre conclusive accompagnant le rapport. Ce paragraphe indique qu'"au terme de la mission (d'inspection, ndlr), l'équipe ne confirme pas les faits d'homophobie, de sexisme, et d'autoritarisme".

La commission a depuis reçu un deuxième courrier, d'une autre inspectrice de la mission, qui met également en cause ce paragraphe, "en contradiction" avec le rapport. Ce qui renforce des spéculations sur une possible intervention d'actuels hauts fonctionnaires de l'Education nationale pour minimiser les faits constatés à Stanislas.

Au coeur de l'actualité politique la semaine dernière avec l'audition de François Bayrou, la commission d'enquête parlementaire n'a pas été exempte de controverses.

Le Premier ministre a accusé en particulier Paul Vannnier de "malhonnêteté" et d'instrumentaliser le travail de la commission pour pousser à sa démission.

Le député LFI a, lui, régulièrement accusé François Bayrou d'avoir menti sur ce qu'il savait sur l'affaire Bétharram, désormais appelé Le Beau Rameau.

L'établissement du Béarn, où ont été scolarisés plusieurs enfants du chef du gouvernement et ex-ministre de l'Education, et où sa femme a enseigné le cathéchisme, est visé par plus de 200 plaintes pour des violences physiques et sexuelles.

Paul Vannier et Violette Spillebout n'ont pas caché leurs propres désaccords sur le sujet Bayrou, la députée Renaissance ayant pour sa part déclaré à propos du Premier ministre: "je le crois".

 


Bayrou entre dans le dur face aux risques de censure et de blocages

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre. (AFP)
Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre. (AFP)
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  • M. Bayrou s'exprimera lundi à 16h00 depuis des locaux gouvernementaux de l'avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris) où il a déjà tenu deux conférence de presse consacrées au budget, en avril et le 15 juillet
  • Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et soutenus par la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer "la grève générale"

PARIS: François Bayrou sera-t-il censuré sur son projet de budget à 44 milliards d'euros d'économies ? La grande explication de rentrée débute lundi par une conférence de presse du Premier ministre, sur fond d'appels à bloquer la France le 10 septembre.

M. Bayrou s'exprimera lundi à 16h00 depuis des locaux gouvernementaux de l'avenue de Ségur (7e arrondissement de Paris) où il a déjà tenu deux conférence de presse consacrées au budget, en avril et le 15 juillet.

Depuis cette date, et l'annonce de 43,8 milliards d'euros d'économies via de nombreuses mesures --année blanche fiscale, gel des pensions et prestations sociales, suppression de deux jours fériés à laquelle s'opposent 84% des Français selon un sondage Odoxa pour Le Parisien--, le Premier ministre fait face à une menace de censure brandie par la gauche et le Rassemblement national.

Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et les messageries, et soutenus par la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a dit espérer "la grève générale".

Les écologistes et les communistes soutiennent également cet appel, que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a dit vouloir "accompagner".

Circonspects face à ce mouvement "nébuleux" (Sophie Binet, CGT), qui évoque la crise des "gilets jaunes", les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l'assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d'action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.

Sans attendre, plusieurs unions départementales et fédérations de la CGT et de Solidaires -SUD Rail et Sud Industrie-- ont prévu de se mobiliser le 10 septembre.

"Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays", a jugé M. Bayrou dans des propos rapportés par la Tribune Dimanche.

Après l'expérience de Michel Barnier, Premier ministre renversé au bout de trois mois, François Bayrou "ne veut pas subir la rentrée". "Il ne va pas attendre qu'on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses", explique un proche du Premier ministre.

"Prise de conscience"

Si les quelque 44 milliards d'économies sont "intangibles", "les mesures peuvent toutes être discutées. J'ai dit que j'étais prêt à entendre d'autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d'autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n'est pas possible, c'est qu'on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement", a récemment insisté M. Bayrou auprès de l'AFP.

Le Premier ministre, qui a été reçu par Emmanuel Macron jeudi à Brégançon (Var), est notamment attendu sur les contours de la "contribution des plus fortunés" évoquée le 15 juillet.

Il est "prêt à bouger" sur le sujet, assure un de ses soutiens, alors que des membres du MoDem rappellent leur opposition à la suppression de l'ISF en 2017.

Suffisant pour s'entendre avec le PS ? "En l'état, rien ne va et c'est la censure assurée", a réaffirmé dimanche le député Arthur Delaporte, ajoutant que les socialistes présenteraient des "propositions alternatives" dans les "prochains jours".

François Bayrou s'exprimera mardi à l'évènement de rentrée de la CFDT, puis jeudi à celui du Medef. Il doit se rendre vendredi à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne).

Avant la reprise des travaux parlementaires prévue le 22 septembre, les rentrées politiques se poursuivent cette semaine. Après les écologistes, communistes et LFI ce weekend, le PS réunit ses troupes de jeudi à samedi à Blois. De nombreuses personnalités --Édouard Philippe, Bernard Cazeneuve, Bruno Retailleau...-- s'exprimeront lors de l'Université d'été du Laboratoire de la République présidé par l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer.

Gérald Darmanin organise sa rentrée le weekend prochain, de même qu’Éric Ciotti, Laurent Wauquiez, David Lisnard, les centristes de l'UDI ou encore le parti Reconquête d’Éric Zemmour.

Les Républicains et leur nouveau président, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, se réuniront les 6 et 7 septembre. En attendant, la ministre Rachida Dati a confirmé sa candidature pour l'élection législative partielle à Paris (21 septembre), alors que le parti a investi Michel Barnier.

 


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.