Protéger nos océans est l’affaire de tous

En mer Rouge, des efforts sont en cours pour réhabiliter les habitats clés, qui sont essentiels à la santé des courants océaniques. (Photo NCW)
En mer Rouge, des efforts sont en cours pour réhabiliter les habitats clés, qui sont essentiels à la santé des courants océaniques. (Photo NCW)
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Publié le Dimanche 01 juin 2025

Protéger nos océans est l’affaire de tous

Protéger nos océans est l’affaire de tous
  • L’Arabie saoudite est un acteur clé et un partenaire stratégique en matière de préservation des océans
  • Les océans nous appartiennent à tous. Ils nourrissent et protègent nos peuples. Ils inspirent les rêves et rendent possible le voyage

Du 9 au 13 juin, la France accueillera la troisième Conférence des Nations Unies pour soutenir la mise en œuvre de l’Objectif de développement durable 14 : Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable (UNOC, ou Conférence des Nations Unies sur les Océans). Pour cet événement crucial, une centaine de chefs d’État et de gouvernement sont attendus, ainsi que des dizaines de milliers de chercheurs, scientifiques, militants et citoyens du monde entier. À cette occasion, la France affichera un objectif clair : protéger les océans par des actions concrètes.

Les océans nous appartiennent à tous. Ils nourrissent et protègent nos peuples. Ils inspirent les rêves et permettent les voyages. Ils offrent une énergie durable, des moyens d’échange, des ressources et un savoir scientifique inestimable.

Une personne sur trois dépend des océans pour sa subsistance, et pourtant ceux-ci sont en péril. Ils restent largement méconnus, sans gouvernance mondiale ni financements à la hauteur des besoins pour assurer leur préservation. Les chiffres sont alarmants : chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans, selon une étude publiée dans Science. Plus d’un tiers des stocks de poissons sont surexploités, tandis que l’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer et la destruction des écosystèmes marins s’intensifient, conséquences directes du changement climatique.

Il faut agir maintenant. L’action multilatérale doit être à la hauteur des défis liés à la protection des océans.

Dix ans après la COP21 et l’Accord de Paris, qui a défini un cadre mondial contraignant pour lutter contre le changement climatique, la troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans représente une opportunité historique. Les « Accords de Nice pour les Océans » doivent constituer un véritable pacte international pour la conservation et l’utilisation durable des mers, en parfaite cohérence avec les Objectifs de développement durable adoptés par les Nations Unies en 2015.

Pour y parvenir, les discussions à Nice devront être concrètes, orientées vers l’action, et viser une meilleure gouvernance, davantage de financements et une connaissance approfondie des océans.

En matière de gouvernance, l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale (Accord BBNJ) est fondamental. La haute mer, qui représente plus de 60 % des océans, demeure aujourd’hui le seul espace non régi par le droit international. Ce vide juridique engendre une véritable catastrophe sociale et environnementale : pollution massive aux hydrocarbures et aux plastiques, techniques de pêche illégales et non réglementées, prélèvement de mammifères protégés. Pour y mettre un terme, nous devons obtenir la ratification de l’Accord BBNJ par 60 pays afin qu’il entre en vigueur.

L’Arabie saoudite est un acteur majeur et un partenaire stratégique pour la préservation durable des océans.

                                                      Patrick Maisonnave

La protection des océans nécessite également des financements publics et privés et le soutien d'une économie bleue durable. Pour continuer à profiter des incroyables opportunités économiques offertes par les océans, il est impératif de garantir la capacité de régénération des ressources marines. À Nice, plusieurs engagements seront annoncés en matière de commerce mondial, de transport maritime, de tourisme et d'investissement.

Enfin, comment protéger ce que nous ne connaissons pas, ou trop peu ? Il est essentiel de mieux connaître les océans et de diffuser largement ce savoir. Aujourd’hui, nous sommes capables de cartographier la surface de la Lune ou de Mars, mais les fonds marins — qui couvrent 70 % de la surface terrestre — nous restent largement inconnus. Ensemble, mettons la science, l’innovation et l’éducation au service d’une meilleure compréhension des océans, et sensibilisons le grand public.

Face à l’accélération du changement climatique et à la surexploitation des ressources marines, les océans ne sont pas une question parmi d’autres : ils nous concernent tous. Dans un contexte de fragilité du multilatéralisme, nous devons nous rappeler notre responsabilité commune. Les océans nous relient, et sont au cœur de notre avenir. Ensemble, faisons de cette troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans un tournant pour nos peuples, les générations futures et notre planète.

La France sera honorée d’accueillir l’Arabie saoudite, aux côtés de plus de 100 pays, pour relever ces défis ensemble. Avec plus de 2 600 kilomètres de littoral et une position géographique à la croisée de trois continents, l’Arabie saoudite dispose d’un atout majeur. Dans le cadre de sa Vision 2030, la mer constitue une ressource incomparable pour diversifier son économie : connectivité, transport et logistique, tourisme, pêche, et bien plus encore. L’exploitation durable de cette ressource est un enjeu stratégique. L’Arabie saoudite a démontré sa détermination à mettre en œuvre des politiques conformes à l’Objectif de développement durable 14 : création d’agences de régulation pour protéger la biodiversité, application des règles sur la pêche, extension des zones protégées conformément au Protocole de Kunming-Montréal, et soutien à la recherche et à la collecte de données scientifiques.

Agissons ensemble pour faire de la troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans un tournant décisif, et permettre la mise en œuvre effective de l’Accord BBNJ. L’Arabie saoudite est un acteur majeur et un partenaire stratégique pour la préservation durable des océans, des mers et des ressources marines. Son engagement sera déterminant.

Patrick Maisonnave est Ambassadeur de France en Arabie saoudite.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com