Qui sont Les Natifs, ces identitaires jugés pour la banderole raciste visant Aya Nakamura

Un manifestant allume une fusée lors d'un rassemblement appelé par le groupe d'ultra-droite français 'Les Natifs' place du Panthéon à Paris le 1er décembre 2023, pour rendre hommage à Thomas, un adolescent décédé le 19 novembre 2023 à Crépol après avoir été blessé avec un couteau lors d'un bal dans le petit village de la Drôme. (AFP)
Un manifestant allume une fusée lors d'un rassemblement appelé par le groupe d'ultra-droite français 'Les Natifs' place du Panthéon à Paris le 1er décembre 2023, pour rendre hommage à Thomas, un adolescent décédé le 19 novembre 2023 à Crépol après avoir été blessé avec un couteau lors d'un bal dans le petit village de la Drôme. (AFP)
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Publié le Lundi 02 juin 2025

Qui sont Les Natifs, ces identitaires jugés pour la banderole raciste visant Aya Nakamura

  • Hommage à Jean-Marie Le Pen, actions anti-immigrés, stages d'autodéfense... Le groupe d'extrême droite Les Natifs, héritier à Paris de Génération identitaire (GI), épouse ses positions, avec un message parfois plus radical encore
  • La lutte contre le "grand remplacement" - une théorie complotiste sur la prétendue substitution des populations européennes par des immigrés non européens - est "la mère de toutes les batailles", assène le jeune homme qui travaille dans la finance

PARIS: Hommage à Jean-Marie Le Pen, actions anti-immigrés, stages d'autodéfense... Le groupe d'extrême droite Les Natifs, héritier à Paris de Génération identitaire (GI), épouse ses positions, avec un message parfois plus radical encore, symbolisé par cette banderole raciste visant la chanteuse Aya Nakamura, pour laquelle 13 personnes sont jugées mercredi.

A l'hiver 2024, Les Natifs avaient diffusé une photo d'une banderole dénonçant alors une possible prestation de la chanteuse franco-malienne à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, avec ces mots: "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako". Treize militants sont notamment poursuivis pour injure publique en raison de la prétendue origine, ethnie, race ou religion.

En avril dernier, Les Natifs, sollicités par l'AFP, donnent rendez-vous dans un café du 16e arrondissement.

Stanislas, 24 ans, Gabriel, 25 ans, et Marie, 22 ans, qui refusent de donner leur patronyme, font partie de la cinquantaine de jeunes militants actifs d'un groupe qui revendique une vie communautaire, entre cercles de lecture, sport - boxe anglaise notamment - et action politique.

Gabriel présente un mouvement à la triple identité: "civilisationnelle, européen; nationale, français; et locale-régionale, Paris".

La lutte contre le "grand remplacement" - une théorie complotiste sur la prétendue substitution des populations européennes par des immigrés non européens - est "la mère de toutes les batailles", assène le jeune homme qui travaille dans la finance.

La filiation avec GI, groupe d'ultradroite médiatisé par des actions anti-immigrés et contre l'islam, dissous en 2021, est revendiquée.

Spécialiste de cette mouvance apparue au début des années 2000, Marion Jacquet-Vaillant, interrogée par l'AFP rappelle   l'ADN des identitaires: "A chaque terre correspond un peuple qui se doit d'être culturellement et ethniquement homogène".

"Dans leur idéologie, l'immigration est la source soit d'insécurité, soit de conflits culturels", résume-t-elle. Ainsi, certains faits divers comme le meurtre de Lola à Paris en 2022 et celui de Philippine au bois de Boulogne en 2024, dont les suspects sont respectivement algérien et marocain, ont été lus à l'aune de leur "prisme idéologique".

"Pour eux, c'est la confirmation qu'ils ont raison de dénoncer l'immigration", poursuit cette maîtresse de conférences en science politique à l'université Panthéon-Assas.

Fin 2023, Les Natifs avaient organisé une manifestation à Paris en hommage à Thomas, lycéen mort poignardé lors d'une fête de village dans la Drôme. L'enquête n'a toujours pas permis d'identifier le meurtrier.

"Guerre ethnique" 

Le moyen d'action privilégié des Natifs? Des actions coup de poing relayées sur leurs réseaux sociaux auprès de leurs presque 10.000 abonnés sur Instagram, plus de 18.000 sur X.

En février, ils placardaient la façade de la compagnie Air Algérie du slogan: "Remigrez léger! Depuis la France vers l'Algérie. Pour un aller sans retour".

En mars, ils investissaient la basilique Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, protestant contre une exposition comprenant des portraits de femmes voilées. Deux personnes, dont Stanislas, seront jugées le 5 juin à Bobigny.

Cette stratégie d'"agit-prop" (agitation propagande), a déjà été éprouvée par les écologistes de Greenpeace, dont les Natifs, comme hier GI, disent s'inspirer, malgré le fossé idéologique les séparant.

L'objectif des identitaires, des "tout petits groupes", à l'instar des Natifs avec leur banderole raciste s'en prenant à Aya Nakamura, est de "provoquer des réactions massives et donc choquer l'opinion publique pour qu'on n'ait pas d'autre choix que de parler d'eux", analyse Marion Jacquet-Vaillant.

"On a parlé au journal télévisé en Corée du Sud", se félicite par exemple Gabriel.

C'est désormais devant le tribunal que les militants, dont Marie et Stanislas, vont devoir répondre. "On sert une cause qui nous dépasse", assure la première, quand le second invoque la "liberté d'expression" et met au défi de "prouver" tout message "raciste".

"Je leur dis +démontrez-moi que ça n'est pas raciste+, ça l'est, objectivement", oppose Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, pointant une "sorte de désinhibition" avec cette banderole dont le langage est "plus radical encore que celui qu'utilisait Génération identitaire".

Tout en rappelant que ces "groupuscules" "restent sous le contrôle des services chargés de les suivre", le politologue interrogé par l'AFP alerte sur "une fraction de la jeunesse qui vit dans un univers où la guerre civile est proche". "Et cette guerre civile est en fait une guerre ethnique."

 


Commerce: Macron dit préférer une politique "coopérative" avec la Chine aux droits de douane

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron privilégie une approche coopérative avec la Chine pour corriger des déséquilibres commerciaux « non viables », tout en gardant l’option de droits de douane si Pékin ne réagit pas
  • Il appelle l’UE à renforcer sa compétitivité, à mieux mobiliser son épargne et à promouvoir l’euro

PARIS: Emmanuel Macron, qui avait menacé d'imposer à la Chine des droits de douane européens dans les "prochains mois", appelle dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times à privilégier une approche "coopérative" avec Pékin pour résorber les déséquilibres commerciaux qui ne sont "plus viables".

"Imposer des droits de douane et des quotas sur les importations chinoises serait une réponse non coopérative", dit le président français dans le quotidien des affaires britannique.

"Nous devons reconnaître que ces déséquilibres sont à la fois le résultat d'une faible productivité européenne et de la politique chinoise d'une croissance tirée par les exportations. Poursuivre dans cette voie risque d'entraîner un conflit commercial grave, mais la Chine et l'UE ont toutes deux les moyens de corriger ces déséquilibres", plaide-t-il.

Au retour de son déplacement en Chine début décembre, Emmanuel Macron avait affirmé avoir prévenu les dirigeants chinois que "s'ils ne réagissaient pas" pour réduire leur excédent commercial qui ne cesse d'augmenter avec l'Union européenne, les Européens seraient "contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes" comme "par exemple des droits de douane sur les produits chinois".

"Je préfère de loin la coopération, mais je plaiderai en faveur de cette dernière solution si nécessaire", explique-t-il dans le Financial Times, tout en se montrant plus conciliant.

"Je suis toutefois convaincu qu'en tenant véritablement compte des besoins et des intérêts de chacun, nous pouvons établir un agenda macroéconomique international qui profitera à tous", ajoute-t-il en effet, rappelant que "la résolution des déséquilibres mondiaux sera au cœur de l'agenda de la présidence française du G7" en 2026.

Pour montrer que l'Europe est prête à faire sa part dans cette approche "coopérative", le président français prône "un nouveau programme économique fondé sur la compétitivité, l'innovation et la protection" au niveau des Vingt-Sept.

"Afin de financer les investissements dont nous avons besoin, l'Europe doit tirer parti de son pool d'épargne d'environ 30.000 milliards d'euros", en en dirigeant une plus grande partie vers les entreprises européennes, estime-t-il.

"L'Europe devrait également chercher à renforcer le rôle international de l'euro à travers le développement de stablecoins en euros et l'introduction d'un euro numérique", ajoute-t-il parmi les mesures proposées.

Emmanuel Macron entend porter ces positions aussi lors du prochain Conseil européen, jeudi à Bruxelles.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."