DOUAI: Emmanuel Macron, déterminé à défendre son bilan à deux ans de la fin de son mandat, se rend mardi dans une usine de batteries flambant neuve à Douai, symbole du renouveau industriel du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, un territoire parmi les plus pauvres de France où beaucoup reste à faire.
"Le président va d'abord dire +merci et bravo+ (..) et +il faut continuer+ parce qu’on a encore des défis à relever sur certains indicateurs économiques et sociaux(..) Il y a encore beaucoup de travail", résume un conseiller du chef de l'Etat.
Emmanuel Macron est attendu sur le site du fabricant sino-japonais de batteries pour voitures électiques AESC à Douai (Nord) à 10H45, avant d'inaugurer la maison France services de Wallers (Nord) à 12H20. Il ponctuera sa journée par un dîner avec la cheffe du gouvernement italien Georgia Meloni à Rome.
Depuis son arrivée à l'Elysée en 2017, 1,3 milliard d'euros ont été engagés dans la valorisation de ce territoire de 1,2 million d'habitants, des transports à la santé, indique la présidence.
L'Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier, un vaste plan sur 10 ans signé par l'Etat en 2017, prévoyait la rénovation de 23.000 logements énergivores sur 35 cités minières.
"Engagement tenu"
A ce jour, 15.500 ont été refaits à neuf et 10.000 sont en chantier, soit un budget de 124 millions d'euros, supérieur aux 100 millions initialement annoncés.
En février 2022, Emmanuel Macron, qui entretenait encore le suspense quant à sa candidature pour un second mandat, était venu à Liévin (Nord) pour annoncer 100 millions d'euros supplémentaires pour la rénovation des espaces publics du bassin. A ce stade, 63,5 millions d'euros ont été engagés.
Côté industiel, 2.200 emplois ont été créés entre 2022 et 2024, rompant avec des décennies de destructions de postes, grâce notamment à l'émergence d'un pôle de batteries pour voitures électriques dans le nord de la France, indique l'Elysée.
Mais si le nombre de demandeurs d'emplois y a chuté de 19% depuis 2017, le taux de pauvreté reste à un niveau de 21%, de six points supérieur à la moyenne nationale.
A Douai, le chef de l'Etat va assister au lancement officiel de la production sur le site d'AESC, qui représente un investissement de 1,3 milliard d'euros, dont des aides publiques françaises et européennes, annoncé lors d'un de ses sommets Choose France, en 2021.
"Engagement tenu, trois ans plus tard l'usine est sortie de terre, elle produit des batteries", se félicite l'Elysée.
La "gigafactory", qui compte 650 salariés et a déjà fabriqué 1.000 batteries, doit annoncer le recrutement de 350 personnes supplémentaires d'ici fin 2025, précise l'Elysée.
"Mieux que Tesla"
"Ce lancement marque une étape décisive dans l'engagement d’AESC à faire progresser la réindustrialisation de la France et son leadership dans la transition énergétique mondiale", a déclaré le président du groupe, Lei Zhang, dans un communiqué.
L'usine a déjà commencé à livrer des batteries au constructeur Renault, voisin du site, pour sa nouvelle R5, et aura le potentiel d'équiper jusqu'à 200.000 véhicules électriques par an.
"La Renault 5 est un très beau succès commercial, encore mieux que les Tesla, aujourd'hui en France", pointe un conseiller en référence à la marque d'Elon Musk.
Le chef de l'Etat, en retrait de la gouvernance du pays après la dissolution de l'Assemblée en juin 2024, est revenu sur le devant de la scène intérieure depuis le début de l'année au point d'éclipser son Premier ministre François Bayrou, privé de majorité.
Faute de pouvoir se représenter en 2027, après deux mandats successifs, il est aussi prompt à valoriser son bilan alors que la bataille pour sa succession est déjà engagée dans son camp comme à droite.
Il a renoué avec les visites de terrain dès janvier, déjà dans les Hauts-de-France,où il était venu faire le point sur le développement d'un autre territoire sinistré, en Sambre-Avesnois-Thiérache, entre Nord et Aisne.