L'Iran estime que la proposition américaine sur le nucléaire va à l'encontre de ses intérêts

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 juin 2025

L'Iran estime que la proposition américaine sur le nucléaire va à l'encontre de ses intérêts

  • "La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei
  • Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique

TEHERAN: Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a estimé mercredi que la proposition américaine faite à son pays en vue d'un accord sur le nucléaire allait à l'encontre des intérêts nationaux, sur fond de divergences liées à l'enrichissement d'uranium.

L'Iran et les Etats-Unis ont débuté en avril, sous la médiation du sultanat d'Oman, de délicates discussions sur l'épineux dossier du nucléaire iranien.

Après cinq cycles de pourparlers, les deux pays, ennemis depuis quatre décennies, se sont quittés le 23 avril à Rome sans avancée notable.

Samedi, l'Iran avait affirmé avoir reçu des "éléments" sur une proposition américaine en vue d'un potentiel accord.

"La proposition (sur le nucléaire iranien) présentée par les Américains est 100% à l'encontre du slogan +nous pouvons+", a déclaré lors d'un discours à Téhéran l'ayatollah Khamenei.

Cette formulation fait référence aux piliers de la Révolution islamique de 1979 sur l'indépendance du pays, et les progrès réalisés depuis par l'Iran notamment sur le plan technologique.

"L'indépendance (du pays) signifie ne pas attendre le feu vert de l'Amérique et de ses semblables", a ajouté devant des fidèles et des responsables Ali Khamenei, à l'occasion du 36e anniversaire de la mort du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Rouhollah Khomeini.

L'enrichissement d'uranium demeure l'un des principaux points de blocage entre les deux pays.

"Ligne rouge" 

Washington s'oppose à tout enrichissement d'uranium par l'Iran, tandis que ce dernier considère cette demande comme une "ligne rouge", en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

Les Etats-Unis n'ont "pas" leur "mot à dire" sur l'enrichissement d'uranium, a ajouté Ali Khamenei.

L'Iran est soupçonné par les pays occidentaux et par Israël de vouloir se doter de la bombe atomique, ce dont il se défend.

Mais Téhéran souligne son droit à poursuivre un programme nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

"Si nous avons 100 centrales nucléaires mais que nous ne pouvons enrichir (l'uranium) cela ne nous sera d'aucune utilité" car "les centrales nucléaires ont besoin de combustible" pour fonctionner, a argué Ali Khamenei.

"Si nous ne pouvons pas produire ce combustible localement, nous devrons nous tourner vers les Etats-Unis, qui pourraient poser des dizaines de conditions" pour le faire, a poursuivi le dirigeant iranien, au pouvoir depuis 1989.

Le président américain Donald Trump a affirmé lundi que les Etats-Unis n'autoriseraient "aucun enrichissement d'uranium dans le cadre d'un potentiel accord" avec l'Iran.

Interdire à l'Iran d'enrichir son uranium constitue une "ligne rouge", a rétorqué mardi le principal négociateur iranien, le chef de la diplomatie Abbas Araghchi.

Réunion au sommet 

Il a estimé que la proposition américaine, dont le contenu n'a pas été dévoilé, comportait "de nombreuses ambiguïtés".

Ces déclarations surviennent après la divulgation d'un rapport consulté samedi par l'AFP de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon lequel Téhéran a accéléré sa production d'uranium hautement enrichi.

L'AIEA a appelé l'Iran à davantage de transparence sur son programme nucléaire. Téhéran a dénoncé des conclusions jugées "politiques".

Le gendarme onusien du nucléaire doit tenir du 9 au 13 juin un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle à Vienne durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Abbas Araghchi a condamné les "pressions exercées" selon lui sur l'AIEA par "certains pays européens" et les a menacés de représailles s'ils utilisaient ce rapport à des fins politiques durant cette réunion.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres d'un accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015. Les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

Paris, Londres et Berlin ont menacé ces dernières semaines d'enclencher un mécanisme prévu dans l'accord de 2015 qui permet le rétablissement de sanctions onusiennes si l'Iran ne respecte pas ses engagements.

Selon l'AIEA, ce pays est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord de 2015.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.