Najran : Une ville aux souvenirs vivants

Vue aérienne de Najran. (Getty Images)
Vue aérienne de Najran. (Getty Images)
Palais Al-Aan à Najran. (Getty Images)
Palais Al-Aan à Najran. (Getty Images)
Pétroglyphes et inscriptions préhistoriques de Bir Hima. (Getty Images)
Pétroglyphes et inscriptions préhistoriques de Bir Hima. (Getty Images)
Short Url
Publié le Jeudi 05 juin 2025

Najran : Une ville aux souvenirs vivants

  • La ville du sud-ouest, l'une des plus dynamiques du Royaume, séduit par son charme intemporel.

DJEDDAH : Un vent sec porte le premier signe : une volute d'encens, à la fois piquante et douce, flottant sur les étendues désertiques. Elle s'infiltre par les fenêtres, s'accroche aux vêtements, persiste sur la peau. Najran, jadis carrefour du commerce de l'encens, conserve cette fragrance comme un souvenir trop profond pour s'effacer.

Dans la vieille ville, des ruelles baignées de soleil serpentent entre des tours en briques de boue ornées de motifs délicats. Les bâtiments se penchent les uns vers les autres, tels des aînés partageant des secrets, leurs murs épais frais au toucher, sentant faiblement l'argile et la cendre.

À la périphérie, Al-Ukhdood — ruines antiques se déployant en silence, tranchées découpées à travers les siècles, pierres noircies par le feu portant les cicatrices du passé. Pas de guichet, pas de foule, juste le vent effleurant la pierre fracturée. C'est ici qu'un massacre tristement célèbre se déroula, une horreur évoquée dans le Coran. Aujourd'hui, des chèvres paissent à proximité, et un garçon fait défiler son téléphone contre un mur ayant vu des empires s'élever et s'effondrer. Ici, l'histoire ne dort pas, elle vibre doucement sous vos pieds.

Plus loin, le marché du jeudi éclate tel un tambour. La solennité du passé cède la place à la vivacité du présent. Des dagues en argent étincellent sur les étals, des dattes collantes brillent sous le soleil, et des rouleaux de tissus aux bleus électriques et safran profonds flottent dans la brise. Un vendeur vous tend une petite tasse en céramique remplie de qishr (café au gingembre), ardent et parfumé. Son arôme s'enroule dans votre nez, la première gorgée pique la langue, et une étrange chaleur commence à se rassembler dans votre poitrine — un choc venu d'un autre temps.

Au-delà du marché, le palais Al-Aan s'élève au-dessus des palmeraies. Ses tours en boue brillent d'or sous la lumière déclinante comme un rêve d'un autre âge. En gravissant son étroit escalier, votre souffle se raccourcit. Au sommet, il s'arrête complètement. En dessous, les fermes de dattes s'étendent comme une dentelle verte. Au-delà, l'escarpement de Tuwaiq flamboie de rouge sous le soleil couchant. Il y a de l'émerveillement, et il y a du silence.

La route au sud de Najran serpente, scintillante, dans le désert. Suivez-la jusqu'à Bir Hima, et vous trouverez des gravures vieilles de 7 000 ans sur des rochers de basalte — chasseurs, animaux, histoires trop anciennes pour les mots — et buvez un thé épais sous le soleil, doux et dense comme du sirop, en imaginant ces artistes d'autrefois traçant leur vie dans la pierre.

Pour explorer Wadi Najran, vous pouvez louer une bicyclette. Au début, elle roule en douceur à travers les broussailles et les pierres, mais ensuite l'asphalte s'arrête et le sable prend le relais. Le wadi se déploie — vastes falaises veineuses scintillant sous la lumière. Un berger mène ses chèvres, sa voix s'élevant brièvement dans le vent. La chaleur est lourde, le vélo devient encombrant, mais la terre vous invite non pas à la conquérir, mais simplement à la remarquer.

Le soir tombe avec un lent silence. L'air sent la poussière et les feuilles sèches. Au loin, le ciel se teinte de violet, l'or glisse derrière l'horizon. Najran persiste non seulement dans votre mémoire, mais dans vos sens. La piqûre du gingembre, le silence de la pierre gravée, la fumée de l'encens imprégnée dans votre chemise. Ce n'est pas une ville que vous visitez. C'est une ville que vous portez.

Et à mesure que la nuit s'installe, Najran révèle une autre couche. Les étals de dattes du souk, les maisons en boue, et les échoppes de chai improvisées révèlent non seulement du commerce mais de la confiance. On vous offre de l'eau sans prix, du thé sans attente. Un inconnu vous désigne sa voiture et sa maison — hospitalité authentique, sans mise en scène. Dans l'une de ces maisons, sous une pleine lune et un jardin parfumé par l'encens local, une conversation se tourne vers la simplicité de la vie, la paix, et les mensonges que nous croyons souvent jusqu'à ce que nous voyagions. Il n'y a pas de visites guidées ni de billets pour cette partie de Najran.

Passez quelques jours. Laissez le lieu s'imprimer doucement en vous. Errer dans les ruelles, partager le thé, sentir la fumée, et écouter. Vous comprendrez pourquoi Najran n'est pas simplement visitée — elle est mémorisée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
Short Url
  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
Short Url
  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Short Url
  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.