DUBAÏ: Avec 24 établissements à travers le monde, les responsables du restaurant libanais Em Sherif sont pleinement conscients de leur responsabilité lorsqu’il s’agit de partager la culture culinaire du pays avec un public international.
Aujourd’hui, ils vont encore plus loin en lançant la Em Sherif Art Foundation, qui vise à accroître la visibilité des artistes dans les restaurants – à Doha, Monaco, Londres, Paris et Dubaï, entre autres – en cours de réaménagement en véritables centres culturels.
En début d’année, le café Em Sherif de Paris a ainsi présenté le travail du photographe libanais Ziad Antar. Dans le cadre de cette initiative, les convives de tous les restaurants Em Sherif se verront proposer trois menus : un menu de nourriture, un menu de boissons et un menu d’art, les invitant à s’engager dans l’histoire en constante évolution de l’art contemporain libanais.

Dani Chakour, PDG d’Em Sherif et cofondateur de la fondation artistique, s’est entretenu avec Arab News au sujet de cette initiative culturelle.
« Le menu artistique n’a pas de vocation commerciale ou financière. Il s’agit plutôt d’un catalogue présentant les œuvres d’art actuellement exposées », a-t-il déclaré.
La décision de se concentrer exclusivement sur les artistes libanais était intentionnelle, a-t-il ajouté.

« Au Liban, ce sont souvent les acteurs du secteur privé qui initient les démarches culturelles et artistiques d’envergure, en raison du soutien gouvernemental limité aux arts. Avec cette fondation, nous souhaitons apporter une véritable valeur ajoutée à nos artistes, en les aidant à obtenir la visibilité et la reconnaissance qu’ils méritent à l’échelle mondiale. »
« Nous avons besoin d’une participation active du secteur public : davantage de foires d’art, d’infrastructures modernes, de politiques fiscales avantageuses et de musées spécialisés. Sans ce soutien essentiel, nos artistes continueront d’être négligés malgré leur talent remarquable. »
M. Chakour, qui possède une collection personnelle de plus de 600 œuvres, a cité plusieurs figures majeures de la scène artistique internationale qui, selon lui, ont trouvé leur reconnaissance à l’étranger.
« Huguette Caland, Gibran Khalil Gibran, Etel Adnan, Mona Hatoum, Walid Raad, Yvette Ashkar, Amin Maalouf... Ce sont quelques-uns des noms les plus célèbres du Liban. Mais qu’ont-ils en commun ? Ils ont tous passé la majeure partie de leur carrière à l’étranger, dans des environnements offrant des écosystèmes favorables. »
« Ce n’est pas le reflet d’un manque de talent au Liban. Bien au contraire. C’est le reflet d’un déficit structurel : absence de soutien institutionnel, d’infrastructures, de financement public, de musées, de politiques culturelles et d’exposition internationale. »
« À la Em Sherif Art Foundation, nous sommes animés par la mission de combler ce fossé – de créer des opportunités au Liban et à l’étranger, pour que nos artistes n’aient plus besoin de quitter leur pays afin de s’épanouir », a conclu M. Chakour, précisant que des expositions consacrées à Christine Safa, Willy Aractengi, Ayman Baalbaki, Hussein Madi et Bibi Zogbé seront organisées dans les mois à venir.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com