DHAHRAN : le film saoudien Holes continue de faire parler de lui grâce à ses projections dans les festivals de cinéma à travers le monde. Ce drame discret et captivant suit Rakan, un homme d'une quarantaine d'années, qui retourne dans sa ville natale pour retrouver sa femme, Reem. Il lutte pour réintégrer une société qui ne lui fait plus confiance et dans laquelle il n'a plus sa place.
Le film commence par une horloge littérale que nous ne voyons pas, qui tic-tac sans relâche dans l'intérieur vide d'une résidence, le son fort mais constant au milieu du silence donnant le ton.
Avec un tempérament fougueux mais maîtrisé et les yeux remplis de tristesse, nous découvrons que Rakan est sujet à des accès de rage. Il est dépeint comme n'ayant de tendresse que pour sa mère vieillissante et sa femme, tout en fuyant les hommes de son passé qui le hantent.
Le film ne s'attarde pas sur les détails, de nombreuses lacunes entachent l'histoire. Il se concentre plutôt sur la façon dont le poids de la réputation, du jugement et du silence étouffant façonne une personne qui tente de prendre un nouveau départ.
Il met en vedette Mariam Abdulrahman et Meshal Almutairi, et a été produit par Ayman Alnaqeeb et Abdulrahman Altikhais.
Abdulmohsen Aldhabaan, le réalisateur de Holes, est un écrivain et cinéaste saoudien indépendant. Il a cofondé Talashi Films en 2008 et a réalisé plusieurs courts métrages ainsi qu'une série télévisée.
Son premier long métrage, Last Visit, sorti en 2019, a acquis une reconnaissance internationale, devenant le premier film arabe sélectionné pour la compétition East of the West au Festival international du film de Karlovy Vary. Il a également remporté le prix du jury au Festival international du film de Marrakech.
Avec « Holes », Aldhabaan poursuit son style caractéristique de narration calme et percutante, marquée par la retenue et la profondeur émotionnelle.
Dans Holes, Aldhabaan construit un récit lent et réfléchi. Plutôt que de s'appuyer sur des dialogues ou des explications détaillées, le film explore les émotions à travers l'atmosphère de promenades solitaires nocturnes, évitement des petites flaques d'eau dans les ruelles, pauses prolongées et regards distants pour décrire l'isolement et les conflits intérieurs. Le rythme peut sembler lent à certains, mais il est délibéré, offrant un espace pour la réflexion et la montée de la tension.
Une image récurrente dans le film est celle d'un trou dans le mur de la nouvelle maison de Rakan et Reem. Il n'est jamais ignoré, mais jamais réparé non plus, et ce choix est révélateur. À un moment donné, il jaillit de l'eau alors que Reem tente de le boucher avec des tissus colorés, sans succès. Il inonde alors leur chambre et le couple tente de le contenir.
Le trou devient alors une métaphore puissante qui représente les blessures non cicatrisées, les problèmes irrésolus et les aspects de la vie qui restent exposés à l'examen ou à l'incompréhension. Il définit l'espace qui l'entoure : le trou est un personnage à part entière.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com