De Villepin, ancien Premier ministre, se prépare discrètement pour la bataille présidentielle de 2027

Ancien Premier ministre, figure littéraire et diplomate flamboyant, Dominique de Villepin a toujours été à part dans la vie politique française. (AFP)
Ancien Premier ministre, figure littéraire et diplomate flamboyant, Dominique de Villepin a toujours été à part dans la vie politique française. (AFP)
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Publié le Jeudi 03 juillet 2025

De Villepin, ancien Premier ministre, se prépare discrètement pour la bataille présidentielle de 2027

  • Pour ses proches, de Villepin n’est pas un politicien comme les autres
  • L’ancien conseiller présidentiel Maurice Gourdault-Montagne, qui l’a longtemps côtoyé, décrit un homme qui, en d’autres siècles, aurait été « condottiere, capitaine corsaire ou maréchal de Napoléon, de préférence pendant les Cent-Jours»

PARIS: Ancien Premier ministre, figure littéraire et diplomate flamboyant, Dominique de Villepin a toujours été à part dans la vie politique française.
Plus de vingt ans après son discours historique contre la guerre en Irak, il revient sur le devant de la scène avec un nouveau parti, des interventions médiatiques remarquées et un premier meeting confidentiel.
Il avance à petits pas, gardant le secret autour de ses intentions. Une façon, pour cet anticonformiste, de poser ses jalons en vue de la présidentielle de 2027 ?

Pour ses proches, de Villepin n’est pas un politicien comme les autres.
Dans un livre intitulé « Les autres ne pensent pas comme nous », l’ancien conseiller présidentiel Maurice Gourdault-Montagne, qui l’a longtemps côtoyé, décrit un homme qui, en d’autres siècles, aurait été « condottiere, capitaine corsaire ou maréchal de Napoléon, de préférence pendant les Cent-Jours, quand l’entreprise devint impossible ».
Ce portrait est confirmé par ceux qui ont travaillé avec lui, et qui ont décrit à Arab News en français « un perfectionniste maniaque du mot juste, prêt à retravailler un discours des dizaines de fois pour atteindre la formule exacte ».
Ils le disent « sensible, exigeant, doté d’une grande culture et d’une écoute presque anthropologique », s’efforçant toujours « de comprendre l’autre dans sa différence ».
Son anticonformisme, assurent-ils, est légendaire : « Il connaît les conventions mais ne les aime pas. Il marche au milieu de la rue, peu importe les encombrements qu’il provoque ».

Une personnalité singulière 

Cette personnalité singulière se double d’une vision gaullienne de la fonction présidentielle. Pour de Villepin, affirment-ils, « le Président doit être stratège, donner le cap, prendre de la hauteur, laisser le quotidien au Premier ministre ».
Dominique de Villepin reste, pour beaucoup, l’homme du discours du 14 février 2003 au Conseil de sécurité de l’ONU.
À l’époque ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, il incarne la France qui dit non à la guerre en Irak. Cette prise de position forge son image d’homme d’État indépendant et courageux, applaudi à l’international et encore citée en exemple.

Mais la suite est plus tourmentée. Après un passage au ministère de l’Intérieur, de Villepin est nommé Premier ministre en 2005, au cœur d’une période politiquement instable.
Il doit gérer les suites du référendum européen et la crise des banlieues. Son projet de Contrat première embauche (CPE), qui visait à insérer les jeunes non qualifiés dans l’emploi, tourne au fiasco politique après des manifestations massives.
Ses proches estiment que l’ancien président Nicolas Sarkozy avait activement œuvré en coulisses pour le torpiller.
La rivalité avec Sarkozy est ancienne, mais à partir de là, elle devient totale. De Villepin est empêtré dans l’affaire Clearstream, où il est soupçonné d’avoir cherché à salir son rival.
Même si la justice finira par le blanchir, les dégâts politiques sont considérables.

En 2007, il rêve de l’Élysée mais ne parvient même pas à réunir les 500 signatures nécessaires. C’est Sarkozy qui l’emporte et devient président.
De Villepin, avocat de formation, quitte alors la vie politique pour se consacrer aux affaires et au conseil international.

La route reste longue

Pourtant, l’appel de la politique reste trop fort. À l’été 2024, alors que la dissolution surprise de l’Assemblée nationale plonge le pays dans la confusion, et que la guerre à Gaza marque les esprits depuis fin 2023, de Villepin revient dans le débat public.
Sa silhouette réapparaît sur les plateaux de télévision. Ses analyses géopolitiques sur l’Ukraine ou le Moyen-Orient séduisent largement, et des sondages le placent désormais parmi les personnalités politiques préférées des Français.
Ragaillardi, il fonde un parti, La France Humaniste, et a tenu un premier meeting (le week-end dernier) à Saint-Denis, sans publicité ni médias.

Interrogé sur ses intentions présidentielles, il a parlé d’un simple « galop d’essai », mais son entourage admet qu’il « discute avec beaucoup de personnalités » et que son mouvement entend se structurer pendant l’été.
Pour ses partisans, Villepin veut incarner une alternative à la fois à l’extrême droite et à l’extrême gauche. Son style, ses références gaulliennes, son indépendance, son rejet du « prêt-à-penser » séduisent.
Il offre « autre chose » dans un climat politique morne et éparpillé. Son côté anticonformiste et littéraire attire même la curiosité d’une partie des jeunes militants, y compris ceux venus d’horizons inattendus.

Mais la route reste longue et la prudence de mise. De Villepin n’a jamais fait un travail de terrain électoral, et il manque de relais locaux solides.
« Son vrai sujet, c’est de constituer des équipes et des relais, parce qu’il ne l’a jamais fait. Il ne peut pas seulement compter sur l’inspiration », résume un proche.

Son passé joue à la fois pour et contre lui. Certains n’ont pas oublié l’échec du CPE, même si ses soutiens insistent sur le sabotage orchestré, selon eux, par Sarkozy. D’autres retiennent surtout de lui qu’il est l’homme qui a dit non aux États-Unis pendant la guerre d’Irak.
De Villepin a aussi dû répondre à des rumeurs persistantes de financements opaques, notamment venant du Qatar. Il a toujours démenti ces accusations, qu’il juge absurdes et infondées.

Par ailleurs, il sait que la bataille présidentielle est impitoyable : « S’il ne parle pas en public, les gens ne l’écouteront pas », avertissent ses proches, admettant qu’il va devoir aborder des sujets attendus des Français : dette, retraites, sécurité, des thèmes sur lesquels il reste, pour l’instant, discret.

Dominique de Villepin se lancera-t-il vraiment en 2027 ?

Rien n’est sûr. Il avance prudemment : un livre (Le pouvoir de dire non, paru récemment chez Flammarion), un parti, un meeting, des apparitions médiatiques – à regret, réservées aux seuls médias français.
Il semble tester ses idées et prendre la température du terrain, lui qui sait que « partir trop vite, c’est risquer de lasser », comme il le disait déjà en 2007.


Une partie de la gauche croit à Matignon, LFI demande une dissolution ou la démission de Macron

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  • Comme souvent, les Insoumis ont dégainé les premiers
  • Les Insoumis disent ne pas croire à la nomination d'un Premier ministre de gauche, après les échecs Barnier, Bayrou et Lecornu

PARIS: Après la démission choc de Sébastien Lecornu, une partie de la gauche réclame de nouveau d'être appelée à Matignon, La France insoumise proposant de son côté de refaire une alliance comme la Nupes ou le Nouveau Front populaire.

Comme souvent, les Insoumis ont dégainé les premiers. Quelques minutes après l'annonce de la démission de Sébastien Lecornu, à peine plus de 12 heures après la nomination de son gouvernement, leur leader Jean-Luc Mélenchon a proposé aux organisations fondatrices de la Nupes et du Nouveau Front populaire (PS, PCF, Ecologistes...) "une rencontre" lundi après-midi.

Le tribun insoumis a aussi de nouveau appelé à la destitution d'Emmanuel Macron, le mantra de LFI depuis le refus du président de nommer la gauche à Matignon après les législatives anticipées de 2024.

Message martelé devant la presse peu après.

"On a besoin d'une solution claire, nette, franche et massive", a insisté le fondateur de LFI, en remettant en cause "la légitimité du président de la République (...) à l'origine du chaos".

En cas de départ du président de la République et de présidentielle anticipée, les Insoumis espèrent prendre de court les autres formations politiques, même si les sondages les donnent perdants face au Rassemblement national au second tour.

Les Insoumis disent ne pas croire à la nomination d'un Premier ministre de gauche, après les échecs Barnier, Bayrou et Lecornu. "Gouvernement après gouvernement, la réponse d'Emmanuel Macron est claire. C'est toujours des gouvernements toujours plus à droite qui sont proposés", commente le député Eric Coquerel.

Leur but, au cas où cette réunion avec les autres forces de gauche se ferait, est de "convaincre un certain nombre de personnes qui, peut-être dans un premier temps étaient dubitatives sur l'opportunité de cette motion de destitution, de la soutenir désormais", a expliqué le coordinateur du mouvement de gauche radicale, Manuel Bompard.

Un moyen de mettre la pression sur les socialistes, alors que 104 députés, insoumis, écologistes et communistes, ont déjà signé la motion de destitution déposée par LFI à l'Assemblée nationale début septembre.

Et, en cas de dissolution, "nous proposons aux différentes formations politiques qui sont d'accord pour se réunir sur la base du programme du Nouveau Front populaire, de présenter des candidatures communes, porteuses de ce programme", a ajouté M. Bompard.

Mais d'autres, à gauche, sont plus optimistes sur leur chance d'accéder maintenant à Matignon sans passer par la case dissolution.

"Cohabitation" 

"Si on veut trouver la stabilité il faut une alternance, donc une cohabitation", a déclaré le porte-parole du PS Arthur Delaporte en demandant à Emmanuel Macron d'appeler la gauche à gouverner.

Concernant l'appel des Insoumis, "ce n'est pas à Jean-Luc Mélenchon de nous convoquer, ça c'est certain", a-t-il commenté sur BFMTV. "Aujourd'hui s'il s'agit de constituer un gouvernement de gauche, la présence de LFI fera qu'il sera censuré immédiatement", a-t-il souligné.

Le parti socialiste a réuni en milieu de journée sa plus haute instance pour débattre de la situation.

Son de cloche similaire chez les Ecologistes.

"Ca parait assez évident que le Parti socialiste (...) ne va pas accourir chez La France insoumise comme si de rien n'était. Ce qui a été dit et fait ces derniers temps laisse des traces", a déclaré leur secrétaire nationale Marine Tondelier sur BFMTV, en déplorant que "M. Mélenchon n'a pas porté cette ligne" unitaire.

"On envisage de pouvoir gouverner", a-t-elle ajouté en précisant que les Ecologistes "rencontreront l'ensemble de leurs partenaires dans la journée"

La députée ex-insoumise Clémentine Autain a de son côté appelé la gauche à "un sursaut": "il nous faut un accord politique durable entre toutes les forces de gauche et écologistes".

Ironiquement, son parti de l'Après, fondé avec les anciens "purgés" de la formation de M. Mélenchon, ne semble par faire partie du périmètre dessiné par les Insoumis.

Ces derniers on insisté devant la presse que leur offre s'adressait "aux formations fondatrices de la Nupes et du Nouveau Front populaire (NFP)".

L'Après n'existait pas encore à cette époque.


Démission de Lecornu: LFI demande «l'examen immédiat» de la motion de destitution de Macron

La France insoumise demande "l'examen immédiat" à l'Assemblée nationale de sa motion de destitution du président Emmanuel Macron, après la démission de Sébastien Lecornu à peine plus d'une douzaine d'heures après la nomination de son gouvernement, a indiqué lundi matin Jean-Luc Mélenchon. (AFP)
La France insoumise demande "l'examen immédiat" à l'Assemblée nationale de sa motion de destitution du président Emmanuel Macron, après la démission de Sébastien Lecornu à peine plus d'une douzaine d'heures après la nomination de son gouvernement, a indiqué lundi matin Jean-Luc Mélenchon. (AFP)
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  • "Après la démission de Sébastien Lecornu, nous demandons l'examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d'Emmanuel Macron", a écrit sur X le leader de LFI
  • Cette motion de destitution, déposée début septembre, a été signée par les députés insoumis, mais aussi par des députés des groupes écologistes et communistes

PARIS: La France insoumise demande "l'examen immédiat" à l'Assemblée nationale de sa motion de destitution du président Emmanuel Macron, après la démission de Sébastien Lecornu à peine plus d'une douzaine d'heures après la nomination de son gouvernement, a indiqué lundi matin Jean-Luc Mélenchon.

"Après la démission de Sébastien Lecornu, nous demandons l'examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d'Emmanuel Macron", a écrit sur X le leader de LFI.

Cette motion de destitution, déposée début septembre, a été signée par les députés insoumis, mais aussi par des députés des groupes écologistes et communistes.

Elle dénonce son "manquement manifestement incompatible avec l'exercice de ses fonctions que constitue son incapacité à assurer la stabilité des institutions, à respecter la souveraineté populaire et à garantir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics".

Le bureau de l'Assemblée doit l'examiner mercredi.

Les Insoumis réclament le départ d'Emmanuel Macron depuis l'été 2024 et son refus de nommer un Premier ministre de gauche malgré le fait que l'alliance du Nouveau Front populaire soit arrivée en tête aux législatives - avec une majorité très relative.

Une première demande de destitution avait déjà été déposée par LFI en septembre 2024.

Jugé alors recevable par le bureau de l'Assemblée, le texte avait été largement rejeté en commission.

La gauche possédait alors la majorité au bureau, ce qui n'est plus le cas depuis le renouvellement de cette instance la semaine dernière.

Selon la Constitution, le président de la République "ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat".

La procédure nécessiterait une majorité des deux tiers dans les deux assemblées, puis des parlementaires réunis en Haute Cour.


7 octobre: hommage mardi au Quai d'Orsay à la mémoire des 51 Français victimes du Hamas

Un "hommage" sera rendu mardi au ministère français des Affaires étrangères pour les 51 Français tués le 7 octobre 2023 dans les attaques perpétrées par le groupe islamiste palestinien Hamas ou lors de leur captivité à Gaza, a annoncé lundi le chef de la diplomatie. (AFP)
Un "hommage" sera rendu mardi au ministère français des Affaires étrangères pour les 51 Français tués le 7 octobre 2023 dans les attaques perpétrées par le groupe islamiste palestinien Hamas ou lors de leur captivité à Gaza, a annoncé lundi le chef de la diplomatie. (AFP)
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  • L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 67.139 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU
  • Jean-Noël Barrot a par ailleurs annoncé qu'il accueillerait jeudi à Paris des homologues de pays européens et arabes pour une réunion destinée à "concrétiser" le plan de paix pour Gaza

PARIS: Un "hommage" sera rendu mardi au ministère français des Affaires étrangères pour les 51 Français tués le 7 octobre 2023 dans les attaques perpétrées par le groupe islamiste palestinien Hamas ou lors de leur captivité à Gaza, a annoncé lundi le chef de la diplomatie.

"Mardi 7 octobre à 10H00, une cérémonie sera organisée au Quai d'Orsay, en hommage des 51 Français qui sont morts le 7 octobre ou en captivité, parce que nous leur devons", a déclaré Jean-Noël Barrot sur la radio France Inter.

La France est avec les Etats-Unis, le pays qui compte le plus grand nombre de victimes de ces attaques.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont toujours otages à Gaza, dont 25 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 67.139 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.

Jean-Noël Barrot a par ailleurs annoncé qu'il accueillerait jeudi à Paris des homologues de pays européens et arabes pour une réunion destinée à "concrétiser" le plan de paix pour Gaza.

Interrogé par l'AFP, le Quai d'Orsay n'était pas immédiatement en mesure de donner des précisions sur ces deux événements.

Dans le journal italien Corriere della Serra dimanche, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani avait indiqué qu'il participerait à une réunion jeudi à Paris sur Gaza.

"Le 9 octobre, j'aurai déjà une réunion à Paris avec les ministres des Affaires étrangères de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, ainsi qu'avec les Pays Arabes, et après, en Egypte, se tiendra la Conférence pour la reconstruction", avait-il précisé.

La France est avec l'Arabie Saoudite à l'initiative d'une déclaration dite de New York, qui a été votée par l'Assemblée générale de l'ONU en juillet, et qui soutient la solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien pour Gaza.

De son côté, le président américain Donald Trump a proposé un plan pour faire cesser la guerre dans le territoire palestinien.

Le Hamas s'est dit prêt vendredi à des négociations immédiates en vue de la libération des otages retenus à Gaza et de la fin de la guerre, dans le cadre du plan américain qui reprend des éléments de l'initiative franco-saoudienne.

Lundi, des délégations du Hamas et d'Israël devaient entamer en Egypte des négociations indirectes en vue de la libération des otages retenus à Gaza et mettre fin à deux ans de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.