La CIJ s'apprête à donner un avis très attendu en matière de climat

La Cour internationale de justice (CIJ) a été chargée par l'ONU de rendre cet avis sur les obligations des Etats en matière de prévention du changement climatique et les conséquences pour les pays pollueurs.  Selon les experts, il s'agit d'une décision d'importance après une série d'affaires récentes sur le changement climatique en droit international, avec des répercussions potentielles majeures pour les États et les entreprises du monde entier. (AFP)
La Cour internationale de justice (CIJ) a été chargée par l'ONU de rendre cet avis sur les obligations des Etats en matière de prévention du changement climatique et les conséquences pour les pays pollueurs. Selon les experts, il s'agit d'une décision d'importance après une série d'affaires récentes sur le changement climatique en droit international, avec des répercussions potentielles majeures pour les États et les entreprises du monde entier. (AFP)
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Publié le Lundi 21 juillet 2025

La CIJ s'apprête à donner un avis très attendu en matière de climat

  • La plus haute juridiction de l'ONU rendra mercredi un avis établissant un cadre juridique mondial pour la lutte contre le changement climatique, qui doit aussi définir les responsabilités des principaux pollueurs envers les pays les plus vulnérables
  • "Ce sera la boussole dont le monde a besoin pour corriger le cap", a déclaré Vishal Prasad, directeur de l'association Étudiants des îles du Pacifique luttant contre le changement climatique

LA HAYE: La plus haute juridiction de l'ONU rendra mercredi un avis établissant un cadre juridique mondial pour la lutte contre le changement climatique, qui doit aussi définir les responsabilités des principaux pollueurs envers les pays les plus vulnérables.

La Cour internationale de justice (CIJ) a été chargée par l'ONU de rendre cet avis sur les obligations des Etats en matière de prévention du changement climatique et les conséquences pour les pays pollueurs.

Selon les experts, il s'agit d'une décision d'importance après une série d'affaires récentes sur le changement climatique en droit international, avec des répercussions potentielles majeures pour les États et les entreprises du monde entier.

Les pays vulnérables et les militants espèrent que l'avis de la CIJ aura de grandes conséquences juridiques, en unifiant le droit existant, en façonnant les législations nationales et internationales et en influençant les affaires judiciaires en cours.

"Ce sera la boussole dont le monde a besoin pour corriger le cap", a déclaré Vishal Prasad, directeur de l'association Étudiants des îles du Pacifique luttant contre le changement climatique.

"Cela donnera un nouvel élan aux litiges climatiques, inspirera des politiques nationales plus ambitieuses et guidera les États vers des décisions qui respectent leurs obligations légales de protéger les populations et la planète", a ajouté M. Prasad.

Mais certains affirment que la décision de la CIJ aura un impact limité car ses avis, consultatifs, ne sont pas contraignants et les gros pollueurs peuvent simplement choisir de les ignorer.

"Actes et omissions" 

L'ONU, poussée par le petit État insulaire du Vanuatu, a demandé à la CIJ, qui siège à La Haye, de répondre à deux questions.

Quelles obligations les Etats ont-ils en vertu du droit international pour protéger la Terre contre les émissions de gaz à effet de serre ?

Et quelles sont les conséquences juridiques de ces obligations, lorsque les Etats, "par leurs actes et leurs omissions, ont causé des dommages importants au système climatique"?

La deuxième question est liée aux responsabilités des Etats pour les dommages causés aux petits pays, plus vulnérables, et à leurs populations, en particulier aux pays menacés par l'élévation du niveau des mers et par des conditions météorologiques difficiles dans des régions comme l'océan Pacifique.

"David contre Goliath" 

Dans ce qui a été qualifié de bataille de "David contre Goliath", les économies avancées et les pays en développement se sont affrontés à la CIJ lors d'audiences sur l'affaire en décembre.

La cour a entendu plus de 100 plaidoiries, un record. Beaucoup émanaient de petits États qui comparaissaient pour la première fois devant la juridiction.

"Il s'agit peut-être de l'affaire la plus importante de l'Histoire de l'Humanité", a alors déclaré le représentant du Vanuatu, Ralph Regenvanu.

"L'issue de ces procédures aura des répercussions sur plusieurs générations, déterminant le sort de nations comme la mienne et l'avenir de notre planète", a-t-il déclaré devant le panel de 15 juges.

De gros pollueurs ont fait valoir que l'arsenal juridique existant – la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) – était suffisant et ne devait pas être altéré.

La représentante américaine Margaret Taylor a déclaré que ce cadre constituait "l'expression la plus actuelle du consentement des États à être liés par le droit international en matière de changement climatique".

"La cour devrait éviter de créer des obligations nouvelles ou supplémentaires au-delà de celles déjà existantes", a abondé l'intervenant indien, Luther Rangreji.

Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont depuis retiré leur financement de la CCNUCC et se sont retirés de son pacte historique, l’Accord de Paris sur le climat.

"Tombes aquatiques" 

Mais les petits États ont fait valoir que ce cadre était totalement inadéquat pour atténuer les effets dévastateurs du changement climatique.

"A un moment où les mers montent plus vite que prévu, ces États doivent s'arrêter. Cette cour ne doit pas leur permettre de condamner nos terres et nos peuples à des tombes aquatiques", a tonné John Silk, des Îles Marshall.

Après d'âpres négociations lors de la COP29, les pays riches ont convenu de dégager au moins 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour financer la lutte contre le changement climatique.

Les nations vulnérables ont estimé que cela était insuffisant et ont exhorté la CIJ à faire davantage.

"C'est une crise de survie. C'est aussi une crise d'équité", a déclaré le représentant des îles Fidji, Luke Daunivalu.

"Notre peuple (...) paie injustement et à tort la facture d'une crise qu'il n'a pas créée. Il attend de cette Cour de justice, clarté et esprit de décision", a ajouté M. Daunivalu.

 

 


Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre

Turquie: l'opposition convoque un congrès extraordinaire pour le 21 septembre
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  • Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption

ISTANBUL: Le principal parti d'opposition de Turquie va convoquer un congrès extraordinaire le 21 septembre, après qu'un tribunal a destitué sa direction d'Istanbul sur des accusations de corruption, a rapporté une source du parti à l'AFP samedi.

Cette décision intervient dans un contexte de pression politique croissante sur le Parti républicain du peuple (CHP) après qu'un tribunal a annulé cette semaine les résultats de son congrès provincial d'Istanbul en octobre 2023, destituant son leader Ozgur Celik et 195 autres responsables.

Plus de 900 délégués du CHP ont soumis vendredi une pétition à une commission électorale locale de la capitale Ankara pour autoriser le congrès, a déclaré la source à l'AFP.

Ce congrès devrait définir la stratégie du parti alors qu'il est confronté à une incertitude juridique.

Le CHP, la principale force d'opposition au Parlement turc, a remporté une victoire majeure sur l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections locales de 2024. Depuis lors, le parti est devenu la cible d'une vague d'arrestations et de procédures judiciaires qui ont culminé en mars avec l'emprisonnement du populaire et puissant maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, pour des accusations de corruption qu'il dément.

L'arrestation et l'emprisonnement de M. Imamoglu, considéré comme un rival clé du président Erdogan, ont déclenché des manifestations de rue inédites depuis dix ans. Les autorités ont réprimé les manifestations en arrêtant près de 2.000 personnes, dont la plupart ont ensuite été libérées.

Mardi, un tribunal a destitué le leader du CHP d'Istanbul et des dizaines de délégués du parti, tout en nommant une équipe de cinq hommes pour les remplacer, ce qui a provoqué une chute de 5,5% du marché boursier turc.

Le CHP a fait appel contre cette décision judiciaire.

Pour l'analyste politique Berk Esen, cette affaire représente une "répétition" pour une affaire plus importante contre la direction nationale du parti, visant à l'affaiblir en tant que force d'opposition.

Une procédure judiciaire presque identique pèse en effet sur sa direction nationale, dans une affaire très suivie qui reprendra à Ankara le 15 septembre.

Gul Ciftci, vice-présidente du CHP responsable des affaires électorales et juridiques, a déclaré que le congrès extraordinaire "ne déterminera pas seulement l'avenir de notre parti, mais réaffirmera également la foi dans le pluralisme, la diversité et la politique démocratique en Turquie", dans un commentaire publié sur X vendredi.

Elle a salué la décision concernant le congrès, prise grâce à la volonté des délégués, comme "la preuve la plus forte que le CHP reste debout face à toutes les tentatives d'intervention du gouvernement".


Pour contrer Trump, le Canada mise sur des grands projets d'infrastructure

Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s’exprime lors d’une conférence de presse, le 26 août 2025 à Berlin. (AFP)
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  • Le gouvernement de Mark Carney engage une transformation économique historique, avec 500 milliards de dollars investis dans ports, autoroutes, et énergies pour réduire la dépendance aux États-Unis
  • Cette stratégie vise à faire du Canada une superpuissance énergétique, en misant sur ses ressources naturelles et de nouveaux partenariats, notamment avec l’Europe

MONTREAL: Ports, autoroutes, mines, pipelines... Bousculé par les attaques de Donald Trump, le Canada se lance dans une série de grands projets pour diversifier ses activités, rompre sa dépendance au marché américain et éviter une crise économique.

Dès son élection en avril, le Premier ministre Mark Carney avait annoncé la couleur: "Construisons à tout-va" ("build, baby, build"), avait-il lancé, détournant un célèbre slogan du président américain et promettant la plus grande transformation de l'économie canadienne depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans cette optique, fin août, le gouvernement a annoncé la création d'un bureau spécial dédié à la mise en œuvre des grands projets après avoir fait passer une loi en juin pour accélérer les processus d'approbation.

Et dans quelques jours, la liste des projets prioritaires sera rendue publique.

Le point de départ de cette nouvelle politique: la dégradation soudaine de la relation avec les Etats-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

L'imposition de droits de douane par le président américain et ses menaces d'annexion du pays ont provoqué un électrochoc au Canada qui a pour premier partenaire économique son unique voisin du sud.

Le gouvernement libéral de Mark Carney, élu sur la promesse qu'il saurait tenir tête à Donald Trump, veut donc relancer les grands travaux tout en diversifiant ses partenaires économiques et en se rapprochant de l'Europe notamment.

- "Réflexion profonde" -

"Notre gouvernement est en voie de débloquer 500 milliards de dollars pour investir dans des infrastructures, entre autres énergétiques et portuaires", a précisé fin août Mark Carney au côté du chancelier allemand avec lequel il venait de conclure une entente sur les minéraux critiques.

Pour Jay Kohsla, expert du secteur énergétique, le Canada est à un moment charnière.

"On sait que notre économie est en péril", explique à l'AFP cet ancien haut fonctionnaire, ajoutant que Donald Trump a fourni une occasion unique pour "une réflexion profonde".

Selon lui, les deux à trois prochaines années seront déterminantes pour le pays "pris au piège", alors que le taux de chômage a atteint 7,1 % en août, le niveau le plus élevé depuis 2016, hors pandémie.

Mark Carney compte notamment s'appuyer sur les immenses richesses du sous-sol canadien pour faire du pays une "superpuissance énergétique" en développant les énergies renouvelables mais aussi fossiles.

Quatrième pays exportateur de pétrole, le Canada possède les troisièmes réserves d'or noir au monde. Ses ressources se trouvent surtout en Alberta (ouest), d'où les hydrocarbures sont principalement exportés vers les Etats-Unis, faute d'infrastructures suffisantes pour atteindre d'autres marchés.

- "Prenons le temps" -

Mark Carney, qui a pris sur ce sujet le contre-pied des décisions de son prédécesseur Justin Trudeau, se dit maintenant favorable à l'idée d'exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe.

Les "acheteurs et utilisateurs allemands de GNL" sont particulièrement intéressés, a affirmé la semaine dernière le ministre de l'Energie, Tim Hodgson, lors d'une conférence de presse à Berlin.

Cet été, le Canada a inauguré deux énormes projets énergétiques en construction depuis des années: la toute première installation d'exportation de GNL à grande échelle, LNG Canada, et l'agrandissement du pipeline Trans Mountain, qui transporte le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers la côte ouest.

Mais cette transformation inquiète les ONG, dont Greenpeace qui dénonce les reculs environnementaux et demandent au gouvernement "de privilégier les solutions climatiques et non pas les pipelines de pétrole et de gaz".

Les communautés autochtones, elles, redoutent que le développement économique ne prime sur les droits des Premiers peuples.

"Nous savons ce que ça fait d'avoir Trump à nos frontières. Ne reproduisons pas des politiques à la Trump chez nous. Prenons le temps de bien faire les choses", a demandé Cindy Woodhouse, la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations.


La Finlande signe la déclaration franco-saoudienne sur la Palestine

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise. (AFP)
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  • Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien
  • "La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date

HELSINKI: La Finlande a annoncé vendredi qu'elle signait la déclaration franco-saoudienne sur une solution à deux Etats, mais sans s'engager sur une date de reconnaissance d'un Etat palestinien.

"Le processus mené par la France et l'Arabie Saoudite est l'effort international le plus important depuis des années pour créer les conditions d'une solution à deux États", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Elina Valtonen sur X.

Le gouvernement finlandais est divisé sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. Le parti des Finlandais, d'extrême droite, ainsi que les Chrétiens démocrates, sont par exemple contre une reconnaissance de l'Etat palestinien.

"La Finlande s'engage à reconnaître l'État de Palestine à un moment donné dans le futur", a ajouté la ministre devant des journalistes, sans cependant donner de date.

Le président finlandais Alexander Stubb avait annoncé début août être prêt à reconnaître l'Etat de Palestine si une proposition en ce sens lui était faite par le gouvernement. Le chef de l'Etat est doté de pouvoirs limités et dirige la politique étrangère en étroite coopération avec le gouvernement.

De nombreux pays, dont la France et le Royaume-Uni, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de la 80e Assemblée générale de l'ONU en septembre.

L'adoption de la déclaration franco-saoudienne par la Finlande "est conforme au rapport du gouvernement finlandais sur la politique étrangère et de sécurité de la Finlande, qui a été adopté à l'unanimité par le Parlement", a ajouté la ministre finlandaise.

La présidente des démocrates-chrétiens, ministre de l'Agriculture et des Forêts Sari Essayah, a indiqué sur X qu'elle avait fait part de son opinion divergente avec cette décision lors de la réunion du comité ministériel de la politique étrangère et de sécurité.

Ce comité chargé des questions de politique étrangères réunit le président finlandais, le Premier ministre et des membres du gouvernement.