«Nourrir, pas empoisonner»: les chefs se mobilisent contre la loi Duplomb

Tout est parti début juillet d'une photo d'un pré d'herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon... Accompagnée d'un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. (AFP)
Tout est parti début juillet d'une photo d'un pré d'herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon... Accompagnée d'un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme. (AFP)
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Publié le Jeudi 24 juillet 2025

«Nourrir, pas empoisonner»: les chefs se mobilisent contre la loi Duplomb

  • La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes - interdit en France mais autorisé en Europe
  • Plus de 1,8 million de Français ont déjà signé une pétition demandant son retrait

PARIS: Au nom de la défense des terroirs et de la qualité de leurs produits, la mobilisation s'amplifie en cuisine pour le retrait de la loi Duplomb, au sein d'une profession qui rechigne souvent à exposer ses opinions politiques.

Tout est parti début juillet d'une photo d'un pré d'herbes sauvages du Mont Mézenc (Haute-Loire), postée sur Instagram par le très discret chef trois étoiles Jacques Marcon... Accompagnée d'un texte cinglant, adressé au sénateur Laurent Duplomb, rapporteur de la loi éponyme.

"Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte-parole de l'industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures", a écrit le chef.

La loi Duplomb prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes - interdit en France mais autorisé en Europe. Plus de 1,8 million de Français ont déjà signé une pétition demandant son retrait.

Le texte du chef Marcon a été largement partagé par des restaurateurs sur les réseaux sociaux.

"Coup de massue" 

Parmi ceux qui ont fait savoir leur opposition, Glenn Viel, 45 ans, chef trois étoiles et jury de "Top Chef". "Je ne comprends pas (cette loi)", affirme-t-il à l'AFP, dénonçant "les pesticides qui polluent notre terre" alors que "l'alimentation a une grande part (de responsabilité) dans les cancers".

"On a la capacité de mettre des milliards dans la défense de notre pays. Et c'est normal", poursuit-il. "Est-ce qu'on ne pourrait pas trouver un milliard ou deux pour nos agriculteurs, pour les aider à faire cette transition (écologique)?"

Pour Marie-Victorine Manoa, jeune cheffe trentenaire, autrice et chroniqueuse dans l'émission "Très très bon!", cette loi a été un "coup de massue".

"Cuisiner des produits médicamentés et stériles n'excite personne", grince celle qui appelle à la "rébellion générale".

Après la prise de parole du chef Marcon, une tribune, publiée jeudi dans Le Monde, a été lancée pour fédérer les mécontents de la profession, à l'initiative de l'entreprise Ecotable qui accompagne les restaurateurs vers plus d'éco-responsabilité.

Elle réunit déjà près de 400 signatures, des étoilés aux cantines, en passant par des bistrots et des collectifs de restaurateurs-paysans.

Intitulée "Nous faisons ce métier pour nourrir, pas pour empoisonner", elle dit l'inquiétude des restaurateurs face à la qualité des produits servis et demande le retrait de la loi Duplomb.

"Nous avons bien conscience des difficultés que rencontrent les producteurs français au quotidien", nuance le texte, qui reconnaît des agriculteurs "tiraillés par la rentabilité de leur métier et les demandes citoyennes croissantes à sortir du productivisme".

"Inaction" 

Un sursaut encore timide mais rare, dans un milieu qui met en avant la qualité des produits et les circuits courts mais peu prompt à se mobiliser comme lors de la crise des agriculteurs, en 2024.

Les chefs "sont des personnes qui ne prennent pas souvent la parole mais l'alimentation, c'est leur quotidien", explique Fanny Giansetto, fondatrice d'Ecotable.

"Nous les restaurateurs, on est plutôt des besogneux, on ferme notre gueule et on avance. Mais à un moment, il faut taper du poing sur la table", estime Glenn Viel.

Versant dans l'autocritique, Jacques Marcon se dit "aussi responsable de cette loi rétrograde" et prêt à devenir "un vrai militant de la cause agricole et de la cause environnementale". Mais il enjoint aussi tout un milieu "à se remettre en question", à "aider" les agriculteurs.

Celui qui revendique son lien avec le monde paysan déplore certaines pratiques comme certains chefs qui font pression sur les prix ou l'abandon de races bovines comme la salers, au profit du japonais Wagyu par exemple, ou du boeuf australien.

Mais, selon lui, la jeune génération a davantage "envie de changer le monde".


Le Libanais Georges Abdallah, libre après 40 ans de prison en France, s'est envolé pour Beyrouth

Des personnes se rassemblent devant la prison de Lannemezan pour célébrer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, fondateur des Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et ancien membre du FPLP condamné à la prison à perpétuité en 1987 pour complicité dans le meurtre de deux diplomates américains et israéliens en 1982, à Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2025.  (AFP)
Des personnes se rassemblent devant la prison de Lannemezan pour célébrer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, fondateur des Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et ancien membre du FPLP condamné à la prison à perpétuité en 1987 pour complicité dans le meurtre de deux diplomates américains et israéliens en 1982, à Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2025. (AFP)
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  • Ses proches espèrent qu'il sera accueilli au "salon d'honneur" de l'aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l'autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France sa libération
  • Georges Abdallah ira ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où "un accueil populaire et officiel lui sera réservé" selon sa famille

LANNEMEZAN: Georges Ibrahim Abdallah est libre, et bientôt de retour chez lui après 40 ans derrière les barreaux en France. Le militant libanais propalestinien, condamné dans les années 1980 pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien, a quitté sa prison vendredi et s'est envolé vers Beyrouth dans la matinée.

L'avion le transportant vers le Liban a décollé peu après 09H30 (07H30 GMT) du tarmac de l'aéroport de Roissy, en région parisienne, a indiqué une source aéroportuaire.

Vers 03H40 (01H40 GMT), un convoi de plusieurs véhicules, dont deux vans noirs, s'était élancé du centre pénitentiaire de Lannemezan (sud-ouest) où était emprisonné Georges Abdallah, gyrophares allumés, avait constaté une équipe de l'AFP sans pouvoir apercevoir le militant à la barbe désormais blanche.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que l'ancien instituteur âgé aujourd'hui de 74 ans était bien sorti. Il s'était ensuite envolé d'un aéroport voisin pour la région parisienne.

"Il était bien, en bonne santé, très heureux de retourner au Liban auprès de sa famille et de retrouver la liberté après plus de 40 ans", a dit à l'AFP le chargé d'affaires de l'ambassade du Liban à Paris, Ziad Taan, qui l'a vu à Roissy avant son départ.

Georges Abdallah avait "aussi eu des bons mots à l'égard des responsables de la prison de Lannemezan", saluant "le traitement humain" reçu sur place, a-t-il précisé.

La cour d'appel de Paris a ordonné sa libération la semaine dernière, "à compter du 25 juillet", à condition qu'il quitte le territoire français et n'y revienne plus. Il était libérable depuis 1999 mais avait vu ses demandes échouer.

"Quarante ans, c'est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte", avait-il assuré à l'AFP qui l'avait rencontré le jour de la décision de libération, dans sa cellule, en accompagnant une parlementaire.

"Très heureux" 

Le parquet général de Paris a annoncé lundi un pourvoi en cassation contre cette décision. Le recours, qui ne sera pas examiné avant plusieurs semaines, n'est pas suspensif et ne pouvait empêcher le départ de Georges Abdallah.

Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, qui l'a vu dans sa prison jeudi, "il semblait très heureux de sa prochaine libération, même s'il sait qu'il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes".

Ces derniers jours, Georges Abdallah a donc vidé sa cellule, décorée d'un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres, qu'il a confiés à son comité de soutien.

Il a donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, et n'emporte qu'"une petite valise", selon son avocat.

Ses proches espèrent qu'il sera accueilli au "salon d'honneur" de l'aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l'autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France sa libération.

Georges Abdallah ira ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où "un accueil populaire et officiel lui sera réservé" selon sa famille.

La durée de sa détention est "disproportionnée" par rapport aux crimes commis et au vu de l'âge de l'ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), avaient jugé les magistrats de la cour d'appel.

"Symbole passé" 

Ce groupuscule de chrétiens libanais marxistes, dissous depuis longtemps, n'a "pas commis d'action violente depuis 1984", a aussi rappelé la cour, voyant en Georges Abdallah un "symbole passé de la lutte palestinienne".

Tout en regrettant qu'il n'ait pas exprimé de "regret ou compassion pour les victimes qu'il considère comme des ennemis", les juges ont estimé que Georges Abdallah, qui veut "finir ses jours" dans son village, peut-être en s'engageant en politique locale, ne représente plus de risque de trouble à l'ordre public.

A l'époque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l'invasion israélienne au Sud-Liban en 1978, les FARL ciblaient les intérêts d'Israël et de son allié américain à l'étranger.

Avant l'arrestation de Georges Abdallah en 1984, le groupuscule avait frappé cinq fois en France, tuant deux diplomates en 1982: le lieutenant-colonel américain Charles Ray, puis l'Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants.

Identifié par ses empreintes découvertes dans une planque bourrée d'explosifs et d'armes dont le pistolet qui avait servi aux deux assassinats, Georges Abdallah avait comparu seul en 1987 : il était devenu l'ennemi public numéro 1 et le prisonnier le plus célèbre de France car on le croyait, à tort, derrière la vague d'attentats de 1985-86 qui a fait 13 morts. Il avait été condamné à la perpétuité.

Il a toujours nié son implication dans l'assassinat des diplomates, tout en refusant de condamner des "actes de résistance" contre "l'oppression israélienne et américaine".

 


France: un voilier intercepté près des côtes anglaises pour transport de migrants

Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine. (AFP)
Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine. (AFP)
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  • L'équipage de ce voilier était composé de "deux ressortissants ukrainiens âgés de 43 et 37 ans", précise dans ce communiqué la procureure de Lille Carole Étienne
  • Ils ont été arrêtés par la police britannique ainsi que "quatre ressortissants albanais et un ressortissant vietnamien" qui se trouvaient à bord

LILLE: Un voilier parti du Havre, en France, dimanche en transportant des Albanais et un Vietnamien a été intercepté alors qu'il approchait des côtes anglaises et une enquête a été ouverte pour aide au séjour irrégulier, a annoncé vendredi le parquet français.

L'équipage de ce voilier était composé de "deux ressortissants ukrainiens âgés de 43 et 37 ans", précise dans ce communiqué la procureure de Lille Carole Étienne. Ils ont été arrêtés par la police britannique ainsi que "quatre ressortissants albanais et un ressortissant vietnamien" qui se trouvaient à bord.

Le voilier, qui était visé par une enquête depuis plusieurs jours, a été intercepté au large de l'île de Wight, tout près des côtes anglaises et de la ville de Portsmouth.

"Ce navire qui disposait d'une place au port du Havre avait attiré l'attention de la gendarmerie maritime (...) pour des faits d'aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'étrangers en bande organisée", explique Mme Étienne.

"Les premières investigations ont mis en évidence un réseau de passeurs de dimension internationale", souligne-t-elle.

Une enquête préliminaire a été ouverte pour participation à une association de malfaiteurs et aide, en bande organisée, à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France et sur le territoire d'un Etat partie au protocole contre le trafic illicite de migrants, comme c'est le cas du Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique tente d'endiguer les arrivées de migrants par la mer. Plus de 23.500 migrants sont arrivés depuis le début de l'année par la mer, sur de petites embarcations. Il s'agit habituellement de petites embarcations pneumatiques, souvent surchargées.

Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine.

Le 10 juillet, Londres et Paris se sont mis d'accord sur un projet d'échange de migrants. Il prévoit que pour le renvoi en France d'une personne arrivant au Royaume-Uni par petit bateau, Londres s'engage à en accepter une autre se trouvant en France et exprimant la volonté de s'installer au Royaume-Uni en justifiant de liens avec ce pays. Cet accord doit encore être soumis à la Commission européenne.


Rencontre Macron–Salam : Paris renouvelle son appui au Liban

Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère. (AFP)
Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère. (AFP)
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  • Depuis le début de la crise multidimensionnelle qui frappe le Liban, la France a toujours cherché à se tenir aux côtés des Libanais
  • Macron l’a rappelé avec clarté, en réitérant son appui aux efforts des nouvelles autorités libanaises pour redresser l’économie, réformer les institutions et restaurer la souveraineté pleine et entière de l’État

PARIS: Au terme d’une visite éclair à Paris, au cours de laquelle il a eu un déjeuner de travail avec le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre libanais Nawaf Salam s’est dit rassuré quant à l’avenir de la présence de la FINUL dans le Sud-Liban, ainsi que sur la constance du soutien français.

Un communiqué publié par le palais de l’Élysée à l’issue de la rencontre souligne la qualité des échanges substantiels entre Macron et Salam concernant l’avenir du Liban, sa stabilité intérieure et les défis régionaux qui le menacent.

Cette visite, la première officielle de Salam en France depuis sa nomination en janvier dernier, a été l’occasion pour Paris de réaffirmer un soutien indéfectible au Liban, dans la droite ligne de l’engagement historique de la France auprès de ce pays ami et frère.

Depuis le début de la crise multidimensionnelle qui frappe le Liban, la France a toujours cherché à se tenir aux côtés des Libanais. Macron l’a rappelé avec clarté, en réitérant son appui aux efforts des nouvelles autorités libanaises pour redresser l’économie, réformer les institutions et restaurer la souveraineté pleine et entière de l’État.

Cet engagement s’inscrit dans la continuité de la visite présidentielle effectuée à Beyrouth en janvier 2025, peu après l’élection du président Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam.

Le président français, affirme le communiqué, a salué la détermination du Premier ministre à engager des réformes profondes, en insistant notamment sur la nécessité d’adopter sans délai les lois de réforme bancaire exigées par la communauté internationale et les institutions financières, notamment le FMI.

C’est à cette condition que Paris envisage de convoquer une conférence internationale de soutien économique au Liban, dont les contours se précisent, mais dont la date reste suspendue à la concrétisation de ces réformes.

La France a également annoncé une contribution de 75 millions d’euros au projet LEAP (Lebanese Emergency Assistance Project), porté par la Banque mondiale, pour aider à la reconstruction des zones sinistrées par la guerre.

Au-delà des infrastructures, c’est l’édifice institutionnel libanais qui est au cœur de la mobilisation française, avec un accent particulier sur le secteur de la justice.
L’École nationale de la magistrature française collaborera désormais avec l’Institut d’études judiciaires libanais, et un expert technique sera détaché auprès du ministère libanais de la Justice.

Autre volet clé : la sécurité. Macron a rappelé que la France reste attachée à la pleine mise en œuvre du cessez-le-feu du 26 novembre 2024, qui suppose notamment un retrait complet des forces israéliennes du Sud-Liban.

Il a souligné l’importance de renforcer la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), non seulement par un renouvellement de son mandat, mais également par un meilleur mécanisme de supervision du cessez-le-feu.

De son côté, Salam s’est exprimé devant un groupe de journalistes libanais à la résidence de l’ambassadeur du Liban à Paris, pour délivrer un message résolument optimiste, malgré les turbulences régionales et les incertitudes internes.

Le Premier ministre a tenu à rassurer les Libanais quant au maintien de la paix civile, en dépit des inquiétudes suscitées par les violences en Syrie, notamment dans le gouvernorat de Soueïda.
Selon lui, les efforts de désescalade menés par des figures telles que Walid Joumblatt, ainsi que par d’autres leaders politiques et spirituels, ont permis d’éviter toute contagion de la violence vers le Liban.

Interrogé sur l’avenir de la FINUL, Salam a affirmé qu’il n’existait « aucune crainte d’abolir la force internationale », même s’il a reconnu que la réduction des financements américains à l’ONU pourrait impacter indirectement ses moyens.

Il a toutefois insisté sur le rôle capital de la France, à la fois dans la rédaction des résolutions et dans le maintien de l’équilibre stratégique de cette mission depuis 1978. Le Liban, a-t-il dit, a toujours besoin de la FINUL tant que son armée nationale n’a pas les capacités de prendre seule le relais.

Autre signal fort de cette visite : l’annonce de progrès tangibles dans le dossier sensible du retour des réfugiés syriens. Salam a expliqué que son gouvernement avait fait en quelques mois davantage que les précédents exécutifs pour engager un dialogue efficace avec le HCR et les autorités syriennes.

Un plan national, adopté en juin, encadre ce retour « sûr et digne » et aurait permis à quelque 120 000 Syriens de rentrer dans leur pays depuis le début de l’année. Ces personnes ont été retirées des registres de la Sûreté générale et de ceux des agences internationales.

Si certains chiffres exagérés ont circulé quant à l’entrée de nouveaux déplacés syriens sur le territoire libanais, en lien avec les événements récents sur la côte syrienne et à Soueïda, Salam a tenu à relativiser ces flux, estimés entre 50 000 et 60 000 personnes.

Pour Salam, « la situation en Syrie s’est améliorée », ce que confirment d’ailleurs les investissements croissants dans certaines zones du pays.

Du côté français, l’évaluation reste prudente. Macron et ses émissaires, notamment le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot et l’envoyé spécial pour le Liban Jean-Yves Le Drian, ont exprimé leur satisfaction face à la volonté de réforme affichée par Beyrouth.

Les avancées dans les domaines fiscal, bancaire et judiciaire sont perçues comme des signaux positifs, mais la France reste ferme et soutient que l’aide internationale est toujours conditionnée à l’adoption de ces réformes, et ne se concrétisera que si les actes suivent les intentions.