François Bayrou mise sur YouTube pour convaincre les Français d’accepter son budget de rigueur

Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants. Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube. (AFP)
Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants. Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube. (AFP)
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Publié le Lundi 11 août 2025

François Bayrou mise sur YouTube pour convaincre les Français d’accepter son budget de rigueur

  • Une stratégie inhabituelle, presque désespérée aux yeux de certains observateurs, mais que l’intéressé revendique comme un passage obligé : « J’essaie de vous regarder dans les yeux »
  • Entre les « efforts choisis » et les « sacrifices subis », Bayrou veut faire comprendre que la France doit reprendre en main son destin

PARIS: Conscient de son impopularité record et de l’hostilité grandissante face à son plan de rigueur, le Premier ministre français François Bayrou a choisi de prendre les devants.
Depuis mi-juillet, il s’est lancé dans une série de vidéos intitulée FB Direct sur YouTube, pour expliquer directement aux Français pourquoi son budget 2026 impose 43,8 milliards d’euros d’économies et pourquoi, selon lui, ces sacrifices sont inévitables.
Une stratégie inhabituelle, presque désespérée aux yeux de certains observateurs, mais que l’intéressé revendique comme un passage obligé : « J’essaie de vous regarder dans les yeux », répète-t-il face caméra, veste tombée mais ton professoral, en martelant les chiffres de la dette et les risques encourus si rien n’est fait.

Entre les « efforts choisis » et les « sacrifices subis », Bayrou veut faire comprendre que la France doit reprendre en main son destin.
Il est sous pression et le temps joue contre lui : menacé de censure par la gauche comme par le Rassemblement national, et dépourvu de majorité solide à l’Assemblée nationale, il n’a pas d’autre option que de tenter d’attirer l’opinion publique à lui.
Il parie sur la possibilité de contourner l’opposition parlementaire en parlant directement aux citoyens, dans l’espoir que la pression populaire fasse plier ses adversaires politiques.

Le Premier ministre est loin d’être une personnalité flamboyante ; il ne fait pas non plus d’étincelles. En revanche, il est un concentré d’acharnement patient et d’endurance, ce qui lui a souvent valu d’avoir gain de cause.
Cette méthode viendra-t-elle à bout des réticences, voire du rejet ferme, d’une majorité de Français à l’égard de ses choix budgétaires ?
Rien n’est moins sûr : malgré ses velléités, les sondages ne montrent pour l’instant aucun frémissement en sa faveur.

Les mesures de suppression de deux jours fériés, gel des retraites, non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite et réforme de l’assurance chômage sont toutes perçues comme brutales et injustes par une large partie de la population.
Dès la présentation des grandes lignes de son budget, les réactions ne se sont pas fait attendre : une pétition intersyndicale a réuni les syndicats français, toutes tendances confondues, pour exiger « l’abandon immédiat de ce budget d’une brutalité sans précédent ».

Paradoxalement, même le patronat ne cache pas ses réserves : il a certes apprécié l’absence de hausse de la fiscalité des entreprises, mais il s’inquiète de certaines mesures telles que la suppression des jours fériés ou la contribution salariale de 0,6 % envisagée en contrepartie.

La menace la plus imprévisible pour Bayrou vient peut-être de la rue. Depuis plusieurs semaines, un mouvement citoyen baptisé « Bloquons tout » appelle à paralyser le pays à partir du 10 septembre. Inspirée par le mouvement des « gilets jaunes » de 2018, cette mobilisation diffuse ses mots d’ordre en ligne, incitant à boycotter les commerces, à faire grève dans tous les secteurs d’activité et à mener des blocages ciblés, comme l’occupation pacifique de lieux symboliques.

Le mot d’ordre, « La France s’arrête », pourrait fédérer des colères diverses : lutte contre la réforme du marché du travail, rejet des zones à faibles émissions, etc.
Sans leader officiel, ce mouvement prend de l’ampleur, avec le soutien affiché de figures historiques des « gilets jaunes » comme Jérôme Rodrigues ou Jacline Mouraud.
Malgré cela, au ministère de l’Intérieur, l’ambiance reste à la prudence : beaucoup de mobilisations virales s’essoufflent sur le terrain. Cependant, le ministère n’exclut pas un scénario de convergence entre ce mouvement spontané et les syndicats déjà vent debout contre le budget Bayrou.

Si le président de la République, Emmanuel Macron, soutient publiquement son Premier ministre et salue « une stratégie claire et solide », l’étau se resserre politiquement.
La cheffe de file du Rassemblement national (extrême droite), Marine Le Pen, affirme qu’« il est impossible pour le RN de ne pas censurer ce gouvernement ». Du côté de la gauche, de La France insoumise (extrême gauche) au Parti socialiste, la condamnation est unanime.

Bayrou sait qu’il joue gros : un échec parlementaire signifierait probablement la fin de son mandat à Matignon. Mais, tenace comme à son habitude, il assume le risque.
Derrière son offensive de communication, c’est un pari presque contradictoire : tenter de convaincre sur un sujet aussi impopulaire qu’un plan de rigueur qui exige du temps… alors que le temps lui manque cruellement.
Les oppositions pourraient déposer une motion de censure dès l’automne ; la rue pourrait s’embraser bien avant si l’appel du 10 septembre prend de l’ampleur. Et pour l’instant, ses vidéos n’affichent que quelques milliers de vues, loin d’un raz-de-marée populaire.

Mais Bayrou persiste et signe, affirmant : « Nous devons être la génération qui décide de faire les efforts nécessaires », prenant en exemple la Grèce et l’Espagne qui, faute d’anticipation, ont dû encaisser des « efforts forcés » autrement plus douloureux.

Reste à savoir si cette méthode pédagogique pourra changer la donne, ou si, comme le prédisent certains de ses détracteurs, l’automne 2025 restera dans l’histoire comme le moment où la stratégie du « YouTubeur de Matignon » s’est fracassée contre la réalité sociale.


Record d'impopularité pour Emmanuel Macron, selon un baromètre Odoxa

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  • Un "effondrement record" de la cote de popularité du président, avec une chute de 6 points, un "record à la baisse en 8 ans", selon l'institut de sondage
  • Cela équivaut à la cote de popularité la plus basse pour un président de la République français depuis 2017, selon Odoxa

PARIS: La cote de popularité d'Emmanuel Macron a chuté à 22%, atteignant un record d'impopularité, 78% des Français estimant qu'il n'est pas "un bon président de la République", selon un baromètre Odoxa publié mardi.

Un "effondrement record" de la cote de popularité du président, avec une chute de 6 points, un "record à la baisse en 8 ans", selon l'institut de sondage.

Cela équivaut à la cote de popularité la plus basse pour un président de la République français depuis 2017, selon Odoxa.

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu bénéficie quant à lui d'une meilleure cote de popularité, à 32%, 10 points au-dessus d'Emmanuel Macron et de François Bayrou avant l'été, selon ce sondage publié par Public Sénat et la presse régionale.

Le nouveau Premier ministre reste cependant l'un des Premiers ministres les plus impopulaires à sa nomination à Matignon depuis le début de la présidence d'Emmanuel Macron. Il est le deuxième le plus impopulaire juste derrière François Bayrou, se situant une dizaine de points en dessous de la plupart de ses prédécesseurs, selon Odoxa.

Jordan Bardella et Marine Le Pen dominent quant à eux le palmarès politique d'Odoxa, mesurant les cotes d'adhésion d'une trentaine de personnalités, avec 37% et 36%.

L'enquête a été menée par Odoxa auprès d'un échantillon de 1.005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Elle a été réalisée en ligne les 24 et 25 septembre 2025. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points.

 


Lecornu à l'heure des choix avant un rendez-vous de la dernière chance vendredi avec les socialistes

Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme. (AFP)
Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme. (AFP)
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  • Le Premier ministre doit revoir lundi les chefs de parti et de groupe du socle commun, qu'il s'est attaché à consolider ces derniers jours. Jeudi, il affrontera sa troisième journée de mobilisation populaire et syndicale
  • La rencontre avec les socialistes, vendredi, sera celle de la dernière chance pour ne pas censurer, a prévenu lundi le premier secrétaire du parti Olivier Faure

PARIS: Resté volontairement discret depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu affronte une semaine décisive pour la suite de son action à Matignon s'il veut éviter la censure promise par le PS "si rien ne change" lors d'un rendez-vous de la dernière chance vendredi.

Le Premier ministre doit revoir lundi les chefs de parti et de groupe du socle commun, qu'il s'est attaché à consolider ces derniers jours. Jeudi, il affrontera sa troisième journée de mobilisation populaire et syndicale, après celles des 10 et 18 septembre, avant de mener de nouvelles consultations politiques, RN compris.

La rencontre avec les socialistes, vendredi, sera celle de la dernière chance pour ne pas censurer, a prévenu lundi le premier secrétaire du parti Olivier Faure.

Il a réclamé à Sébastien Lecornu qu'il leur présente "une copie complète" de son projet de budget car "pour l'instant, on n'a pas très bien compris ce que le Premier ministre était prêt à faire".

Alors que la session ordinaire de l'Assemblée s'ouvre mercredi, le nouveau locataire de Matignon devrait aussi rapidement faire connaître son gouvernement. Et les oppositions attendent de pied ferme sa déclaration de politique générale, peut-être le 6 ou le 7, même si un proche envisageait qu'il puisse s'en passer. "Un refus d'obstacle" qui pourrait en soi justifier une censure, a glissé la semaine dernière un proche de Marine Le Pen à l'AFP.

Le temps presse. Le gouvernement doit présenter son projet de budget pour 2026 au plus tard mi-octobre, pour espérer respecter les délais constitutionnels.

Le Premier ministre s'est jusqu'ici contenté de dévoiler dans Le Parisien de premières orientations, qui ont eu pour effet de crisper les oppositions.

Fidèle aux fondamentaux de la doctrine macroniste et soucieux de ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB en 2029, il a écarté les principales revendications du PS, comme la taxe Zucman ou la suspension de la réforme des retraites, même s'il a invité le Parlement à retravailler sa copie.

Même au sein du bloc central, la tonalité de l'interview a surpris: "Il est nommé. Il dit, et le président de la République dit: +il faut une rupture+. Le président dit: +il faut un accord avec le PS+. Ce n'est pas exactement ce que j'ai lu dans l'interview d'hier. C'est même exactement le contraire", a grincé un dirigeant samedi.

"Un chemin existe" 

Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme.

"On ne va pas accepter 200 millions d'euros d'économies sur l'immigration, contre 20 milliards d'euros d'efforts imposés aux honnêtes gens", a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy dans La Tribune Dimanche.

Face aux réactions de la gauche, 78 députés Renaissance, Horizons et MoDem ont pris la plume dimanche, se disant convaincus dans une tribune au même média qu'un "chemin existe".

"Si le Parti Socialiste souhaite avoir une discussion sincère et constructive concernant, notamment, l'effort fiscal à demander aux plus fortunés ou la justice sociale, nous y sommes prêts", ont-ils écrit.

Le spectre de la censure, et d'une éventuelle dissolution de l'Assemblée, plane cependant de nouveau sur le gouvernement, moins d'un mois après la chute de François Bayrou, renversé le 8 septembre après avoir sollicité la confiance des députés, et moins d'un an après la censure de Michel Barnier (4 décembre).

Le groupe des députés LFI a promis le dépôt rapide d'une motion de censure. "Il n'y a que les naïfs qui peuvent penser qu'il va changer de politique", a lancé lundi Éric Coquerel (LFI) à l'égard des socialistes sur Public Sénat.

"Si rien ne change, le résultat est déjà connu. Il y aura une censure donc ce gouvernement tombera et il y aura vraisemblablement une dissolution à laquelle nous sommes prêts", a assuré Olivier Faure, indiquant que le PS déposerait sa propre mention.


Jugement Sarkozy: ce qui menace l'Etat de droit, ce sont les attaques «contre les juges», dit le président du tribunal de Paris

Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort.  (AFP)
Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort. (AFP)
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  • Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées"
  • Ce qui "est une atteinte à l'Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges" et non un jugement "rendu minutieusement", a dénoncé lundi sur France Inter le président du tribunal judiciaire de Paris

PARIS: Ce qui "est une atteinte à l'Etat de droit, ce sont des menaces contre les juges" et non un jugement "rendu minutieusement", a dénoncé lundi sur France Inter le président du tribunal judiciaire de Paris Peimane Ghaleh Marzban.

Dans un entretien au JDD après sa condamnation à cinq ans de prison dans l'affaire libyenne assortie d'un prochain placement en détention, Nicolas Sarkozy a estimé que "toutes les limites de l'Etat de droit" avaient "été violées". La juge qui a présidé le tribunal a depuis été menacée de mort. Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes.