Yémen: l'ONU annonce l'arrestation d'au moins onze de ses employés par les Houthis

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux. (AFP)
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Publié le Lundi 01 septembre 2025

Yémen: l'ONU annonce l'arrestation d'au moins onze de ses employés par les Houthis

  • L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël
  • "Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies"

SANAA: L'ONU a annoncé dimanche la détention d'au moins onze de ses employés au Yémen par les rebelles houthis, qui mènent une campagne d'arrestations après la mort jeudi de leur Premier ministre dans des frappes israéliennes.

L'annonce de la mort du chef du gouvernement des Houthis, Ahmad Ghaleb al-Rawhi et de plusieurs de ses ministres, a suscité la colère du chef des rebelles au Yémen, qui a menacé dimanche d'intensifier les attaques contre Israël.

"Au moins 11 membres du personnel des Nations Unies ont été arrêtés", a indiqué dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, "condamnant la nouvelle vague d'arrestations arbitraires de membres du personnel des Nations Unies aujourd'hui à Sanaa et à Hodeïda par Ansar Allah" (nom officiel des Houthis, ndlr).

Il a dénoncé "l'entrée par effraction dans les locaux des Nations unies et la saisie de biens appartenant à l'organisation".

Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait annoncé plus tôt l'arrestation d'un de ses employés à Sanaa par les rebelles houthis qui se sont emparés de la capitale yéménite en 2014 et contrôlent aujourd'hui une grande partie du pays.

Le pouvoir yéménite internationalement reconnu, chassé de Sanaa, a lui son siège à Aden, la grande ville du Sud.

"La détention arbitraire de personnel humanitaire est inacceptable. La sûreté et la sécurité du personnel sont essentielles à la réalisation d'un travail humanitaire vital", a ajouté le PAM.

Une source de sécurité à Sanaa a pour sa part indiqué à l'AFP que sept employés du PAM et trois de l'Unicef avaient été arrêtés dimanche après une descente dans leurs bureaux.

M. Rawhi est le plus haut responsable politique connu des Houthis à avoir été tué dans des raids israéliens depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en octobre 2023.

"Viser une réunion ministérielle avec plusieurs missiles est à la fois lâche et brutal", s'est emportée auprès de l'AFP une habitante de Sanaa qui a requis l'anonymat.

"Souveraineté" 

"Je suis effarée que certains célèbrent une telle violence, malgré nos différences, nous sommes tous les enfants du même pays", a-t-elle ajouté.

Ali, un autre habitant qui a demandé à être identifié par son seul prénom, a dénoncé "une attaque flagrante, pas seulement contre des individus, mais contre la souveraineté de tout un pays".

L'assassinat de M. Rahwi a déclenché une vague d'arrestations dans les territoires sous contrôle des Houthis.

Samedi, une source de sécurité yéménite a déclaré à l'AFP que les Houthis avaient arrêté à Sanaa, Amran (nord) et Dhamar (sud-ouest) des dizaines de personnes, "soupçonnées de collaboration avec Israël".

L'ONU avait annoncé fin janvier que huit de ses salariés au Yémen avaient été arrêtés par les rebelles houthis, qui détiennent déjà des dizaines d'employés des Nations unies et de plusieurs organisations humanitaires depuis juin 2024.

"Honte absolue" 

En juin, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé "leur libération immédiate et inconditionnelle" et a déploré la "tragédie déplorable" de la mort en détention d'un employé du PAM plus tôt cette année.

"Je condamne avec force les détentions arbitraires, le 31 août, d'au moins 11 membres du personnel des Nations unies par les autorités houthies de facto au Yémen dans les zones sous leur contrôle", a-t-il déclaré dans un communiqué dimanche.

Le responsable de l'ONU a appelé à la "libération immédiate et inconditionnelle" des 11 employés ainsi qu'à celle "de tous les autres employés des Nations unies, d'ONG internationales et nationales, de la société civile et de missions diplomatiques qui sont arbitrairement détenus".

Les Houthis avaient justifié les arrestations de juin par la découverte d'un "réseau d'espionnage américano-israélien" opérant sous couvert d'organisations humanitaires, des accusations fermement rejetées par l'ONU.

Dix ans de guerre civile ont plongé le Yémen dans l'une des pires crises humanitaires mondiales, selon l'ONU.

Morcelé, le pays est profondément divisé. Un comédien yéménite a ainsi suscité la controverse en publiant une vidéo se réjouissant de la mort de M. Rahwi.

Mohammed al-Adrei, qui se présente comme conseiller au ministère de l'Information du gouvernement reconnu internationalement, s'est filmé en tenue traditionnelle yéménite, poignard à la ceinture, dansant sur une musique festive.

Il a posté la vidéo quelques heures après l'annonce de l'assassinat du Premier ministre houthi.

L'écrivain Khaled al-Rowaishan s'est insurgé sur Facebook: "C'est une honte absolue de se réjouir de la mort d'un Yéménite, quel qu'il soit, tué par des missiles israéliens."

 


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com