Bolloré, Stérin, Pigasse... Dans l'arène politique, ces hommes d'affaires se cachent de moins en moins

Un membre de la sécurité se tient devant le bâtiment abritant Europe 1 à Paris, le 30 juin 2021. (AFP)
Un membre de la sécurité se tient devant le bâtiment abritant Europe 1 à Paris, le 30 juin 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 septembre 2025

Bolloré, Stérin, Pigasse... Dans l'arène politique, ces hommes d'affaires se cachent de moins en moins

  • Des milliardaires s’engagent de plus en plus ouvertement dans la sphère politique
  • Une polarisation croissante du paysage politico-médiatique : des investissements renforcent les clivages culturels et politiques, illustrant une "bataille de l’influence" entre fortunes opposées idéologiquement

PARIS: Les milliardaires sortent du bois: à droite comme à gauche, une poignée de riches hommes d'affaires investissent la sphère politique et médiatique pour pousser leurs idées, avançant à visage de plus en plus découvert avec des méthodes différentes.

Bâtir la "résistance des forces de droite", mener la "bataille culturelle" pour aboutir à la "victoire politique de la gauche"... Ces slogans n'émanent pas de dirigeants politiques, mais de deux riches investisseurs, respectivement le milliardaire Pierre-Edouard Stérin et le banquier d'affaires Matthieu Pigasse.

Catholique conservateur exilé en Belgique, Pierre-Edouard Stérin reste un personnage discret dans les médias. Mais celui que les coffrets cadeaux Smartbox ont rendu milliardaire perturbe le paysage politique depuis que son projet Périclès, acronyme de "Patriotes enracinés résistants identitaires chrétiens libéraux européens souverainistes", a été rendu public en 2024 par L'Humanité et le JDD.

Son objectif, "promouvoir" des "valeurs libérales et conservatrices" dans le champ politique au sens large, a assumé en mai devant une commission parlementaire le directeur de Périclès, Arnaud Rérolle, associé de M. Stérin qui avait, lui, refusé la convocation des députés.

L'investissement se chiffre en millions d'euros: huit en 2024 et une vingtaine prévus pour 2025 pour financer diverses associations, entreprises ou think tanks, selon M. Rérolle.

Parmi ces structures, l'Observatoire de l'immigration et de la démographie, dont la méthodologie a été régulièrement mise en doute par des économistes et spécialistes, ou encore le média conservateur L'Incorrect, à l'origine de la diffusion d'une vidéo ayant valu aux journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen des accusations de connivence avec le Parti socialiste.

- "Faire contrepoids" -

Cette affaire cristallise justement l'attention des médias d'un autre milliardaire, Vincent Bolloré. Régulièrement accusés par la gauche de promouvoir des idées d'extrême droite -ce qu'ils contestent-, CNews, Europe 1 ou encore le Journal du dimanche (JDD) sont entrés en guerre ouverte contre le service public ces derniers jours, accordant une large place à ce dossier dans leurs éditions.

Le milliardaire conservateur, qui s'est toujours défendu de mener tout "projet idéologique", est-il en train de franchir un cap dans son incursion politico-médiatique ?

Ces derniers jours, des liens ont été établis entre son empire médiatique et la très large diffusion d'une pétition lancée par l'ancien eurodéputé souverainiste Philippe de Villiers appelant à l'organisation d'un référendum sur l'immigration, proposition phare de la droite et de l'extrême droite.

De l'autre côté de l'échiquier politique, l'ancien dirigeant de la banque Lazard, Matthieu Pigasse, 57 ans, a lui aussi investi l'espace médiatique ces dernières semaines, en affirmant son soutien aux mesures de justice fiscale prônées par la gauche.

L'homme d'affaire à la tête du groupe Combat, propriétaire de Radio Nova, du magazine Les Inrockuptibles, de festivals de musique, multiplie les messages sur X et les apparitions dans les médias.

Son défi: mener la "bataille culturelle" pour "faire contrepoids" aux groupes "poussés par des milliardaires de droite ou d'extrême droite".

Et cela passe par des échanges de moins en moins secrets avec les dirigeants politiques.

Interrogé, un cadre du PS affirme que M. Pigasse entretient des relations "amicales" avec le premier secrétaire Olivier Faure. "On pourrait le faire rentrer dans un dispositif politique", ajoute le même, mais "il n'y a rien d'opérationnel pour l'instant".

Idem dans la sphère Stérin, où le bras droit de l'entrepreneur, François Durvye -annoncé sur le départ par plusieurs médias-, a contribué au livret économique du Rassemblement national.

Il "serait un excellent député s'il était investi", reconnaît un proche de Marine Le Pen. Un autre cadre RN tempère néanmoins: "L'influence de Stérin est complètement surestimée."

- "Raidissement" -

Bolloré, Stérin, Pigasse... Vont-ils encourager les autres ultrariches, traditionnellement plus réservés, à changer de braquet dans la guerre de l'influence ?

Bernard Arnault, patron de LVMH déjà propriétaire du groupe Les Echos-Le Parisien et de l'Opinion, est en passe de racheter le magazine Challenges et s'est distingué ces derniers jours pour sa virulente charge contre la taxe Zucman sur les hauts patrimoines.

Quant à Rodolphe Saadé, patron de CMA CGM, il vient d'acquérir le média Brut, en plus d'Altice Médias (BFMTV, RMC).

"Le paysage est en train de changer", estime Michel Offerlé, professeur émérite de sociologie politique à l'ENS. "Mais s'il existe une frange radicalisée de chefs d'entreprise, on n'en est pas à imaginer certains grands patrons français entrer en politique", tempère ce spécialiste du patronat, tout en observant un certain "raidissement du Medef", qui vient d'annoncer un grand meeting patronal le 13 octobre.


Survols de drones: la France prête à "contribuer à la sécurité" du Danemark

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'un sommet des Nations unies sur les Palestiniens au siège de l'ONU pendant l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) à New York, le 22 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'un sommet des Nations unies sur les Palestiniens au siège de l'ONU pendant l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) à New York, le 22 septembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a proposé un soutien français au Danemark après des survols de drones inconnus affectant notamment l’aéroport de Copenhague et des sites militaires
  • La Première ministre danoise évoque des "attaques hybrides" potentiellement liées à la Russie, qui nie toute implication

PARIS: La France est prête à "contribuer à la sécurité de l'espace aérien danois" après plusieurs survols de drones au-dessus d'aéroports civils et militaire au Danemark cette semaine, a indiqué le président Emmanuel Macron jeudi.

"Je viens de m'entretenir avec la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Je lui ai fait part de la pleine solidarité de la France avec le Danemark après la répétition d'intrusions de drones non identifiés affectant le fonctionnement de l'aéroport de Copenhague", a écrit le président français sur X.

"La France est prête à apporter son appui au Danemark pour évaluer la situation et contribuer à la sécurité de l'espace aérien danois", a ajouté le chef de l'Etat.

Des drones ont été repérés dans la nuit de mercredi à jeudi au-dessus des aéroports d'Aalborg, d'Esbjerg, de Sonderborg et de la base aérienne militaire de Skrydstrup.

Lundi soir déjà, des drones à l'origine non identifiée avaient survolé l'aéroport de Copenhague, bloquant le trafic pendant plusieurs heures.

Des "attaques hybrides" qui pourraient "se multiplier", a affirmé Mette Frederiksen, estimant qu'"il existe principalement un pays qui représente une menace pour la sécurité de l'Europe, à savoir la Russie".

La Russie a "fermement" démenti être impliquée dans ces survols, son ambassade à Copenhague dénonçant une "provocation orchestrée".


Guaino demande une grâce présidentielle sur l'incarcération de Sarkzoy pour éviter "une humiliation"

L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
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  • Henri Guaino réclame une grâce présidentielle partielle pour éviter l'incarcération immédiate de Nicolas Sarkozy, tout en laissant cours à ses recours juridiques
  • Il fustige une dérive du pouvoir judiciaire, accusant une "guerre" entre justice et politique qui affaiblirait, selon lui, les démocraties occidentales

PARIS: L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a demandé vendredi une grâce présidentielle sur l'incarcération de l'ancien chef de l'Etat qui n'est pas susceptible d'appel et est "une humiliation de l'Etat et des institutions".

"Une grâce n'efface pas la condamnation et elle peut être partielle. Donc il ne me paraîtrait pas absurde qu'il soit gracié sur la peine complémentaire, c'est à dire sur l'exécution provisoire (de l'incarcération) qui n'est pas susceptible de recours", a jugé M. Gaino sur RTL.

Sans "arrêter les recours par lesquels il veut prouver son innocence", cette grâce "pourrait très bien éliminer cette décision (d'incarcération) qui est quand même une humiliation, non seulement de Nicolas Sarkozy, mais aussi de l'Etat et des institutions", a-t-il suggéré.

Au titre de l'article 17 de la Constitution, "le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel".

Elle entraîne la dispense d'exécution totale ou partielle d'une peine ou la commutation de celle-ci en une peine moins lourde.  Elle ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, mais n'efface pas cette dernière qui continue à figurer au casier judiciaire avec la mention de la mesure gracieuse octroyée.

Dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi à cinq ans d'emprisonnement par le tribunal qui a ordonné sa prochaine incarcération pour association de malfaiteurs sans attendre son procès en appel.

A l'unisson de la droite et de l'extrême droite depuis le jugement, M. Guaino a dénoncé "une sorte de coup d'Etat judiciaire", "un mouvement de fond très dangereux pour les démocraties occidentales par lequel le pouvoir judiciaire est en train de prendre le pas sur le pouvoir politique".

Dans tous les pays, "il y a une guerre qui s'est déclarée entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire. C'est une guerre mortifère et très grave pour la justice elle-même", a-t-il estimé.

Aux Etats-Unis, "les juges ont essayé de faire condamner Trump, ils ne sont pas arrivés à le faire à temps. Le résultat, c'est que les électeurs ont marché sur la justice et que la justice est la première victime de cette guerre" avec les représailles du président américain, a-t-il fait remarquer.


Le RN ne votera pas de censure avant le discours de Lecornu, assure Le Pen

Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella (à droite) et la présidente du groupe parlementaire du parti, Marine Le Pen, quittent la salle après une réunion avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 septembre 2025. (AFP)
Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella (à droite) et la présidente du groupe parlementaire du parti, Marine Le Pen, quittent la salle après une réunion avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 septembre 2025. (AFP)
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  • Contrairement à LFI, Marine Le Pen souhaite attendre le discours de politique générale de Sébastien Lecornu avant de se prononcer
  • Le Pen envisage de construire une majorité parlementaire élargie en cas de force relative, sans fusionner avec la droite traditionnelle

PARIS: Le Rassemblement national ne censurera pas Sébastien Lecornu avant que le Premier ministre ait prononcé son discours de politique générale, a indiqué Marine Le Pen jeudi soir, contrairement à La France insoumise qui entend déposer une motion de censure dès la semaine prochaine.

"Déposer une motion de censure avant même d'avoir entendu le Premier ministre, ça n'est pas raisonnable. Donc, nous allons écouter le discours de politique générale", a déclaré la patronne du RN sur LCI.

Les députés d'extrême droite ne devraient par conséquent par voter la motion que les Insoumis ont l'intention de déposer "dès l'ouverture de la session parlementaire", prévue le 1er octobre, et qui pourrait ainsi être débattue avant que M. Lecornu ne dévoile ses priorités d'action - à une date encore non précisée.

"Y a pas marqué LFI, là. Moi, je ne censure pas un Premier ministre avant son discours", a insisté Mme Le Pen, assurant que sa décision à l'égard du nouveau locataire de Matignon "dépendra de ce qu'il dira".

"Si M. Lecornu veut échapper à la censure, il faut qu'il soit en rupture totale avec la politique qui a été menée ces huit dernières années", soit depuis l'élection d'Emmanuel Macron, a-t-elle ajouté.

"Même si ma confiance est minime, je ne préjuge pas", a-t-elle assuré, tout en estimant que le chef de l'Etat avait confié au Premier ministre  "une mission qui est vouée à l'échec".

Accusant le président de la République de "mettre la France dans une situation de blocage terrible" en "refusant de se soumettre aux institutions", Mme Le Pen n'a pas exigé sa démission mais l'a exhorté à "accepter l'idée qu'il puisse être en cohabitation" et renouvelé son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.

Convaincue que le "front républicain" qui a privé de victoire le camp nationaliste l'an dernier "ne fonctionnera plus, ou en tout cas considérablement moins bien", elle a ouvert la porte à des alliances pour gouverner: "Si nous avons une majorité relative forte, nous irons chercher la majorité absolue (et) convaincre des gens au sein de l'Assemblée".

Mais pas question pour autant d'une éventuelle "union des droites" aux élections. "Je me positionne au-dessus de ça (...) Je ne suis pas là pour sauver la droite (mais) pour sauver la France", a-t-elle affirmé.