Menaces après le jugement Sarkozy: le Syndicat de la magistrature dénonce le silence de Macron

L'ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni arrivent pour le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni arrivent pour le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
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Publié le Dimanche 28 septembre 2025

Menaces après le jugement Sarkozy: le Syndicat de la magistrature dénonce le silence de Macron

  • Le Syndicat de la magistrature critique l'absence de réaction publique d’Emmanuel Macron face aux menaces contre la juge ayant condamné Nicolas Sarkozy
  • Deux enquêtes ont été ouvertes après des messages de menace, et le CSM ainsi que Gérald Darmanin ont fermement condamné ces actes

PARIS: Le Syndicat de la magistrature a dénoncé dimanche le silence "assourdissant" du président Emmanuel Macron concernant les menaces dont est la cible la présidente du tribunal qui a condamné l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy dans l'affaire dite du financement libyen.

Deux enquêtes ont été ouvertes vendredi par le parquet de Paris à la suite de "messages menaçants" visant la magistrate parisienne ayant énoncé jeudi la condamnation de l'ancien président à cinq ans de prison, avec incarcération prochaine.

"Si le garde des Sceaux démissionnaire (Gérald Darmanin) a cette fois apporté son soutien à l'institution judiciaire, le silence du président de la République (Emmanuel Macron), premier garant de l'indépendance de la justice, est quant à lui assourdissant", a estimé dans un communiqué le syndicat classé à gauche.

Aux termes de l'article 64 de la Constitution, le président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire. Il est assisté dans cette mission par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui a condamné samedi "fermement les menaces et attaques personnelles visant à remettre en cause l'impartialité des magistrats" ayant condamné Nicolas Sarkozy.

Gérald Darmanin a lui aussi condamné "sans aucune réserve" les "intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats", qualifiant ces faits d'"absolument insupportables en démocratie".

Dans son communiqué, le Syndicat de la magistrature (SM) "dénonce la confusion relayée par certains médias et sur les réseaux sociaux entre la liberté syndicale et l'acte de juger".

"Les magistrat⸱es ont le droit de s'exprimer à titre syndical sans que leur impartialité ne soit mise en doute dans l'exercice de leurs fonctions", poursuit le SM, ajoutant que "cibler personnellement une magistrate, c'est attaquer l'Etat de droit lui-même".

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans d'emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir "laissé ses plus proches" collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.


Budget: Lecornu écarte plusieurs demandes de la gauche

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion lors de sa visite au centre départemental de santé de Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu promet un gouvernement d’ici début octobre, tout en écartant plusieurs revendications de la gauche, dont le retour de l’ISF ou un moratoire sur la réforme des retraites
  • Le PS menace de voter une motion de censure, dénonçant une fermeture totale au dialogue, tandis que LFI appelle toute la gauche à faire front dès la reprise des travaux parlementaires le 1er octobre

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis vendredi soir un gouvernement pour début octobre et écarté plusieurs demandes de la gauche, alors qu'il disait vouloir tendre la main aux socialistes pour ne pas être censuré.

"Le compte n'y est pas" a d'emblée réagi le numéro deux de la CFDT Yvan Ricordeau, qui prévoit avec les autres syndicats une nouvelle journée de mobilisation jeudi.

"Aucun effort n'a été réalisé", a dénoncé sur TF1 le patron du PS Olivier Faure, le parti estimant dans un communiqué que le Premier ministre a "fermé toutes les portes".

"Sans changement majeur d’orientation, nous censurerons ce gouvernement", indiquent encore les socialistes, qui accepteront néanmoins de rencontrer M. Lecornu "une dernière fois" à Matignon, "la semaine prochaine".

Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, en a profité pour appeler le reste de la gauche à voter la motion de censure qui sera déposée par ses députés dès le début de la session parlementaire qui s'ouvre le 1er octobre.

Alors que le président de la République avait invité son Premier ministre à "travailler" avec les socialistes, "ce soir la porte a été fermée", décrypte un responsable du bloc central.

Sébastien Lecornu, nommé il y 17 jours, promet, dans un entretien au Parisien, un gouvernement "avant le début des travaux parlementaires", soit début octobre, mais il ne s'engage pas sur une date précise.

Il a convié les groupes politiques de l'Assemblée nationale et du Sénat vendredi prochain, selon Matignon.

Après avoir multiplié les consultations, il évacue toute volonté de "débauchage" de personnalités issues du PS - qui lui-même ne veut pas entrer au gouvernement - car ses futurs ministres devront "partager les grandes orientations du socle commun" composé de la droite et du centre.

- "Feuille blanche" -

"Il ne ferme pas de portes, il ouvre les débats" qui auront lieu au Parlement ou par le dialogue social, estime son entourage.

Mais il ne lève pas beaucoup le voile sur le contenu de son budget, écartant surtout plusieurs revendications des syndicats et de la gauche, comme le retour de l'impôt sur la fortune, supprimé depuis 2017, ou la taxe Zucman.

"Faut-il encore augmenter les impôts globalement ? Je ne le veux pas", affirme le nouveau locataire de Matignon, fidèle au mantra fiscal d'Emmanuel Macron, même si "certains augmenteront" et "d’autres diminueront" dans le prochain budget.

Autre demande d'une partie de la gauche, la suspension de la réforme des retraites n'est pas à l'ordre du jour: cette option "ne règlerait aucun des problèmes" que sont pour lui la situation des femmes et la pénibilité au travail, dit-il.

Sébastien Lecornu assure néanmoins que le prochain budget ne sera pas "d'austérité et de régression sociale", et repartira d'une "feuille blanche" que les parlementaires sont invités à remplir.

Il efface donc le plan de son prédécesseur François Bayrou qui prévoyait 44 milliards d'euros d'économies et promet que "les moyens consacrés aux retraites" augmenteront de six milliards d'euros, et ceux pour la santé de cinq.

Il esquisse quelques pistes de baisse des dépenses: réduire de 6 milliards d'euros le "train de vie" de l'Etat, une "meilleure maîtrise des dépenses sociales et des collectivités territoriales", ainsi qu'un "projet de loi ambitieux de lutte contre les fraudes sociales et fiscales" qui sera présenté au Conseil des ministres en même temps que les projets de budget.

Le président du Medef (patronat) Patrick Martin s'est réjoui auprès de l'AFP de "la priorité" que semble accorder le Premier ministre à la réduction des dépenses publiques.

- "Examiner" l'AME -

Alors que la dette publique a encore gonflé au deuxième trimestre à 115,6% du PIB, il dit viser désormais 4,7% de déficit, au lieu de 4,6%, un objectif qu'il juge néanmoins "pleinement compatible" avec celui de 3% en 2029, qui reste inchangé.

Si le Premier ministre semble fermer la porte aux demandes des socialistes, le Rassemblement national va redevenir l'arbitre et la dernière force politique sur laquelle il pourrait s'appuyer pour éviter de tomber.

A cet égard, il dit vouloir "examiner" les évolutions possibles de l'Aide médicale d'Etat (AME), dans le collimateur de la droite et de l'extrême droite mais défendue par la gauche. Il a reçu cette semaine les auteurs d'un rapport sur ce dispositif destiné aux étrangers en situation irrégulière.

A propos du décret de la troisième programmation pluriannuelle de l'énergie, la feuille de route énergétique de la France, il écarte toute idée de moratoire sur les énergies renouvelables pour éviter une censure du RN. "En revanche, comme pour tout euro d’argent public dépensé, aucune rente ne sera tolérée", dit-il.

Sébastien Lecornu arrive à Matignon avec une cote de confiance proche de celle de François Bayrou lors de son arrivée en décembre 2024, selon un baromètre mensuel Toluna/Harris Interactive.


Survols de drones: la France prête à "contribuer à la sécurité" du Danemark

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'un sommet des Nations unies sur les Palestiniens au siège de l'ONU pendant l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) à New York, le 22 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'un sommet des Nations unies sur les Palestiniens au siège de l'ONU pendant l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) à New York, le 22 septembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a proposé un soutien français au Danemark après des survols de drones inconnus affectant notamment l’aéroport de Copenhague et des sites militaires
  • La Première ministre danoise évoque des "attaques hybrides" potentiellement liées à la Russie, qui nie toute implication

PARIS: La France est prête à "contribuer à la sécurité de l'espace aérien danois" après plusieurs survols de drones au-dessus d'aéroports civils et militaire au Danemark cette semaine, a indiqué le président Emmanuel Macron jeudi.

"Je viens de m'entretenir avec la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. Je lui ai fait part de la pleine solidarité de la France avec le Danemark après la répétition d'intrusions de drones non identifiés affectant le fonctionnement de l'aéroport de Copenhague", a écrit le président français sur X.

"La France est prête à apporter son appui au Danemark pour évaluer la situation et contribuer à la sécurité de l'espace aérien danois", a ajouté le chef de l'Etat.

Des drones ont été repérés dans la nuit de mercredi à jeudi au-dessus des aéroports d'Aalborg, d'Esbjerg, de Sonderborg et de la base aérienne militaire de Skrydstrup.

Lundi soir déjà, des drones à l'origine non identifiée avaient survolé l'aéroport de Copenhague, bloquant le trafic pendant plusieurs heures.

Des "attaques hybrides" qui pourraient "se multiplier", a affirmé Mette Frederiksen, estimant qu'"il existe principalement un pays qui représente une menace pour la sécurité de l'Europe, à savoir la Russie".

La Russie a "fermement" démenti être impliquée dans ces survols, son ambassade à Copenhague dénonçant une "provocation orchestrée".


Guaino demande une grâce présidentielle sur l'incarcération de Sarkzoy pour éviter "une humiliation"

L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
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  • Henri Guaino réclame une grâce présidentielle partielle pour éviter l'incarcération immédiate de Nicolas Sarkozy, tout en laissant cours à ses recours juridiques
  • Il fustige une dérive du pouvoir judiciaire, accusant une "guerre" entre justice et politique qui affaiblirait, selon lui, les démocraties occidentales

PARIS: L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a demandé vendredi une grâce présidentielle sur l'incarcération de l'ancien chef de l'Etat qui n'est pas susceptible d'appel et est "une humiliation de l'Etat et des institutions".

"Une grâce n'efface pas la condamnation et elle peut être partielle. Donc il ne me paraîtrait pas absurde qu'il soit gracié sur la peine complémentaire, c'est à dire sur l'exécution provisoire (de l'incarcération) qui n'est pas susceptible de recours", a jugé M. Gaino sur RTL.

Sans "arrêter les recours par lesquels il veut prouver son innocence", cette grâce "pourrait très bien éliminer cette décision (d'incarcération) qui est quand même une humiliation, non seulement de Nicolas Sarkozy, mais aussi de l'Etat et des institutions", a-t-il suggéré.

Au titre de l'article 17 de la Constitution, "le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel".

Elle entraîne la dispense d'exécution totale ou partielle d'une peine ou la commutation de celle-ci en une peine moins lourde.  Elle ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, mais n'efface pas cette dernière qui continue à figurer au casier judiciaire avec la mention de la mesure gracieuse octroyée.

Dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi à cinq ans d'emprisonnement par le tribunal qui a ordonné sa prochaine incarcération pour association de malfaiteurs sans attendre son procès en appel.

A l'unisson de la droite et de l'extrême droite depuis le jugement, M. Guaino a dénoncé "une sorte de coup d'Etat judiciaire", "un mouvement de fond très dangereux pour les démocraties occidentales par lequel le pouvoir judiciaire est en train de prendre le pas sur le pouvoir politique".

Dans tous les pays, "il y a une guerre qui s'est déclarée entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire. C'est une guerre mortifère et très grave pour la justice elle-même", a-t-il estimé.

Aux Etats-Unis, "les juges ont essayé de faire condamner Trump, ils ne sont pas arrivés à le faire à temps. Le résultat, c'est que les électeurs ont marché sur la justice et que la justice est la première victime de cette guerre" avec les représailles du président américain, a-t-il fait remarquer.