Comment pouvons-nous nous unir, agir et résister ensemble pour défendre l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les droits des femmes et des filles ? C’est la question directrice de la Quatrième Conférence ministérielle sur la politique étrangère féministe, que la France accueille cette semaine. Cette conférence réunit des ministres des Affaires étrangères de toutes les régions du monde, des représentants d’organisations internationales et de banques publiques de développement, ainsi que de la société civile, d’instituts de recherche et de fondations philanthropiques.
Depuis 2019, la France mène une politique étrangère féministe, faisant de l’égalité de genre et des droits des femmes une priorité transversale de son action extérieure dans les domaines du développement, de la gouvernance démocratique, de la paix et de la sécurité, ainsi que de l’action humanitaire, entre autres. Mais une politique étrangère féministe ne se limite pas à de nobles idéaux : elle s’appuie sur des politiques publiques concrètes et des partenariats solides.
L’Arabie saoudite a engagé une transformation ambitieuse dans le cadre de Vision 2030, plaçant l’autonomisation des femmes au cœur de sa stratégie nationale de modernisation. Au cours de la dernière décennie, le Royaume a enregistré des avancées sans précédent : la participation des femmes à la population active a plus que doublé — passant d’environ 17 % en 2016 à plus de 36 % en 2024 — tandis que des femmes occupent désormais des postes de direction dans les domaines du gouvernement, de la diplomatie et du monde des affaires.
L’Arabie saoudite est un interlocuteur clé pour la France dans la promotion du leadership féminin et de la croissance inclusive à l’échelle mondiale.
Audrey Lesperres
Le Royaume compte aujourd’hui plus d’une douzaine d’ambassadrices, et des femmes dirigent d’importantes institutions publiques telles que la Commission des droits de l’homme et la Bourse saoudienne Tadawul. Dans le secteur privé, des Saoudiennes président de grandes entreprises dans les domaines de la finance, de l’énergie et des technologies, et représentent plus de 40 % des nouveaux entrepreneurs.
Riyad a également introduit des réformes concernant les voyages, la tutelle et la participation politique, permettant aux femmes d’assumer des rôles décisionnels conformément aux normes internationales. Ces changements illustrent la manière dont l’égalité de genre peut évoluer dans un contexte de transformation sociétale rapide, faisant de l’Arabie saoudite un partenaire clé pour la France dans la promotion du leadership féminin et de la croissance inclusive à l’échelle mondiale.
La France a fait de l’égalité de genre et de la défense des droits des femmes et des filles une priorité stratégique et géopolitique, afin de construire des sociétés justes, inclusives, pacifiques et durables.
Les recherches montrent que la participation des femmes aux processus de négociation augmente de 35 % la probabilité qu’un accord soit durable.
De même, les politiques qui intègrent efficacement l’égalité de genre permettent de mieux lutter contre le réchauffement climatique, de stimuler la croissance et de renforcer la résilience des sociétés.
En mars, la France a présenté sa Stratégie internationale pour une politique étrangère féministe.
L’un des piliers centraux de cette stratégie est la défense des droits et de la santé sexuelle et reproductive.
De nouvelles priorités ont été établies, plaçant l’égalité de genre au cœur de la réponse de la France aux défis mondiaux contemporains : crises et conflits, changement climatique, santé, finance internationale, technologies numériques et intelligence artificielle.
Malgré ces initiatives et les progrès réalisés par la communauté internationale, beaucoup reste à faire.
Audrey Lesperres
Dans le cadre de sa politique étrangère féministe, la France met en œuvre plusieurs initiatives phares, dont le Fonds de soutien aux organisations féministes, lancé en 2020, qui a permis d’aider plus de 1 400 organisations dans 75 pays.
Un autre exemple est le Laboratoire pour les droits des femmes en ligne, créé en 2024. Premier en son genre, il offre une plateforme internationale d’échanges et sert d’incubateur pour des projets de lutte contre les violences de genre dans les environnements numériques.
Malgré ces initiatives et les progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire. Selon ONU Femmes, au rythme actuel, il faudrait près de 300 ans pour parvenir à une véritable égalité de genre dans le monde.
Les inégalités entre les femmes et les hommes persistent, et dans certains cas s’aggravent. Les violences sexuelles liées aux conflits ont augmenté de 50 % entre 2022 et 2023. Dans trop de pays, des millions de femmes se voient refuser le droit fondamental à l’autonomie corporelle. Partout où les crises ébranlent les fondements de la société - en Afghanistan, en Iran, à Gaza, en Ukraine ou au Soudan - ce sont les droits des femmes qui sont les premiers à en pâtir.
Dans un contexte international marqué par une baisse significative des financements dédiés et la montée des mouvements anti-droits, la Quatrième Conférence ministérielle sur la politique étrangère féministe réaffirmera notre détermination commune à défendre et promouvoir les droits des femmes et l’égalité de genre, sans accepter aucun recul. Ensemble, nous continuerons d’avancer.
Audrey Lesperres est chargée d’affaires à l’Ambassade de France en Arabie saoudite.








