Les récents propos du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, concernant l’Arabie saoudite sont honteux et inquiétants. Malheureusement, ils reflètent un état d’esprit qui risque de saper le tissu même de l’État d’Israël et des relations juives au Moyen-Orient.
De tels propos représentent une forme de rhétorique divisive qui menace d’éroder la réputation que nous avons tant travaillé à bâtir.
À travers Israël et la communauté juive mondiale, il y a une inquiétude urgente face à la montée de voix qui recourent souvent à la démagogie plutôt qu’à la sagesse.
Ces voix nous isolent et affaiblissent la position d’Israël et des communautés juives dans le monde. Ceux qui s’adonnent à de telles expressions peuvent croire qu’ils protègent leur nation et leurs communautés. Malheureusement, ils mettent en péril les intérêts plus larges des communautés juives dans le monde et éloignent des alliés potentiels de l’État d’Israël.
En tant que président du Congrès juif mondial, représentant des communautés diverses à travers le globe, je dois affirmer sans équivoque que les commentaires de Smotrich à propos de l’Arabie saoudite ne reflètent pas les sentiments de la majorité des Juifs. Ses propos sont symptomatiques d’un problème plus large au sein du gouvernement israélien actuel — une inclination à la provocation plutôt qu’au partenariat.
C'est pourquoi Israël se trouve aujourd'hui à un moment charnière, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit choisir de laisser cette rhétorique de division façonner son image publique ou de s'élever au-dessus d'elle, en réaffirmant son engagement en faveur de la dignité, de la sagesse et de la clarté morale.
Les propos de Smotrich sont symptomatiques d’un problème plus large au sein du gouvernement israélien actuel — une inclination à la provocation plutôt qu’au partenariat.
Ronald S. Lauder
Les dirigeants doivent avoir le courage de confronter non seulement les menaces externes, mais aussi celles internes, posées par des membres de nos propres communautés dont la rhétorique cherche à diviser les groupes et à saper les relations interreligieuses. La voie à suivre doit se fonder sur le respect mutuel et la collaboration à travers la région, plutôt que sur des artifices politiques ou des gains à court terme.
Netanyahu connaît bien l’impact que pourrait avoir une normalisation avec l’Arabie saoudite — non seulement pour Israël, mais pour tout le Moyen-Orient. Établir un partenariat avec le Royaume, gardien des lieux les plus sacrés de l’Islam, ferait avancer les relations judéo-musulmanes et favoriserait la paix. Cependant, cet effort nécessite un leadership israélien inspirant confiance et s’exprimant avec dignité, respect et compréhension de la culture saoudienne et arabe, ainsi que de la foi musulmane.
Dans mes interactions avec les dirigeants saoudiens, diplomates, médias et entrepreneurs, j’ai constaté leur intelligence, créativité et réel désir de dialogue constructif. Ces échanges révèlent une vision commune pour l’avenir — fondée sur la coopération, l’innovation et le respect mutuel, plutôt que sur la suspicion et l’hostilité.
Récemment, j’ai eu l’honneur d’être invité à intervenir lors d’une conférence organisée par le ministère saoudien des Affaires étrangères en collaboration avec la Conférence de sécurité de Munich. J’étais censé partager le point de vue juif sur le conflit avec le Hamas. Bien que je n’aie pas pu y assister en raison des Grandes Fêtes juives, mes remarques enregistrées ont été intégralement incluses, illustrant l’engagement de l’Arabie saoudite envers le dialogue — un esprit que nous devrions embrasser et cultiver.
Pourtant, pour que le dialogue ait un sens, il doit reposer sur une base de respect et de cohérence. Même si Smotrich a présenté des excuses pour ses propos, le mal est fait. Et cela doit nous rappeler que les mots comptent et ont le pouvoir de guérir ou de blesser. Plus que jamais, Israël, le Moyen-Orient et les communautés juives dans le monde ont besoin de voix qui construisent des ponts, et non des murs.
Nous sommes confrontés à d’immenses défis : les actions déstabilisatrices de l’Iran, les menaces du Hamas et du Hezbollah, et la montée d’idéologies qui prospèrent sur la haine. Ces défis ne peuvent être relevés en aliéner des partenaires potentiels par l’arrogance ou le mépris.
Les communautés juives aux États-Unis et dans le monde sont confrontées à une montée de l’antisémitisme et à des tentatives de délégitimer le droit d’Israël à exister. En tant que leader juif, je constate que la plupart des Juifs dans le monde aspirent à la paix, à la stabilité et à une région où Israël est reconnu comme un partenaire fiable et respectueux. Ce chemin renforce non seulement l’avenir d’Israël, mais aussi les communautés juives partout dans le monde.
La mission des bâtisseurs de ponts — et je me considère comme tel — transcende la politique ; elle est fondamentalement morale.
Nous devons donc embrasser l’intégrité, la compassion et le courage de poursuivre la paix même dans des circonstances difficiles. Lorsque des dirigeants recourent à un langage incendiaire, ils donnent involontairement du pouvoir à ceux qui cherchent à nuire à Israël et au peuple juif.
La route vers la paix et la sécurité ne peut pas être pavée de mépris ; elle doit se forger par la coopération et la compréhension.
Mon message au Premier ministre d’Israël est clair : si vous aspirez à être un bâtisseur de ponts et à favoriser la paix pour Israël dans la région, notamment avec l’Arabie saoudite, il est crucial de choisir avec soin ceux qui servent dans votre gouvernement.
Cela pourrait ouvrir la voie à un engagement renouvelé pour la paix et la coopération dont le Moyen-Orient a désespérément besoin. Et ce serait l’arme la plus puissante contre ceux qui menacent Israël et la paix dans tout le Moyen-Orient.
Ronald S. Lauder est président du Congrès juif mondial. X : @lauder_ronald
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com














