En Guyane, fatigue et sous-effectif menacent la lutte contre l'épidémie

La ministre des Outre-Mer Annick Girardin en réunion avec des officiels de l’Ouest-Guyane pour renforcer la lutte contre le Covid-19 dans la région de Saint-Laurent du Maroni. Photo Jody Amiet/AFP.
La ministre des Outre-Mer Annick Girardin en réunion avec des officiels de l’Ouest-Guyane pour renforcer la lutte contre le Covid-19 dans la région de Saint-Laurent du Maroni. Photo Jody Amiet/AFP.
Short Url
Publié le Jeudi 16 juillet 2020

En Guyane, fatigue et sous-effectif menacent la lutte contre l'épidémie

  • "Ils nous proposent de venir en heures sup, ils bouchent les trous comme ça, mais moi je cherche pas à faire du pognon, je préfère me reposer", déclare un infirmier en première ligne.

CAYENNE- "La situation est compliquée. On a une espèce de charge mentale qui pèse sur nous depuis mars", souffle Rémi, médecin urgentiste au centre hospitalier de Cayenne (CHC). En Guyane, les acteurs de terrain ont compris qu'il allait falloir tenir sur la durée contre le coronavirus.

Dans ce territoire grand comme le Portugal, qui compte trois hôpitaux pour 300.000 habitants, le pic épidémique de Covid-19 est envisagé "mi-juillet-fin juillet", selon la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Un plan national d'appel aux volontaires a été lancé pour aider les équipes, en sous-effectif chronique. 

En 15 jours, le CHC - hôpital de référence du territoire - est passé de 59 à 127 patients atteint du Covid-19 hospitalisés, et de 11 à 20 en réanimation. Le nombre de décès à l'hôpital a été multiplié par 5 (3 à 15). 

Mardi, la Guyane a passé la barre des 4.000 cas (4.004), dont 1.508 guéris.

"Début juin, il y a eu une belle levée de vague et pour l'instant on fait au mieux", commente le médecin urgentiste de 30 ans, envoyé la veille pour une évacuation sanitaire (evasan) par l'armée de l'air pour des patients non covid. Huit "evasan" vers la Martinique et la Guadeloupe, ont déjà permis d'alléger la charge des soignants, les services étant aussi mobilisés pour des patients victimes de la leptospirose ou de la dengue. 

"Ce qui est certain", ajoute Rémi, "c'est que notre système hospitalier n'est pas au mieux de sa forme. Le gros problème ici c'est la gestion de la fatigue et la capacité à ouvrir des lits dans de bonnes conditions et à temps".

Au printemps 2017, une forte contestation sociale avait bloqué le territoire. Les manifestants, dont des personnels hospitaliers, exigeaient un "plan d'urgence" à 2 milliards d'euros, notamment pour améliorer l'offre de soins. A l'issue du conflit, les hôpitaux de Cayenne et Kourou avaient reçu quelques dizaines de millions d'euros pour redresser budget et trésorerie. 

"Heures sup"

Structurelle, la pénurie de personnel découle d'un manque de diplômés, d'attractivité du territoire et de choix organisationnels. Résultat selon un cadre hospitalier sous anonymat : "Il y a une fatigue générale due aux restrictions en lits et à l'absence de marge de manoeuvre au niveau des agents".

"Ils nous proposent de venir en heures sup, ils bouchent les trous comme ça, mais moi je cherche pas à faire du pognon, je préfère me reposer", témoigne un infirmier en première ligne, prenant pour exemple une journée où la présence en extra de "quatre" infirmiers était indispensable. Il se dit néanmoins "confiant" car "on s'attendait à vivre la même chose que dans le Grand-Est (en France métropolitaine), alors on s'est préparé". 

Un hôpital de campagne de la sécurité civile a été installé au CHC avec une dizaine de lits pour des patients non covid. Mais des élus exigent un hôpital militaire "comme à Mulhouse", et l'arrivée de médecins cubains, comme en Martinique. 

La réorganisation au détriment des services habituels inquiète aussi. A l'hôpital de Saint-Laurent du Maroni, considéré comme l'une des maternités de France les plus dynamiques, "il manque 20 sages-femmes sur les 70 postes existants", a alerté mardi le réseau "Périnat", dans la lettre d'information de l'ARS. L'offre est saturée pour les grossesses pathologiques à Cayenne. Même situation à Kourou. 

Face à la pénurie de bras, des dizaines de membres de la Réserve sanitaire prêtent déjà main forte depuis quelques semaines. L'unité des maladies infectieuses et tropicales du CHC, éprouvée par les premiers afflux de patients, est épaulée par deux à quatre médecins de l'hexagone, souligne Mathilde, l'un des sept médecins du service. Les renforts arrivent, "mais il va en falloir beaucoup", prévient de son côté le cadre de santé. 

Même inquiétude dans les 17 dispensaires des petites communes, d'où partent en pirogues "des missions de prévention et de dépistage" vers les villages éloignés. 

Déjà près d'une centaine de "contrats de renfort" (infirmiers, logisticiens, etc) ont été signés ou sont en cours au CHC, qui compte normalement 250 médecins et 2.175 soignants et administratifs.

 


Journalisme: le prix Daphne Caruana Galizia décerné à une enquête sur les enfants migrants

Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
Short Url
  • Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe
  • Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

STRASBOURG : Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe.

Une vingtaine de journalistes d'investigation originaires de différents pays européens, dont les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et le Royaume-Uni, participent au projet journalistique « Lost in Europe » (Perdus en Europe).

Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

« Sur les 27 pays européens auxquels nous avons demandé des données, en y ajoutant la Moldavie, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse, seuls 20 ont répondu à nos demandes, et seuls 13 pays ont fourni des données. Des pays importants comme l'Espagne et la France n'ont même pas répondu correctement. »

Elle a rappelé que « les États membres de l'Union européenne sont responsables de ces enfants ».

Parmi ces jeunes migrants, certains ont pu tomber entre les mains de trafiquants d'êtres humains, être forcés à mendier ou à se prostituer.

« Avec ce prix, nous sommes encore plus motivés pour continuer à enquêter sur le sort et l'exploitation de milliers d'enfants migrants disparus en Europe », a déclaré Geesje van Haren.

Le nom des gagnants du prix Daphne Caruana Galizia a été annoncé lors d'une cérémonie au Parlement européen par Stavros Malichudis, représentant des lauréats 2023, le média d'investigation grec Solomon, l'organisation Forensis et la chaîne publique allemande StrgF/ARD. Ils avaient été récompensés pour une enquête sur le naufrage d'un navire de migrants en Méditerranée ayant fait plusieurs centaines de victimes.

Soutenu par le Parlement et décerné pour la première fois en 2021, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été créé en hommage à cette journaliste et militante maltaise anti-corruption, tuée à 53 ans le 16 octobre 2017 dans l'explosion d'une voiture piégée.

Attribué par un jury de représentants de la presse et de la société civile issus des 27 États membres de l'UE, et doté de 20 000 euros, il est décerné chaque année autour de la date anniversaire de son assassinat.

Il est ouvert aux journalistes ayant diffusé un sujet dans l'un des 27 États membres de l'UE et entend récompenser « un journalisme d'excellence qui promeut et défend les valeurs et principes de l'UE : dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit et droits de l'homme ».


Muriel Jourda, auteure de la dernière loi sur l'immigration, a été élue présidente de la commission des Lois

Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
Short Url
  • Muriel Jourda succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.
  • Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025.

PARIS : Muriel Jourda, sénatrice Les Républicains du Morbihan et rapporteure de la dernière loi immigration, a été élue mercredi présidente de la commission des Lois du Sénat, a-t-on appris de sources parlementaires.

La sénatrice, désignée en interne par le groupe LR pour candidater, a récolté 27 voix, contre 14 pour le socialiste Jérôme Durain (et huit votes blancs ou nuls). Elle succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.

Un accord conclu de longue date au sein de la majorité sénatoriale (une alliance LR-centristes) assure à LR la présidence de cette commission saisie de tous les sujets régaliens (sécurité, immigration, justice, etc.).

Fait rare au Sénat, la gauche lui avait néanmoins opposé un candidat, pour manifester sa désapprobation face au choix de ce profil incarnant une ligne dure de la droite par les LR, ont expliqué plusieurs sources parlementaires.

Muriel Jourda, âgée de 56 ans, est politiquement proche de son ancien président de groupe, devenu ministre de l'Intérieur : Bruno Retailleau. Elle avait notamment occupé le rôle de corapporteure de la dernière loi immigration, adoptée en décembre 2023 puis partiellement censurée par le Conseil constitutionnel.

La sénatrice faisait partie intégrante de la commission mixte paritaire qui avait réuni députés et sénateurs pour aboutir à un accord, scellé à l'époque entre Matignon et Les Républicains. Un compromis avait créé un malaise chez une grande partie de « l'aile gauche » des macronistes.

Comme une minorité de sénateurs LR (38 au total), elle s'était par ailleurs opposée à l'inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » à avorter, lors du Congrès du Parlement à Versailles en mars.

Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025. Celui-ci reprendrait les mesures les plus sévères de la dernière loi, censurées par le Conseil constitutionnel car jugées sans lien suffisamment clair avec le texte initial.


Entretien Macron-Mikati en amont de la conférence de soutien au Liban

Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée
  • Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

PARIS: Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée. Cet entretien intervient en amont de la Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban, qui se tiendra le jeudi 24 octobre à Paris.

Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

Lors de la conférence du 24 octobre, c’est Najib Mikati qui représentera le Liban. Selon les informations données par l’Elysée, le but de la  conférence est d’apporter une aide humanitaire urgente aux libanais déplacés et en situation de grande vulnérabilité et de discuter du renforcement des institutions libanaises ainsi que d’un cessez-le-feu à la frontière avec Israël.

Najib Mikati prononcera une allocution devant les participants à la conférence qui sera inaugurée par Emmanuel Macron.