La 5G américaine encore loin des promesses du marketing

Hans Vestberg, le patron de Verizon (Photo, AFP/Apple Inc.)
Hans Vestberg, le patron de Verizon (Photo, AFP/Apple Inc.)
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Publié le Dimanche 17 janvier 2021

La 5G américaine encore loin des promesses du marketing

  • «La 5G pourrait ajouter 1 500 milliards au PIB américain sur les cinq prochaines années», indique Jefferson Wang, directeur de la stratégie 5G chez Accenture
  • La 5G risque de renforcer le contraste entre des centres-villes très bien desservis et des campagnes où on perd facilement toute connexion

SAN FRANCISCO: Aux Etats-Unis, la 5G est parvenue à un stade très avancé de marketing: les opérateurs promettent des révolutions, mais le déploiement des infrastructures et des applications concrètes restent balbutiants. 

« La 5G pourrait ajouter 1 500 milliards au PIB américain sur les cinq prochaines années », indique Jefferson Wang, directeur de la stratégie 5G chez Accenture.  

Les premiers smartphones adaptés à la dernière génération de téléphonie mobile ultra-rapide sont sortis mi-2019, chez Samsung et Huawei. Apple s'est lancé à l'automne dernier.  

La 5G se généralise donc sur les téléphones, mais cela ne signifie pas que leurs utilisateurs peuvent immédiatement télécharger des vidéos avec des vitesses d'1 gigaoctet par seconde, à moins d'avoir un abonnement Verizon et de se trouver dans la bonne ville et le bon quartier, pile au bon coin de rue. 

Cet opérateur a choisi d'investir d'abord dans les ondes millimétriques: Ce sont les plus rapides mais elles ne se propagent pas loin et sont limitées par toutes sortes d'obstacles (les murs, la pluie...).  

Ses concurrents T-Mobile et AT&T parient de leur côté sur les basses et moyennes fréquences. Plus elles sont basses, plus elles couvrent un territoire étendu, et plus la vitesse diminue. Les déploiements ont progressé en 2020, mais certains appels d'offre sont toujours en cours. 

« Pas assez sexy » 

Cela n'a pas empêché AT&T de baptiser « 5G E » son réseau 4G amélioré, depuis deux ans. Une stratégie marketing largement critiquée: les consommateurs ont des mobiles ultra performants et le sigle « 5G », mais le débit ne suit pas. 

« Aujourd'hui on tourne des vidéos en 4K sur son smartphone et on veut les mettre en ligne instantanément. Impossible avec la 4G, c'est comme de conduire une Ferrari dans les embouteillages », constate Alejandro Holcman,  vice-président du fabricant de composants électroniques Qualcomm. 

Il s'exprimait lors d'une table ronde au CES de Las Vegas, le salon annuel de l'électronique grand public qui s'est tenu en ligne cette semaine. 

Depuis plusieurs années, les entreprises profitent de la grand-messe des technologies pour faire miroiter les innovations que la 5G et ses faibles temps de latence vont rendre possibles, des voitures autonomes aux drones connectés. 

Hans Vestberg, le patron de Verizon, a ainsi annoncé lundi l'installation de la 5G ultra performante dans 28 stades de football américain cette année. Les fans pourront regarder les matchs en choisissant différents angles de caméra en direct et afficher des infos sur les joueurs en réalité augmentée. 

« Mais on n'a pas besoin de la 5G pour ça, il suffit d'une connexion wifi », s'amuse l'analyste Carolina Milanesi, de Creative Strategies. « J'aimerais qu'on parle plus des bénéfices concrets: le réseau est plus fiable et plus performant avec une puce 5G, même en 4G. Mais ce n'est pas assez sexy ! » 

Lunettes omniscientes 

Dans un premier temps, la 5G risque de renforcer le contraste entre des centres-villes très bien desservis et des campagnes où on perd facilement toute connexion, même 3G. « 18% de la population américaine n'a pas accès au haut débit », a rappelé le consultant John Penney d'Elemental Content pendant le CES. 

Les applications vont d'abord concerner les industriels, avec des réseaux 5G privés qui feront tourner des usines dites « intelligentes », par exemple.  

Il sera plus difficile d'impressionner des consommateurs qui ont déjà des jeux vidéo, encyclopédies et assistants virtuels dans leur poche. 

Mais la 5G pourrait, à terme, nous éloigner un peu de nos précieux combinés. Car elle doit faciliter l'avènement de l'informatique en périphérie (edge computing) - en clair, de plus en plus d'objets connectés, disposant de capacités d'intelligence artificielle, pourront traiter directement les informations. 

Les caméras de sécurité feront elles-mêmes de la reconnaissance faciale. On pourra « identifier un criminel dans un aéroport où il y a des centaines de milliers de personnes », suggère Alejandro Holcman. 

Après la décennie de la convergence - toutes les fonctions dans nos mobiles - nous entrons dans la décennie de la divergence, selon Accenture. Plus besoin d'emmener son téléphone partout: les montres, écouteurs et autres accessoires se suffiront à eux-mêmes. 

« Par exemple, je croise Mélissa dans la rue. Mes lunettes m'informent que c'est Mélissa, qu'on s'est parlé il y a trois ans au CES et qu'elle est de Boston », imagine Jefferson Wang. 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".