L'investiture de Biden fait souffler un vent d'optimisme sur les marchés financiers

Le bâtiment de la Bourse de New York, où les indicateurs sont au vert au démarrage de la nouvelle présidence américaine (Photo, AFP).
Le bâtiment de la Bourse de New York, où les indicateurs sont au vert au démarrage de la nouvelle présidence américaine (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 janvier 2021

L'investiture de Biden fait souffler un vent d'optimisme sur les marchés financiers

  • Le nouveau président démocrate veut débloquer d'urgence 1 900 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à l'impact de la pandémie
  • Ces mesures, censées doper la consommation et stimuler l'investissement, sont vues d'un bon œil par les milieux financiers

NEW YORK: Un vent d'optimisme a soufflé mercredi sur les marchés financiers américains, tout particulièrement à Wall Street, à l'occasion de la prise de fonctions officielle de Joe Biden comme nouveau président des Etats-Unis. 

A la Bourse de New York, les indices Dow Jones Industrial Average (+0,83%), Nasdaq (+1,97%) et S&P 500 (+1,39%) ont tous battu leurs précédents records, qui dataient du 8 janvier.

Sur le marché pétrolier, le baril américain de WTI pour le mois de février a progressé de 0,49% ou 26 cents à 53,24 dollars. Le dollar est pour sa part resté stable.

Avec la nouvelle administration américaine, le marché anticipe un ambitieux plan de relance budgétaire, comme s'y est engagé le nouveau président démocrate qui veut débloquer d'urgence 1 900 milliards de dollars supplémentaires pour faire face à l'impact de la pandémie.

Ces mesures, censées doper la consommation et stimuler l'investissement, sont vues d'un bon œil par les milieux financiers.

Une telle perspective, défendue la veille par la future secrétaire au Trésor, Janet Yellen, face aux sénateurs américains, avait déjà soutenu Wall Street mardi.

« Le témoignage de Janet Yellen a donné un ton positif au marché de deux façons », explique Quincy Krosby de Prudential Financial.

« D'abord, elle a plaidé pour un gros paquet d'aides budgétaires, que le marché souhaite au moins dans un premier temps (...) Par ailleurs, elle a aussi dit que les hausses d'impôts, que ce soit pour les entreprises ou les particuliers, pourraient peut-être attendre, le temps que la pandémie se soit calmée et que l'économie se soit renforcée », détaille Krosby.

Netflix bondit

La Bourse new-yorkaise, et notamment l'indice Nasdaq à forte coloration technologique, a aussi profité mercredi de la forme insolente de Netflix, dont le titre a bondi de près de 17%. 

Mardi soir, le géant américain du streaming en ligne a révélé que son nombre d'abonnés dans le monde avait pour la première fois dépassé les 200 millions en fin d'année dernière, confirmant la montée en puissance de la plateforme pendant la pandémie.

Le groupe a également indiqué qu'il envisageait un rachat d'actions, une mesure qui a tendance à faire monter le cours d'un titre coté en Bourse.

Amazon offre son aide à Biden pour la campagne de vaccination américaine

Amazon a proposé mercredi au président Joe Biden, tout juste investi, d'aider ses équipes dans la campagne de vaccination contre la Covid-19, l'occasion pour le géant du commerce en ligne, souvent critiqué par les élus politique, de montrer que sa taille gigantesque peut être utile

« Amazon se tient prêt à vous aider à atteindre votre objectif de vacciner 100 millions d'Américains dans les 100 premiers jours de votre administration », a écrit Dave Clark, responsable de la branche consommation du groupe, dans une lettre adressée au nouveau chef d'Etat.

Il explique que le géant du commerce en ligne et des technologies veut vacciner rapidement ses 800 000 employés aux Etats-Unis, en majorité des « travailleurs essentiels qui ne peuvent pas faire du télétravail ».

La société de Seattle a passé un accord avec une organisation de santé pour vacciner, dès que possible, les personnels des entrepôts, des centres de données (qui abritent les serveurs pour le cloud, ou informatique dématérialisée) ou encore des magasins Whole Foods.

« En outre, nous sommes prêts à assister votre administration dans ses efforts de vaccination, grâce à nos compétences et notre expertise en matière d'opérations, de technologies de l'information et de communication », ajoute Dave Clark.

La banque d'affaires américaine Morgan Stanely (-0,20%) et le groupe américain de produits de grande consommation Procter & Gamble (-1,25%) ont publié mercredi avant l'ouverture des résultats de bonne facture, mais leurs actions respectives ont baissé.

Le groupe d'assurance maladie UnitedHealth (-0,38%) a lui vu ses profits du 4e trimestre affectés par une reprise de la demande pour des services de santé et la hausse des coûts liés aux tests de dépistage et aux traitements du coronavirus.

Inquiétudes

Si Wall Street sourit depuis le début de l'année, dans la droite lignée de sa fulgurante ascension entamée après le plongeon de mars 2020, la sérénité du marché boursier est relative.

De nombreux spécialistes s'inquiètent en effet depuis plusieurs mois de la surévaluation des grands indices boursiers, qui progressent plus rapidement que les profits des entreprises, ce qui les expose à une correction.

Le rythme de la campagne de vaccination aux Etats-Unis suscite également des interrogations alors que la pandémie continue de faire des ravages dans le pays, qui vient de dépasser les 400 000 morts de la Covid-19.

Sur le front économique, une reprise rapide de l'activité économique fait courir, à moyen terme, le risque d'une inflation galopante et, par conséquent, d'une hausse des taux d'intérêt.

Lors de sa dernière conférence de presse, le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a assuré que les taux directeurs de la banque centrale américaine, qui évoluent actuellement dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25%, n'allaient pour l'heure pas être relevés.

« Mais le marché se demande si l'inflation ne va pas grimper à un rythme tel que la Fed soit contrainte de modifier son programme », prévient Quincy Krosby.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.