Il y a quarante ans, les talents d’«artisan-diplomate» d’Alger résolvaient la crise des otages américains

Les otages américains, libérés de l'ambassade américaine de Téhéran, arrivent à l'aéroport d'Orly le 20 novembre 1979. De gauche à droite Westley Williams (3ème G), Elisabeth Montagne, Jean Walsh et Terry Redford (Photo, AFP/Archives)
Les otages américains, libérés de l'ambassade américaine de Téhéran, arrivent à l'aéroport d'Orly le 20 novembre 1979. De gauche à droite Westley Williams (3ème G), Elisabeth Montagne, Jean Walsh et Terry Redford (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Mardi 26 janvier 2021

Il y a quarante ans, les talents d’«artisan-diplomate» d’Alger résolvaient la crise des otages américains

  • Le 19 janvier 2021 a marqué le 40e anniversaire de la signature des accords d’Alger, négociés par le gouvernement algérien pour résoudre la crise des otages
  • «Il faut souligner que notre pays a toujours été présent dans les opérations de règlement des conflits entre les pays de la rive nord de la Méditerranée et ceux de la rive sud», indique Salah Benkobbi

ALGER: Le 19 janvier 2021 a marqué le 40e anniversaire de la signature des accords d’Alger (19 janvier 1981), négociés par le gouvernement algérien entre les États-Unis et la République islamique d'Iran pour résoudre la crise des otages, née de la prise de contrôle de l'ambassade américaine à Téhéran le 4 novembre 1979, et de la prise en otage de son personnel. 

À l’occasion de cette commémoration, le diplomate américain John Limbert a adressé un message de remerciement et de gratitude à l'Algérie et à son peuple. En tant qu'ancien otage il a tenu à saluer le rôle de la médiation algérienne. 

Deux femmes du deuxième groupe d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran tiennent une conférence de presse le 19 novembre 1979, deux jours après que l'ayatollah Khomeini a ordonné la libération de toutes les femmes et des otages noirs américains
Deux femmes du deuxième groupe d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran tiennent une conférence de presse le 19 novembre 1979, deux jours après que l'ayatollah Khomeini a ordonné la libération de toutes les femmes et des otages noirs américains (Photo, AFP/Archives)

Mais quel était le rôle de l’Algérie? Comment a-t-elle réussi à tisser une médiation si minutieuse et à convaincre deux parties antagonistes, connues pour leur totale discorde, à parvenir à un accord commun? 

Pour répondre à ces questions, Arab News en français a contacté le doyen des diplomates algérien et l’un des membres fondateurs de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), Salah Benkobbi. Ce dernier s’est remémoré, dans les détails, les faits et les actions entrepris par la «machine diplomatique algérienne». 

Prima facie, l’ancien diplomate a placé les négociations ardues conduites par la diplomatie algérienne visant à libérer les otages américains alors détenus en Iran dans le cadre plus large de l’engagement «fort» et «permanent» de l’Algérie en faveur de la paix et sa quête de résolution de nombreux conflits.  

Éviter le pire 

«Il faut souligner que notre pays a toujours été présent dans les opérations de règlement des conflits entre les pays de la rive nord de la Méditerranée et ceux de la rive sud», indique-t-il. 

Du haut de ses 88 ans, M. Benkobbi raconte qu’à l’époque, la tension entre les deux pays était à son comble. «On voulait éviter à tout prix une explosion», se souvient-il. Une explosion qui, selon lui, aurait eu des répercussions non seulement sur le plan régional mais aussi sur le plan mondial. 

C’est bien dans cet ordre d’idées que la diplomatie algérienne, poursuit-t-il, «s’est focalisée sur la question et s’est donné les moyens de réussir une mission de médiation qui était loin d’être évidente». 

Pour l’ancien ambassadeur, bien que l’Algérie ne soit pas une puissance majeure, elle a toujours pesé diplomatiquement dans la résolution des conflits. «Depuis son indépendance, notre pays s’est lancé dans une politique de bons offices; nous avons souvent été qualifiés de médiateur talentueux», souligne fièrement Salah Benkobbi. 

À propos du dénouement heureux, en 1981, à la faveur d’une médiation algérienne de la crise des otages américains retenus à Téhéran, notre interlocuteur a tenu à louer la compétence et la persévérance des diplomates algériens, qui sont parvenus à trouver un terrain d’entente entre deux positions apparemment éloignées. «Il faut dire que les autorités algériennes ont très bien analysé le paysage diplomatique et qu’elles ont réussi là où beaucoup de puissances ont échoué», se souvient M. Benkobbi. 

iran
L'ancien directeur d'Amnesty International Peter McBride arrive à Téhéran le 28 novembre 1979 en vue de négocier la libération des otages américains détenus à l'ambassade d'Iran. Le 4 novembre 1979, 400 étudiants islamistes ont pris en otage une cinquantaine de diplomates américains qui séjournaient à l'ambassade de Téhéran. (AFP). 
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Il affirme que la démarche de l’Algérie ne consistait pas à imposer une solution aux parties en conflit, mais à faciliter un dialogue entre elles, avec le souci d’associer le plus de partenaires possible au processus. «Le talent pour la négociation s’était raffermi durant les pourparlers d’Évian, période de gestation de la République algérienne. Il s’agit donc d’une diplomatie militante, prônant la souveraineté des États, le non-alignement et le soutien indéfectible aux mouvements de libération du continent et d’ailleurs», ajoute le diplomate. 

Seddik Benyahia, l’artisan 

Lors de cet entretien, Salah Benkobbi a tenu à rendre hommage au défunt diplomate Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères de l’époque. L’intervenant affirme que l’ancien ministre a dû déployer tout son savoir-faire pour parvenir à dénouer l’une les crises les plus difficiles qu’aura traversée le monde et surtout les Américains. «Il a été le seul à réussir une telle mission, et chacun le reconnaît, surtout les États-Unis, car il a été le principal négociateur dans la libération les otages», explique-t-il. 

Pour ce diplomate aguerri, Mohamed Seddik Benyahia a été l’artisan de la libération des cinquante-deux otages américains, «un coup de maître qui lui vaudra le respect de toute le communauté internationale». 

L’assassinat mystère 

Il note, par ailleurs, que l’Algérie a payé d’une façon ou d’une autre les contrecoups de cet accord avec l’assassinat de l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui a péri dans un accident d’avion survenu durant la nuit du 3 mai 1982, à cinquante kilomètres de la frontière entre la Turquie et l'Irak. Cette fin tragique demeure, jusqu’à présent, entourée de mystère. 

«Ce monument de la diplomatie algérienne a réussi à perpétuer la place et le rôle de l’Algérie dans le règlement les conflits. C’est lui qui a rédigé l’accord et qui a réussi à le faire signer par les deux parties», révèle le doyen des diplomates algériens. 

Quarante ans après l’accord d’Alger de 1981 et la libération des cinquante-deux otages américains, plusieurs aspects de ce document font curieusement écho à l’actualité, avec la crise en cours entre Washington et Téhéran. Les mots «non nucléaires», méticuleusement rédigés, et qui stipulent «la non-intervention des États-Unis dans les affaires intérieures iraniennes, la levée du gel des avoirs iraniens aux États-Unis, l’interdiction de sanctions économiques contre l’Iran et le paiement des dettes iraniennes auprès d’institutions américaines» auraient aujourd’hui, au moins sur le plan théorique, la faculté d’ajouter un certain équilibre consensuel à tout accord potentiel entre les deux parties. 


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com