Résultats encourageants pour les medicaments anti Covid-19 de Lilly et Regeneron

Cellule infectée par le coronavirus, observée au microscope (Photo, AFP).
Cellule infectée par le coronavirus, observée au microscope (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 27 janvier 2021

Résultats encourageants pour les medicaments anti Covid-19 de Lilly et Regeneron

  • L'association de deux anticorps de synthèse du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly contre la Covid-19 a réduit de 70% les hospitalisations et les décès chez des patients à haut risque
  • Faute de pouvoir pour l'instant proposer, le laboratoire français Sanofi va mettre en flacon celui de ses concurrents Pfizer et BioNTech et conditionner plus de 100 millions de doses

WASHINGTON: L'association de deux anticorps de synthèse du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly contre la Covid-19 a réduit de 70% les hospitalisations et les décès chez des patients à haut risque ayant été récemment testés positifs à la maladie, a affirmé la compagnie mardi.

Les résultats ont été qualifiés de « très encourageants » par Stephen Evans, un professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

« Il s'agit des premiers médicaments antiviraux qui marchent de manière prouvée lors de la première phase de la maladie, juste après que le virus a infecté une personne mais avant qu'il ait eu le temps de provoquer des dégâts », a-t-il ajouté.

L'entreprise de biotechnologie Regeneron a de son côté annoncé des résultats intérimaires positifs pour son essai de phase 3 sur le REGEN-COV, une combinaison de deux anticorps, pour une utilisation préventive, c'est-à-dire avant même qu'il y ait infection par le virus.

Grand potentiel

Concernant le traitement d'Eli Lilly, les résultats signifient que l'essai de phase 3 auquel ont participé 1 035 personnes a atteint son principal objectif ; l'étude a aussi atteint ses objectifs secondaires de réduire la charge virale des patients et leur temps de convalescence.

Les patients ont reçu soit un placebo, soit la combinaison bamlanivimab-etesevimab, les deux anticorps, à 2,8 grammes chacun.

Onze hospitalisations ont été enregistrées chez les patients ayant reçu le traitement, soit 2,1% de ce groupe.

Chez les personnes ayant reçu un placebo, il y a eu 36 décès ou hospitalisations, soit 7% de ce groupe.

Le traitement représente donc une réduction de risque de 70%. Le résultat est suffisamment important en termes statistiques pour signifier qu'il est peu probable qu'il soit dû au hasard.

Dix décès ont en tout été enregistrés, tous au sein du groupe ayant pris un placebo. Aucun ne s'est produit chez les personnes ayant pris le traitement.

« Le bamlanivimab et l'etesevimab, ensemble, ont le potentiel pour être un traitement important réduisant de manière significative les hospitalisations et la mort chez les patients Covid à haut risque », a déclaré le principal responsable scientifique du groupe, Daniel Skovronsky.

Le groupe pharmaceutique a indiqué qu'il allait continuer à étudier le traitement dans le cadre d'un autre essai pour voir si une dose inférieure produit le même effet.

Un article d'évaluation par les pairs est encore attendu.

Difficultés logistiques

Ces anticorps sont une version, fabriquée en laboratoire, des défenses immunitaires du corps humain.

Chez Regeneron, les données analysées portent sur environ 400 patients, dont la moitié a reçu 1,2 grammes du traitement par injection sous-cutanée, l'autre un placebo.

Sur les 223 patients ayant reçu le placebo, huit ont plus tard été infectés par la Covid-19 tout en présentant des symptômes, ce qui n'a été le cas d'aucune des 186 personnes ayant reçu le REGEN-COV, soit une réduction de 100% des infections symptomatiques. 

Le traitement a aussi réduit le taux général d'infection, avec ou sans symptômes, de 50%.

« Ces données sur l'utilisation du REGEN-COV comme vaccin passif suggèrent qu'il pourrait à la fois réduire la transmission du virus et réduire la charge virale et le fardeau de la maladie chez ceux qui sont quand même infectés », a dit George Yancopoulos, le président de Regeneron.

Donner des anticorps de synthèse peut aider les personnes présentant le risque de tomber gravement malades en raison d'une immunité faible ou d'antécédents médicaux.

Plusieurs scientifiques ont salué leur potentiel contre la Covid, et Eli Lilly ainsi que Regeneron ont reçu des autorisations d'utilisation en urgence pour leurs traitements.

 

Covid-19: Ecoles et propagation

Les écoles qui font respecter la distanciation physique, le port du masque, et d'autres précautions sanitaires n'ont pas constaté de propagation rapide du coronavirus en leur sein, a révélé une analyse américaine publiée mardi.

Les chercheurs, travaillant pour les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), ont passé en revue les données d'études ayant pour cadre des écoles dans trois Etats américains, et certains pays européens.

Leur analyse a été publiée mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

« Alors que beaucoup d'écoles ont rouvert leurs portes pour une instruction en présentiel dans certaines parties des Etats-Unis, ainsi qu'à l'international, des cas de Covid-19 liés au milieu scolaire ont été rapportés, mais il existe peu de preuves que les écoles ont contribué de manière significative à une augmentation des transmissions » au niveau local, ont-ils affirmé.

« La majorité des preuves existantes, portant sur le premier semestre scolaire, ont été rassurantes dans la mesure où le type de propagation rapide qui avait été fréquemment observé dans les lieux de cohabitation, ou les lieux de travail à forte fréquentation, n'est pas observé dans les milieux scolaires », ont soutenu les chercheurs.

Mais l'adoption d'un tel traitement a été limitée aux Etats-Unis par plusieurs facteurs, dont le manque d'intérêt de la part des patients ainsi que le manque de personnel et de capacités logistiques des hôpitaux pour les administrer.

Dans son communiqué, Eli Lilly reconnaît certaines de ces difficultés.

« Nous avons eu des retours de la part d'infirmiers et de médecins (...) concernant la complexité et le temps nécessaire pour la préparation et l'administration » du traitement, a affirmé Lilly, précisant travailler avec les autorités sanitaires américaines pour potentiellement réduire le temps d'administration par intraveineuse de 60 à 16 minutes.

Sanofi aide Pfizer et BioNTech

Sur un autre plan, celui du vaccin, et faute de pouvoir pour en proposer actuellement un contre la Covid-19, le laboratoire français Sanofi va mettre en flacon celui de ses concurrents Pfizer et BioNTech et conditionner plus de 100 millions de doses cette année à destination de l'Union européenne.

L'annonce de ce coup de pouce a été faite mardi par le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, après que le gouvernement français lui a demandé à plusieurs reprises, récemment, de mettre ses chaînes de fabrication à la disposition de ses concurrents. 

Dans un entretien publié sur le site internet du quotidien Le Figaro, Hudson explique que Sanofi va utiliser son usine allemande de Francfort pour conditionner le vaccin, qui lui sera fourni par ses concurrents à partir de juillet.

« Ce site de production étant situé à proximité du siège de BioNTech (à Mayence, NDLR), cela permettra de faciliter les choses », fait valoir le patron du groupe français.

La production sera destinée à l'Union européenne, et donc en partie à la France, a-t-il ajouté.

Cet accord survient au moment où plusieurs laboratoires rencontrent des difficultés pour tenir les cadences élevées nécessaires afin de respecter les contrats qu'ils ont signés.

Le groupe américain Pfizer et la biotech allemande BioNTech avaient les premiers prévenu mi-janvier qu'ils n'allaient pas pouvoir tenir le calendrier initialement fixé avec l'UE, avant de se dire en mesure de limiter à une semaine les retards de livraison.

La semaine dernière, c'était au tour du britannique AstraZeneca, dont le vaccin doit encore être approuvé dans l'Union européenne, d'indiquer que ses livraisons seraient moins importantes que prévu au premier trimestre, provoquant la colère de Bruxelles.

Mardi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a mis la pression sur les fabricants en affirmant qu'ils devaient « honorer leurs obligations ».

« L'Europe a investi des milliards pour développer les premiers vaccins et créer un véritable bien commun mondial. Maintenant, les entreprises doivent tenir leurs promesses », a-t-elle soutenu dans une intervention en vidéo au Forum économique mondial de Davos.

En réponse, le PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot, a assuré mardi soir au Figaro que son groupe « ne pren(d) certainement pas de vaccins aux Européens pour les vendre ailleurs avec profit » mais mis en avant des soucis de production qu'il a fallu régler.

« Fenêtre de lancement »

Bruxelles avait annoncé début janvier un nouvel accord avec le duo Pfizer-BioNTech, prévoyant une précommande ferme de 200 millions de doses supplémentaires de leur vaccin anti-Covid, assorti d'une option pour 100 millions de plus. Cela s'ajoutait au contrat déjà conclu portant sur 300 millions de doses du vaccin, autorisé depuis le 21 décembre par la Commission européenne. 

Concernant ses propres projets de vaccins, Paul Hudson assure que celui à protéines recombinantes, une technologie que Sanofi utilise pour son vaccin contre la grippe, « avance bien », malgré quelques mois de retard et devrait arriver sur le marché au dernier trimestre de 2021. Selon lui, une telle fenêtre de lancement a du sens car il restera encore des gens à vacciner dans le monde à ce moment-là. 

D'autre part, alors que plusieurs variants du virus responsable de la Covid-19 ont été identifiés et que des questions demeurent concernant l'efficacité des vaccins déjà commercialisés face à ces derniers, il considère que cette technologie « pourrait être plus efficace contre ces mutations » que l'ARN messager.

La laboratoire français développe tout de même un vaccin fondé sur cette dernière technologie, utilisée notamment par Pfizer et BioNTech, en partenariat avec une biotech américaine. « Nous pensons pouvoir entrer en phase clinique avec un vaccin ARN contre la Covid dès le premier trimestre de cette année », a espéré Paul Hudson.

Traditionnellement, développer un nouveau vaccin demande en moyenne dix ans, selon les spécialistes du secteur. Si Sanofi y parvenait pour la Covid-19 en l'espace de deux ans, cela resterait un temps exceptionnellement court, mais le laboratoire pâtit de la comparaison avec ses concurrents plus rapides. 

Ce délai a alimenté les questions concernant l'état de la recherche française, redoublées depuis l'annonce lundi par l'Institut Pasteur de l'arrêt du développement de son principal projet de vaccin contre la Covid-19 en collaboration avec le laboratoire pharmaceutique MSD, nom du géant américain Merck hors des États-Unis et du Canada.


Cyberattaques : Berlin a rappelé «pour consultations» son ambassadeur en Russie

L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff  (Photo, AFP).
L'ambassadeur allemand en Russie, Alexander Graf Lambsdorff (Photo, AFP).
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  • Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz
  • Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives

BERLIN: Berlin a indiqué lundi avoir rappelé pour consultations son ambassadeur en Russie, Alexander Graf Lambsdorff, après avoir accusé vendredi un groupe de hackeurs russes contrôlé par Moscou d'une récente campagne de cyberattaques.

L'ambassadeur "restera une semaine à Berlin puis retournera à Moscou", a indiqué lors d'un point presse régulier la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Kathrin Deschauer, ajoutant que le gouvernement prenait "très au sérieux" cet "acte contre (notre) démocratie".

Les gouvernements allemand et tchèque ont accusé vendredi le groupe APT28, dirigé par les services de renseignement de la Russie, d'une récente campagne de cyberattaques dans leur pays respectif. Des accusations jugées "infondées" par la Russie.

Attaques ciblées 

Une cyberattaque a notamment ciblé des adresses email de responsables du SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, selon le gouvernement.

Berlin a annoncé vendredi la convocation du chargé d'affaires de l'ambassade de Russie, "pour faire comprendre au gouvernement russe que nous n'acceptons pas ces actions".

Les pays occidentaux sont depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, en alerte maximum contre le risque d'attaques informatiques massives et d'opérations de désinformation orchestrées par la Russie.


Exercice américano-philippin contre une «invasion» en mer de Chine

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale (Photo, Fournie).
Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale (Photo, Fournie).
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  • Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les Etats-Unis, allié des Philippines
  • La semaine dernière, les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l'île occidentale de Palawan

LAOAG: Les troupes américaines et philippines ont tiré lundi des obus et des missiles sur une force d'"invasion" imaginaire pendant des exercices en mer de Chine méridionale, dans le nord des Philippines où les deux pays ont récemment accusé la Chine de "conduite dangereuse et déstabilisante".

Plus de 16.700 soldats américains et philippins participent à ces manoeuvres annuelles navales, terrestres et aériennes organisées jusqu'au 10 mai dans une zone où les incidents à répétition entre embarcations chinoises et philippines font craindre un conflit plus large.

Les soldats américains massés sur les dunes de la côte nord-ouest des Philippines, près de la ville de Laoag, à 400 kilomètres au sud de Taïwan, ont tiré plus de 50 obus de 155 millimètres sur des cibles flottantes à environ cinq kilomètres de la côte, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les troupes philippines ont enchaîné avec des tirs de roquettes vers les attaquants factices, avant que les deux forces ne finissent l'exercice avec des mitrailleuses, des missiles Javelin et d'autres salves d'artillerie.

Cet exercice à munitions réelles, baptisé "Balikatan" ("Epaule contre épaule" en tagalog, la langue philippine), vise à "se préparer au pire", a déclaré aux journalistes le commandant de la Première force expéditionnaire des Marines des Etats-Unis, Michael Cederholm.

"Il est conçu pour repousser une invasion", a-t-il ajouté sur le site de l'exercice, débuté le 22 avril dans plusieurs endroits des Philippines. "Notre flan nord-ouest est plus exposé", a détaillé à l'AFP le général philippin Marvin Licudine, dirigeant l'exercice pour la partie philippine. "A cause des problèmes régionaux, nous devons dès maintenant nous entraîner sur notre propre sol".

Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une importante route commerciale. Elle ignore un arbitrage international qui lui a donné tort en 2016, et y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine.

La semaine dernière, Manille a accusé les garde-côtes chinois d'avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine mais revendiqué par les Philippines.

Des exercices en forme de dissuasion 

Ces incidents font craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les Etats-Unis, allié des Philippines, et d'autres pays de la région, dans une période où la Chine renforce sa pression diplomatique et militaire autour de Taïwan.

La semaine dernière, les ministres de la Défense des Philippines, des Etats-Unis, du Japon et de l'Australie ont, à l'issue d'une réunion dans l'archipel américain d'Hawaï, publié un communiqué conjoint dénonçant la "conduite dangereuse et déstabilisante" de Pékin en mer de Chine méridionale.

"Les actions de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale sont légitimes, légales et irréprochables", avait auparavant affirmé le 12 avril le ministère chinois des Affaires étrangères.

La semaine dernière, les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l'île occidentale de Palawan, face aux îles Spratleys également disputées.

Selon l'armée américaine, il s'agissait d'une répétition du déploiement rapide du système Himars sur les côtes philippines bordées par la mer de Chine méridionale afin de "sécuriser et de protéger le territoire, les eaux territoriales et les intérêts de la zone économique exclusive des Philippines".

"Les exercices militaires sont une forme de dissuasion", a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, dans un discours prononcé en son nom par un assistant lors d'un atelier public vendredi. "Plus nous simulons, moins nous agissons."

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré lundi que son pays n'entendait pas "faire monter la tension" en mer de Chine méridionale.

"Nous ne suivrons pas les garde-côtes chinois et les navires chinois dans cette voie", a-t-il dit. "Nous n'avons pas l'intention d'attaquer qui que ce soit avec des canons à eau ou tout autre équipement offensif", a-t-il poursuivi, ajoutant que Manille continuera à utiliser exclusivement la voie diplomatique pour régler les différends avec Pékin.


La mésaventure d'un proviseur américain, cas d'école des dangers de l'IA

Les mots « Intelligence artificielle IA », miniature d’un robot et d’une main jouet sont représentés sur cette illustration prise le 14 décembre 2023 (Photo, Reuters).
Les mots « Intelligence artificielle IA », miniature d’un robot et d’une main jouet sont représentés sur cette illustration prise le 14 décembre 2023 (Photo, Reuters).
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  • Eric Eiswert, proviseur à Pikesville dans le Maryland, près de Washington, s'est retrouvé au coeur d'une violente polémique avec un enregistrement vocal
  • L'affaire, qui survient en pleine année électorale aux Etats-Unis, met en lumière la facilité avec laquelle les outils d'IA générative peuvent être employés pour nuire à tout un chacun

WASHINGTON: Après l'indignation provoquée dans un lycée américain par la diffusion de propos racistes attribués au proviseur, le vertige de découvrir que la bande sonore a été montée de toutes pièces. Cet épisode illustre les dangers d'une intelligence artificielle devenue accessible à tous.

Eric Eiswert, proviseur à Pikesville dans le Maryland, près de Washington, s'est retrouvé au coeur d'une violente polémique avec un enregistrement vocal -- qui se révélera un faux -- lui faisant prononcer des commentaires choquants contre des élèves juifs et des "enfants noirs ingrats".

L'affaire, qui survient en pleine année électorale aux Etats-Unis, met en lumière la facilité avec laquelle les outils d'IA générative peuvent être employés pour nuire à tout un chacun, et les difficultés auxquelles font face les autorités pour lutter contre de telles pratiques.

"Désormais, tout le monde est vulnérable", et non plus seulement les célébrités, alerte Hany Farid, professeur à l'Université de Californie à Berkeley (ouest).

"Il suffit d'une image pour ajouter une personne dans une vidéo, et 30 secondes d'audio pour cloner la voix de quelqu'un", poursuit le spécialiste en détection d'images et d'enregistrements manipulés numériquement, consulté par la police dans cette affaire.

Quand l'enregistrement fuite sur les réseaux sociaux en janvier, il devient rapidement viral. Une publication recueille des milliers de commentaires sur Instagram, et propulse l'école au coeur d'une polémique nationale.

Le militant des droits civiques DeRay McKesson réclame la démission du proviseur sur son compte X, suivi par près d'un million d'internautes. Il admettra s'être fait abuser.

Les messages haineux pleuvent sur les réseaux sociaux et les coups de fil menaçants se multiplient dans l'établissement. Le "monde serait meilleur si vous étiez sous terre", écrit ainsi un internaute au proviseur.

Ce dernier est placé en congés, son domicile mis sous protection. Contacté par l'AFP, il n'a pas répondu.

Vengeance 

"Je continue de m'inquiéter des dégâts provoqués par cette affaire", confie Billy Burke, directeur du syndicat représentant le proviseur.

Fin avril, Dazhon Darien, 31 ans, responsable sportif du lycée, a été arrêté par les autorités, accusé d'être à l'origine du faux. Les enquêteurs sont remontés jusqu'à lui grâce à l'adresse électronique qui a initialement partagé le fichier.

Il aurait agi pour se venger d'une enquête ouverte à son encontre par le proviseur sur des paiements suspects.

Le prévenu a mené des recherches sur des outils d'IA depuis le réseau informatique du lycée, selon l'acte d'accusation.

La bande sonore, selon l'analyse d'un expert consulté par la police, "contient des traces de contenu généré par l'IA, avec un montage humain a posteriori".

Cette affaire démontre la nécessité "d'adapter la loi aux avancées technologiques", a estimé le procureur local, Scott Shellenberger.

Les montages audio sont particulièrement difficiles à déceler. En janvier, un message diffusé par appels téléphoniques automatisés usurpant la voix du président Joe Biden incitait les électeurs démocrates de l'Etat du New Hampshire (nord-est) à s'abstenir lors des primaires pour du parti.

A Pikeville, l'affaire a secoué les habitants, "très proches les uns des autres", raconte Parker Bratton, l'entraîneur de golf du lycée.

"Il y a un seul président, mais il y a un million de proviseurs!", s'inquiète-t-il, "les gens se demandent +Que va-t-il m'arriver si quelqu'un décide tout simplement de détruire ma carrière?+".