Les élections palestiniennes auront-elles lieu?

Bien que le président palestinien, Mahmoud Abbas, ait présenté les élections comme une expression de la démocratie, elles n'auront lieu que si le processus semble aboutir à des résultats favorables au président de 85 ans (Photo, AFP)
Bien que le président palestinien, Mahmoud Abbas, ait présenté les élections comme une expression de la démocratie, elles n'auront lieu que si le processus semble aboutir à des résultats favorables au président de 85 ans (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Les élections palestiniennes auront-elles lieu?

  • Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a programmé le 15 janvier dernier les élections palestiniennes, avec l'approbation du Hamas
  • M. Abbas, président depuis 2005, année à laquelle il a succédé à feu Yasser Arafat, n'a donné aucune indication quant à sa candidature à sa réélection

JÉRUSALEM: Malgré les dissensions au sein de son parti, le Fatah, et de grandes probabilités d’échec, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a programmé le 15 janvier dernier les élections palestiniennes, avec l'approbation du Hamas. Mais, selon les analystes, elles pourraient ne jamais avoir lieu. 

En outre, la perspective d'une intervention israélienne destinée à faire échouer le scrutin et la persistance des tensions et des divisions entre le Hamas islamiste, qui dirige la bande de Gaza, et le Fatah, qui supervise l'autonomie en Cisjordanie, ne jouent pas en faveur de la tenue de ce scrutin qui serait le premier depuis la victoire éclatante du Hamas aux élections de 2006 du Conseil législatif palestinien (CLP). 

Alors que la cause palestinienne est au plus bas, dans un contexte de normalisation des relations de l’État hébreu avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc, et qu'une importante campagne de colonisation israélienne illégale est en cours dans la Cisjordanie occupée, M. Abbas a de bonnes raisons de profiter des élections pour faire preuve d'initiative et de réactivité vis-à-vis de sa nation, qui souhaite ces élections. Il cherche également à faire bonne impression sur la nouvelle administration Biden, après quatre années désastreuses de revers sous Donald Trump. 

M. Abbas, président depuis 2005, lorsqu’il succéda à feu Yasser Arafat, n'a donné aucune indication quant à sa candidature à sa réélection. Mais il est clairement impopulaire: 66 % des Palestiniens aimeraient le voir démissionner, selon un récent sondage du Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR). Le sondage indique que le leader du Hamas, Ismaël Haniyeh, le battrait si les deux hommes s'affrontaient. Mais il révèle également que le leader du Fatah, Marouane Barghouti, qui purge cinq peines de prison à vie dans les geôles israéliennes, gagnerait facilement la présidence s'il se présentait. 

Le sondage n'a donné au Fatah qu'un léger avantage sur le Hamas lors des élections parlementaires: 38 % contre 34 %. 

«Bien que M. Abbas ait présenté les élections comme une expression de la démocratie, elles n'auront lieu que si le processus semble aboutir à des résultats favorables au président de 85 ans», explique Hani Masri, directeur du groupe de réflexion Masarat de la ville d'al-Bireh en Cisjordanie. 

«C'est une manœuvre pour dire aux Palestiniens et au monde entier: “Je veux des élections”», explique M. Masri. «S'il pense que les résultats lui conviendront, il ira de l’avant. Sinon, il arrêtera tout et rejettera la faute sur Israël et le Hamas.» Selon M. Masri, il n'y a que 30 % de chances que ces élections aient lieu. Les législatives sont prévues pour le 22 mai et la présidentielle pour le 31 juillet, contrairement aux élections antérieures, qui se déroulaient le même jour. Cela signifie que, si M. Abbas n'est pas satisfait des résultats parlementaires, il peut annuler le scrutin présidentiel. 

Le Hamas, l'acteur le plus vulnérable

L’analyste de Cisjordanie Ghassan Khatib, professeur de communication politique à l'université de Beir Zeit près de Ramallah, estime que, si les élections parlementaires ont lieu, le Hamas l’emportera, en grande partie à cause des divisions au sein du Fatah. C'est la raison principale de sa victoire en 2006, lorsque des politiciens du Fatah, qui n'avaient pas eu le droit de se présenter aux élections par le comité central du mouvement, s’en étaient retirés afin de se présenter en tant qu'indépendants. «Ils n'ont pas beaucoup appris pendant toutes ces années», remarque M. Khatib. «Ils jouent à un jeu et, comme la dernière fois, ils ne gagneront probablement pas. S'ils se présentent sans être unifiés, ils perdront, et le Hamas l’emportera.» 

Les partisans de Mohammed Dahlan, dissident du Fatah en exil aux Émirats arabes unis, ont indiqué qu'ils allaient établir une liste indépendante s'ils étaient exclus de la liste officielle du Fatah. Et les analystes affirment que Barghouti et ses partisans pourraient faire de même s'ils étaient lésés. 

Cette semaine, Nasser al-Qidwa, membre du comité central du Fatah, s'est ouvertement opposé à M. Abbas, publiant une déclaration qui laisse entendre que le président cherche à former une liste commune avec le Hamas dans laquelle il y aurait parité entre les deux mouvements. Selon lui, cela priverait l'élection de tout sens. 

Malgré les divisions au sein du Fatah, Mukhaimar Abou Saada, politologue à l'université al-Azhar de Gaza, estime que le Hamas est l'acteur le plus vulnérable. Il perdra du terrain, parce que les Gazaouis ont connu une expérience amère avec le mouvement islamique au pouvoir, à la différence de 2006, où il s’agissait d’un groupe d'opposition non testé qui apparaissait comme une alternative propre au Fatah: «Cette élection pourrait changer la politique palestinienne. Le Hamas ne sera plus majoritaire au sein du CLP», prédit-il. 

Toutefois, Menachem Klein, éminent spécialiste israélien sur les questions relatives aux Palestiniens, qui travaille à l'université Bar-Ilan près de Tel Aviv, est d'accord avec M. Masri, l'analyste palestinien: le décret électoral de M. Abbas ne doit pas être pris au pied de la lettre. «Je doute qu'Abbas soit sérieux. C'est plutôt un appel du pied à Biden et à la communauté internationale» pour attirer leur attention sur la question palestinienne, estime-t-il. 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com