L’UE débloque 33 millions d'euros pour le Liban

Une femme tunisienne porte le drapeau libanais lors d'un rassemblement en solidarité avec les victimes de l'explosion de Beyrouth, le 6 août 2020, dans la capitale Tunis. (Fethi BELAID/AFP)
Une femme tunisienne porte le drapeau libanais lors d'un rassemblement en solidarité avec les victimes de l'explosion de Beyrouth, le 6 août 2020, dans la capitale Tunis. (Fethi BELAID/AFP)
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Publié le Vendredi 07 août 2020

L’UE débloque 33 millions d'euros pour le Liban

  • L’UE rappelle « le partenariat fort entre l'UE et le Liban, un pays d'importance stratégique qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant »
  • L’Italie, le Maroc et les Etats-Unis ont, comme la France, annoncé une aide humanitaire jeudi

BEYROUTH: L'Union européenne a annoncé jeudi avoir débloqué 33 million d'euros pour financer une première aide d'urgence en faveur du Liban et mobilisé des moyens matériels, dont un navire hôpital italien, pour aider les secours à Beyrouth, dévastée mardi par deux explosions.

Une conférence de donateurs est par ailleurs envisagée pour mobiliser des financements supplémentaires destinés à la reconstruction après une évaluation des besoins, a-t-on indiqué de source européenne.

Le déblocage des 33 millions doit permettre de couvrir les besoins immédiats des services de secours et des hôpitaux de la capitale, a précisé la Commission européenne.

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen s'est entretenue jeudi avec le Premier ministre libanais Hassan Diab pour parler de l'assistance de l'Union européenne.

Dans une lettre aux 27 membres de l'UE rendue publique jeudi soir, Mme von der Leyen et Charles Michel (président du Conseil européen) ont appelé les Etats membres à « intensifier leur soutien au Liban » à la fois « pour ses besoins immédiats, mais aussi à plus long pour la reconstruction du pays ».

Afin de permettre une aide « rapide et efficace, nous sommes prêts à assurer la synergie de l'aide que vous et l'UE dans son ensemble fourniront au Liban, à travers un mécanisme de coordination que les institutions de l'UE mettront en place », soulignent les deux responsables.

Ils rappellent « le partenariat fort entre l'UE et le Liban, un pays d'importance stratégique qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant », soulignant « l'intérêt commun à agir maintenant pour limiter les conséquences de la tragédie ».

Les pays européens se sont rapidement mobilisés. L'Italie a mis à disposition un navire militaire doté d'une capacité d'évacuation médicale par hélicoptère et d'équipements médicaux.

Ils ont par ailleurs mobilisé 250 pompiers spécialisés dans la recherche et le sauvetage, a-t-on appris de source européenne.

L'Italie s’est pour sa part déclaré favorable à « une réponse internationale », a déclaré jeudi soir le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio dans un entretien avec l'AFP à Rome.

« Il y aura certainement une réponse internationale et je suis heureux que des pays comme la France soient en première ligne pour aider le Liban », a affirmé le ministre italien au moment même où le président français Emmanuel Macron, en déplacement à Beyrouth, annonçait la tenue d'une conférence d'aide internationale pour le Liban « dans les tout prochains jours ».

« Nous accorderons tout notre soutien au gouvernement libanais, au peuple libanais qui vivait déjà un moment difficile sur les plans politique et économique », a promis M. Di Maio lors de cet entretien à la Farnesina, siège du ministère italien des Affaires étrangères.

« Nous sommes aux côtés du peuple libanais et nous travaillerons dans les prochains jours pour leur donner le plus grand soutien possible », a-t-il insisté.

« Ce qui s'est passé au Liban est une tragédie qui a frappé le peuple libanais, et de notre point de vue aider un pays ami comme le Liban signifie aussi arrêter un processus de déstabilisation et d'instabilité qui risque ensuite d'avoir des effets sur les migrations », a-t-il expliqué.

« Pour le moment, nous avons dépêché des pompiers, des militaires, des spécialistes et huit tonnes d'aide sanitaire », a-t-il précisé.

Le ministère italien des Affaires étrangères a annoncé jeudi après-midi le départ d'un vol humanitaire pour Beyrouth « en réponse aux demandes d'assistance des autorités libanaises ».

Ce vol, « qui transporte environ 8,5 tonnes de matériel sanitaire (kits chirurgicaux et kits de traumatologie) fait suite à un premier vol qui a transporté une équipe d'experts dans les domaines de la chimie, de la biologie, de la radiologie et du nucléaire ainsi que des spécialistes dans l'évaluation des dommages structurels des pompiers et des forces armées ».

Des aides marocaines et américaines

Sur ce plan, le Maroc a annoncé également jeudi l'envoi d'une aide d'urgence au Liban et le déploiement d'un hôpital de campagne à Beyrouth.

Le roi Mohammed VI a « donné ses instructions pour l'envoi d'une aide médicale et humanitaire d'urgence », selon l'agence marocaine de presse MAP.

Elle est composée de « médicaments de première urgence », de « produits alimentaires », de « tentes et couvertures pour l'hébergement des sinistrés » et de « matériel médical de prévention contre la Covid-19 », selon la même source. 

L'hôpital militaire de campagne comptera, lui, une centaine de personnes, dont « 14 médecins de diverses spécialités ».

Les déflagrations de mardi ont suscité au Maroc une vague de solidarité sur les réseaux sociaux, tandis que Mohammed VI a présenté un « message de condoléances et de compassion » au président libanais Michel Aoun.

Par ailleurs, l'armée américaine a annoncé avoir remis à son homologue libanaise une première cargaison d'eau, de nourriture et de médicaments au Liban.

Un avion militaire C-17 chargé de 11 palettes de produits alimentaires, d'eau et de matériel de secours est arrivé à Beyrouth, a indiqué le commandement central de l'armée américaine (Centcom) dans un communiqué.

« Deux autres C-17 en provenance de la zone de responsabilité du Centcom doivent livrer d'autres palettes de nourriture et d'eau dans les prochaines 24 heures », a précisé l'armée américaine.

Centcom « coopère étroitement avec l'armée libanaise pour qu'elle reçoive les cargaisons et qu'elle distribue les produits au peuple libanais », souligne le communiqué.

« Les Etats-Unis livrent de la nourriture, de l'eau et des produits médicaux aux Forces armées libanaises pour répondre aux besoins urgents du peuple libanais », a déclaré le commandant du Centcom, le général Frank McKenzie, cité dans le communiqué. 

« Nous coopérons étroitement avec l'armée libanaise et nous avons l'intention de continuer à fournir une assistance pendant les efforts de reconstruction », a-t-il ajouté.

Plus tôt, un porte-parole du Pentagone, Jonathan Hoffman, avait reconnu au cours d'une conférence de presse que les Etats-Unis étaient « bien conscients des inquiétudes » du peuple libanais, qui juge la classe dirigeante corrompue, et qu'ils feraient en sorte que l'aide « parvienne bien à ceux qui en ont le plus besoin ».

Provoquées mardi par l'explosion de tonnes de nitrate d'ammonium à l'abandon au port de Beyrouth, les énormes déflagrations, les pires vécues au Liban, ont fait plus de 130 morts et 5.000 blessés. 

Elles ont laissé sans abri des centaines de milliers de personnes, alors que des dizaines de personnes sont toujours recherchées.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.