A Wuhan, le mort emblématique du Covid-19 reste inconnu

Huang Genben, qui a passé 67 jours à l'hôpital pour combattre le coronavirus Covid-19 en 2020, fait du vélo dans une rue de Wuhan, dans la province centrale du Hubei, en Chine. (Hector RETAMAL / AFP)
Huang Genben, qui a passé 67 jours à l'hôpital pour combattre le coronavirus Covid-19 en 2020, fait du vélo dans une rue de Wuhan, dans la province centrale du Hubei, en Chine. (Hector RETAMAL / AFP)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

A Wuhan, le mort emblématique du Covid-19 reste inconnu

  • En Chine, la photo du "mort de Wuhan" a circulé sur les réseaux sociaux mais l'immense majorité des médias a passé l'affaire sous silence
  • L'inconnu a expiré devant un magasin de meubles désormais remplacé par un supermarché et une modeste boutique de loterie ouverte l'été dernier par Mme Huang, impassible malgré la nouvelle

WUHAN: L'image était devenue le symbole du chaos qui régnait à Wuhan aux prises avec le coronavirus: le corps d'un homme gisant plusieurs heures sur un trottoir avant d'être emporté par des secours nerveux et débordés.

La scène, capturée il y a pile un an par l'AFP, s'était produite à proximité d'un hôpital de la métropole chinoise à l'épicentre de l'épidémie.

Et si la cause du décès n'a jamais pu être établie, cet inconnu étendu sur le dos est néanmoins devenu à l'étranger le symbole d'une ville submergée par un mystérieux virus tueur. 

A Wuhan, depuis remise du Covid-19, ce décès, parmi des milliers d'autres, reste au contraire totalement méconnu. Y compris dans la rue où l'homme aux cheveux gris, qui portait un masque, a rendu son dernier souffle.

Il s'agit "certainement d'une rumeur ou d'un mensonge de médias étrangers", assure Yuan Shaohua, dont le magasin de fruits, situé à quelques dizaines de mètres des lieux du décès, était pourtant l'un des rares établissements du quartier ouverts ce jour-là, en plein confinement.

M. Yuan affirme "ne pas être au courant" du fait divers survenu au pied d'un immeuble typique des années 1990, dont le rez-de-chaussée est occupé par des commerces de proximité.

Dans une ville fantôme placée en quarantaine depuis une semaine, "les gens n'osaient pas sortir" de chez eux, se souvient l'homme de 46 ans, casquette blanche sur la tête. 

A l'époque, les rares passants préféraient ignorer le cadavre, évitant de s'en approcher par peur du virus.

'Respecter l'intimité'

En Chine, la photo du "mort de Wuhan" a circulé sur les réseaux sociaux mais l'immense majorité des médias a passé l'affaire sous silence.

Quelques jours plus tard, de rares articles - sans la photo - de la presse officielle ont évoqué les faits en donnant la parole à la soi-disant famille du défunt, un certain "M. Xie".

La famille citée assurait qu'il n'était pas malade du Covid et appelait "à respecter (son) intimité". L'âge de la victime n'était pas précisé. 

Son décès était survenu à quelques dizaines de mètres de l'Hôpital Numéro 6 de Wuhan... établissement qui accueillait alors des malades du coronavirus.

Et dans le contexte de l'épidémie, les secours et la police avaient pris à l'époque des précautions extrêmes avec la dépouille: le défunt était resté plus de deux heures sur le trottoir, avant d'être emporté par du personnel en combinaison intégrale.

Ce jour-là, au moins 15 ambulances, qui répondaient à d'autres appels, étaient passées à proximité sans s'arrêter.

A l'époque, comme un an plus tard, ni l'hôpital ni les autorités locales n'ont donné suite à une demande d'information sur l'identité de la victime et les causes de sa mort.

Et la dizaine de commerçants et riverains du quartier interrogés par l'AFP font part de leur incrédulité. 

'Propager des rumeurs'

La mort de cet homme, "je n'en avais jamais entendu parler", s'étonne Huang Shunxing, à la vue du cliché en question, pris pratiquement devant le pas de porte de cette commerçante proche de la cinquantaine. 

L'inconnu a expiré devant un magasin de meubles désormais remplacé par un supermarché et une modeste boutique de loterie ouverte l'été dernier par Mme Huang, impassible malgré la nouvelle. 

Ce rappel au drame d'il y a un an cadre mal avec le récit imposé par le régime communiste, qui tente de faire oublier le chaos des premières semaines de l'épidémie. Pékin insiste désormais sur la quasi éradication du virus sur le sol national, en contraste avec la situation dans le reste du monde.

A Wuhan désormais, "les affaires marchent bien!", sourit la dynamique gérante, qui était sans emploi voilà encore un an.

Vêtue d'un manteau noir et debout derrière un présentoir de tickets de jeu à gratter, elle se dit "ravie" d'avoir emménagé dans une ville désormais "sûre" sur le plan sanitaire.

Même perplexité de la part d'un de ses clients, M. Wang, 58 ans, pourtant très au fait des nouvelles du quartier.

Il assure avoir appris "très tôt", dès décembre 2019, l'existence d'une mystérieuse maladie grâce à des messages qui circulaient sur les réseaux sociaux.

Mais à quelques mètres de là, "le mort de Wuhan" ne lui a laissé aucun souvenir.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.