L'armée de l'Air et de l'Espace au défi de conserver «agilité et puissance»

Le général Philippe Lavigne (Photo, AFP).
Le général Philippe Lavigne (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 février 2021

L'armée de l'Air et de l'Espace au défi de conserver «agilité et puissance»

  • Le général Philippe Lavigne dévoile en interview sa vision stratégique de cette section de l’armée française
  • Rapports de force internationaux durcis, liberté d'action aérienne menacée : l'armée de l'Air et de l'Espace doit conserver «agilité et puissance» pour assumer ses missions

PARIS: Rapports de force internationaux durcis, liberté d'action aérienne menacée : l'armée de l'Air et de l'Espace doit conserver « agilité et puissance » pour assumer ses missions, explique son chef d'état-major, le général Philippe Lavigne, en dévoilant sa vision stratégique.

Q: Comment l'armée de l'Air et l'Espace compte-t-elle rester à la hauteur dans un contexte mondial de plus en plus compétitif et imprévisible ?

R: Nous constatons une désinhibition de l'emploi de la force, l'augmentation de niveau dans le déni d'accès avec les systèmes sol-air, des chasseurs de dernière génération... Un grand risque pèse sur notre liberté d'action. Nous devons maintenir notre supériorité aérienne pour pouvoir accomplir les missions confiées par nos plus hautes autorités : Sahel, Levant, Méditerranée, démonstrations de puissance, police du ciel, permanence de la dissuasion...

Cela demande des équipements modernes, de qualité. Les Rafale F3-R, avec leur radar AESA, nous offrent une très bonne détection, l'allonge du nouveau missile air-air Meteor offre une supériorité sur nos adversaires. Nous préparons le quatrième standard du Rafale, qui sera la première brique du système de combat aérien du futur (SCAF), avec une connectivité accrue.

Nous avons aussi besoin de l'espace. C'est une pièce maîtresse dans le domaine de l'imagerie et de l'écoute électro-magnétique. Il faut des moyens satellitaires capables de nous aider à voir puis fusionner plus vite l'information. Comme aux échecs, il y a des opportunités qu'il faut saisir le premier en décidant plus vite que son adversaire. 

Mais le rapport de force n'est pas seulement technologique, il se fait également en terme de masse. La Loi de programmation prévoit 129 Rafale en 2025. Dans un contexte de compétition de plus en plus féroce, nous pourrions être confrontés à la haute intensité. Or, plus vous avez de S400 (système russe de défense anti-aérienne), plus vos risques d'attrition augmentent. Sans un nombre suffisant d'appareils, très rapidement, vous allez vous replier sur la défense de votre territoire afin d'assurer l'essentiel : la défense aérienne et la dissuasion. 

Q: Comment adaptez-vous votre préparation opérationnelle à cette nouvelle donne?

R: Nous entraînons nos équipages dans un environnement le plus réaliste possible. Les Forces aériennes stratégiques (composante nucléaire aéroportée) ont récemment projeté des Rafale jusqu'à Djibouti et à leur arrivée, des Mirage 2000-5 ont cherché à les intercepter.

Nous menons aussi des projections de puissance, complexes à réaliser, comme la mission Skyros (du 20 janvier au 5 février, ndlr). Ces longues missions sont un défi pour les pilotes : après 10 heures de vol et une certaine fatigue, il faut se battre. C'est aussi un défi logistique, avec plusieurs escales à un rythme soutenu dans des pays « Rafale » : l'Inde, les Emirats, l'Egypte et la Grèce. Cette mission participe d'une montée en puissance vers 2023, pour démontrer que nous sommes capables de projeter 20 Rafale avec une dizaine de ravitailleurs en 48 heures à l'autre bout du monde. 

Il s'agit avant tout d'affirmer l'importance de la liberté d'action et de circulation dans l'espace aérien. L'objectif est de démontrer à ceux qui nous regardent de quoi nous sommes capables.

Q: Quels sont les enjeux en matière de ressources humaines?

R: Il n'y a pas de supériorité opérationnelle sans qualité et quantité d'aviatrices et d'aviateurs. Nous en recruterons 3 000 cette année après 3 000 l'an dernier. La montée en puissance se poursuit dans l'aviation de transport avec l'arrivée de l'A400M, dans le transport stratégique avec les nouveaux ravitailleurs Phénix. Il y a également de nouveaux besoins dans le renseignement et les drones, dans le spatial... 

Certaines spécialités sont en tension après un nombre important de départs imposés par les réformes précédentes : mécaniciens, personnels chargés des systèmes d'information et de communication aéronautique, commandos qui assurent la protection cruciale des bases aériennes... Nous devons également produire plus d'heures de vol.

Il y avait une très grande attractivité de l'aéronautique civile, certaine de nos pépites rejoignaient le secteur privé. Mais la crise provoquée par la pandémie a un peu changé la donne. Nous avons aussi offert à des aviateurs partis de revenir. Et nous avons proposé à certains pilotes de l'aviation civile de nous rejoindre.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.