Latifa Ibn Ziaten et Antonio Guterres co-lauréats du prix Zayed pour la fraternité

L’association « Imad pour la jeunesse et la paix » que ibn Zyaten a créée, lui permet d’apporter sa contribution à cette tâche, et de rester debout, tout comme son fils. (Photo fournie).
L’association « Imad pour la jeunesse et la paix » que ibn Zyaten a créée, lui permet d’apporter sa contribution à cette tâche, et de rester debout, tout comme son fils. (Photo fournie).
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Latifa Ibn Ziaten et Antonio Guterres co-lauréats du prix Zayed pour la fraternité

  • La cérémonie virtuelle de la remise des prix tenue jeudi à Abou Dhabi et présentée par le pape François et le grand imam d'Al-Azhar, aura lieu au Mémorial de Cheikh Zayed
  • Après l’assassinat de son fils, Latifa a fondé L'association IMAD pour la jeunesse et la paix, pour soutenir les jeunes dans les zones défavorisées et promouvoir le dialogue inter-religieux

BEYROUTH : Le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten sont les co-lauréats du prix Zayed pour la fraternité humaine en 2021.

La cérémonie virtuelle de la remise des prix tenue jeudi à Abou Dhabi et présentée par le pape François et le grand imam d'Al-Azhar, aura lieu au Mémorial de Cheikh Zayed, site qui commémore la vie et l'héritage du fondateur des EAU.

Le prix annuel est décerné par les Émirats Arabes Unis à des individus ou des entités qui «bâtissent des ponts, créent des liens entre des peuples divisés, et renforcent les relations humaines pour instaurer la paix, la coexistence et l'inclusion ».

Guterres a affirmé que la «discrimination, le racisme et la violence extrémiste continuent à augmenter (Photo, AFP). 

Guterres a félicité Ibn Ziaten pour «ses efforts dévoués pour soutenir les jeunes et promouvoir la compréhension», et a déclaré qu'il considère ce prix comme une reconnaissance du travail de l'ONU «pour faire progresser la paix et la dignité humaine chaque jour et partout dans le monde».

Guterres a aussi affirmé que la «discrimination, le racisme et la violence extrémiste continuent à augmenter, alimentés par la pandémie, une récession économique, une urgence climatique et des menaces continues à la paix et à la sécurité».

Pour sa part, Ibn Ziaten s’est déclarée «très touchée» de recevoir ce prix, un «grand honneur» qui l’aidera dans son «travail».

Ibn Ziaten, que Arab News en Français a eu l’opportunité de rencontrer fin 2020, à l’occasion de la publication de l’enquête Arab News en Français / YouGov intitulée «Comprendre la minorité marginalisée de France», avait affirmé que, à la suite de «l'assassinat de son fils, elle a voulu qu'il ne soit pas oublié». «La moitié de mon cœur est partie avec lui et je ne voulais pas qu'il soit oublié. Tout le travail que je fais me permet de voir mon fils grandir chaque jour à travers l'association», avait-elle confié, près de huit ans après la mort de son fils Imad à Toulouse. À 30 ans, le jeune homme était la première victime de Mohammed Merah qui tuera ensuite trois soldats, ainsi qu’un professeur et trois enfants dans une école juive.

 

Témoignage à Arab News en Français

Dans un témoignage à Arab News en Français en décembre 2020, Ibn Ziaten confie que «son constat le plus douloureux, c’est le manque d’amour que ressentent ces jeunes en perdition. Quand je leur parle d’amour, certains se mettent à pleurer; même chose, quand je parle de la présence des parents. Beaucoup sont livrés à eux-mêmes. Ils voient très peu leurs parents, et ne dialoguent pas avec eux».

Ibn Ziaten avait aussi indiqué que lorsqu’elle parle d’éducation, «les jeunes lui disent qu’ils sont découragés par le manque de moyens. Et quand elle parle de religion, ils se disent croyants, mais une fois que nous leur demandons s’ils savent ce qu’est la religion, la réponse est non…»

Selon elle, toute une chaîne doit se constituer autour de chacun de ces jeunes et concerner aussi bien l’école que la famille et l’entourage social.

Après l’assassinat de son fils, Latifa a fondé L'association IMAD pour la jeunesse et la paix, pour soutenir les jeunes dans les zones défavorisées et promouvoir le dialogue inter-religieux, afin de prévenir les dérives sectaires et extrémistes, il faut avant tout «investir dans l'accompagnement des jeunes», plaide-t-elle.  

Cette Franco-Marocaine de 61 ans multiplie rencontres et projets éducatifs pour accompagner les jeunes. Son association organise des interventions dans des écoles, des maisons d'arrêt ou encore des foyers, mais elle lance aussi des projets éducatifs, comme la restauration d'un musée au Maroc par «une vingtaine de jeunes en difficulté, issus d’un milieu social défavorisé» en 2018.

Dans ses nombreuses conférences, Latifa Ibn Ziaten raconte que sa volonté de «tendre la main vers l'autre» lui est venue après une discussion avec des jeunes, dans le quartier de Toulouse où habitait Mohammed Merah, 23 ans, avant d'être tué par la police.

«Ils m'ont dit: «Madame, vous ne regardez pas la télé? Mohammed Merah, c'est un martyr». Là je me suis dit qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je leur ai demandé: «Comment pouvez-vous dire que c'est un martyr? C'est un assassin. Je suis la mère d'Imad». J'ai vu leur visage changer, «on est vraiment désolé, mais regardez où on habite. La République nous a oubliés», m’ont-ils répondu».

Pour Latifa Ibn Ziaten, le «piège» de la radicalisation plane au-dessus des jeunes «livrés à eux-mêmes», «fatigués et rejetés de partout». 

«Il faut réussir à savoir ce qu'il se passe dans la tête d'un jeune et quelles solutions on peut lui proposer», résume-t-elle. «Quand vous n'avez pas les chances à disposition pour réussir, quelqu'un peut vous récupérer».

L'accompagnement quotidien des enfants placés en foyer est l’un des enjeux clefs, juge-t-elle, tout comme l'accès à des travailleurs sociaux dans tous les établissements scolaires et la réinsertion des détenus à leur sortie de prison.

Si elle salue «le travail» fait par le gouvernement, notamment sur la fermeture de certaines mosquées soupçonnées de prôner un islam radical, Latifa Ibn Ziaten prône surtout l'engagement des citoyens.

La femme aux fossettes rieuses explique d'un ton calme le principe fondateur de sa démarche: «Tant qu'un enfant est en difficulté, il ne faut pas lâcher».

(Avec Ephrem Kossaifiy Arab News, et AFP)

 


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.