F. Gouyette: France-Algérie, une relation profonde, douloureuse, qui s'inscrit au présent

Mon attachement à cette région a commencé très tôt. Il me vient de mon histoire familiale, affirme François Gouyette à Arab News en français. (Photo fournie).
Mon attachement à cette région a commencé très tôt. Il me vient de mon histoire familiale, affirme François Gouyette à Arab News en français. (Photo fournie).
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Publié le Mardi 16 février 2021

F. Gouyette: France-Algérie, une relation profonde, douloureuse, qui s'inscrit au présent

  • Liées pour toujours par l’histoire, la France et l'Algérie sont aujourd’hui de grands partenaires en termes d'éducation, de culture et de diplomatie
  • C'est pour aborder ces liens et les problématiques qui en découlent qu'Arab News en français est allé à la rencontre de François Gouyette, Ambassadeur de France en Algérie

PARIS: Liées pour toujours par l’histoire, la France et l'Algérie sont aujourd’hui de grands partenaires en termes d'éducation, de culture et de diplomatie. Mais pour l’historien Benjamin Stora, les plaies du passé doivent être soignées par la réconciliation des mémoires françaises des crimes commis en Algérie et la réconciliation des peuples respectifs d’aujourd’hui. La mission Stora, confiée par le président Emmanuel Macron, montre la détermination à aller de l’avant avec l’Algérie. C'est pour aborder ces problématiques qu'Arab News en français est allé à la rencontre de l'ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette. 

Le président Emmanuel Macron a exprimé à maintes reprises sa volonté de donner un nouvel essor aux relations franco-algériennes, comment qualifiez-vous l’état actuel de ces relations ?

L’Algérie et la France entretiennent des liens solides d’amitié. Notre relation s’inscrit dans une histoire longue et profonde, douloureuse également, il faut le reconnaître, mais elle s’écrit aussi et surtout au présent. Elle est très vivante : nos deux pays sont liés par des rapports humains multiples par-delà la Méditerranée. C’est une relation étroite qui unit au quotidien les sociétés civiles (étudiants, entrepreneurs, chercheurs, artistes, intellectuels) dont les projets sont autant de ponts entre nos deux pays. 

Comme vous le voyez, la relation entre la France et l’Algérie ne se limite pas aux échanges politiques, elle est très concrète et bénéficie directement aux populations des deux pays. 

François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie

L’Algérie est pour la France un partenaire majeur. D’abord parce que ce pays est une puissance de premier plan en Afrique, une puissance d’équilibre dont la diplomatie joue un rôle utile en faveur du dialogue, en particulier, dans les crises régionales. Ensuite, parce que notre relation est riche et multiple, et que nos intérêts communs sont nombreux: les échanges humains, éducatifs, scientifiques, la coopération économique, les enjeux sécuritaires pour lutter ensemble contre le terrorisme, et la concertation diplomatique afin d’œuvrer ensemble à la résolution des crises régionales.

Nos rapports bilatéraux connaissent un nouvel élan. Les deux chefs d’Etat ont noué une relation de confiance et se parlent régulièrement depuis leur rencontre à Berlin, en janvier 2020. Les échanges à niveau ministériel se sont intensifiés, avec les visites à Alger de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, en octobre dernier, et Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, en novembre. Nous préparons la tenue d’un Comité intergouvernemental de Haut niveau au premier semestre 2021. Cette instance, qui réunit nos Premiers ministres respectifs et plusieurs membres de nos gouvernements, apportera une nouvelle impulsion politique à la coopération franco-algérienne.

La France est très engagée aux côtés de l’Algérie. Notre ambassade à Alger dispose d’un budget de coopération de 6 millions d’euros, l’un des tout premiers du réseau diplomatique français. La coopération universitaire et scientifique, en particulier, est très dynamique: il y a 250 accords actifs entre les universités et laboratoires de nos deux pays. En matière de coopération institutionnelle, des dizaines de projets sont financés, chaque année, à parité avec le gouvernement algérien. La France partage ainsi son expertise avec l’Algérie dans des domaines aussi variés que la santé, l’agriculture, la protection de l’environnement, le sport ou la préservation du patrimoine. Des milliers d’Algériens de tous âges fréquentent chaque année les cinq instituts français de Tlemcen, Oran, Alger, Annaba et Constantine. Nous développons d’ailleurs de plus en plus de programmes et d’événements bilingues, en français et en arabe. Nous œuvrons également au rapprochement entre les associations des deux rives de la Méditerranée afin de soutenir les initiatives de la société civile en matière d’insertion économique et sociale des jeunes, de promotion de la citoyenneté et de développement durable. 

Comme vous le voyez, la relation entre la France et l’Algérie ne se limite pas aux échanges politiques, elle est très concrète et bénéficie directement aux populations des deux pays. 

Le rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie a été récemment publié à Paris. Dans quelle mesure ce rapport pourra-t-il contribuer à l’apaisement des mémoires liées à cette période ? 

La remise du rapport de Benjamin Stora sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie s’inscrit dans la continuité du travail de reconnaissance historique mené par le président de la République depuis le début de son quinquennat. Depuis son élection, le président Macron a engagé une démarche de reconnaissance lucide des crimes commis durant la période coloniale dans une volonté sincère d’apaisement des mémoires, en France comme dans notre relation avec l’Algérie.

Le chef de l’État a accompli à cet égard plusieurs gestes courageux et concrets. En septembre 2018, il a reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort de Maurice Audin et, au-delà, l’utilisation de la torture dans le cadre d’un système légal institué par ce qu’on appelait alors «les pouvoirs spéciaux». La remise à l'Algérie des restes mortuaires de combattants algériens conservés au musée de l'Homme a constitué, en juillet 2020, un autre acte fort, en réponse à une demande des autorités et de la société algériennes. 

La mission Stora entend dresser un état des lieux précis du regard porté sur les enjeux mémoriels de part et d’autre de la Méditerranée. L’historien plaide pour un travail de reconnaissance des faits afin d’amorcer l’œuvre de réconciliation des mémoires qui prendra nécessairement du temps. 

Ce travail comprend deux volets, qui doivent être distingués

- Le premier porte sur la réconciliation des mémoires françaises de la colonisation et de la guerre d’Algérie, qualifiées par M. Stora dans son rapport de «mémoire du malaise», entre déni et non-dits.

- Le second s’inscrit dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algérien, passant, à la fois, par des mesures symboliques et des actes concrets. 

Benjamin Stora formule plusieurs recommandations qui visent à favoriser cette nécessaire réconciliation des mémoires. Il propose, en particulier, la création d’une Commission «Mémoires et vérité» qui serait chargée d’impulser des initiatives communes entre la France et l’Algérie et d’assurer un suivi des préconisations de son rapport.

Le président de la République n’a été ni acteur, ni témoin engagé de cette période. Aucun chef de l’État avant lui n’a affiché autant d’ambition en matière de réconciliation mémorielle et de détermination à aller de l’avant avec l’Algérie, tout en regardant notre passé douloureux avec lucidité. Il a engagé cette démarche en toute transparence et dans un dialogue confiant avec son homologue algérien.

Comment voyez-vous l’évolution du conflit autour du Sahara occidental depuis la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur l’enclave par le président américain sortant Donald Trump ?

La France suit la situation avec attention. Nous avons appelé à la retenue et à la reprise du processus politique. Le conflit au Sahara occidental n'a que trop duré et fait peser un risque permanent de tensions, comme nous l’avons vu récemment à Guerguerate. La France est attachée à la recherche d'une solution politique dans le cadre de la légalité internationale. Elle est, sur cette base, favorable à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans cette perspective, elle considère le plan d'autonomie marocain comme une base de discussions sérieuse et crédible. Nous appelons de nos vœux la désignation rapide d’un envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies en vue de relancer le processus politique.

La mission Stora entend dresser un état des lieux précis du regard porté sur les enjeux mémoriels de part et d’autre de la Méditerranée. L’historien plaide pour un travail de reconnaissance des faits afin d’amorcer l’œuvre de réconciliation des mémoires qui prendra nécessairement du temps. 

François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie

En fin connaisseur de la région du Maghreb, où vous n’êtes pas à votre premier poste, quel bilan faites-vous de votre expérience dans la région ?

Je suis très attaché à cette région dans laquelle j’ai servi et continue de servir depuis quarante ans. J’ai tissé avec nombre de ses habitants des liens d’amitié durables et me suis également intéressé aux cultures du Maghreb, qu’il s’agisse de littérature, de musique, de cinéma ou de beaux-arts.

J’ai été en poste dans les pays du Maghreb à des moments cruciaux. En Libye, notamment, où j’ai été ambassadeur de 2008 à 2011, puis en Tunisie, que j’ai rejointe en 2012, alors que ce pays connaissait une expérience démocratique unique. Je suis arrivé en Algérie après le mouvement populaire du Hirak, que le monde a observé avec admiration et qui a indéniablement ouvert une nouvelle phase pour ce pays.

Pour un diplomate, c’est à la fois une chance et une immense responsabilité que de servir son pays lorsque l’Histoire est en marche. J’ai le sentiment de l’avoir fait en me montrant toujours ouvert au dialogue avec l’ensemble du spectre politique, soucieux de ne négliger aucune sensibilité au sein de la société, de ne porter aucun jugement a priori. La mission d’un diplomate, c’est de parvenir à une vision d’ensemble des évolutions en cours pour être en mesure de les décrypter de la manière la plus juste possible. C’est aussi de construire des relations de confiance avec les acteurs politiques et la société civile. Cette confiance constitue une assise pour le développement des relations entre les gouvernements, lesquelles peuvent être, à leur tour, fructueuses pour nos peuples respectifs.

Vous êtes considéré comme l’un des diplomates qui éprouvent une attirance particulière pour le Maghreb et le Moyen-Orient, pouvez-vous nous dire d’où vient cette attirance ?

Mon attachement à cette région a commencé très tôt. Il me vient de mon histoire familiale. Mon père a passé une partie de son enfance en Algérie, en Kabylie, d’abord, à Constantine, ensuite, et, enfin à Alger, qu’il a quittée en 1950 pour poursuivre ses études en France. Parfaitement intégré au milieu de ses camarades algériens, il a appris l’arabe dialectal et le kabyle et a conservé de cette période un attachement profond pour ce pays. Au début des années 1970, j’ai découvert l’Algérie où ma famille avait conservé des amitiés fortes. L’adolescent que j’étais y a, par la suite, passé ses vacances estivales et s’est familiarisé avec ce pays, ses habitants, ses langues et sa culture.

Pour un diplomate, c’est à la fois une chance et une immense responsabilité que de servir son pays lorsque l’Histoire est en marche. J’ai le sentiment de l’avoir fait en me montrant toujours ouvert au dialogue avec l’ensemble du spectre politique, soucieux de ne négliger aucune sensibilité au sein de la société, de ne porter aucun jugement a priori.

François Gouyette, ambassadeur de France en Algérie

Vous êtes également passionné par la langue arabe, que vous maîtrisez parfaitement. Quelle est l’origine de cette passion ?

L’Algérie a naturellement été ma porte d’entrée dans la langue arabe, que j’ai ensuite étudiée en France pendant six ans à l’université. Ce choix a été un élément déterminant dans ma carrière diplomatique. J’ai, d’ailleurs, tenu, dès mon arrivée à Alger, à instituer une programmation bilingue, en arabe et en français, dans nos instituts culturels, où chacun est le bienvenu. Un nouveau cycle de débat d’idées en langues arabe et française, «les Rencontres Ibn Khaldoun» s’est, ainsi, ouvert, il y a quelques jours, à l’Institut français d’Alger. Des concerts mettant à l’honneur la musique arabo-andalouse seront également organisés.

Qu’en est-il de votre autre passion pour la musique arabe, notamment nord-africaine, dont vous possédez une collection d’enregistrements rares ?

J’éprouve, en effet, un vif  intérêt pour la musique arabe, en général, et pour  les musiques du Maghreb, en particulier. À la faveur de mes séjours en Algérie, mais aussi au Maroc, en Tunisie et en Libye, j’ai découvert la musique arabo-andalouse et ses différentes écoles. Je me suis particulièrement intéressé aux genres musicaux qui en sont issus: le Hawzi de Tlemcen et son jumeau du Maroc oriental, le Gharnati; le Chaâbi d’Alger; le Malouf, dans ses variantes constantinoise, tunisienne et libyenne. Au Moyen-Orient, le Maqam irakien représente pour moi la quintessence de la musique arabe classique.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.