Les taxis jaunes, une institution new-yorkaise en voie de disparition?

La plupart des chauffeurs de taxi new-yorkais, majoritairement des immigrés de première génération, n'ont ni sa chance, ni sa bonne humeur face à l'évaporation de leur gagne-pain (Photo, AFP).
La plupart des chauffeurs de taxi new-yorkais, majoritairement des immigrés de première génération, n'ont ni sa chance, ni sa bonne humeur face à l'évaporation de leur gagne-pain (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 15 février 2021

Les taxis jaunes, une institution new-yorkaise en voie de disparition?

  • L'arrivée de la concurrence d'Uber, Lyft, et autres applications de chauffeurs VTC, avaient déjà drastiquement entamé leurs revenus, qui pouvaient auparavant dépasser les 7 000 dollars mensuels à condition de travailler de longues heures
  • Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, promet d'aider les taxis - à condition que les caisses de la ville, asséchées par la pandémie, soient renflouées par le gouvernement fédéral

NEW YORK: Ils étaient omniprésents dans les rues de New York, jour et nuit, aussi emblématiques de la «Grosse Pomme»que l'Empire State Building ou les casquettes des Yankees. Mais après un an de pandémie, les taxis jaunes sont devenus rares, et leur avenir semble incertain.

Un matin de février sur un parking proche de l'aéroport new-yorkais de La Guardia: une cinquantaine de «yellow cabs» font patiemment la queue, dans un froid de canard, avant de pouvoir aller charger un client à l'un des terminaux.

Avant la pandémie, «il y avait des centaines de taxis jaunes sur ce parking, on faisait la queue jusque dehors et on attendait 20 minutes. Maintenant, on est 50, et on attend deux heures», dit Joey Olivo, vétéran des rues new-yorkaises, avec 30 ans de taxi derrière lui.

Télétravail généralisé dans les quartiers d'affaires, fermeture des écoles, tourisme à l'arrêt: le nombre de courses a chuté, pour lui comme pour tous les chauffeurs new-yorkais.  

«C'est dur: mes revenus ont baissé de 80%, je gagnais peut-être 1 000 dollars par semaine, je suis à 200-300 dollars», dit-il.

Sans sa femme infirmière, qui elle continue à «bien gagner sa vie», «je me serais passé une corde autour du cou», dit ce sexagénaire de Brooklyn, jovial malgré tout, derrière son masque.

«Chute libre»

La plupart des chauffeurs de taxi new-yorkais, majoritairement des immigrés de première génération, n'ont ni sa chance, ni sa bonne humeur face à l'évaporation de leur gagne-pain.

L'arrivée de la concurrence d'Uber, Lyft, et autres applications de chauffeurs VTC, avaient déjà drastiquement entamé leurs revenus, qui pouvaient auparavant dépasser les 7 000 dollars mensuels à condition de travailler de longues heures, sept jours sur sept.

Mais avec la pandémie, «c'est la chute libre», résume Richard Chow, 62 ans, originaire de Birmanie.

Lui n'est pas le plus désespéré car il a acheté sa licence - appelée «médaillon» à New York - dès 2006, pour 410 000 dollars. 

Dans les années qui ont suivi, les prix des médaillons se sont envolés, gonflés par une nébuleuse de banquiers, d'investisseurs ou d'avocats. En 2009, son frère cadet, Kenny Chow, payait le sien 750 000 dollars. En 2014, les médaillons atteignaient le million de dollars. 

Le succès d'Uber et consorts a fait éclater cette «bulle». Et condamné des milliers de chauffeurs, qui avaient acheté à crédit des médaillons au prix fort, à la faillite ou l'endettement à vie.

Kenny Chow s'est suicidé en 2018, comme au moins sept autres chauffeurs cette année-là, soulignant leur situation souvent dramatique.

C'est dans ce contexte qu'est survenue la pandémie et ses «effets dévastateurs», explique Bhairavi Desai, directrice de la Taxi Workers Alliance, syndicat des chauffeurs new-yorkais.

«Avant la pandémie, les courses étaient en baisse de 50%. Depuis la pandémie, on est proche des 90%», dit-elle.

A l'instar des aéroports, «les quartiers de la ville les plus désertés sont les quartiers de Manhattan dont dépendent les chauffeurs pour leurs revenus», dit-elle.

Icône culturelle 

D'où la raréfaction des taxis jaunes: s'il y a toujours quelque 13 000 médaillons attribués, seuls 5 000 d'entre eux tournent régulièrement en ce moment, selon le syndicat. 

Quelque 7 000 autres ne sortent plus de leur garage: les faire sortir n'est plus rentable, explique William Pierre, chauffeur originaire d'Haïti.

Lui continue à rouler, même si ses recettes quotidiennes ne dépassent guère 100 à 150 dollars - qu'il partage à 50/50 avec la société qui lui loue la voiture. 

«Je ne veux pas rester chez moi, je veux être dehors et nourrir ma famille», dit-il. 

Alors, les taxis jaunes - qui ont supplanté, dans les années 60, les taxis à damier - sont-ils condamnés à disparaître?

Joey Olivo comme William Pierre pensent que les affaires finiront par reprendre. Même s'ils s'accordent à dire que «ce ne sera plus jamais comme avant»

Bhairavi Desai, elle, craint qu'ils «disparaissent progressivement» si la mairie n'efface pas les dettes des chauffeurs. Son syndicat multiplie les manifestations, et des dizaines d'entre eux ont bloqué brièvement mercredi la circulation sur le fameux Brooklyn Bridge.   

«Partout dans le monde (...), vous savez que vous êtes à New York quand vous voyez un taxi jaune», dit-elle. "C'est une icône culturelle (...), un service 24h/24 qui fait partie intégrante du tissu économique, social et culturel de cette magnifique ville».

Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, promet d'aider les taxis - à condition que les caisses de la ville, asséchées par la pandémie, soient renflouées par le gouvernement fédéral. 

«Nous voulons aider les chauffeurs mais il nous faut (...) un plan d'aide», déclarait-il mercredi. S'il se concrétise, «cela ouvrira la porte à une solution».  


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.