A l'Opéra de Paris, une metteuse en scène bien dans son temps

Lotte de Beer: A mesure qu'elle prend de l'importance dans le paysage lyrique, elle se sent paradoxalement "plus marginalisée" dans un milieu encore dominé par le "patriarcat", avec certaines maisons d'opéra "qui ne la prennent pas au sérieux". Sa nomination au Volksoper est d'autant plus importante à ses yeux car elle "pourra établir ses propres règles". (AFP).
Lotte de Beer: A mesure qu'elle prend de l'importance dans le paysage lyrique, elle se sent paradoxalement "plus marginalisée" dans un milieu encore dominé par le "patriarcat", avec certaines maisons d'opéra "qui ne la prennent pas au sérieux". Sa nomination au Volksoper est d'autant plus importante à ses yeux car elle "pourra établir ses propres règles". (AFP).
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Publié le Jeudi 18 février 2021

A l'Opéra de Paris, une metteuse en scène bien dans son temps

  • Primée comme révélation par les "International Opera Awards" en 2015, la Néerlandaise de 39 ans est invitée par les grandes scènes européennes et fait ses débuts à l'Opéra de Paris
  • Voulant collaborer avec une artiste qui "voit le monde d'une autre perspective", elle s'est tournée vers la plasticienne zimbabwéenne Virginia Chihota dont le travail porte sur "le corps de femmes noires marginalisées"

PARIS: Elle a emmené "la Traviata" à un festival de rock, tente d'attirer les jeunes vers le lyrique et s'apprête à présenter une Aïda très "XXIe siècle" à l'Opéra de Paris: la metteuse en scène Lotte de Beer n'a pas froid aux yeux.


Primée comme révélation par les "International Opera Awards" en 2015, la Néerlandaise de 39 ans est invitée par les grandes scènes européennes et fait ses débuts à l'Opéra de Paris mais aussi cet été au prestigieux Festival d'Aix-en-Provence (France) avec une nouvelle version des "Noces de Figaro".


Elle a été nommée il y a quatre mois future directrice artistique du Volksoper, l'Opéra populaire de Vienne, alors que les femmes à la tête d'une grande institution lyrique sont rares en Europe.


A l'occasion d'une captation en direct de l'Opéra Bastille (jeudi soir sur Arte), cette artiste expérimentale ne manquera pas d'étonner avec une version originale d'"Aïda", opéra de Verdi créé en 1871 et qui raconte les amours compromis d'Aïda, princesse éthiopienne captive, et du général égyptien Radamès.


Cette nouvelle production lyrique est la première à l'Opéra depuis la pandémie. Lotte de Beer a dû s'adapter, notamment pour les artistes du choeur qui doivent être à distance.

 "Prise de conscience" 

La metteuse en scène place l'oeuvre dans son contexte colonial, en utilisant "la métaphore d'un musée du XIXe siècle où des objets d'art pillés sont montrés aux Occidentaux", explique-t-elle à l'AFP. Exit l'imagerie de l'Egypte antique présente dans les productions traditionnelles aux spectacles pharaoniques.


"Pour représenter Aïda aujourd'hui, il faut raconter deux histoires, celle de la loyauté à la patrie, de la princesse devenue esclave, du triangle amoureux, mais aussi l'histoire de l'oeuvre", dit-elle. L'oeuvre doit être "relue avec cette prise de conscience actuelle en Occident" sur le passé colonial, non pas pour le condamner mais pour "le regarder d'une manière qui ne soit pas idéalisée".


Les relectures d'opéra sont très courantes depuis le XXe siècle, avec leur lot d'éloges et de polémiques. Lotte de Beer n'est pas la première à prendre ses distances avec l'exotisme d'Aïda, mais elle y ajoute une nouvelle dimension, en doublant la soprano qui chante le rôle-titre d'une marionnette.


Voulant collaborer avec une artiste qui "voit le monde d'une autre perspective", elle s'est tournée vers la plasticienne zimbabwéenne Virginia Chihota dont le travail porte sur "le corps de femmes noires marginalisées". Sur la base de ses croquis, le marionnettiste Mervyn Millar a conçu une marionnette qui va prendre le devant de la scène.


Et, clin d'oeil à la vision occidentale du monde, des figurants font une reconstitution "vivante" de célèbres toiles de Delacroix ou de David sur "La marche triomphale", l'air le plus connu d'Aïda.

Traviata remixée et gospel 

Cette production intervient alors que l'Opéra de Paris a entamé un débat qui a fait couler beaucoup d'encre sur la diversité et la contextualisation des oeuvres du passé.


Lotte de Beer dit s'attendre à des critiques que ce soit "de gens qui pensent que ces opéras doivent être montés comme au XIXe siècle et d'autres qui estiment qu'ils ne doivent plus être montrées. "Le théâtre a toujours besoin d'être actualisé", assure-t-elle.


Une actualisation nécessaire pour "créer des liens avec le jeune public", son principal cheval de bataille depuis qu'elle a créé sa propre compagnie Operafront.


En 2016, elle emmène une Traviata "remixée" au festival pop-rock de Lowlands, aux Pays-Bas. "Les gens avaient ramené leur bière et n'étaient pas du tout silencieux", se souvient-elle, amusée. "Petit à petit, le silence s'est fait et à la fin, on a entendu des spectateurs pleurer". Une autre fois, elle a fait venir des chanteurs de gospel sur une autre production d'Aïda.


A mesure qu'elle prend de l'importance dans le paysage lyrique, elle se sent paradoxalement "plus marginalisée" dans un milieu encore dominé par le "patriarcat", avec certaines maisons d'opéra "qui ne la prennent pas au sérieux". Sa nomination au Volksoper est d'autant plus importante à ses yeux car elle "pourra établir ses propres règles".


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com