Le régulateur américain de nouveau sur la sellette suite à l'avarie du Boeing 777

Plusieurs incidents récents du Boeing 777 présentent des similitudes (Photo, AFP).
Plusieurs incidents récents du Boeing 777 présentent des similitudes (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 février 2021

Le régulateur américain de nouveau sur la sellette suite à l'avarie du Boeing 777

  • Le gendarme du transport aérien aux Etats-Unis (FAA) est décrié pour son inaction dans la crise de deux accidents mortels du 737 MAX
  • Le bureau américain en charge de la sécurité des transports, le NTSB, a prévenu qu'il allait examiner de près les mesures prises par la FAA après un incident récent

NEW YORK: Le gendarme du transport aérien aux Etats-Unis (FAA), décrié pour son inaction dans la crise de deux accidents mortels du 737 MAX, est de nouveau sur la sellette après plusieurs incidents du Boeing 777 qui présentent des similitudes.

Le régulateur a indiqué lundi qu'il avait envisagé d'imposer des inspections plus strictes sur les moteurs Pratt & Withney équipant le 777 après un incident sur un vol Japan Airlines fin 2020. 

Cette révélation a été faite peu de temps avant l'annonce des premières conclusions sur l'avarie spectaculaire d'un Boeing 777 opéré par United Airlines samedi dans le Colorado, à l'ouest des Etats-Unis.

Le bureau américain en charge de la sécurité des transports, le NTSB, a prévenu qu'il allait examiner de près les mesures prises par la FAA après l'accroc de 2020 et un autre survenu en 2018. 

« Une partie de notre enquête sera certainement de déterminer qui savait quoi et quand », a déclaré Robert Sumwalt, le président du NTSB, lors d'une conférence de presse lundi soir. 

« On regardera ce qui aurait pu être fait, ce qui aurait dû être fait, si quelque chose devait être fait », a-t-il ajouté.

Les premières constatations du NTSB évoquent une possible « fatigue du métal » des pales du moteur fabriqué par Pratt & Withney.

Pouvait être évité ?

« Nous voulons comprendre ce qui s'est passé, puis prendre les mesures nécessaires afin d'éviter qu'un événement similaire se reproduise à l'avenir », a affirmé mardi le patron de la FAA, Steve Dickson, lors d'une conférence en ligne. 

La FAA avait déjà demandé à ce que ces pales soient régulièrement inspectés après un problème le 13 février 2018 sur un vol de United Airlines entre San Francisco et Honolulu.  

Elle « était en train d'évaluer la nécessité d'ajuster les inspections » après un autre accroc sur un Boeing 777 de Japan Airlines en décembre 2020 mais n'avait toujours pas annoncé de décision samedi dernier, au moment où s'est produit un troisième incident affectant cette fois-ci un appareil d'United Airlines.

La NTSB a confirmé que deux des pales de la soufflante avaient été endommagées. Le réacteur droit a pris feu et a perdu son carénage tandis que de multiples débris sont tombés dans une zone résidentielle de la banlieue de Denver. 

En filigrane, la question est de savoir si l'incident de samedi aurait pu être évité si la FAA avait ordonné une inspection approfondie des moteurs Pratt & Whitney. 

Il faut attendre les conclusions définitives de l'enquête, avertissent plusieurs experts aéronautiques. 

Mais « il est possible qu'il y ait eu un problème commun » aux trois incidents, remarque Scott Hamilton du site spécialisé Leeham News.

« Défendable »

L'agence avait été vivement critiquée pour ne pas avoir agi plus énergiquement après le crash en octobre 2018 du 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui avait fait 189 morts. 

Quatre mois plus tard, un avion de même type de la compagnie Ethiopian Airlines s'écrasait pour des raisons similaires, faisant 157 morts. 

Une commission des Transports du Congrès américain avait conclu en septembre, à l'issue d'une enquête de 18 mois, que le manque de supervision de la FAA était en cause. Les parlementaires ont aussi reproché au régulateur une trop forte proximité avec Boeing. 

Dans le cas des pales endommagées du Boeing 777, « soit il y a un problème au niveau du moulage de la fabrication des pales en titane », soit il s'agit d'un « problème de maintenance » avec des pièces que l'on n'a « pas changées suffisamment tôt », estime Pascal Roche, professeur de propulsion à l'Ecole nationale de l'aviation civile à Toulouse (ENAC).

Dans tous les cas, le signalement de deux précédents incidents en trois ans « signifie que le régulateur, la compagnie et le motoriste surveillaient de près le moteur », remarque John Cox du cabinet spécialisé dans la sécurité aéronautique Safety Operating. 

Si le problème vient bien des pales, il va falloir déterminer si les techniciens ont raté une possible faille ou si la faille n'était tout simplement pas détectable, estime-t-il. 

La réponse à cette question permettra de déterminer s'il faut améliorer la qualité des inspections ou repenser la façon dont elles sont effectuées, éventuellement exiger que les pales soient remplacées plus souvent. 

L'action de la FAA, qui avait déjà augmenté la fréquence des inspections, est toutefois « défendable », estime Cox. « Vu ce qu'on sait aujourd'hui, il aurait peut-être été souhaitable d'améliorer les inspections mais (le régulateur) n'avait pas toutes ces données à sa disposition ». 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.