Le futur chef de la CIA brandit la menace chinoise

Un drapeau chinois est suspendu entre les drapeaux américains à Chinatown à New York. (Photo, AFP)
Un drapeau chinois est suspendu entre les drapeaux américains à Chinatown à New York. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 25 février 2021

Le futur chef de la CIA brandit la menace chinoise

  • « Devancer la Chine sera essentiel pour notre sécurité nationale dans les prochaines décennies », affirme William Burns
  • La CIA a été, ces dernières années, visée par les services de renseignement chinois, qui ont recruté plusieurs agents et diplomates américains

WASHINGTON : La Chine représente la plus grande menace pour les Etats-Unis, a affirmé mercredi le candidat de Joe Biden au poste de directeur de la CIA, William Burns, qui a promis de garantir l'indépendance de l'agence de renseignement américaine vis-à-vis du monde politique.

Sur une scène internationale « de plus en plus complexe et concurrentielle », l'attitude « prédatrice » du gouvernement chinois représente « notre plus grand défi géopolitique », a assuré l'ex-diplomate lors de son audition devant la commission du renseignement du Sénat, qui doit approuver sa nomination.

Il devra ensuite être investi lors d'un vote en séance plénière au Sénat.

« Devancer la Chine sera essentiel pour notre sécurité nationale dans les prochaines décennies », a-t-il dit. « Cela demandera une stratégie à long terme, claire et soutenue par les deux partis, étayée par une réforme intérieure et un renseignement fiable. »

S'il est dans l'intérêt de Washington et de Pékin de travailler ensemble sur le changement climatique ou la non-prolifération nucléaire, l'ex-numéro deux de la diplomatie américaine a mis en garde contre le régime chinois, qui « renforce méthodiquement ses capacités de vol de propriété intellectuelle, réprime son peuple, harcèle ses voisins, étend son pouvoir dans le monde et construit son influence au sein de la société américaine ».

La CIA a été, ces dernières années, visée par les services de renseignement chinois, qui ont recruté plusieurs agents et diplomates américains. Il y a une dizaine d'années, Pékin avait également réussi à démanteler un réseau d'informateurs de l'agence américaine en Chine.

William Burns a souligné que la bataille pour la supériorité technologique dans le renseignement, dont l'utilisation de l'intelligence artificielle, sera un élément clé de sa mission. Il a aussi prôné le recrutement d'agents parlant le mandarin.

Outre la Chine, la Russie – « agressive » –   et l'Iran –  « hostile » –  sont les autres grandes menaces pesant sur les Etats-Unis, a-t-il indiqué.

Evoquant ses années d'ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, de 2005 à 2008, il a dit avoir appris « que c'est toujours une erreur de sous-estimer la Russie de Vladimir Poutine ».

« Même si la Russie à de nombreux égards est une puissance déclinante, elle peut être aussi perturbatrice » que des puissances émergentes comme la Chine, a-t-il estimé.

Profil atypique

Artisan du dialogue avec l'Iran qui a débouché sur l'accord nucléaire international en 2015, il a estimé que les Etats-Unis devaient « tout faire pour empêcher l'Iran de développer une arme nucléaire ».

A 64 ans, William Burns doit remplacer Gina Haspel, première femme à diriger la CIA, dont la carrière est entachée par son rôle controversé dans des programmes de torture après les attentats du 11-Septembre.

Il assuré que les méthodes d'interrogatoire poussé « ne seront jamais utilisées par la CIA » sous sa direction, qualifiant la simulation de noyade d' « acte de torture ».

Il a aussi été choisi pour restaurer l'indépendance de l'agence de renseignement, que Donald Trump est accusé d'avoir voulu politiser en nommant des fidèles à sa tête.

« La politique doit s'arrêter là où le travail de renseignement commence », a-t-il souligné, en évoquant sa longue carrière au Moyen-Orient et en Russie.

« J'ai appris que les professionnels du renseignement doivent dire aux responsables politiques ce qu'ils doivent entendre, même si ce n'est pas ce qu'ils veulent entendre. »

Diplomate pendant 33 ans, William Burns avait pris sa retraite en 2014 avant de présider la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un cercle de réflexion sur les relations internationales, dont le programme d'échange avec une organisation chinoise considérée comme un organe de propagande a été critiqué par certains élus de la commission. 

Si son profil est atypique pour le poste – il n'est ni militaire, ni politique, ni issu du renseignement –  William Burns a assuré les élus de sa connaissance approfondie de la CIA, qu'il a régulièrement côtoyée dans sa carrière.

Il a également mis l'accent sur la nécessité pour la CIA de coopérer avec les pays alliés des Etats-Unis, notamment pour contrer la Russie, contrairement à l'attitude conciliante vis-à-vis de Moscou adoptée par Donald Trump.

« Nous aurons plus d'effet sur les calculs de Poutine si on voit des réponses fermes non seulement des Etats-Unis, mais aussi de nos alliés européens et d'autres encore », a-t-il dit.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.