Le désert bédouin, angle mort de la vaccination en Israël

Vaccination de Palestiniens avec des doses de Pfizer-BioNTech fournies par les services médicaux israéliens Magen David Adom au point de contrôle de Qalandia au passage entre la ville de Ramallah en Cisjordanie et Jérusalem-Est annexée par Israël, le 23 février 2021. (Ahmad Gharabli / AFP)
Vaccination de Palestiniens avec des doses de Pfizer-BioNTech fournies par les services médicaux israéliens Magen David Adom au point de contrôle de Qalandia au passage entre la ville de Ramallah en Cisjordanie et Jérusalem-Est annexée par Israël, le 23 février 2021. (Ahmad Gharabli / AFP)
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Publié le Vendredi 26 février 2021

Le désert bédouin, angle mort de la vaccination en Israël

  • Dans le village "illégal" de Tel Arad, en plein désert du Néguev, les bédouins n'ont pas vu un médecin depuis le début de la pandémie mais reçu des ordres de démolition
  • A Tel Arad, certains craignent de voir le vaccin changer à jamais leur génétique, de les rendre stériles, voire de contenir une micropuce permettant aux services de sécurité israéliens de les géolocaliser

TAL ARAD: ”Ici, il y a plus de maisons détruites par Israël que de personnes vaccinées". Dans le village "illégal" de Tel Arad, en plein désert du Néguev, les bédouins n'ont pas vu un médecin depuis le début de la pandémie mais reçu des ordres de démolition.

Depuis décembre, Israël a administré une première dose du vaccin Pfizer à plus de 4,5 millions de ses habitants (50%), dont trois millions ont reçu les deux doses. Le taux dépasse les 75% dans certaines grandes villes.

Mais dans les villages bédouins "illégaux" du Néguev, vaste désert dans le sud d'Israël, le taux de vaccination avoisine 2%, selon les données officielles. 

A Tel Arad, hameau creusé dans les sillons d'une colline rocailleuse, traversé par des chèvres en quête de brins d'herbes à brouter, les habitants semblent à des années-lumière de la lutte contre le Covid-19.

"Ici personne n'est vacciné. On n'a vu personne du ministère de la Santé, seulement des agents de police et du ministère de l'Intérieur venus détruire des maisons", tonne Adnane Al-Abari, employé de maintenance à l'école du village, non relié au réseau électrique et hydraulique. 

Tel Arad fait partie d'un chapelet de villages bédouins, non reconnus par l'Etat hébreu, et donc sans service public. Pour autant, la pandémie n'a pas empêché les forces de l'ordre de détruire la maison voisine d'Adnane, réduite en un tas de poussière et de métal tordu.

"Regardez cette maison, elle sera démolie le mois prochain", dit-il en pointant du doigt une maisonnette jaune canari, frappée par un avis de démolition. 

"Ici il y a plus de maisons détruites que de personnes vaccinées par Israël. On ne nous a envoyé personne pour expliquer la crise ou nous aider", lance ce père de cinq enfants, dont Youssef, 12 ans, n'a pas eu cours faute d'ordinateur et d'une connexion internet de qualité.

Fausses nouvelles 

Mais la connexion internet cahoteuse n'a pas empêché les théories du complot de circuler via les messageries WhatsApp, SMS et le bouche-à-oreille, poussant les habitants à ne pas se faire vacciner.

A Tel Arad, certains craignent de voir le vaccin changer à jamais leur génétique, de les rendre stériles, voire de contenir une micropuce permettant aux services de sécurité israéliens de les géolocaliser.

Environ 60% des 290.000 bédouins israéliens vivent dans des villages ou des localités reconnus par Israël. Et malgré la présence de cliniques, d'écoles et de services dans ces localités, les taux de première vaccination dépassent rarement 20%, selon les données officielles. 

"Les fausses nouvelles voyagent plus vite que la vraie information", dit le docteur Mazem Abou Siyam à l'AFP: "Il y a vraiment cette crainte des effets à long terme du vaccin, sur six mois, un an et plus, dans le corps, dans l'esprit et dans le génome".

"Nous sommes une communauté traditionnelle et c'est difficile de convaincre les gens de se faire vacciner, d'adopter une nouvelle technologie", ajoute ce coordinateur de la campagne de vaccination dans les territoires bédouins du Néguev, où certains villages sont épargnés par le coronavirus, tandis que d'autres sont en zone rouge.

"Le prophète a dit" 

Jameh Abou Odeh a remporté une petite victoire. L'avocat de 36 ans, établi à Rahat, principale ville bédouine du Néguev, a parlé du bienfait de la vaccination avec sa famille et convaincu sa mère de passer à l'acte.

Ce jour-là, dans une clinique locale, il épaule sa maman, frêle et timide, venue recevoir sa première dose. 

"Tout le monde a peur du vaccin! C'est un mélange de peur et de confusion sur les effets secondaires", explique-t-il pendant qu'une infirmière plante une seringue dans l'avant-bras de sa mère. "Il ne faut pas oublier aussi qu'ici plusieurs ne savent pas lire".

"L'ignorance" est la première cause des refus de vaccination, plaide le cheikh bédouin Ibrahim Leamor, 70 ans, un keffieh impeccable tombant sur sa nuque, dans son salon de Ksufah, village au taux de vaccination en deçà de 10%.

Le cheikh n'hésite pas à user de références coraniques pour convaincre les plus récalcitrants. "Le prophète a dit que chaque maladie avait son remède", et ce remède se nomme aujourd'hui "al-Liqah" en arabe. Le vaccin, en français.

Effet de bouche-à-oreille? Les bédouins des villages reconnus visitent en plus grand nombre les cliniques depuis quelques jours, note le docteur Abou Siyam: "Nous commençons à peine à vaincre la peur. J'espère que c'est le début d'un boom".


Bombardements israéliens à Gaza, la population face à une «famine imminente»

Des Palestiniens passent devant des bâtiments endommagés et détruits dans le camp de Maghazi pour les réfugiés palestiniens dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (AFP)
Des Palestiniens passent devant des bâtiments endommagés et détruits dans le camp de Maghazi pour les réfugiés palestiniens dans le centre de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (AFP)
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  • Le ministère de la Santé du Hamas a fait état en matinée de dizaines de morts lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah
  • Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d'aide par voie maritime

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des bombardements israéliens ont de nouveau frappé vendredi la bande de Gaza, territoire palestinien assiégé dont la population fait face à une "famine imminente" selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de six mois après le début de la guerre avec le Hamas.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état en matinée de "dizaines de morts" lors de combats et de raids aériens notamment à Rafah (sud), ville considérée par Israël comme le dernier grand bastion du Hamas et où s'entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les hostilités.

Outre le bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien assiégé, où la majorité des 2,4 millions d'habitants sont désormais menacés de famine selon l'ONU qui déplore une aide largement insuffisante pour répondre aux besoins de la population.

"Il n'y a pas un autre endroit dans le monde où un aussi grand nombre de personnes font face à une famine imminente", a déploré jeudi sur X Matthew Hollingworth, chargé des territoires palestiniens au PAM.

Sans délai

Israël doit "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence", a déclaré jeudi la Cour internationale de justice (CIJ) basée à La Haye.

Saisie par l'Afrique du Sud, la juridiction avait ordonné en janvier à Israël de faire tout son possible pour empêcher un "génocide" dans le territoire palestinien, Israël jugeant "scandaleuses" de telles accusations.

Dans la nuit, le Hamas s'est félicité de la décision de la CIJ et a demandé sa "mise en œuvre immédiate".

Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et des expéditions d'aide par voie maritime, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas -- qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne -- et lancé une offensive qui a fait à 32.623 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

Entrer à Rafah

L'armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, a dit vendredi poursuivre ses opérations dans le complexe hospitalier al-Chifa, dans la ville de Gaza (nord), disant avoir "éliminé environ 200 terroristes" dans le secteur depuis le 18 mars.

Elle a souligné s'assurer de "prévenir toute atteinte aux civils, patients, équipes médicales et matériel".

Dans le centre de la bande de Gaza, l'armée a dit avoir "détruit de nombreuses roquettes destinées à être tirées vers Israël", et éliminé des "terroristes".

Des opérations se poursuivent également à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dans les secteurs d’Al-Amal et Al Qarara, où des combattants palestiniens ont aussi été tués, selon elle.

A Khan Younès, plusieurs blessés ont été transportés en ambulance à l’hôpital européen dans la nuit, selon des images de l’AFP. Certaines victimes, dont des enfants, étaient soignées à même le sol.

"Rien n'a changé"

A Rafah, plus au sud, des dizaines d’hommes œuvraient à dégager des décombres d’un bâtiment bombardé des blessés et des corps, d’où a notamment été extrait un jeune garçon.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau a réaffirmé jeudi sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah en dépit des pressions internationales, y compris des Etats-Unis.

"Nous tenons le nord de la bande de Gaza ainsi que Khan Younès (sud). Nous avons coupé en deux la bande de Gaza et on se prépare à entrer à Rafah", a-t-il dit.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël qui redoute le bilan humain d'une telle opération, a récemment demandé l'envoi d'une délégation israélienne à Washington pour discuter de ce projet.

En parallèle, le Qatar - un médiateur avec l'Egypte et les Etats-Unis - a été l'hôte cette semaine de négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un projet de trêve de plusieurs semaines doublée d'un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Une résolution à l'ONU réclamant un "cessez-le-feu immédiat" a été adoptée lundi après l'abstention des Etats-Unis, mais "rien n'a changé" sur le terrain depuis, a déploré le président international de Médecins sans frontières Christos Christou.

 


Netanyahu donne son feu vert à un nouveau cycle de pourparlers en vue d'une trêve à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé une nouvelle série de pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza qui doivent se tenir à Doha et au Caire, a déclaré son bureau vendredi, quelques jours après que les négociations aient semblé dans l'impasse. (Reuters)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé une nouvelle série de pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza qui doivent se tenir à Doha et au Caire, a déclaré son bureau vendredi, quelques jours après que les négociations aient semblé dans l'impasse. (Reuters)
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  • Le bureau de M. Netanyahu a ajouté que le Premier ministre s'était entretenu avec le chef du Mossad, David Barnea, au sujet des négociations
  • Le Qatar, pays médiateur, a indiqué mardi que les négociations entre le Hamas et Israël sur une trêve à Gaza et la libération des otages se poursuivaient

JÉRUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a donné son feu vert à un nouveau cycle de pourparlers à Doha et au Caire, en vue d'une trêve à Gaza, a indiqué vendredi son bureau, après que les négociations semblaient dans l'impasse.

"Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le directeur du Mossad (services extérieurs israéliens) et le directeur du Shin bet (renseignement intérieur), et a approuvé un nouveau cycle de négociations dans les prochains jours, à Doha et au Caire", a précisé son bureau dans un communiqué.

Depuis l'adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies lundi d'une résolution exigeant un "cessez-le-feu immédiat", Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de leur incapacité à trouver un accord sur une trêve, après bientôt six mois de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza.

Le Qatar, pays médiateur, a indiqué mardi que les négociations entre le Hamas et Israël sur une trêve à Gaza et la libération des otages se poursuivaient, mais peu d'informations avaient été communiquées depuis par les différentes parties.

Le bureau de M. Netanyahu a ajouté que le Premier ministre s'était entretenu avec le chef du Mossad, David Barnea, au sujet des négociations, mais n'a pas précisé si M. Barnea se rendrait à Doha ou au Caire pour les pourparlers.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza par le Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont également été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, et lancé une offensive qui a fait 32.623 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

 


L'armée israélienne dit avoir éliminé un chef du Hezbollah au Liban

Le Hezbollah, allié du groupe militant palestinien Hamas, échange presque quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'armée israélienne depuis que les hommes armés du Hamas ont lancé une attaque sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, déclenchant une guerre à Gaza. (AFP)
Le Hezbollah, allié du groupe militant palestinien Hamas, échange presque quotidiennement des tirs transfrontaliers avec l'armée israélienne depuis que les hommes armés du Hamas ont lancé une attaque sans précédent contre le sud d'Israël le 7 octobre, déclenchant une guerre à Gaza. (AFP)
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  • Vendredi, l'agence de presse officielle libanaise ANI a rapporté un «raid ciblé mené par un drone ennemi sur une voiture» à Bazouriyé, près de la ville côtière de Tyr, faisant état d'au moins un mort
  • Le mouvement libanais n'a pas commenté l'attaque dans l'immédiat mais il a dit avoir tiré vendredi sur des positions militaires israéliennes à la frontière entre Israël et le Liban

BEYROUTH: Un "important responsable" du Hezbollah libanais a été tué vendredi dans une frappe sur sa voiture dans le sud du Liban, a indiqué une source militaire libanaise en accusant Israël.

Depuis près de six mois, les violences opposent quotidiennement à la frontière israélo-libanaise l'armée israélienne au Hezbollah qui affirme vouloir soutenir le mouvement islamiste palestinien Hamas dans sa guerre contre Israël dans la bande de Gaza.

Le mouvement armé pro-iranien vise des positions militaires et des localités proches de la frontière, et Israël riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais, menant notamment des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah et du Hamas.

Vendredi, l'agence de presse officielle libanaise ANI a rapporté un "raid ciblé mené par un drone ennemi (israélien, ndlr) sur une voiture" à Bazouriyé, près de la ville côtière de Tyr, faisant état d'au moins un mort.

S'exprimant sous couvert d'anonymat, une source militaire libanaise a précisé que la victime était "un important responsable du Hezbollah", bête noire d'Israël.

Le mouvement libanais n'a pas commenté l'attaque dans l'immédiat mais il a dit avoir tiré vendredi sur des positions militaires israéliennes à la frontière entre Israël et le Liban.

Selon un correspondant de l'AFP sur place, la voiture ciblée a été détruite et des débris étaient éparpillés tout autour. Les autorités ont bouclé la zone.

Les violences transfrontalières se sont intensifiées cette semaine, suscitant des craintes d'un conflit généralisé entre Israël et le Hezbollah, qui se sont livré une guerre dévastatrice en 2006.

La Maison Blanche a estimé jeudi qu'un retour au calme à la frontière israélo-libanaise devait être "la plus haute priorité".

Mercredi, onze civils dont dix secouristes ont été tués du côté libanais de la frontière par des frappes attribuées à Israël, et un civil a péri du côté israélien dans des bombardements revendiqués par le Hezbollah.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, au moins 347 personnes ont été tuées au Liban -des combattants du Hezbollah pour la plupart, mais aussi au moins 68 civils-, selon un décompte de l'AFP.

Côté israélien, dix soldats et huit civils ont été tués selon l'armée.