Birmanie: balles en caoutchouc contre les manifestants

La police court pour disperser les manifestants alors qu'elle réprime les manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon le 27 février 2021. (Sai Aung Main / AFP)
La police court pour disperser les manifestants alors qu'elle réprime les manifestations contre le coup d'État militaire à Yangon le 27 février 2021. (Sai Aung Main / AFP)
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Publié le Samedi 27 février 2021

Birmanie: balles en caoutchouc contre les manifestants

  • A Rangoun samedi, la police a utilisé des balles en caoutchouc pour disperser une manifestation au carrefour de Myaynigone, scène la veille d'un long affrontement
  • "Nous allons montrer aux militaires que leurs actions auront des conséquences", a prévenu l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield

RANGOUN : La police birmane a tiré samedi des balles en caoutchouc à Rangoun pour disperser des manifestants réclamant le retour de la démocratie, au lendemain d'une rupture spectaculaire de l'ambassadeur du pays à l'ONU avec la junte qui a pris le pouvoir.

Le pays est secoué par une vague de manifestations pro-démocratie depuis le coup d'Etat militaire qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi le 1er février. Les autorités ont graduellement intensifié l'usage de la force pour les disperser, avec des gaz lacrymogènes, canons à eau, balles en caoutchouc et parfois des balles réelles.

A Rangoun samedi, la police a utilisé des balles en caoutchouc pour disperser une manifestation au carrefour de Myaynigone, scène la veille d'un long affrontement.

"Que fait la police? Elle protège un dictateur fou", scandaient les manifestants. Des centaines de membres de l'ethnie Môn s'étaient rassemblés pour commémorer leur fête nationale, rejoints par d'autres groupes ethniques protestant contre le coup d'Etat.

Les manifestants, pour beaucoup munis de masques à gaz, casques et boucliers de fortune, sont partis construire des barricades dans les petites rues alentour.

Les reporters locaux ont diffusé des scènes chaotiques en direct sur Facebook, y compris les moments où les coups de feu ont retenti. On ignore si des balles réelles ont été utilisées.

Au moins 15 personnes ont été arrêtées, a confirmé la police.

Trois journalistes figurent parmi les personnes arrêtées dont un photographe de l'agence américaine Associated Press ainsi qu'un vidéaste et un photographe de deux agences birmanes, respectivement Myanmar Now et Myanmar Pressphoto.

"Cette révolution doit gagner" 

"Nous allons essayer de trouver une autre façon de protester - bien sûr, nous avons peur de leur répression", a déclaré Moe Moe, un manifestant de 23 ans, utilisant un pseudonyme. "Nous voulons nous battre jusqu'à ce que nous gagnions".

La veille, l'ambassadeur de la Birmanie à l'ONU, Kyaw Moe Tun, avait appelé d'une voix émue à "mettre fin au coup d'Etat militaire", au moment où la police dispersait des manifestants dans trois grandes villes du pays. Une centaine de personnes ont été arrêtées vendredi dont 31 à Rangoun.

"Nous avons besoin de l'action la plus forte de la communauté internationale pour immédiatement mettre fin au coup d'Etat militaire, mettre fin à l'oppression du peuple innocent et rendre le pouvoir de l'Etat au peuple", a déclaré Kyaw Moe Tun lors d'une session spéciale de l'Assemblée générale consacrée à la Birmanie. 

Dans quelques phrases en birman, il a demandé à ses "frères et soeurs" de poursuivre le combat contre la junte. "Cette révolution doit gagner", a-t-il lancé, achevant son discours d'une douzaine de minutes sous les applaudissements avec trois doigts levés, le geste de ralliement des manifestants.

Le dernier cas d'ambassadeur s'élevant en séance contre ses autorités à l'ONU remonte à 2011 lorsque le représentant libyen s'était opposé au dictateur Mouammar Kadhafi en pleine révolte libyenne.

"Nous allons montrer aux militaires (birmans) que leurs actions auront des conséquences", a prévenu l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a exhorté par liaison vidéo les 193 membres de l'Assemblée générale à "envoyer collectivement un signal clair en faveur de la démocratie en Birmanie".

Audience lundi

La junte birmane invoque pour justifier le coup d'Etat des fraudes électorales lors des élections générales de novembre, les deuxièmes depuis la dissolution de la junte en 2011 et qui avaient été remportées haut la main par le parti d'Aung San Suu Kiy.

Le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing, détient dorénavant les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, stoppant de facto l'expérience démocratique menée depuis dix ans par le pays après presque un demi-siècle de régime militaire. Les deux derniers coups d'Etat depuis l'indépendance du pays en 1948, remontent à 1962 et 1988.

Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, n'a pas été vue en public depuis son arrestation. Assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw, elle a été inculpée pour l'importation illégale de talkies-walkies puis pour violation des restrictions liées au coronavirus.

Malgré plusieurs demandes, son avocat Khin Maung Zaw n'a pas été autorisé à voir sa cliente avant une audience fixée lundi.

Depuis le coup d'Etat, quatre personnes ont perdu la vie pendant des manifestations, une autre est morte au cours d'une patrouille nocturne, tandis que l'armée a signalé de son côté qu'au moins un policier avait été tué. Plusieurs centaines de personnes ont aussi été arrêtées.

Une ONG d'aide aux prisonniers politiques évalue à plus de 770 le nombre de personnes arrêtées, inculpées ou condamnées depuis le putsch, dont quelque 680 toujours derrière les barreaux.

Les manifestations se poursuivent néanmoins dans tout le pays, depuis les montagnes de l'Etat Chin dans le Nord jusqu'à la ville côtière de Dawei dans le Sud.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.