Selon des experts, la pandémie ne doit pas faire oublier la lutte contre l’extrémisme

Un membre de la milice chiite Badr à un poste de contrôle, à l'extérieur de la ville d'Amerli, le 5 septembre 2014. (Reuters)
Un membre de la milice chiite Badr à un poste de contrôle, à l'extérieur de la ville d'Amerli, le 5 septembre 2014. (Reuters)
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Publié le Mardi 02 mars 2021

Selon des experts, la pandémie ne doit pas faire oublier la lutte contre l’extrémisme

  • « Le danger de la pandémie est qu'elle détourne notre attention [de l'extrémisme] et affaiblit la capacité des gouvernements et des sociétés à y faire face de manière honnête et intelligente »
  • On a appris lundi que la Grande-Bretagne réduirait son budget d'aide au Yémen, qui est en proie à une guerre civile impliquant des milices houthies pro-iraniennes

LONDRES: Le Royaume-Uni et les pays du Moyen-Orient ne devraient pas laisser la pandémie de coronavirus et ses restrictions faire oublier l'importance de la lutte contre l'extrémisme, a déclaré lundi un groupe d'experts.

Lors d'un événement organisé par l'Emirates Society du Royaume-Uni, auquel a participé Arab News, Sir John Jenkins, ancien ambassadeur britannique en Arabie saoudite, a déclaré: «Le danger de la pandémie est qu'elle détourne notre attention [de l'extrémisme] et affaiblit la capacité des gouvernements et des sociétés à y faire face de manière honnête et intelligente.»

Il a ajouté que l’attrait des idéologies extrémistes «n’a pas disparu» et que tous les gouvernements doivent rester concentrés sur cette question.

«L’une des principales menaces qui pèsent sur le Moyen-Orient est la propagation de milices islamistes chiites qui ont un certain degré de loyauté non seulement envers l’Iran, mais aussi envers le Guide suprême lui-même – ce sont fondamentalement des pro-Khamenei», a-t-il expliqué.

«Nous le voyons avec le Hezbollah au Liban, nous le voyons en Syrie et nous le voyons de manière saisissante en Irak. Le fait de vider, dans de grandes parties du Moyen-Orient, la capacité de l'État en faveur de ces milices prédatrices est une menace majeure à long terme. Il est fondamental pour les gouvernements de ne pas perdre de vue tout cela.»

Devant cette menace persistante, John Woodcock, l’envoyé spécial britannique pour la lutte contre l'extrémisme violent, fait écho à ces préoccupations. «Les efforts nationaux ont couru le risque, ces douze derniers mois, de n’être pas axés sur la question de l’extrémisme. Je pense que c'est potentiellement un problème bien plus grave pour les années à venir en raison de l'énorme pression sur les ressources que les pays subiront lors de la reprise économique post-pandémique.»

Cette pression financière, avertit Woodcock, pourrait se répercuter sur les agences multilatérales qui travaillent dans les zones de conflit et d'après-conflit, ce qui pourrait entraver leur capacité à effectuer un travail qui agit comme prévention contre les attraits de l'extrémisme.

Ses inquiétudes semblent déjà se manifester au Royaume-Uni. On a appris lundi que la Grande-Bretagne réduirait son budget d'aide au Yémen, qui est en proie à une guerre civile impliquant des milices houthies pro-iraniennes.

Omar Ghobash, l’ambassadeur des Émirats arabes unis (EAU) en France, rappelle que son pays a reconnu très tôt que l’extrémisme religieux représente un véritable défi, exigeant de l’attention, et qu’il a réussi à le relever.

Aux EAU, «nous avons constaté qu'il existait un récit très puissant au sein de notre propre communauté islamique qui entraînait les enfants dans des zones de guerre et dans des actes de violence. Cette prise de conscience s'est produite il y a quelque temps. Après les attentats du 11-Septembre, c’est devenu beaucoup plus clair pour nous», explique-t-il.

Pour contrer ce phénomène, les EAU «se sont particulièrement concentrés sur les jeunes et sur leurs attentes, en se demandant comment, en tant que gouvernement, nous pouvions leur fournir les moyens de réaliser ces attentes. [Les EAU] ont continué à porter une grande attention à ce que les jeunes veulent faire et à ce qu'ils peuvent faire», ajoute-t-il.

«L’approche des dirigeants a consisté à investir dans l’infrastructure intellectuelle, juridique et physique afin d’offrir des visions inspirantes d’endroits où les habitants du pays peuvent se rendre», affirme Ghobash.

L’ambassadeur des Émirats arabes unis en France précise en outre que le lancement de la sonde Mars Hope n’est pour les jeunes qu’un exemple parmi d’autres dans le pays de la façon dont les Émiratis peuvent procéder au niveau international, en dépassant les différences culturelles ou religieuses.

Des initiatives de ce genre, conclut-il, encouragent les jeunes du pays à se concentrer sur «l’amélioration du sort de l’humanité, pas seulement de son propre quartier».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

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Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.