La colonie pénitentiaire d'Alexeï Navalny, machine à "briser" les détenus

La colonie pénitentiaire N2, où le critique du Kremlin Alexei Navalny a été transféré pour purger une peine de deux ans et demi de prison pour violation de la libération conditionnelle, dans la ville de Pokrov le 1er mars 2021. Dimitar DILKOFF / AFP
La colonie pénitentiaire N2, où le critique du Kremlin Alexei Navalny a été transféré pour purger une peine de deux ans et demi de prison pour violation de la libération conditionnelle, dans la ville de Pokrov le 1er mars 2021. Dimitar DILKOFF / AFP
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

La colonie pénitentiaire d'Alexeï Navalny, machine à "briser" les détenus

  • L'opposant russe Alexeï Navalny purgera sa peine à la colonie pénitentiaire n°2 de Pokrov
  • Une colonie pénitentiaire décrite comme une machine à "briser" les détenus les plus récalcitrants

POKROV, RUSSIE : Avec ses blocs d'immeubles soviétiques décrépis et ses maisons de bois branlantes, la ville de Pokrov abrite la prison où l'opposant russe Alexeï Navalny purgera sa peine, une colonie pénitentiaire décrite comme une machine à "briser" les détenus les plus récalcitrants.

Entourée d'une clôture de tôle surmontée de barbelés, la colonie pénitentiaire n°2 est installée en périphérie de la ville, près d'une l'usine du géant américain de l'agroalimentaire Mondelez. "On dit que c'est une des colonies les plus sévères de Russie", déclare Denis, un entrepreneur qui refuse de donner son nom de famille: "Peut-être que c'est pour ça qu'il a été transféré ici".

L'opposant de 44 ans, qui a survécu l'année dernière à un empoisonnement dont il accuse le Kremlin, et a passé plusieurs mois de convalescence en Allemagne, doit purger une peine de deux ans et demi à Pokrov. Arrêté dès son retour en Russie, il a été condamné en février à deux ans et demi de prison. Sa condamnation a provoqué l'indignation de la société civile russe et des capitales occidentales.

A Pokrov, la sympathie pour l'opposant est moins évidente. "Le lieu de son emprisonnement n'a aucune importance pour nous: le plus important est qu'il soit en prison", assène, une retraitée de 56 ans, Iadviga Krylova.

Longues journées de travail

A cent kilomètres à l'est de Moscou, Pokrov et ses 17.000 habitants sont un point de passage sur la route de Vladimir, ville médiévale dont les églises classées au patrimoine mondial de l'Unesco font partie des plus visitées de Russie.  Auparavant, la ville marquait aussi la limite du 101ème kilomètre autour de la capitale, au-delà de laquelle les autorités soviétiques ont envoyé en exil nombre d'intellectuels ou de dissidents.

C'est justement à l'époque soviétique qu'a été ouverte la colonie pénitentiaire. Lointain héritage du Goulag, le système concentrationnaire institué sous Staline, elle fait aujourd'hui partie des 684 camps de travail accueillant 393.000 prisonniers en Russie. En théorie, la colonie offre aux détenus la possibilité de travailler en échange d'un maigre salaire, qui couvre à grand peine les frais de logement qui leur sont imposés. Mais le système est régulièrement dans le viseur des groupes de défense des droits humains, qui dénoncent des conditions harassantes et des journées de travail interminables.

Maxime Troudolioubov, rédacteur du site d'information Meduza, assure que le système de colonies pénitentiaires est un instrument utilisé par le Kremlin pour briser les opposants et marginaliser les critiques. "C'est son but: soit une personne est brisée psychologiquement, soit elle quitte la Russie immédiatement après avoir purgé sa peine. Dans les deux cas, un opposant sort du terrain de jeu", explique-t-il à l'AFP.

Harcèlement et humiliations

La sévérité du système est connue. En 2013, Nadejda Tolokonnikova, membre du groupe contestataire Pussy Riot condamnée à deux ans de camp pour avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, avait entamé une grève de la faim pour protester contre "l'esclavage" dans son camp de travail en Mordovie, au sud-est de Moscou.

Alexandre Kalachnikov, le directeur des services pénitentiaires russes (FSIN), a assuré à l'agence de presse TASS qu'"aucune menace" ne pèserait sur la santé d'Alexeï Navalny, qui pourrait travailler comme cuisinier, bibliothécaire ou couturier. Mais depuis l'annonce de son lieu de détention, d'anciens détenus de la colonie pénitentiaire n°2 en ont raconté le quotidien. L'administration de la prison s'efforce de "casser psychologiquement les gens", a affirmé à la chaîne télévisée d'opposition Dojd Dmitri Demouchkine, un homme politique nationaliste qui y a passé deux ans. 

Pour Konstantin Kotov, qui y est passé pour avoir enfreint la loi russe sur les manifestations, "cette colonie est considérée comme exemplaire et elle y parvient en ne traitant pas les gens comme des humains".

Il décrit un environnement dans lequel les détenus n'ont quasiment pas de temps libre et sont complètement coupés du monde extérieur. L'objectif: maintenir "les gens sous pression et les soumettre".

Privée de sa voix la plus audible, l'opposition russe se demande dans quel état Alexeï Navalny sortira de prison et s'il sera toujours prêt à affronter le Kremlin. "Il va y avoir du harcèlement et des humiliations. Le but du système est de le briser", a déclaré Marina Litvinovitch, membre d'une Commission officielle qui observe les conditions de détention.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.