La compétition avec la Chine est le « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle », avertit Blinken

Les drapeaux américains et chinois sont brandis lors d'une cérémonie du Nouvel An lunaire à Chinatown le 12 février 2021 à New York. (Photo, AFP)
Les drapeaux américains et chinois sont brandis lors d'une cérémonie du Nouvel An lunaire à Chinatown le 12 février 2021 à New York. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

La compétition avec la Chine est le « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle », avertit Blinken

  • « La Chine est le seul pays susceptible d'ébranler le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu'il soit »
  • Le secrétaire d'Etat a promis que les relations avec Pékin seraient un mélange de « compétition », « collaboration » et « antagonisme »

WASHINGTON : Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a érigé mercredi la compétition avec la Chine en « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle » et en priorité de la politique étrangère de Joe Biden, promettant de conjuguer fermeté et dialogue.

« « Plusieurs pays représentent des défis importants pour nous, dont la Russie, l'Iran ou la Corée du Nord », a-t-il déclaré lors de son premier discours de politique étrangère depuis l'entrée en fonctions du nouveau président en janvier.

« Le défi posé par la Chine est différent. La Chine est le seul pays avec la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique susceptible d'ébranler sérieusement le système international stable et ouvert, toutes les règles, valeurs et relations qui rendent le monde tel que nous voulons qu'il soit », a-t-il ajouté.

Le secrétaire d'Etat a promis que les relations avec Pékin seraient un mélange de « compétition quand ce sera sain », « collaboration quand ce sera possible » et « antagonisme quand ce sera nécessaire ».

La confrontation entre les deux premières puissances mondiales est allée crescendo sous la présidence de Donald Trump. Au départ principalement bornée à la guerre commerciale, elle a viré au bras de fer sur tous les dossiers, des droits humains à la gestion de la Covid-19 en passant par le sort de Hong Kong ou les accusations d'expansionnisme militaire en mer de Chine méridionale.

Sous la houlette de l'ex-secrétaire d'Etat Mike Pompeo, un faucon, les tensions ont abouti à une crise inédite aux allures de nouvelle Guerre froide.

Antony Blinken a promis de « dialoguer avec la Chine depuis une position de force », à la recherche de terrains d'entente pour lutter contre le changement climatique, renforcer la sécurité sanitaire et promouvoir la non-prolifération.

Cette « position de force » à retrouver, c'est le message-clé des lignes directrices de la politique étrangère du président Biden publiées mercredi par la Maison Blanche, qui met l'accent sur la nécessité de « revitaliser le réseau inégalé d'alliances de l'Amérique » et de redorer le blason de la démocratie.

La doctrine diplomatique de Donald Trump, empruntée à son lointain prédécesseur républicain Ronald Reagan, était aussi « la paix par la force ». Mais la nouvelle équipe démocrate assure qu'elle n'avait de « force » que le nom.

« Vraie force »

« La vraie force, ce ne sont pas les fanfaronnades et les coups de menton. Elle ne s'appuie pas uniquement sur la puissance militaire », a critiqué Antony Blinken. Cela signifie défendre les droits humains mais aussi « travailler avec nos alliés et partenaires sans les dénigrer, car nos poids combinés rendent beaucoup plus difficile pour la Chine de nous ignorer », a-t-il martelé.

L'administration Biden élève ainsi le « Quad », cette alliance anti-Pékin qui l'associe à l'Australie, à la Corée du Sud et au Japon, au rang de « principal atout stratégique de l'Amérique », au même rang que l'Otan.

La « vraie force » nécessite aussi « de travailler au sein des organisations internationales, car lorsque nous les avons quittées, la Chine a rempli le vide », a poursuivi Antony Blinken, alors que Joe Biden est revenu dans l'accord de Paris sur le climat et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dont son prédécesseur avait claqué la porte. Enfin, « cela signifie investir dans les technologies américaines car quand nous faisons cela, nous pouvons battre n'importe qui ».

Dans son document, la Maison Blanche s'engage à « riposter » à chaque fois que l'attitude chinoise « menacera directement » les « intérêts et valeurs » américains, notamment en matière de « pratiques commerciales injustes et illégales » ou « cybercriminalité ». "Nous nous mettrons en position, diplomatiquement et militairement, de défendre nos alliés", prévient-elle aussi.

Parmi les autres priorités, elle énumère la lutte contre la pandémie et contre le réchauffement climatique, ainsi que la défense de la démocratie, qui fera l'objet d'un « sommet » à une date non précisée.

« Nous n'allons pas promouvoir la démocratie par des interventions militaires coûteuses ou en tentant de renverser des régimes autoritaires par la force », a assuré le ministre, estimant que ces « tactiques » du passé n'avaient « pas marché ».

« Le président a promis que la diplomatie passerait toujours en premier », même s'il « n'hésitera jamais à recourir à la force quand des vies américaines ou des intérêts vitaux seront en jeu », a-t-il ajouté.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum. 


Donald Trump appelle Iran et Israël à «trouver un accord»

Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant. (AFP)
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  • Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles
  • En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera"

WASHINGTON: Donald Trump a appelé Israël et l'Iran à "trouver un accord" dimanche, même s'ils vont peut-être devoir se battre auparavant, a-t-il déclaré au moment où des échanges intenses de tirs entre les deux pays se poursuivent pour la quatrième nuit consécutive.

"L'Iran et Israël devraient trouver un accord, et ils vont trouver un accord", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social dimanche matin, ajoutant que "de nombreux appels et rencontres ont lieu en ce moment".

En fin de journée, avant son départ pour le G7 au Canada, Donald Trump a renouvelé son appel aux deux pays: "Je pense qu'il est temps de conclure un accord et nous verrons ce qui se passera. Parfois, ils doivent se battre, mais nous verrons ce qui se passera. Je pense qu'il y a de bonnes chances qu'il y ait un accord", a-t-il déclaré sur le seuil de la Maison Blanche avant d'embarquer dans son hélicoptère Marine One.

Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.

Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées.

L'Iran a de son côté promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".