Bagdad se prépare à accueillir le pape François

Les employés de la municipalité installent des affiches accueillant le pape François dans la capitale irakienne Bagdad. (AFP)
Les employés de la municipalité installent des affiches accueillant le pape François dans la capitale irakienne Bagdad. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

Bagdad se prépare à accueillir le pape François

  • Bagdad porte toujours les stigmates d’un passé de guerres, de violences sectaires et de terrorisme
  • À majorité musulmane shiite (55%) et sunnite (40%), la capitale de l’Irak compte également une myriade de minorités religieuses

BAGDAD: Premier pape à se rendre en Irak, François arrivera à Bagdad vendredi pour une visite de trois jours à travers le pays. À Bagdad, on se prépare pour cet événement historique, entre mesures anti-Covid et sécurité accrue. Portrait de la capitale irakienne…

Des petits drapeaux jaunes et blancs, aux couleurs du Vatican, flottent tout au long des routes congestionnées du centre de Bagdad. Dans le quartier de Karrada, sur le rivage du fleuve Tigre, graffitis et pancartes masquent comme ils le peuvent les massives barricades en béton armé qui protègent la plupart des églises.

Malgré les inquiétudes sur la situation sécuritaire et la pandémie de Covid-19, la capitale irakienne se prépare à la première visite papale de son histoire. Et pour cause, l’Irak a vu grimper en flèche les cas de coronavirus: entre le début de l’année et la fin du mois de février, ils sont passés de sept cents à quatre mille par jour. Alors, depuis deux semaines, des mesures très sévères ont été mises en place dans tout le pays pour endiguer cette nouvelle vague: confinement total du vendredi au dimanche compris et couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin pour le reste de la semaine. En prime, une interdiction totale de circuler entre les provinces.

Les stigmates d’un passé de guerres

Confrontée à une urbanisation sauvage qui tente d’héberger ses quelque sept millions d’habitants (la population irakienne, qui en compte quarante millions aujourd’hui, a augmenté de dix millions en dix ans), Bagdad porte toujours les stigmates d’un passé de guerres, de violences sectaires et de terrorisme. Des bâtiments délabrés font face aux nouveaux chantiers dans le bruit assourdissant d’une circulation routière incessante que le couvre-feu peine à atténuer.

Si l’on considère le passé ensanglanté de la capitale irakienne, ville la plus dangereuse au monde en 2015, «la situation est plutôt stable et n’a pas beaucoup changé pendant les derniers mois», assure Hamdi Malik, analyste expert de l’Irak au Washington Institute. Toutefois, des éléments de tension viennent ternir ces signes d’amélioration. Depuis la fin de l’année 2019, la capitale est frappée par des tirs de missiles qui visent l’ambassade américaine, située dans la zone verte, le quartier ultrasécurisé des institutions politiques. Des responsables américains et irakiens accusent des milices armées pro-Iran d'en être responsables.

À ces incidents s’ajoutent des menaces sporadiques liées à la présence larvée de Daech à travers le pays. Le 21 janvier, une double attaque-suicide dans l’un des marchés les plus fréquentés de la capitale a causé la mort de trente-deux personnes. C’est l’attentat le plus meurtrier depuis trois ans.

Un retour peu probable des violences sectaires

Pendant la visite papale, «le gouvernement Irakien va faire de son mieux pour renforcer la sécurité. Mais le plus gros risque reste la présence de l’État islamique (EI) en Irak. Si les membres de cette organisation parvenaient à constituer une menace pendant la visite dans la région de Mossoul, Bakhdida, et dans le nord de l’Irak, cela aurait sans nul doute un énorme effet de propagande», redoute Sajad Jiyad, chercheur pour The Century Foundation.

Hamdi Malik se veut plus optimiste: «Le risque que l’EI vise des cibles de haut niveau est très bas. Ils n’arriveraient pas à atteindre les forces de sécurité, sans parler du pape. Et il est invraisemblable que les milices pro-iraniennes décident de s’en prendre au pontife.»

Tout comme est peu probable un retour des violences sectaires. C’est en tout cas la conviction de William Warda, le président de l’association Hammurabi, qui se consacre à la défense des minorités religieuses. «Il n’y a plus d’attaques liées à l’identité religieuse», confie-t-il, avant de rappeler les «milliers de chrétiens tués en raison de leur religion entre 2006 et 2008».

À majorité musulmane shiite (55%) et sunnite (40%), la capitale de l’Irak compte également une myriade de minorités religieuses. Il reste, selon William Warda, un millier de Yézidis et environ 2 000 Sabéen-Mandéens, un culte baptiste, monothéiste et gnostique qui survit en Irak et Iran. Quant aux chrétiens, ils ne seraient plus que 75 000 dans la capitale aujourd’hui. «Ils étaient au moins 750 000 en 2003. Dans tout l’Irak, Bagdad est, avec Mossoul, la ville dans laquelle le nombre de chrétiens a le plus diminué», se désole Warda.

Terrorisme, manifestations, crise économique et pandémie

Siège des institutions gouvernementales d’un pays qui tire 90% de ses profits du pétrole et qui compte un grand nombre d’emplois publics, Bagdad se porte relativement bien du point de vue économique. Cependant, la crise économique, l’inflation montante et les fréquents délais dans le paiement des salaires pourraient remettre le feu aux poudres. Entre les mois d’octobre 2019 et 2020, une vague de manifestations antigouvernementales ont fait au moins six cents morts dans le pays. Alors que 70% de la population a moins de 30 ans, «de plus en plus de jeunes atteignent l’âge de travailler et ne trouvent pas d’emploi», alerte Renad Mansour, chercheur à l’institut Chatham House de Londres.

«L’économie souffre et le confinement affecte davantage un système déjà compromis par la corruption et l’inefficacité», confirme Sajad Jiyad. Terrorisme, manifestations, crise économique et pandémie: à la veille de la visite papale, plusieurs menaces planent encore sur l’Irak. «Même si le gouvernement essaie à tout prix de montrer l’Irak comme une destination que le pape peut visiter en toute sécurité, le pays ne se trouve pas du tout dans une bonne situation», conclut Renad Mansour. Le chercheur rappelle que «la vie d’un Irakien moyen reste plutôt misérable».

«Que le pape insiste pour que cette visite ait lieu est un message très fort», concède Sajad Jiyad. Rien, toutefois, ne garantit que l’accalmie dure sur le long terme, à Bagdad comme dans le reste du pays.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.