Les fidèles irakiens attendent le pape, le cœur serré mais les bras ouverts

Le père Nadhir Dako arrange un drapeau du Vatican pour accueillir le pape François à l'église chaldéenne Saint-Joseph avant la visite du pape, à Bagdad. (Photo, AP)
Le père Nadhir Dako arrange un drapeau du Vatican pour accueillir le pape François à l'église chaldéenne Saint-Joseph avant la visite du pape, à Bagdad. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

Les fidèles irakiens attendent le pape, le cœur serré mais les bras ouverts

  • «Aujourd’hui, il n'y a qu’environ un demi-million de chrétiens en Irak, contre plus de 6 millions en 2003»
  • Les facteurs économiques et politiques sont autant à blâmer que la menace des groupes extrémistes tels que Daech

BAGDAD: Dans la sacristie de la cathédrale chaldéenne Saint-Joseph du quartier de Karrada à Bagdad, le révérend Nadhir Dako laisse échapper un soupir fatigué.

En plus d’avoir travaillé d’arrache-pied avec son équipe de volontaires afin de préparer l'arrivée du pape François, il se sent abattu par les difficultés croissantes auxquelles qui minent la vie des Irakiens en général, et de la communauté chrétienne en particulier.

«Il ne reste qu’environ 150 familles de fidèles» dans la paroisse, révèle Dako à Arab News. «Tous les autres ont fui vers la Jordanie, la Turquie ou l'Europe, et personne n'a pu rentrer, soit à cause de la crise économique, soit parce que les milices armées se sont emparées de leurs biens et leurs demeures».

À son arrivée vendredi, le pape François sera le premier pontife à visiter l'Irak.

À Bagdad, les préparatifs de son arrivée ont eu lieu au milieu de risques reliés à la pandémie de la Covid-19 et d’une sécurité fragilisée par des incidents. Malgré les défis de cette visite historique, le sort des chrétiens irakiens ces dernières années semble avoir alimenté la détermination du pape pour effectuer la visite.

Les chrétiens représentent désormais moins de 2% de la population du pays.

«Il est très difficile de voir les fidèles quitter le pays», a déclaré Dako. «Je prie seul à l'autel. Parfois, en disant la messe devant une nef presque vide, je me sens réellement comme un étranger dans ma propre paroisse».

 

Le Père Nadhir Dako place un poster de bienvenue pour le Pape François à l'église chaldéenne Saint-Joseph en préparation de la visite du Pape, à Bagdad. (AP)
Le Père Nadhir Dako place un poster de bienvenue pour le Pape François à l'église chaldéenne Saint-Joseph en préparation de la visite du Pape, à Bagdad. (AP)

 

Depuis que l'invasion américaine de 2003 a mis la sécurité du pays en chute libre, le nombre de chrétiens a diminué d'environ 90%. Cependant, les facteurs économiques et politiques sont autant à blâmer que la menace des groupes extrémistes tels que Daech.

L'annonce de la visite du pape a donné à cette communauté en détresse un brin d'espoir bien mérité. Dans le quartier de Karrada, au centre de Bagdad, des graffitis et des pancartes masquent tant bien que mal les énormes barricades en béton armé qui protègent la plupart des églises.

«Benvenuto a Francesco» (bienvenue, François) dit une affiche près de Saint-Joseph où le pape prononcera la messe samedi. Bien qu’enthousiasmé par cette visite Dako confie que sa vie quotidienne reste difficile.

Dans un pays dominé par la corruption, les emplois sont souvent attribués aux membres des groupes religieux les plus influents, sunnites et chiites. En plus de la corruption, l'état désastreux de l'économie à Bagdad signifie que les chrétiens ont du mal à trouver de bons emplois. Par conséquent, de plus en plus de chrétiens envisagent de quitter l'Irak. Les rares d’entre eux qui restent ont souvent du mal à payer leurs loyers et les frais de scolarité de leurs enfants.

«De nombreuses familles ont fui l'Irak à cause de l'État islamique (Daech)… mais de nos jours, elles tentent de quitter l'Irak à cause de cette mauvaise situation qui touchent tous les Irakiens en général», a affirmé Dako. «La réalité est que l'instabilité économique oblige les chrétiens à quitter l'Irak».

Lorsque la visite du pape a été annoncée en décembre, le moral est quelque peu remonté. Les évêques en Irak estiment que la visite donne de l'espoir aux Irakiens qui ont beaucoup souffert, et encouragerait peut-être même les chrétiens à revenir. Deux mois plus tard, le sentiment de désespoir demeure évident partout.

Au cours de ses 35 années en tant que prêtre à Bagdad, Dako a vu de nombreuses églises fermer leurs portes, ou être détruites. En décembre, il a décidé de visiter l’église Saint-Jacques dans la banlieue sud de Bagdad.

«J'avais déjà prononcé la messe là-bas en 1996», a-t-il signalée. «Maintenant, il n’y a même pas d’autel. De toute manière, il n'y a plus de famille chrétienne dans ce quartier».

L'église a été incendiée par Daech en 2015 et n'a pas été reconstruite, même si elle est située dans un quartier qui, avant l'invasion de 2003, abritait la plus grande communauté de chrétiens assyriens en Irak.

«Aujourd’hui, il n'y a qu’environ un demi-million de chrétiens en Irak, contre plus de 6 millions en 2003», explique William Warda, le président de l'organisation Hammurabi, qui fait valoir les droits des minorités religieuses dans le pays. «À Bagdad, ils étaient autrefois 750 000; aujourd'hui, ils ne sont plus que 75 000».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Iran promet une réponse si Washington tente de franchir une « ligne rouge »

Cette combinaison d'images, créée le 7 novembre 2024, montre l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, le 5 juillet 2024, et Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, le 4 novembre 2024 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. (Photo par ATTA KENARE et CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Cette combinaison d'images, créée le 7 novembre 2024, montre l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, le 5 juillet 2024, et Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, le 4 novembre 2024 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. (Photo par ATTA KENARE et CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • « Les États-Unis sont complices des agissements d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, Ali Bahreini, aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU).
  • L'ambassadeur a également critiqué l'attitude des pays européens.

GENEVE : L'ambassadeur iranien auprès des Nations unies à Genève a accusé mercredi les États-Unis d'être « complices » des agissements d'Israël en Iran, promettant une riposte si une « ligne rouge » est franchie.

L'armée israélienne mène depuis le 13 juin des frappes sans précédent sur l'Iran, disant vouloir empêcher Téhéran d'obtenir l'arme nucléaire. En riposte, l'Iran a promis de bombarder Israël sans relâche jusqu'à la fin des attaques.

« Les États-Unis sont complices des agissements d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, Ali Bahreini, aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU).

« Nous suivons les actions des États-Unis. Et à tout moment, si nous arrivons à la conclusion que les États-Unis sont directement impliqués dans les attaques contre l'Iran, nous commencerons à répondre aux États-Unis », a-t-il prévenu.

Il a également indiqué que l'Iran restait vigilant face aux propos de Donald Trump.

« Nous le prenons en compte dans nos calculs et évaluations », a-t-il dit, affirmant que « si une ligne rouge est franchie, il y aura une réponse ».

Affirmant disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique, Israël a frappé des centaines de sites militaires et nucléaires en Iran, tuant les plus hauts gradés ainsi que des scientifiques du nucléaire. 

L'Iran, qui dément toute intention de fabriquer l'arme nucléaire, a déclaré qu'il riposterait à ce qu'il considère comme une « guerre » lancée par Israël, qu'il accuse d'avoir cherché à torpiller les négociations sur le nucléaire entre Téhéran et Washington.

« L'Iran va répondre. L'Iran est déterminé à répondre aux attaques d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, ajoutant que « nous répondons très sérieusement et fermement, et c'est ce que nous faisons maintenant ». 

L'ambassadeur a également critiqué l'attitude des pays européens.

« Quand vous regardez les positions des différents pays, non seulement ils ne condamnent pas les attaques et l'agression, mais ils essaient aussi de justifier l'agression par des allégations et des excuses infondées. C'est honteux », a-t-il affirmé.

Interrogé sur une possible reprise des négociations, il a indiqué que « pour l'instant, nous n'envisageons aucun scénario, si ce n'est celui de nous défendre ».

Mercredi également, lors de son discours devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, l'ambassadeur a mis en garde les soutiens d'Israël.

« Les partisans du régime israélien et les États-Unis en premier lieu devraient savoir que soutenir ce régime signifie soutenir directement les violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme », a-t-il dit.


L'armée israélienne annonce qu'un de ses drones a été abattu en Iran

De la fumée s'élève au milieu des explosions signalées dans des bâtiments par les forces israéliennes à l'est et au nord de la ville de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, à l'aube du 17 juin 2025. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
De la fumée s'élève au milieu des explosions signalées dans des bâtiments par les forces israéliennes à l'est et au nord de la ville de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, à l'aube du 17 juin 2025. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
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  • « Un missile sol-air a été tiré en direction d'un drone de l'armée de l'air et celui-ci est tombé en Iran », indique un communiqué militaire.
  • L'agence de presse de la radio-télévision d'État iranienne (IRIB) avait annoncé que la défense antiaérienne avait abattu mercredi matin « un drone de pointe Hermès » dans le ciel d'Ispahan, dans le centre de l'Iran. 

JERUSALEM : L'armée israélienne a annoncé mercredi pour la première fois depuis le début de sa campagne de frappes sur l'Iran qu'un de ses drones était tombé en territoire iranien après avoir été visé par un tir de missile.

« Un missile sol-air a été tiré en direction d'un drone de l'armée de l'air et celui-ci est tombé en Iran », indique un communiqué militaire.

« Aucun blessé n'a été signalé et il n'y a aucun risque de fuite d'informations », ajoute le texte.

L'armée israélienne ne précise pas le type de l'appareil abattu (drone de surveillance, d'attaque, etc.).

Plus tôt, l'agence de presse de la radio-télévision d'État iranienne (IRIB) avait annoncé que la défense antiaérienne avait abattu mercredi matin « un drone de pointe Hermès » dans le ciel d'Ispahan, dans le centre de l'Iran. 

Le 13 juin, Israël a lancé une attaque d'une ampleur sans précédent sur l'Iran, affichant l'ambition d'empêcher le pays de se doter de la bombe atomique, objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.

Selon le dernier bilan officiel iranien publié dimanche, les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés en Iran.

Depuis vendredi, les salves de missiles iraniens tirées en riposte sur Israël ont fait 24 morts, selon le bureau du Premier ministre israélien.


Gaza: la Défense civile fait état de 30 personnes tuées par des tirs israéliens

Des hommes transportent sur une civière le corps d'une victime qui aurait été tuée par un bombardement israélien à l'ouest de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 17 juin 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
Des hommes transportent sur une civière le corps d'une victime qui aurait été tuée par un bombardement israélien à l'ouest de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 17 juin 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
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  • Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l'AFP que 11 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées « après que les forces d'occupation israélienne ont ouvert le feu et tiré plusieurs obus
  • « Les victimes cherchaient à obtenir de l'aide alimentaire et de la farine », a-t-il précisé. 

JERUSALEM : La Défense civile de Gaza a indiqué que 30 personnes, dont 11 venues chercher de l'aide, avaient été tuées par l'armée israélienne mercredi dans le territoire palestinien ravagé par plus de vingt mois de guerre et menacé de famine selon l'ONU.

Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l'AFP que 11 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées « après que les forces d'occupation israélienne ont ouvert le feu et tiré plusieurs obus entre 2 h 30 et 6 heures du matin sur des milliers de citoyens rassemblés » dans le centre de la bande de Gaza, notamment à Nousseirat, pour attendre l'ouverture de centres de distribution d'aide.

« Les victimes cherchaient à obtenir de l'aide alimentaire et de la farine », a-t-il précisé. 

Mercredi également, 19 personnes ont été tuées dans trois attaques israéliennes, a indiqué la Défense civile, ajoutant que l'armée israélienne avait fait exploser sept maisons dans le nord du territoire palestinien, à Beit Hanoun.

Mardi, la Défense civile avait fait état d'au moins 53 personnes tuées et de plus de 200 blessées au moment où des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés près d'un centre d'aide dans le sud de la bande de Gaza.

Les Palestiniens racontent que les distributions sont chaotiques et dangereuses, et la Défense civile rapporte des morts en marge des centres d'aide presque tous les jours.