Sans la soupape des subventions, le Liban franchira un nouveau seuil de pauvreté

Un volontaire de l'ONG libanaise Beit al-Braka vient en aide à une femme au magasin de l'organisation dans la capitale Beyrouth, le 24 février 2021. (Joseph Eid/AFP)
Un volontaire de l'ONG libanaise Beit al-Braka vient en aide à une femme au magasin de l'organisation dans la capitale Beyrouth, le 24 février 2021. (Joseph Eid/AFP)
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

Sans la soupape des subventions, le Liban franchira un nouveau seuil de pauvreté

  • Voyant fondre ses réserves "limitées en devises étrangères", la Banque centrale a réclamé en février "un plan immédiat pour rationaliser les subventions".
  • Dans un pays qui importe 80 pour cent de sa nourriture, plus de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté et dépend des subventions pour s'en sortir

BEYROUTH : Pour subvenir aux besoins de sa famille, Sandra al-Tawil a vendu son frigidaire et sa machine à laver. Dans un Liban en faillite, elle redoute une réforme des subventions qui risque de précipiter davantage de foyers dans la misère.

Pain, carburant, transports: avec une livre libanaise en chute libre, les prix des produits, même subventionnés, ont augmenté, dans un pays où la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté.

"On se serre déjà la ceinture. Qu'est ce qu'on va manger si on ne peut plus acheter du riz ou des lentilles?", s'emporte la quadragénaire, mère de deux enfants.

Abandonnant une vie confortable à Dubaï, elle et son mari coiffeur visagiste décident de rentrer au Liban, se lançant à leur compte en 2019. Avec l'effondrement économique et la pandémie, le rêve a tourné au cauchemar.

"On est arrivé à un point où j'ai dû vendre ma machine à laver et mon frigidaire (...) juste pour avoir notre pain quotidien et payer le loyer", se lamente-t-elle.

Son mari a retrouvé du travail. Une ONG leur fournit des aides alimentaires et paye les frais de scolarité. Mais la famille reste sur le fil du rasoir.

Le récit de Sandra al-Tawil est entrecoupé d'invectives contre l'incurie de dirigeants corrompus, imperturbables face à l'urgence de la situation après avoir survécu à un mouvement de contestation inédit fin 2019. "Il faut une révolution qui fasse tomber des têtes", lâche-t-elle.

Depuis 2019, le Liban connaît sa pire crise économique. Le chômage a explosé, l'inflation aussi. La monnaie a atteint un plus bas historique, s'échangeant à 10.000 livres pour un dollar sur le marché parallèle, et les banques ont imposé des restrictions draconiennes inédites aux épargnants.

"Inflationnistes"

L'ONG Beit El-Baraka offre soins médicaux et aides alimentaires à 226.000 personnes. Selon sa fondatrice Maya Ibrahimchah, les bénéficiaires appartiennent à "la classe moyenne" qui s'est effondrée. "Nous recevons des centaines de messages."

Et la situation risque d'empirer.

Le Liban importe quasiment tout et les subventions sont une véritable soupape de sécurité.

Mais, voyant fondre ses réserves "limitées en devises étrangères", la Banque centrale a réclamé en février "un plan immédiat pour rationaliser les subventions".

Bottant en touche, le gouvernement n'a pas fixé de calendrier.

Le système actuel, financé à hauteur de 437 millions de dollars par mois selon une estimation de la Banque mondiale, couvre les importations de carburant, de la farine, des médicaments et aussi depuis mi-2020 un panier d'environ 300 produits.

Cela permet de juguler en partie les prix: la Banque centrale offre aux importateurs le taux de change officiel de 1.507 livres pour un dollar, pour couvrir la plus grande partie des financements des importations.

Jusqu'à quand? Fin février les réserves de la Banque centrale s'élevaient à 17,9 milliards de dollars, selon son site. Les réserves obligatoires, auxquelles l'institution refuse de toucher, sont de 17,5 milliards.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), lui, met en garde contre les "importantes répercussions inflationnistes" d'une réforme, assurant que "le prix du pain pourrait augmenter de 1,5 ou 3 fois le prix actuel, celui du carburant de 4,5".

En 2020, le PAM a apporté des aides à 417.000 Libanais et va bientôt soutenir 50.000 familles par mois. "Pour mitiger les effets d'une levée des subventions, il est crucial d'augmenter les aides sociales aux plus pauvres."

"50 dollars"

Une note de travail, envoyée à l'AFP par le ministre de l'Economie Raoul Nehmé, évoque une réforme progressive, avec le versement d'"aides" financières, sur plusieurs années.

Dans un premier temps, les subventions sur le panier de 300 produits, le pain et le carburant seront supprimées. Puis viendra une révision des tarifs à l'Electricité du Liban.

En contrepartie, jusqu'à 80% de la population recevra une allocation mensuelle de 50 dollars par adulte -la moitié par enfant-, durant la première année.

Le montant, mais aussi le pourcentage des bénéficiaires, sera progressivement revu à la baisse.

Dans la même optique, un prêt de 246 millions de dollars de la Banque mondiale va permettre de financer des allocations pour près de 800.000 Libanais parmi les plus défavorisés.

Avec un fils au chômage, les temps sont durs pour Nasser Jomaa.

"A un moment on ne pourra plus acheter ce qu'on mange au quotidien", s'inquiète le quinquagénaire.

Chauffeur, il gagne par mois 1,6 million de livres, aujourd'hui l'équivalent de 160 dollars. Avant la crise son salaire valait 1.000 dollars.

Comme beaucoup il reste sceptique sur les aides publiques. "Ce sont des paroles en l'air, nous n'avons aucune confiance en l'Etat."


Liban: deux membres du Hezbollah tués par l'armée israélienne

De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, près de la frontière sud du Liban, au milieu des tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants du Hamas à Gaza (Photo, AFP).
De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne sur le village de Majdel Zoun, près de la frontière sud du Liban, au milieu des tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants du Hamas à Gaza (Photo, AFP).
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  • Le Hezbollah libanais échange quotidiennement des tirs avec Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas
  • Dans un communiqué, la puissante formation a déploré la mort d'un de ses membres dans la localité où la frappe de drone a eu lieu

BEYROUTH: Le Hezbollah a annoncé mardi la mort de deux de ses membres tués dans des frappes de l'armée israélienne, qui a indiqué avoir éliminé "deux terroristes importants" dans le sud du Liban.

Le Hezbollah libanais échange quotidiennement des tirs avec Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, il y a plus de six mois.

Israël réplique en bombardant des cibles de plus en plus en profondeur au Liban et ses drones visent régulièrement des combattants et responsables du mouvement pro-iranien.

Un drone israélien a visé "un ingénieur du Hezbollah, membre de la défense aérienne", a indiqué à l'AFP une source proche du parti chiite.

La frappe s'est produite dans la région côtière de Tyr, à environ 35 kilomètres au nord de la frontière avec Israël, selon un photographe de l'AFP qui a vu le véhicule entièrement carbonisé.

Dans un communiqué, la puissante formation a déploré la mort d'un de ses membres dans la localité où la frappe de drone a eu lieu.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé avoir "éliminé un terroriste important de l'unité de défense aérienne du Hezbollah dans le sud du Liban" à une vingtaine de kilomètres de la frontière.

L'homme était "impliqué dans la planification et l'exécution d'attaques terroristes contre Israël et dans les activités de l'unité aérienne du Hezbollah", a ajouté l'armée israélienne.

L'armée israélienne a également annoncé avoir "éliminé un terroriste important des forces al-Radwan", l'unité d'élite du Hezbollah.

Tensions 

Le Hezbollah avait annoncé la mort d'un de ses combattants dans la nuit de lundi à mardi, l'Agence nationale d'information (ANI, officielle) faisant état de bombardements israéliens intensifs durant la nuit sur le sud du Liban.

Depuis environ une semaine, le Hezbollah, allié du Hamas, a intensifié ses frappes contre des sites militaires israéliens sur fond de tensions entre Israël et l'Iran.

Dimanche soir, le Hezbollah avait annoncé avoir abattu un drone israélien au-dessus du Liban, et l'armée israélienne avait confirmé.

Lundi soir, la puissante formation a annoncé avoir visé un quartier général militaire dans le nord d'Israël avec des "dizaines" de roquettes Katioucha, "en réponse" à des raids sur des villages du sud du Liban.

Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre ont fait 378 morts du côté libanais, parmi lesquels 252 combattants du mouvement libanais ainsi que quelque 70 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée. Des dizaines de milliers d'habitants ont dû fuir la zone de part et d'autre de la frontière.


Deux millions de visiteurs par an à AlUla d’ici à 2035, selon un haut responsable

Le Dr Stephen Browne, vice-président de la faune et du patrimoine naturel au sein de la Commission royale pour AlUla, partage la vision d’AlUla pour le développement des zones protégées lors du forum Hima à Riyad. (Photo AN/Abdelrahmane Alnajim)
Le Dr Stephen Browne, vice-président de la faune et du patrimoine naturel au sein de la Commission royale pour AlUla, partage la vision d’AlUla pour le développement des zones protégées lors du forum Hima à Riyad. (Photo AN/Abdelrahmane Alnajim)
Une session sur les aires protégées et le développement économique lors du forum Hima à Riyad (Photo AN/Abdelrahmane Alnajim)
Une session sur les aires protégées et le développement économique lors du forum Hima à Riyad (Photo AN/Abdelrahmane Alnajim)
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  • «Notre mission est de permettre à AlUla de prospérer au profit de ses communautés et de ses visiteurs en régénérant et en protégeant son paysage culturel»
  • «Nous favorisons la mise en place d’une communauté dynamique et prospère pour soutenir le développement d’un avenir durable pour AlUla grâce au renforcement des capacités»

RIYAD: La Commission royale pour AlUla a pour objectif d’accueillir deux millions de visiteurs par an et à créer 40 500 emplois d’ici à 2035: c’est ce qu’a déclaré un haut responsable de la commission. 

Lors du deuxième jour du forum inaugural des zones protégées de Hima, à Riyad, lors d’une session intitulée «Zones protégées et développement économique», l’intervenant principal, le Dr Stephen Browne, vice-président de la faune et du patrimoine naturel au sein de la Commission royale pour AlUla, a exposé la vision d’AlUla pour le développement des zones protégées et son impact économique. 

«Nos efforts s’inspirent d’une vision inspirante et notre mission est claire. Nous nous sommes fixé trois objectifs globaux pour 2035: deux millions de visiteurs par an, 40 500 nouveaux emplois à créer et 150 milliards de riyals saoudiens [soit 40 milliards de dollars; 1 dollar = 0,94 euro] de contribution cumulée au produit intérieur brut», a-t-il expliqué. 

«Notre mission est de permettre à AlUla de prospérer au profit de ses communautés et de ses visiteurs en régénérant ainsi qu’en protégeant son paysage culturel et en offrant une certaine qualité de vie», a-t-il ajouté. 

«Nous favorisons la mise en place d’une communauté dynamique et prospère pour soutenir le développement d’un avenir durable pour AlUla grâce au renforcement des capacités: fournir une formation de classe mondiale, créer des possibilités d’emploi pour les résidents d’AlUla dans le tourisme et d’autres secteurs économiques, promouvoir les entrepreneurs locaux en établissant des incubateurs de start-up et améliorer la qualité de vie en fournissant des services de santé de haute qualité et en créant des possibilités passionnantes en matière d’engagement communautaire», a soutenu M. Browne. 

«La nature et la vie sauvage sont des piliers essentiels de la stratégie d’AlUla. Elles sont tout aussi importantes que le développement économique et social, le tourisme, le patrimoine, l’art et la culture. AlUla aspire à devenir une destination mondiale. Les réserves naturelles et la faune sauvage en sont une grande partie», a-t-il précisé. 

«Notre stratégie repose sur sept piliers stratégiques: le tourisme, le patrimoine, l’art et la culture, la nature et la faune, le développement économique et social, le développement spatial, ainsi que la promotion des services et de l’excellence institutionnelle.» 

Le Dr Talal al-Harigi, PDG de la Réserve royale de l’imam Abdelaziz ben Mohammed, a fait savoir lors de cette session: «De nombreuses zones protégées fonctionnent souvent comme des centres de coûts. L’enjeu est de passer de ce modèle à un modèle générateur de profit ou de trouver un équilibre harmonieux entre les deux. Le fait de tirer parti de l’écotourisme et d’explorer d’autres activités économiques présente des voies viables pour atteindre cet objectif.» 

Nada al-Tamimi, adjointe aux affaires nationales au ministère saoudien du Tourisme, a évoqué les répercussions positives du tourisme durable sur les zones protégées et les communautés locales. 

«L’écotourisme durable, méticuleusement organisé et géré de manière réfléchie, répond aux désirs des voyageurs, mais il constitue également un moteur essentiel pour la génération de revenus, la création d’emplois et la prospérité économique», a-t-elle précisé. 

Le Dr Stuart Williams, conseiller principal à la direction des zones protégées du Centre national pour la faune sauvage, a déclaré pour sa part: «Nous devons adopter une perspective à long terme: lorsque le bien-être et le bonheur de notre population seront assurés, nous aurons plus que démontré aux économistes que chaque riyal investi permettra de réaliser des bénéfices importants.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Diriyah Co. dévoile son dernier projet, Zallal

Zallal proposera également un accès direct à Wadi Hanifah. (Photo fournie)
Zallal proposera également un accès direct à Wadi Hanifah. (Photo fournie)
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  • Ce projet comprendra deux immeubles de bureaux peu élevés d’une surface locative combinée d’environ 6 000 m²
  • Il comprendra douze commerces et restaurants, répartis sur une superficie de quelque 8 000 m²

RIYAD: La société saoudienne Diriyah Co. a révélé les plans de son premier projet de développement de bureaux commerciaux et de commerces à usage mixte, Zallal, qui devrait être lancé dans le district de Bujairi au cours du premier semestre de l’année 2025. 

Ce projet comprendra deux immeubles de bureaux peu élevés d’une surface locative combinée d’environ 6 000 m². En outre, il y aura douze commerces et restaurants répartis sur une superficie de quelque 8 000 m². 

Situé à côté des célèbres terrasses Bujairi, Zallal bénéficiera de la proximité d’un lieu qui attire quotidiennement des milliers de visiteurs. 

Le projet est également situé près de l’espace Diriyah Art Futures, récemment achevé, et de l’hôtel Bab Samhan, qui ouvrira bientôt ses portes. 

Jerry Inzerillo, PDG du groupe Diriyah Co., confie: «Nous sommes ravis que Zallal ait été si bien accueilli au sein du secteur commercial et nous sommes en négociations avancées avec des entreprises internationales et locales désireuses de tirer parti de l’emplacement central au cœur de Diriyah ainsi que de la gamme diversifiée d’espaces commerciaux, de restaurants et de bureaux disponibles.» 

Il ajoute: «La construction suit son cours et Zallal maintient l’élan prometteur de Diriyah. Une fois lancé, le projet accueillera des milliers de visiteurs au quotidien dans les terrasses de Bujairi, devenant ainsi le dernier espace achevé dans le cadre de notre plan directeur en développement rapide.» 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com