Une crise de gouvernance prolongée laisse le Liban à la dérive et isolé

Des manifestants antigouvernementaux scandent des slogans lors d'une manifestation dans le centre de la ville portuaire de Tripoli, dans le nord du Liban, le 31 janvier 2021 (Photo, AFP)
Des manifestants antigouvernementaux scandent des slogans lors d'une manifestation dans le centre de la ville portuaire de Tripoli, dans le nord du Liban, le 31 janvier 2021 (Photo, AFP)
La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté, mais le pire reste à venir (Photo: Marwan Tahtah)
La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté, mais le pire reste à venir (Photo: Marwan Tahtah)
La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté, mais le pire reste à venir (Photo: Marwan Tahtah)
La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté, mais le pire reste à venir (Photo: Marwan Tahtah)
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Publié le Samedi 13 mars 2021

Une crise de gouvernance prolongée laisse le Liban à la dérive et isolé

  • Depuis le début du mois de mars, les Libanais sont dans la rue et se livrent à une nouvelle série de manifestations, alors que la livre atteint un niveau record au marché noir
  • Des rixes ont éclaté dans les supermarchés autour des produits de première nécessité, alors que les familles luttent pour survivre

DUBAÏ: Depuis le début du mois de mars, les Libanais sont dans la rue et se livrent à une nouvelle série de manifestations, alors que la livre atteint un niveau record au marché noir. Au cours de la semaine dernière, des manifestants ont fermé la place principale des Martyrs, dans le centre de Beyrouth, tandis que d’autres ont bloqué l’autoroute qui relie la capitale du Nord et au Sud. 

Un nouveau niveau de violence et de détresse s'est installé dans le pays. Des rixes ont éclaté dans les supermarchés autour des produits de première nécessité, alors que les familles luttent pour survivre. Plus de la moitié de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté. 

Jeudi dernier, le ministre français des Affaires étrangères s’est associé aux critiques qui dénoncent l’inertie des politiciens libanais. «Ils se sont tous engagés à agir pour créer un gouvernement inclusif et à mettre en œuvre des réformes indispensables», déclare Jean-Yves Le Drian à Paris. «C’était il y a sept mois, et rien ne bouge.» 

Le Liban a vécu près de deux mois de confinement strict. Cette période, qui a vivement affecté son économie et a conduit sa population au bord du gouffre, a coïncidé avec une montée des troubles civils et un assassinat politique brutal, qui a fait craindre une nouvelle instabilité. 

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Un jeune garçon réagit tandis que des manifestants antigouvernementaux libanais, qui affrontent les forces de sécurité, font le tour des maisons de députés et de responsables gouvernementaux, dans la ville portuaire de Tripoli, au nord du pays, au mois de janvier 2021 (AFP/File Photo) 

Depuis le 14 janvier dernier, on a interdit aux citoyens qui ne sont pas considérés comme des «travailleurs essentiels» de quitter leur domicile par un confinement strict (vingt-quatre heures sur vingt-quatre) imposé après qu'une flambée des cas de coronavirus a submergé le système de santé du pays. 

Les mesures sanitaires contre le coronavirus ont amplifié la misère d'une population déjà ébranlée par l'effondrement de la monnaie, de nombreux ménages étant contraints de recourir à l’aumône ou à un marché noir en plein essor. 

L’impact combiné de la reprise des manifestations, de la violence politique et de la souffrance économique ébranle les Libanais, encore sous le choc du traumatisme de l’explosion du port de Beyrouth en août dernier. 

Pour les familles qui sont confrontées à la misère et qui ont peu de chances d'être aidées par un gouvernement fonctionnant à peine, ce dernier confinement représente un véritable coup de massue. 

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Des manifestants antigouvernementaux libanais qui font le tour des maisons de députés et de responsables gouvernementaux brûlent des ordures dans la ville portuaire de Tripoli, au nord, afin de protester contre la situation économique et le rôle des dirigeants dans la conduite du pays vers la crise, le 28 janvier 2021 (AFP/File Photo) 

«Rien de tout cela n’est surprenant», déclare à Arab News Nasser Saïdi, ancien ministre libanais de l’Économie et du Commerce. 

«Les salaires diminuent. Le PIB est en baisse d'au moins 25%. Nous avons une inflation supérieure à 130%, la pauvreté générale atteint 50% de la population, la pauvreté alimentaire représente plus de 25% de la population, le chômage augmente rapidement, et des milliers d'entreprises sont en train de fermer», déplore-t-il. 

«Tout cela coïncide avec le confinement. Cette décision de verrouiller le Liban, telle qu’elle a été prise, était stupide, parce qu’elle a empêché les gens d’acheter des produits de première nécessité. Et cela mène à la fermeture des usines et à l’arrêt de la fabrication», poursuit l’homme politique. 

«Si vous tombez malade, vous n’avez même pas la possibilité de vous déplacer jusqu’à l’hôpital ou de bénéficier de ses services. Les hôpitaux sont pleins à cause de la Covid-19. Il y a eu une série de décisions et de politiques très mauvaises et le Liban en paie le prix. Cela va continuer. À mon avis, nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg», explique-t-il. 

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Des soldats de l'armée libanaise se déploient autour de la place Al-Nour dans la ville nord de Tripoli, après des affrontements entre les forces de sécurité et des manifestants antigouvernementaux (AFP/Fichier Photo) 

La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté; mais le pire est à venir. Alors que le taux officiel du dollar américain (1 dollar = 0,84 euro) au Liban est de 1 520 livres libanaises (LBP), le prix du marché noir atteint désormais un niveau record de 10 000 LBP contre 7 000 LBP il y a à peine quelques mois. 

Le 8 mars dernier, le président, Michel Aoun, a demandé aux forces de sécurité d'éviter que les routes ne soient bloquées par les manifestants après que les manifestants ont proclamé un «jour de rage». Des troupes ont été amenées à ouvrir brièvement les routes principales bloquées par les manifestants, qui les ont ensuite refermées, engageant un bras de fer sans issue avec les forces gouvernementales. 

En l’absence d'un nouveau cabinet ou de la mise en œuvre de réformes, certains manifestants ont appelé à une relance du mouvement de rue de la fin de l’année 2019, qui exigeait le retrait de l’ensemble de la classe politique. 

Les détracteurs du gouvernement et des diverses factions armées qui contrôlent la vie politique au Liban sont passibles de représailles pour avoir pris la parole. Le 5 février, l'intellectuel Lokman Slim, très critique envers le Hezbollah, a été retrouvé mort dans une voiture dans la région sud de Zahrani. Son corps présentait de multiples traces de blessures par balle. 

QUELQUES CHIFFRES

Crise au Liban 

  • 405 000: nombre d’infections à la Covid-19 enregistrées. 
  • 19,2%: baisse du PIB en 2020. 
  • 1/5: proportion de la population en situation d'extrême pauvreté. 

En dépit des enquêtes en cours, la milice chiite soutenue par l'Iran est considérée comme le principal suspect. De nombreux observateurs estiment que ce meurtre marque un tournant sombre dans un pays dont le sort ne tient déjà qu'à un fil. 

«Malgré tous les assassinats que nous avons eus au Liban au début des années 2000 et l'invasion israélienne de 2006, nous ne nous sommes jamais sentis en danger comme aujourd’hui», déclare à Arab News Mariana Wehbe, qui dirige un cabinet de relations publiques à Beyrouth. «Quand avons-nous dû cacher nos bijoux et nos objets de valeur auparavant? Tout le monde a peur de ce qui va arriver ensuite.» 

Certains observateurs craignent que le naufrage économique du Liban ne rende le peuple encore plus dépendant des factions politiques, qui leur fournirait aide et sécurité – un retour à la période de la guerre civile, entre 1975 et 1990, quand les milices régnaient en maîtres. 

Bien que pessimiste, Ramzi el-Hafez, un analyste politique qui vit à Beyrouth, estime que le Liban est encore loin de connaître une réplique de la guerre qui avait anéanti le pays en 1975. 

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Tripoli était déjà l’une des régions les plus pauvres du Liban avant que la pandémie de coronavirus ne génère une crise économique chronique. Beaucoup de ses résidents se sont retrouvés sans revenus depuis que le Liban a imposé un confinement plus tôt ce mois-ci, dans le but d'endiguer une flambée des cas de Covid-19 et d'éviter que ses hôpitaux ne soient submergés (AFP/Fichier Photo) 

«Nous avions deux groupes armés qui se battaient. Maintenant, nous n'avons plus que le Hezbollah, et aucun groupe armé n'essaie de le combattre», explique El-Hafez à Arab News. 

«Il n'y a aucun signal de guerre civile. La nouvelle phase est celle dans laquelle nous nous trouvons déjà: le Hezbollah contrôle le pays en toute impunité, et personne ne s'y oppose. En outre, le Liban a pu bénéficier par le passé de l'aide d'amis dans le Golfe et en Occident. Désormais, personne ne l’aide», constate-t-il. 

«Nous essayons de résoudre nos problèmes, mais nous ne sommes pas en mesure de le faire et nos amis nous disent de nous débarrasser du Hezbollah avant d’accepter de nous aider. Au Liban, nous sommes pris au piège. C'est cela, la nouvelle phase», indique-t-il encore. 

Le meurtre de Lokman Slim ne représente pas une étape significative, estime M. El-Hafez, car les meurtres de ce genre n’ont pas cessé depuis l’assassinat de Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre libanais, en 2005. 

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Les forces de sécurité affrontent des manifestants antigouvernementaux le long d'une route principale près de la place Al-Nour, dans le centre de la ville portuaire du nord du Liban de Tripoli (AFP/Fichier Photo) 

«Parfois, les assassinats sont espacés, mais, à chaque nouveau crime, les gens pensent que nous sommes entrés dans une nouvelle phase», affirme-t-il. 

Tout le monde n'est pas convaincu que le meurtre de Slim soit anodin. À Tripoli, une source, qui s'est entretenue avec Arab News sous couvert d'anonymat, pense que le Hezbollah s'est retrouvé acculé. 

«Il semble que le Hezbollah n’ait pas eu le choix», déclare cette source. «Quelque chose se passe en coulisses, mais nous ne savons pas encore ce que c'est. Il est périlleux pour le pays qu'une nouvelle période d'assassinats puisse avoir lieu, en plus de ce que nous traversons déjà.» 

Lorsqu'un rival politique est assassiné au Liban, l'affaire est rarement résolue. Les factions et les milices dominent depuis longtemps le paysage politique. Elles se caractérisent par le clientélisme, le favoritisme social et le sectarisme. 

«Avant tout accord, les partis resserrent leurs rangs», déclare la source. «Les partis politiques libanais considèrent la politique comme une entreprise et non comme un service rendu au peuple.» En conséquence, un gouvernement inefficace ne peut lancer un plan de sauvetage financier ou mettre en œuvre des réformes économiques, pourtant désespérément nécessaires pour sortir le pays du marasme. 

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La détérioration de la situation économique et financière a plongé des dizaines de milliers de Libanais dans la pauvreté, mais le pire est à venir (Photo: Marwan Tahtah) 

Le sort du Hezbollah dépend, dans une large mesure, de celui de ses patrons à Téhéran, selon les analystes. Sous la pression des sanctions de l'administration Trump, l'Iran et ses divers mandataires dans la région se sont retrouvés coincés et isolés. 

L’administration américaine devrait renégocier le Plan d’action global conjoint (JCPOA), l’accord nucléaire iranien, que le président Joe Biden a aidé à mettre en place au moment où il était le vice-président de Barack Obama. 

Bien que l'équipe de Biden ait fait savoir qu'elle ne donnerait pas à l'Iran le même blanc-seing que celui dont il avait bénéficié au cours des années Obama pour poursuivre ses activités «malveillantes» dans la région, ce changement est de bon augure pour l'avenir des mandataires iraniens tels que le Hezbollah après les «fortes pression de Trump». 

M. El-Hafez doute qu'une attitude plus conciliante des États-Unis envers l'Iran ait un effet immédiat sur le Liban. 

«Je ne pense pas que nous puissions attendre quoi que ce soit de l'administration Biden à court terme», explique-t-il. «Bien que les Américains soient intéressés par un nouvel accord avec l'Iran, les négociations prendront beaucoup de temps. La dernière fois, l'accord a mis plusieurs années à se concrétiser.» 

«En ce qui concerne le Liban, je ne pense pas que le pays puisse s’attendre à une aide avant un bon moment», conclut-il. 

Twitter: @rebeccaaproctor 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Israël visé par des missiles iraniens après une quatrième nuit de frappes sur l'Iran

Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité. (AFP)
Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité. (AFP)
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  • L'Iran a tiré lundi de nouveaux missiles sur plusieurs grandes villes d'Israël, faisant au moins trois morts selon les secours, en réponse à des frappes israéliennes qui ont atteint le territoire iranien pour la quatrième nuit consécutive
  • La défense anti-aérienne a été activée mais plusieurs projectiles n'ont pas été interceptés

JERUSALEM: L'Iran a tiré lundi de nouveaux missiles sur plusieurs grandes villes d'Israël, faisant au moins trois morts selon les secours, en réponse à des frappes israéliennes qui ont atteint le territoire iranien pour la quatrième nuit consécutive.

Les sirènes d'alerte anti-aérienne ont retenti à Jérusalem où une journaliste de l'AFP a entendu "de fortes explosions qui ont fait trembler l'immeuble" dans lequel elle se trouvait.

La défense anti-aérienne a été activée mais plusieurs projectiles n'ont pas été interceptés.

Un autre journaliste de l'AFP a vu une épaisse fumée s'envoler dans le ciel après qu'un missile s'est abattu à Haïfa, dans le nord d'Israël.

A Tel-Aviv, des images de l'AFPTV ont montré un ensemble d'immeubles d'habitation éventrés où les pompiers recherchaient d'éventuels survivants dans les décombres, et des voitures incendiées. Un autre missile a touché un immeuble à Petah Tikva, un peu plus à l'est, selon un photographe de l'AFP.

La police israélienne a précisé qu'un missile avait frappé sur la région côtière, sans autre précision, provoquant "des dégâts matériels et sur les infrastructures". Le Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix Rouge, a fait état de trois morts et 74 blessés dans quatre sites du centre du pays.

Cette salve a répondu à des frappes israélienne qui ont visé l'Iran pour la quatrième nuit consécutive.

Missiles sol-sol 

Israël a dit viser des "des dizaines" de sites de missiles sol-sol et des installations militaires dans l'ouest du pays et a bombardé la capitale ainsi que la ville sainte de Machhad à l'extrémité nord-est.

Les frappes ont fait au moins 224 morts depuis vendredi et plus d'un millier de blessés, a annoncé dimanche le ministère iranien de la Santé.

Côté israélien, le bilan des ripostes iraniennes depuis vendredi est de d'au moins 16 morts et 380 blessés, selon la police et les secours.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a également affirmé qu'une femme avait été tuée dans l'ouest de la Syrie après la chute d'un drone, probablement iranien.

Depuis vendredi, des correspondants de l'AFP et des témoins ont observé des dizaines de missiles volant dans le ciel syrien, certains étant interceptés et explosant dans différentes régions.

Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité.

Dimanche, une frappe a visé un immeuble d'habitation dans le centre de Téhéran, faisant au moins cinq morts selon la télévision. Un journaliste de l'AFP sur les lieux a fait état de "deux explosions" à quelques minutes d'intervalle, à proximité du ministère iranien des Communications.

Un épais nuage noir de fumée s'est élevé dans le ciel tandis que des badauds "figés par la stupeur, demeuraient sans voix", selon son témoignage.

"Bruit terrible" 

Le gouvernement iranien a annoncé que les mosquées, les stations de métro et les écoles allaient servir d'abris anti-aériens dès dimanche soir.

Téhéran a annoncé dimanche la mort du chef du renseignement des Gardiens de la Révolution, après la mort vendredi des deux plus hauts gradés du pays et de neuf scientifiques du programme nucléaire. Des dizaines de cibles ont été visées dans la capitale, notamment des sites liés au nucléaire et deux dépôts de carburant.

La majorité des commerces sont restés fermés dimanche et les routes pour quitter Téhéran étaient remplies de longues files de voitures.

"Nous n'avons pas pu dormir depuis vendredi à cause du bruit terrible des explosions. Aujourd'hui, ils ont frappé une maison dans notre ruelle et nous avons eu très peur. Nous avons donc décidé de quitter Téhéran", a raconté Farzaneh, une femme au foyer de 56 ans qui allait vers le nord du pays.

Les missiles iraniens avaient déjà frappé la région de Tel-Aviv dans la nuit de samedi à dimanche, provoquant des destructions à Bat Yam, au sud de la ville côtière, et à Tamra, une ville arabe dans le nord du pays.

"Il ne reste plus rien, plus de maison, c'est fini!", a confié Evguenia Doudka, une habitante de Bat Yam. "L'alerte a retenti et nous sommes allés dans l'abri. Soudain, tout l'abri s'est rempli de poussière, et c'est là que nous avons réalisé qu'une catastrophe venait de se produire".

"L'Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en visite à Bat Yam.

Affirmant que l'Iran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a lancé vendredi une campagne aérienne massive contre la République islamique en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires.

Téhéran est soupçonné par les Occidentaux et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique. L'Iran, qui dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil, a promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".

Appels à négocier 

Egalement dimanche, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé l'aéroport de Machhad, deuxième  ville d'Iran, située dans le nord-est du pays à environ 2.300 kilomètres d'Israël. La ville abrite le sanctuaire de l'imam Reza, le site le plus sacré d'Iran pour les musulmans chiites. Il s'agit, selon l'armée, de la frappe la plus lointaine en territoire iranien menée depuis vendredi.

M. Netanyahu a par ailleurs déclaré sur la chaîne américaine Fox News qu'Israël avait "détruit la principale installation" du site d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre).

Il a laissé entendre que les frappes sur l'Iran pourraient conduire à un changement à la tête du pays dirigé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. "Ce pourrait certainement être le résultat parce que le régime iranien est très faible", a-t-il dit.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé lundi avoir dit à M. Netanyahu que la diplomatie était la meilleure solution "à long terme" avec l'Iran.

Le président américain Donald Trump, allié indéfectible d'Israël, a appelé dimanche les deux pays à "trouver un accord". Il a ajouté qu'il est "possible" que les Etats-Unis s'impliquent dans le conflit mais qu'ils ne sont "à cet instant pas impliqués".

 


L'objectif d'Israël pourrait être un changement de régime en Iran selon les experts

Un manifestant brandit une photo du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un rassemblement de solidarité avec le gouvernement contre les attaques israéliennes, sur la place Enghelab (Révolution) à Téhéran, le 14 juin 2025. (AFP)
Un manifestant brandit une photo du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un rassemblement de solidarité avec le gouvernement contre les attaques israéliennes, sur la place Enghelab (Révolution) à Téhéran, le 14 juin 2025. (AFP)
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  • Selon le chercheur principal au Middle East Institute, le leadership de Ran définira la victoire comme étant sa « survie ».
  • Ancien commandant de la marine américaine : « Il y a peu de chances qu'ils se présentent à la table des négociations dans un avenir proche. »

CHICAGO : Selon un groupe d'experts réuni par le Middle East Institute, l'offensive militaire israélienne contre l'Iran pourrait se poursuivre pendant plusieurs semaines, avec pour objectif possible un changement de régime.

Parmi les participants figuraient le général à la retraite Joseph L. Votel, ancien commandant du Commandement central américain, le vice-amiral à la retraite Kevin Donegan, ancien commandant de la cinquième flotte de la marine américaine, ainsi qu'Alex Vatanka, chercheur senior au MEI et spécialiste de l'Iran, qui enseigne également à la base aérienne Wright-Patterson dans l'Ohio.

M. Vatanka a déclaré qu'il était trop tôt pour déterminer si l'objectif principal d'Israël, outre la destruction du programme nucléaire iranien, était un changement de régime, mais « nous pourrions nous diriger dans cette direction ».

Il a ajouté : « C'est certainement ce que pensent la majorité des responsables iraniens, à savoir que c'est ce que veut Israël. La grande inconnue dans tout cela est de savoir si les Israéliens peuvent d'une manière ou d'une autre convaincre le président américain Donald Trump d'adhérer à ce projet, comme il l'a fait pour l'attaque initiale contre l'Iran. » 

Israël a lancé des attaques contre plusieurs cibles iraniennes, notamment des dirigeants militaires et des installations liées au programme nucléaire du pays. Téhéran a riposté en tirant des missiles et des drones sur Israël.

Les participants au débat étaient d'accord pour dire que le conflit ne s'étendrait pas à d'autres pays.

Selon M. Vatanka, les dirigeants iraniens définiront la victoire comme étant leur « survie ». Il a ajouté que si Israël bénéficie du soutien des États-Unis et de « la plupart des pays européens », Téhéran « ne reçoit l'aide de qui que ce soit ».

Il a déclaré : « Je ne pense pas qu'ils reçoivent l'aide de ce qu'il reste de l'axe de la résistance... Je me demande ce que les membres de cet axe peuvent réellement faire à ce stade. »

Parmi ses membres figurent le Hamas et le Hezbollah, gravement affaiblis par l'armée israélienne, ainsi que les Houthis au Yémen. La Syrie en faisait partie jusqu'à la chute du président Bachar el-Assad en décembre. 

Donegan a déclaré : « Je pense que la question est la suivante : l'Iran estime-t-il avoir suffisamment riposté pour pouvoir tendre la main et relancer les négociations ? Pour être honnête, je pense qu'il y a peu de chances qu'il revienne à la table des négociations dans un avenir proche. »

L'Iran pourrait fermer le détroit d'Ormuz, mais « le problème avec la fermeture d'Ormuz, c'est qu'il ne bénéficierait alors plus des avantages économiques liés à l'exportation de son pétrole », a-t-il ajouté.

Selon les participants, l'issue finale dépendra de la volonté d'Israël de poursuivre sa guerre.

« Les Américains jouent ici le rôle du bon flic. Le président Trump a laissé la porte ouverte à la diplomatie », a déclaré M. Vatanka.

« Les Israéliens jouent le rôle du méchant flic en disant : “Si vous ne donnez pas à Trump ce qu'il veut, nous nous en prendrons à vous”.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Renaissance de l'acacia : la réserve royale saoudienne veille à la couverture végétale

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
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  • Ces projets de reboisement à grande échelle sont essentiels pour lutter contre la désertification et améliorer la biodiversité.
  • L'autorité chargée du développement de la réserve se concentre sur la sensibilisation de la communauté, le soutien à la protection de la biodiversité et la promotion d'un environnement durable pour la reproduction et la conservation de la faune sauvage.

RIYAD : nichée au nord-est de la ville, la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed est un joyau environnemental qui offre un aperçu des plus beaux atouts de la nature et une variété de paysages impressionnants.

Outre le fait d'être un refuge pour des formations géologiques uniques, elle abrite également des plantes et des animaux rares figurant sur la Liste rouge des espèces menacées.

La réserve déploie actuellement d'importants efforts de restauration en plantant des centaines de milliers d'arbres, en particulier des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 km². 

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l'Initiative verte saoudienne, qui vise à revitaliser la végétation de la réserve et à rétablir l'équilibre écologique, comme l'indique un rapport de l'agence de presse saoudienne.

Les acacias jouent un rôle crucial dans cet effort en raison de leur résistance aux climats désertiques rigoureux et de leur importance écologique. Ils fournissent de l'ombre et de la nourriture aux animaux sauvages, stabilisent le sol et offrent une source vitale de nectar pour la production de miel de haute qualité.

Ces projets de reboisement à grande échelle sont essentiels pour lutter contre la désertification et améliorer la biodiversité, renforçant ainsi l'engagement de l'Arabie saoudite en faveur d'une durabilité environnementale.

Faits marquants

Les acacias jouent un rôle crucial dans cette initiative, notamment en raison de leur résistance aux climats désertiques rigoureux et de leur importance écologique.

Ce havre écologique est la deuxième plus grande réserve royale du royaume.

L'autorité chargée du développement de la réserve s'attache à sensibiliser la population, à soutenir la protection de la biodiversité et à favoriser un environnement durable pour la reproduction et la conservation de la faune sauvage.

La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)
La réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed mène actuellement d'importants travaux de restauration et plante des centaines de milliers d'arbres, notamment des acacias, sur son vaste territoire de 91 500 kilomètres carrés. (SPA)

L'autorité propose également des visites guidées et des excursions animées par des guides touristiques spécialisés dans l'environnement. Ce lieu est ainsi incontournable pour les amateurs d'écotourisme intéressés par la randonnée, l'escalade et d'autres activités écologiques.

Ce paradis écologique est la deuxième plus grande réserve royale du royaume. Il abrite une faune et une flore très diversifiées, ce qui en fait un lieu idéal pour la randonnée, les aventures en pleine nature, le camping et la chasse durable.

Sa couverture végétale offre un refuge à diverses espèces d'oiseaux qui contribuent au maintien de l'équilibre de l'écosystème en contrôlant les insectes, les petits rongeurs et les charognes.

La réserve se distingue par ses cours d'eau et ses vallées, où l'eau de pluie et les crues s'écoulent du plateau d'Al-Urumah vers les vallées de la réserve, telles que la vallée d'Al-Thumama et la vallée de Ghilana, pour rejoindre des cours d'eau et des parcs tels que Rawdat Khuraim.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com