Télétravail: un an après, le grand désenchantement?

Un homme parle au téléphone sur le toit-jardin de l'espace de co-working Deskopolitan, le 27 mai 2020, à Paris, après une levée partielle des restrictions de confinement prises pour freiner la propagation de la pandémie COVID-19, causée par le nouveau coronavirus. (Philippe LOPEZ / AFP)
Un homme parle au téléphone sur le toit-jardin de l'espace de co-working Deskopolitan, le 27 mai 2020, à Paris, après une levée partielle des restrictions de confinement prises pour freiner la propagation de la pandémie COVID-19, causée par le nouveau coronavirus. (Philippe LOPEZ / AFP)
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Publié le Dimanche 14 mars 2021

Télétravail: un an après, le grand désenchantement?

  • Le 17 mars 2020, la France se confine. C'est le début du déploiement massif de ce mode de travail, une découverte pour de nombreux salariés
  • Lors d'une table ronde cette semaine à l'Assemblée nationale, les syndicats ont mis en avant une situation qui au bout d'un an devient "très inquiétante", citant parmi les "difficultés qui pointent" l'intensification du travail et la perte du lien social

PARIS : Ne plus "voir la tête des gens, rythmer sa vie": depuis un an, le télétravail s'est imposé avec la crise du coronavirus, mais a aussi révélé des effets indésirables, qui entraînent une certaine érosion redoutée par le gouvernement.

Le 17 mars 2020, la France se confine. C'est le début du déploiement massif de ce mode de travail, une découverte pour de nombreux salariés.

"Depuis un an, ce n'est pas un télétravail classique, choisi, que nous vivons, mais subi", insiste Océane, cadre dans la banque. Le premier confinement a été "une catastrophe" pour cette mère d'une enfant de 4 ans. Depuis la réouverture des écoles, "tout s'est bien rétabli... ou presque".

"Je travaille beaucoup plus qu'avant! Les pauses déjeuner sont raccourcies, il n'y a plus cet élan comme en entreprise où on va tous à la cantine ou tous boire un café... Je fais une pause de 3 minutes le matin, et une autre l'après-midi", constate auprès de l'AFP la quadragénaire, épuisée. Elle rapporte aussi des relations avec les collègues "beaucoup plus tendues", les demandes par courriel étant "perçues comme un ordre". In fine, "ce qui (lui) manque c'est de voir la tête des gens, rythmer sa vie".

"Les gens à distance font très bien les tâches", relève Charles, responsable dans une PME, mais "là où on perd, c'est sur la régénération d'idées", par exemple lors d'échanges informels dans les couloirs.

Un constat partagé par Joséphine, directrice presse dans une grande entreprise spécialisée en urbanisme, convaincue que dans un métier de création, il y a un "besoin de connexion et de stimulation intellectuelle". 

Si elle se rend une fois par semaine au bureau, voire deux quand elle en a "ras le bol ou besoin de voir des humains", certains dans son équipe, ont demandé à revenir à 100%, notamment les alternants et stagiaires, qui vivent souvent dans de tout petits appartements, en détresse physique ou psychologique", explique-t-elle.

"Hamster en cage" 

C'est "très difficile pour un manager de sentir ses équipes, d'appeler chacun pour repérer celui qui a un petit coup de mou", ajoute Charles.

Avec le télétravail et le couvre-feu à 18H, "on a l'impression d'être un hamster dans sa cage, qui a le droit à des tours de roue travail et rien d'autre", se lasse Alexandra, manager dans un service informatique d'une grande entreprise publique. "On va devenir fous avec ce mode de vie!".

Actuellement, le protocole en entreprise énonce que "dans les circonstances exceptionnelles actuelles (...), le télétravail doit être la règle pour l'ensemble des activités qui le permettent". Il a tout de même été adapté en janvier pour permettre aux salariés en télétravail à 100% de revenir un jour par semaine.

Mais au vu d'une "érosion" ces derniers temps, alors que selon un récent sondage Odoxa, 74% des télétravailleurs confient leur besoin de retourner travailler physiquement, de temps en temps, le gouvernement multiplie les appels à intensifier le télétravail, et au moins 52 mises en demeure ont été prononcées par l'Inspection du travail depuis octobre.

"Il y a un gros désenchantement", estime Christophe Nguyen, du cabinet Empreinte humaine, spécialisé dans les risques psycho-sociaux. "Télétravailler à 100%, même 4 jours sur 5, ça pèse dans le temps sur la santé mentale, sur le sens de ce qu'on fait, sur la monotonie de ses tâches", dit-il. Désormais plus d'un tiers des télétravailleurs "saturent", et "le plus grand désenchantement est pour les managers", avance-t-il.

Zoom puis "un verre" 

Joséphine confesse que ses relations avec certaines équipes sont "compliquées". "Plein de fois, les gens étaient injoignables et les explications sont toujours les mêmes: J'avais ma fille à gérer, le téléphone était de l'autre côté.... Tout le monde a le droit d'avoir des enfants mais ça devient un peu facile", râle-t-elle. 

Lors d'une table ronde cette semaine à l'Assemblée nationale, les syndicats ont mis en avant une situation qui au bout d'un an devient "très inquiétante", citant parmi les "difficultés qui pointent" l'intensification du travail et la perte du lien social.

"On voit des détresses psychologiques, des risques psychosociaux importants, de l'épuisement, de la perte de sens et aussi des problématiques au niveau de l'organisation du travail", a souligné Béatrice Clicq (FO), devant la commission des Affaires sociales.

"On a plutôt le sentiment que les télétravailleurs au bout d'un an, sans perspective de sortie visible de cette crise sanitaire, sont ceux qui commencent à souffrir le plus de la perte du lien social", a abondé Catherine Pinchaut (CFDT), ceux sur site étant "parfois quelque peu enviés".

Parmi les motifs de jalousie: "quand on est à la maison, on bouffe et c'est un vrai souci", s'amuse Joséphine, dont la balance indique 3 kilos de plus. "Après une réunion Zoom, tu te dis: J'ai bien mérité un verre... un chocolat..."


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.