Coronavirus : le Royaume-Uni impose une quarantaine aux voyageurs arrivant de France

Aux arrivées de l’aéroport de Heathrow, panneau de prévention contre la Covid-19 (Olga Akmen/AFP)
Aux arrivées de l’aéroport de Heathrow, panneau de prévention contre la Covid-19 (Olga Akmen/AFP)
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Publié le Vendredi 14 août 2020

Coronavirus : le Royaume-Uni impose une quarantaine aux voyageurs arrivant de France

  • La décision britannique, qui concerne également les voyageurs en provenance des Pays-Bas, de Monaco et de Malte, fait suite à une inquiétante recrudescence de l'épidémie de coronavirus dans ces territoires
  • Annoncée jeudi soir, elle s'applique dès samedi à 3h00 GMT, laissant une trentaine d'heures aux voyageurs impactés pour s'adapter si besoin

LONDRES : Les voyageurs arrivant de France au Royaume-Uni devront observer à partir de samedi à une quarantaine de deux semaines, a annoncé le gouvernement britannique, bousculant les vacances de centaines de milliers de personnes et s'attirant une promesse de "réciprocité" de Paris.

La décision britannique, qui concerne également les voyageurs en provenance des Pays-Bas, de Monaco et de Malte, fait suite à une inquiétante recrudescence de l'épidémie de coronavirus dans ces territoires.

Annoncée jeudi soir, elle s'applique dès samedi à 3h00 GMT, laissant une trentaine d'heures aux voyageurs impactés pour s'adapter si besoin.

"Nous avons fait tellement d'efforts dans ce pays pour abaisser les niveaux (de transmission du Covid-19), la dernière chose que nous voulons c'est que des gens reviennent et ramènent le virus", a plaidé le ministre britannique des Transports Grant Shapps vendredi à la BBC.

Paris a vivement réagi jeudi soir à cette annonce. Il s'agit d'"une décision britannique que nous regrettons et qui entraînera une mesure de réciprocité, en espérant un retour à la normale le plus rapidement possible", a tweeté le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune.

Cette mesure pourrait provoquer un exode de vacanciers britanniques désireux d'échapper à cette contrainte à leur retour. Eurotunnel a déconseillé aux voyageurs de se ruer vers le terminal. "Les clients ne pourront embarquer sur les navettes sans réservation valide", a tweeté la compagnie.

"Coup de massue"

"Environ 160.000 vacanciers" doivent rentrer du Royaume-Uni vers la France, a indiqué M. Shapps. En outre, plus de 300.000 Français vivent au Royaume-Uni, selon des chiffres de la diplomatie française de 2018, dont une partie profite de l'été pour se rendre dans son pays natal.

L'obligation de quarantaine fera rater les premiers jours de rentrée scolaire aux enfants dont les familles ont prévu de rentrer la seconde partie du mois d'août.

"Nous prévoyons de rentrer plus tôt que prévu pour limiter les jours d'absence à l'école. C'est un coup de massue. Impossible d'assurer la rentrée de nos enfants avec cette quatorzaine", a témoigné auprès de l'AFP Cécile, Française de 41 ans installée à Londres. En vacances avec sa famille en Corse, elle avait initialement prévu de rentrer le 28 août, 5 jours avant la rentrée scolaire.

La mesure intervient alors que les indicateurs de suivi de l'épidémie de Covid-19 en France "continuent de se dégrader", a indiqué jeudi la Direction générale de la Santé (DGS), avec un nombre de nouveaux cas confirmés qui "augmente régulièrement". Sur les dernières 24 heures, 2.669 nouveaux cas ont été détectés (contre 2.524 mercredi), a-t-elle noté dans son point quotidien.

En juin, Londres avait imposé une quarantaine à tous les voyageurs arrivant sur son sol, avant de choisir finalement d'exempter en juillet certains pays d'origine de l'obligation de s'isoler.

Dès fin juillet, la quarantaine a été réintroduite sans mise en garde pour les passagers en provenance d'Espagne, destination touristique préférée des Britanniques.

L'application de cette mesure à la France n'est cette fois pas une surprise, la presse spéculant depuis des semaines sur sa mise en oeuvre vu l'évolution de la situation sanitaire.

Le Royaume-Uni, pays d'Europe le plus touché par le virus, déplore à ce jour plus de 41.000 décès et son Premier ministre Boris Johnson a été vertement critiqué dans son pays pour sa gestion de la crise sanitaire.

Amendes salées

Parallèlement, le gouvernement britannique a annoncé pour samedi la prochaine étape de son déconfinement, prévue initialement début août et retardée en raison de la résurgence des cas sur le sol britannique.

"Cette situation semble s'être stabilisée", indiquent les services du Premier ministre dans un communiqué.

la réouverture en Angleterre des casinos, bowlings et patinoires en extérieur. Les théâtres et salles de spectacles pourront également rouvrir en maintenant la distanciation sociale entre les clients.

"Comme je l'ai toujours dit, nous n'hésiterons pas à appuyer sur le frein si nécessaire", a averti Boris Johnson.

Tout en accordant davantage de libertés, le gouvernement a durci d'un autre côté les sanctions à l'égard des contrevenants, doublant ainsi l'amende imposée à ceux qui "passent outre de manière répétée les règles de port du masque", à un maximum de 3.200 livres (3.500 euros).

De nouvelles règles viseront aussi ceux qui "organiseront des raves parties ou d'autres rassemblements illégaux de plus de 30 personnes".


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.