Hong Kong: une scène culturelle menacée par l'impératif patriotique

Le musée M+ ambitionne de rivaliser un jour avec les poids lourds de l'art contemporain (Photo, AFP).
Le musée M+ ambitionne de rivaliser un jour avec les poids lourds de l'art contemporain (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 21 mars 2021

Hong Kong: une scène culturelle menacée par l'impératif patriotique

  • Le camp pro-Pékin s'attaque au monde de la culture, et aux œuvres d'arts susceptibles de ne pas correspondre aux canons patriotiques du régime chinois
  • «Les gens sont un peu démotivés et inquiets», confie sous couvert de l'anonymat un expert du milieu de l'art qui travaille sur de grandes expositions dans des musées hongkongais

HONG KONG: Après être parvenu à museler l'opposition pro-démocratie à Hong Kong, le camp pro-Pékin s'attaque au monde de la culture, et aux œuvres d'arts susceptibles de ne pas correspondre aux canons patriotiques du régime chinois.

Erigé sur les bords de Victoria Harbour, le musée M+ ambitionne de rivaliser un jour avec les poids lourds de l'art contemporain que sont la Tate Modern de Londres ou le MoMA de New York. 

Ce vaste espace de 60 000 mètres carrés n'a pas encore ouvert -il devrait le faire dans l'année - qu'il est déjà au cœur de controverses.

Plusieurs personnalités politiques -toutes pro-Pékin- viennent d'accuser le musée de violer la loi sur la sécurité nationale, un texte drastique imposé par la Chine l'été dernier pour étouffer une bonne fois pour toute l'opposition pro-démocratie.

Au cœur de cette plainte déposée mardi à la police, le contenu d'une exposition pour la presse qui incluait des œuvres du dissident chinois Ai Weiwei.

« Beaucoup des œuvres alimentent la haine contre le pays », dénonçait ainsi la députée pro-Pékin Eunice Yung dans une question posée au Parlement à la cheffe de l'exécutif Carrie Lam. 

« Le gouvernement censurera-t-il cette collection ? Que compte faire le gouvernement pour empêcher cette provocation pleine de sentiments anti-chinois ? »

Autocensure

Lam, qui est nommée par le pouvoir chinois, a répliqué que Hong Kong respectait « la liberté de l'expression culturelle et artistique ».

Mais elle a averti que les autorités restaient « totalement vigilantes » face à toute atteinte à la loi de sécurité nationale, ajoutant que la ligne rouge était « clairement identifiable » pour quiconque organise une exposition.

Une déclaration qui a jeté un froid sur les milieux artistiques, beaucoup redoutant que Hong Kong ne puisse plus être ce sas culturel entre le marché chinois et le reste du monde. 

Beaucoup d'experts sont convaincus que l'autocensure s'aggravait déjà depuis plusieurs années dans l'ancienne colonie britannique.

Mais la formulation très floue de la loi sur la sécurité nationale et le zèle avec lequel le camp pro-Pékin demande son application ne font que renforcer les craintes pour l'avenir de la scène culturelle locale.

« Les gens sont un peu démotivés et inquiets », confie sous couvert de l'anonymat un expert du milieu de l'art qui travaille sur de grandes expositions dans des musées hongkongais.

La loi est censée viser quatre crimes, ceux de sécession, de subversion, de terrorisme et de collusion avec les forces étrangères. Dans les faits, elle a déjà permis des poursuites contre les opinions politiques dissidentes.

« Il faudra désormais ajouter les œuvres d'art à la définition très large de ce qui peut saper la sécurité nationale », twittait récemment Peter Lewis, un animateur de la radio publique RTHK.

En récupérant l'ex-colonie britannique en 1997, Pékin avait pourtant promis que les libertés hongkongaises, qui n'ont aucun équivalent en Chine continentale, seraient préservées pendant 50 ans.

« Le politiquement correct »

La contestation de 2019 a semble-t-il été la goutte d'eau pour Pékin, qui a dans la foulée engagé une reprise en main musclée de son territoire, et proclamé que seuls les « patriotes » pouvaient le diriger.

Le M+ n'est pas l'unique cible culturelle.

Le Wen Wei Po et le Ta Kung Pao --deux journaux proches du Bureau de liaison, l'organe de Pékin à Hong Kong-- ont récemment publié des articles s'en prenant aux contenus artistiques « subversifs », au premier rang desquels les projets ayant trait au mouvement pro-démocratie.

Il y a quelques semaines, le Wen Wei Po a réussi à faire interdire la première projection en salle d'un documentaire pourtant primé sur les manifestations de 2019, expliquant qu'il « répandait la haine sur notre pays ».

De son côté, le Ta Kung Pao a accusé le Conseil pour le développement des arts (ADC), un organe désigné par le gouvernement, d'être dirigé par des « personnalités anti-gouvernement » qui ont approuvé des « projets séditieux ».

Le Conseil a répondu qu'il reverrait les projets auxquels des subventions ont été décidées pour s'assurer qu'aucune aide n'aille à des projets « risquant d'aller contre les lois de Hong Kong ».

Le professeur de journalisme à la retraite To Yiu-ming a estimé que le Ta Kung Pao et le Wen Wei Po pouvaient être perçus comme de bons indicateurs de ce que sont les lignes rouges de Hong Kong en matière de culture à Hong Kong.

« Le gouvernement suivra ce que disent ces journaux », dit-il.

« Hong Kong suit un chemin qui mènera la ville à la situation où toutes les parties de la société, de la vie quotidienne aux actions politiques, se mesureront par leur degré de politiquement correct. »

Dans un communiqué diffusé cette semaine, le M+ a dit espérer que ses expositions « stimuleront la discussion, la recherche, l'apprentissage, la connaissance et le plaisir ».

« Nous respecterons les lois de Hong Kong tout en nous en tenant à la plus haute exigence en matière d'intégrité professionnelle. »


Kehlani réagit à l'annulation de son concert en raison de sentiments «anti-Israël»

Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
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  • La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël"
  • "Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert

DUBAI : La chanteuse américaine Kehlani s'est exprimée sur les médias sociaux après l'annulation de sa participation au concert annuel de l'université de Cornell en raison de sa position pro-palestinienne.

La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël".

"Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert.

"Pour cette raison, j'annule l'invitation de Kehlani et je m'attends à ce qu'une nouvelle programmation pour un grand Slope Day 2025 soit annoncée sous peu".

Il poursuit : "Dans les jours qui ont suivi l'annonce de Kehlani, j'ai entendu de graves préoccupations de la part de notre communauté : beaucoup sont en colère, blessés et confus que le Slope Day présente un artiste qui a épousé des sentiments antisémites et anti-israéliens dans ses spectacles, ses vidéos et sur les médias sociaux. Dans notre pays, tout artiste a le droit d'exprimer des opinions haineuses, mais le Slope Day a pour but d'unir notre communauté, et non de la diviser.

Dans une nouvelle vidéo Instagram réagissant à l'annulation, Kehlani a déclaré : "On me demande et on m'appelle à clarifier et à faire une déclaration encore une fois pour la millionième fois, que je ne suis pas antisémite ni antijuive. Je suis contre le génocide, je suis contre les actions du gouvernement israélien, je suis contre l'extermination d'un peuple entier, je suis contre le bombardement d'enfants innocents, d'hommes, de femmes... c'est ce que je suis contre".

Le jeune homme de 30 ans, qui collabore fréquemment avec le groupe Jewish Voice for Peace, a ajouté une légende : "Je sais que vous avez vu que l'université Cornell a annulé mon spectacle, et maintenant il y a des tentatives d'autres annulations qui s'ajoutent à celles que j'ai déjà subies au cours de l'année écoulée. Si vous voulez me priver d'une opportunité, dites-vous que c'est à cause de votre sionisme. n'en faites pas une question antijuive. c'est un jeu joué. tout cela parce que nous voulons que les gens arrêtent de mourir. J'espère que cela vous aidera.


Comment Netflix fait voyager l'humour français d'Astérix et d'Alain Chabat

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
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  • Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme
  • Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga

PARIS: "C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, a assuré à l'AFP Céleste Surugue, le directeur général des Editions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

Le géant du streaming, qui n'a pas répondu à l'AFP à ce sujet, s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l’œuvre originale, qui ne manquent pas: avec 120 langues et dialectes au compteur, "Astérix" est la bande dessinée la plus traduite au monde.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...) certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés", selon Céleste Surugue.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver.

Fastanfurious 

De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President of the United States") ou encore Fastanfurious (en référence à la franchise centrée sur les voitures).

Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises.

Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans "Astérix et la Transitalique".

Connu dans le monde entier, avec plus de 400 millions d'exemplaires vendus, Astérix "est particulièrement fort en Europe continentale", et est, en langue anglaise, surtout prisé dans "les pays du Commonwealth" comme l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Inde, selon M. Surugue.

Son adaptation sur Netflix devrait permettre de le faire découvrir à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après M. Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de l'acteur et metteur en scène français Guillaume Canet, "L'empire du milieu", doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.


Le prince héritier jordanien célèbre le 31e anniversaire de la princesse Rajwa

Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
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  • La famille royale partage un nouveau portrait officiel de la princesse.
  • La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière

DUBAI : Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi sur les réseaux sociaux ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire.

"Joyeux anniversaire Rajwa ! Reconnaissant pour l'amour, la gentillesse et la chaleur que tu apportes dans la vie d'Iman et la mienne", a-t-il écrit, faisant référence à leur petite fille, la Princesse Iman.

La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière.

rajwa
La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire (Instagram).

La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire. On la voit porter un ensemble composé d'un haut à col bénitier et d'un pantalon à jambe large de la marque Simkhai, basée à Los Angeles. Elle a accessoirisé son look avec le collier lariat two letters de Joy Jewels, qui reprend les premières lettres arabes des noms du prince héritier et de la princesse Rajwa.