Les démocrates redoublent d'efforts pour faire de Washington le 51e Etat américain

Lors de la création des Etats-Unis au 18e siècle, les «pères fondateurs» avaient en effet souhaité établir le siège du gouvernement fédéral en dehors des 13 premiers Etats pour éviter les conflits (Photo, AFP).
Lors de la création des Etats-Unis au 18e siècle, les «pères fondateurs» avaient en effet souhaité établir le siège du gouvernement fédéral en dehors des 13 premiers Etats pour éviter les conflits (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 23 mars 2021

Les démocrates redoublent d'efforts pour faire de Washington le 51e Etat américain

  • «Avec les démocrates aux commandes à la Chambre, au Sénat et à la Maison Blanche, nous n'avons jamais été aussi près du statut d'Etat»
  • «Cette audition n'a qu'un objectif: créer deux nouveaux sièges démocrates au Sénat»

WASHINGTON: Soutenus par Joe Biden, enhardis par leur contrôle du Congrès, les démocrates ont renforcé lundi leur campagne pour donner le statut d'Etat à la capitale fédérale Washington, un objectif qui pourrait bouleverser l'équilibre du pouvoir aux Etats-Unis. 

«Avec les démocrates aux commandes à la Chambre, au Sénat et à la Maison Blanche, nous n'avons jamais été aussi près du statut d'Etat» pour Washington, a affirmé Eleanor Holmes Norton, qui représente la ville à la Chambre des représentants, lors d'une audition très attendue.

Puisque la Capitale fédérale n'est pas un Etat, cette parlementaire n'a qu'un statut d'observatrice et ne peut pas voter au Congrès.

Y compris sur les textes qui concernent directement ses électeurs, comme celui qui était débattu lundi en commission: un projet de loi qui ferait de Washington le 51e Etat américain. 

Les démocrates dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux de ses habitants, et le mécontentement est même inscrit à Washington sur les plaques d'immatriculation officielles: «Taxation without representation» (les impôts sans les élus). 

Ses plus de 700 000 habitants payent leurs impôts fédéraux --plus par personne que tout autre Etat américain, insistent les démocrates--, sont enrôlés sous les drapeaux et peuvent voter aux élections présidentielles. Mais ils n'ont pas de voix au Congrès. 

En juin 2020, la Chambre avait déjà approuvé un projet de loi pour donner à Washington le statut d'Etat. Une première historique obtenue grâce aux seules voix des démocrates. Et restée lettre morte au Sénat, alors contrôlé par les républicains.

En devenant un Etat, Washington obtiendrait deux sénateurs et un représentant doté du droit de vote à la Chambre. 

Une perspective qui hérisse les républicains, puisque la ville est à une écrasante majorité démocrate: 92% de ses habitants ont voté pour Joe Biden en novembre. 

«Cette audition n'a qu'un objectif: créer deux nouveaux sièges démocrates au Sénat», a affirmé lors de l'audition un élu républicain, James Comer. 

Les républicains rappellent en outre que le statut spécifique du «District de Columbia» a été différencié car il abrite les sièges du pouvoir fédéral, afin d'éviter qu'il soit «influencé par un Etat».

Lors de la création des Etats-Unis au 18e siècle, les «pères fondateurs» avaient en effet souhaité établir le siège du gouvernement fédéral en dehors des 13 premiers Etats pour éviter les conflits. La Constitution a donc prévu la création d'un «district», en 1790, directement rattaché au pouvoir central.

C'est en raison de ce statut unique que les résidents de Washington n'ont pas d'élus qui votent au Congrès. 

«Réprimer» le vote des Afro-américains

Pour la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU, priver Washington d'une voix au Congrès revient à «réprimer le pouvoir politique des personnes noires», puisque 46% de ses habitants sont des Afro-américains. 

La maire de Washington Muriel Bowser a renchéri que le statut de la ville résultait notamment «des tentatives racistes de miner une ville noire qui grandissait et prospérait», en l'empêchant de voter au Congrès. 

Washington «serait l'Etat avec le plus grand pourcentage de Noirs du pays», a souligné la démocrate Ayanna Pressley, pendant l'audition.

Cela fait des décennies que des élus se battent pour donner le statut d'Etat à Washington.  

Mais «il y a désormais un réel élan de soutien pour cette initiative», a déclaré lors de l'audition l'élue démocrate qui présidait les débats, Carolyn Maloney. 

Un sondage, du centre «Data For Progress» montrait en février qu'une majorité des électeurs américains (54%) estimaient que Washington devrait devenir un Etat, un niveau record. 

Le président démocrate Joe Biden soutient cette initiative, car il estime que ses habitants «méritent d'être représentés», a souligné la Maison Blanche.

L'adoption du nouveau projet de loi est «garantie» à la Chambre, contrôlée par les démocrates, selon Eleanor Holmes Norton, même si aucune date n'a encore été fixée. Son passage au Sénat apparaît toutefois compliqué.

Les démocrates y disposent d'une très courte majorité mais auraient besoin de dix républicains pour pouvoir autoriser un vote sur ce texte. 


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.