Tavernier, terminus d'un long «voyage à travers le cinéma»

A 79 ans, Bertrand Tavernier tire sa révérence. Il aura filmé « tant de destins lumineux, cabossés, humains tout simplement », a résumé l'ancien président François Hollande. (Photo, AFP)
A 79 ans, Bertrand Tavernier tire sa révérence. Il aura filmé « tant de destins lumineux, cabossés, humains tout simplement », a résumé l'ancien président François Hollande. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 mars 2021

Tavernier, terminus d'un long «voyage à travers le cinéma»

  • Auteur de films comme « Coup de Torchon » et « L.627 », il est décédé jeudi, a annoncé l'Institut Lumière de Lyon
  • Artiste engagé à l'œuvre éclectique, il a réalisé des films d'époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets brûlants, de la police aux banlieues

PARIS : Le cinéma pleure un réalisateur phare, érudit et engagé, autant qu'une « encyclopédie du 7e art »: mort à 79 ans, Bertrand Tavernier laisse la marque d'un cinéaste apprécié d'un grand public et admiré au-delà des frontières.

Auteur de films comme « Coup de Torchon » et « L.627 », il est décédé jeudi, a annoncé l'Institut Lumière de Lyon, institution centrale du patrimoine cinématographique, qu'il présidait. Son directeur Thierry Frémaux s'associe à son épouse Sarah, ses enfants Nils et Tiffany et ses petits-enfants, pour faire part de leur « tristesse » et de leur « douleur ».

Artiste engagé à l'œuvre éclectique, celui qui arborait une chevelure ivoire et des lunettes a réalisé des films d'époque et contemporains, avec une prédilection pour les sujets brûlants, de la police aux banlieues.

En plus d'un demi-siècle, ses long-métrages ont été largement récompensés : prix 1974 Louis-Delluc pour « L'horloger de Saint-Paul », nomination aux Oscars 1983 pour « Coup de torchon », prix de la mise en scène à Cannes en 1984 pour « Un dimanche à la campagne », BAFTA 1990 du meilleur film étranger pour « La vie et rien d'autre », Ours d'Or 1995 à Berlin pour « L'appât », Lion d'Or à Venise pour l'ensemble de sa carrière (2015).

Rochefort et Noiret

Sa disparition touche des générations de cinéphiles : il rejoint des grands noms du cinéma français disparus ces dernières années, comme les acteurs Jean Rochefort et Philippe Noiret, qu'il enrôlait en 1974 dans l’« Horloger de Saint-Paul » puis, en costumes d'époque dans « Que la fête commence ».

Mais Tavernier avait aussi su renouveler son public, recyclant Thierry Lhermitte en diplomate dans « Quai d'Orsay » (2012) ou plongeant dans la moiteur de la Louisiane pour un thriller 100% américain, avec Tommy Lee Jones, « Dans la Brume électrique » (2009).

Il aura filmé « tant de destins lumineux, cabossés, humains tout simplement », a résumé l'ancien président François Hollande.

Netflix avait ajouté récemment une partie de ses films à son catalogue, et plusieurs chaînes rendent hommage à ce passeur de cinéma en rediffusant ses œuvres, de France 3 (« Le juge et l'Assassin », jeudi) à Arte (« La princesse de Montpensier », vendredi).

Tavernier, également scénariste et producteur, fut un grand cinéphile investi dans la préservation et la transmission des films, qui avait signé, en 2016, un « Voyage à travers le cinéma français ». Mû par le souci de défendre le cinéma français indépendant, amoureux de jazz et de musique, il était aussi passionné par le cinéma américain du XXe siècle.

« Une fontaine de curiosité », a dit la ministre de la Culture Roselyne Bachelot dans un communiqué. « La rare diversité des sujets qu'il a abordés dans ses films mais aussi dans ses documentaires témoigne d'un esprit insatiable, insatisfait et rigoureux ».

« Force de conviction »

Un amour qu'il a continué de partager jusqu'au bout, notamment sur un blog (https://www.tavernier.blog.sacd.fr). Fin janvier, il y conseillait encore des DVD de films américains, échangeant avec passion sur la « cancel culture » et le « politiquement correct ».

Parmi les nombreux hommages, le président du festival de Cannes Pierre Lescure a évoqué pêle-mêle « la passion et la culture, le talent et l’engagement, (...) l’histoire et la politique, le patrimoine et l’avenir, les maîtres et la jeunesse, les Lumières et les amis américains », avant de saluer tout simplement « l’humanité de Bertrand ». Son prédécesseur Gilles Jacob se remémore son « tempérament humaniste, (ses) idées mémorables et (sa) drôlerie communicative".

Côté actrices, Marie Gillain, dont Tavernier a accéléré la carrière à 19 ans, en lui offrant le rôle-titre dans « l'Appât », se souvient d'un « petit bout de pellicule » dont ne se départait jamais le cinéaste sur ses tournages, et de son « rire unique ». « Je suis devenue la comédienne que je suis grâce à ton regard bienveillant », témoigne-t-elle.

Nathalie Baye évoque un « homme passionné et passionnant » qui lui a donné son premier rôle principal, dans Une semaine de vacances (1980).

Des personnalités lyonnaises, une ville où il était né le 25 avril 1941, fils d'un écrivain et résistant, qu'il avait filmée et aimée et où se trouve l'Institut Lumière, lui ont rendu hommage, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ou le président de la métropole Bruno Bernard.

 


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.